Nous sommes actuellement dans l’œil du cyclone, il fait calme, on va prendre des vacances et tout reprendra en septembre… C’est, du moins, ce qu’en disent les médias et nos grands penseurs internationaux. Le G20 à déjà sorti toute son artillerie lourde de sortie de crise.
Pour vous faire une idée, selon Bloomberg, le gouvernement US a déjà dépensé 3,2 trillions (1000 milliards) de dollars et serait prêt à aller jusqu’à 7,7 trillions pour relancer la machine infernale. Or, la somme totale de toutes les grosses dépenses US de son histoire (guerre du Vietnam, d’Irak, plan Marshall, etc.), ramené aux taux d’inflation actuel, s’élève à 3,5 trillions. Si encore cela s’avérait utile ! Malheureusement, ce petit jeu, consistant à donner aux banques ce qu’elles veulent, n’a absolument pas solutionné les problèmes de l’économie réelle : resserrement du crédit avec pour conséquence des pertes d’emploi et des faillites.
Pour se faire une idée, il y a aussi les deux derniers rapports (N°35 & 36) du GEAB (Global Europe Anticipation Bulletin) titrés respectivement « Quand le monde sort définitivement du cadre de référence des soixante dernières années » (voir figure) et « Les trois vagues scélérates de l'été 2009 ». Le numéro 35 insiste sur la perte de point de repères et d’indicateurs fiables contrairement aux annonces optimistes mondiales. L’équipe du GEAB nous conseille d’ailleurs de revoir le film Matrix pour « réfléchir aux conséquences de la manipulation des capteurs et indicateurs d’un environnement sur la perception de cet environnement. »
Dans le numéro 36, le GEAB souligne que l’été 2009 va voir la convergence de trois vagues destructrices: chômage, faillites, mort du Dollar et de la Livre.
Idem pour le G20 ou l’Europe ! « Chaque pays est représenté par son Ministre des Finances et son Gouverneur de Banque Centrale, auxquels sont rattachés plusieurs centaines de Hauts Fonctionnaires, choisis pour leurs parfaites convictions néolibérales au sein des administrations nationales et internationales.(…) personne ne peut devenir ni le Gouverneur d’une Banque Centrale ni le Ministre des Finances d’aucun des pays membres… sans avoir été coopté par les banquiers commerciaux ou par les assureurs (qui généralement sont actionnaires des banques les plus importantes). » (Source : G20: no chance for any change!)
La référence dollar touche à sa fin. Son remplacement est de plus en plus souvent évoqué par les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). La Chine avance l’usage de Droits de Tirages Spéciaux (DTS) du FMI, basé sur un panier de monnaies et permettant d’équilibrer les balances commerciales en déficit ou en excédant entre nations. Bye-bye l'escroquerie américaine, bonjour celle des pays BRIC(1). En 2002 par exemple il a été calculé que le dollar avait rapporté 400 milliards aux États-Unis rien que parce que c’était la devise internationale. Cela fait longtemps que les États-Unis vivent à crédit, mais il semble, cette fois, qu'ils ont été trop loin. Le monde en a ras-le-bol de travailler pour un client qui ne paye pas ou plutôt qui paye en « monnaie de singe et actifs toxiques ».
Le seul précipité de force du dollar réside dans sa détention par un nombre de créanciers encore trop nombreux. Tous tentent de s’en débarrasser au plus vite, achats massifs de terres (Cfr. Pays pauvres à vendre), de matières premières (la Chine a fait son stock), achat d'or, de devises refuges... Voyez par exemple ce fait divers 134 milliards dans une valise à la frontière Italo-suisse! Ou encore cette fameuse vidéo circulant sur YouTube concernant la « perte » de 9000 milliards de dollars à la Fed. Y aurait-il suffisamment d’arbres sur terre si nous devions réellement imprimer ces 9000 milliards en billets papier ? Pour une analyse plus technique et pointue, l’article Analyse marchés : on ira pas plus haut ! dénote, entre autre, une baisse de prix des bons du trésor Américain, source principale de financement du gouvernement US. Autre signe : l’hilarité générale des étudiants de l’Université de Pékin provoquée par l’annonce de Timothy Geithner (secrétaire d’État au Trésor américain) sur la sécurité des avoirs Chinois en Bons du Trésor américain. (Examiner/Reuters, 02/06/2009)
La mort du dollar ne se fera pas sans heurt. De « non négociable », le mode de vie américain va devenir « peu enviable ». Tous les grands empires ont une fin : Incas, Grecs, Romains… Tous les grands dogmes ont aussi une fin : l’argent est rare, la monnaie est neutre, tous les profits son bon pour la nation ou encore, la confiance ne se rétabli pas à grand coup de milliards !
Grave ? Oui ça l’est… mais certainement pas plus grave que ce qui nous attend dans un avenir qui se fait chaque jour de plus en plus proche… Voyons le bon côté des choses, puisque les beaux discours (Mitterrand), avertissements (Reeves, GIEC), rapports (Stern), protocoles (Kyoto) et accords internationaux ne suffisent pas, une sérieuse crise n’est-elle pas le meilleur moyen de nous faire revenir à la réalité ? Cette crise économico-financière est une mise au pas forcée du monde pour qu’il comprenne que son système de valeur dominant est caduc et hypocrite. Un système de valeur « hors sol », totalement déraciné des réalités humaines et naturelles. Malheureusement ce sont encore les plus faibles et les plus démunis qui vont en pâtir.
Note:
(1) Plutôt que de baser les DTS sur un panier de monnaies dominantes il serait plus juste et durable de les baser sur un panier de matières premières et services les plus échangés au niveau international. Une « Trade Reference Currency (TRC) » du type TERRA, qui tente de minimiser les intérêts nationaux et approcher au mieux les échanges mondiaux majoritaires de biens et services.
Source :
Le monde : L'hégémonie du dollar est attaquée de toutes parts
Rue 89 : Jusqu'où l'État américain peut-il s'endetter ?
Contreinfo : La prochaine tempête sur le dollar
GEAB 35 : Quand le monde sort définitivement du cadre de référence des soixante dernières années
GEAB 36 : Les trois « vagues scélérates » de l'été 2009
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