Un petit extrait de l’article Deux Richesses du site Nouvelle Société
En s'acceptant «néo-libéral», le capitalisme garantissait sa survie. En plaçant un filet de sécurité sous le trapèze de l'initiative, le capitalisme devenait plus attrayant que le communisme ou le fascisme, ses deux rivaux immédiats. Le problème était posé, toutefois, de maintenir ce filet à un coût acceptable aux acrobates de la libre-entreprise. Comment donner de la richesse sans créer une inflation qui ruinerait tout le monde, comme on en avait eu l'illustration caricaturale dans l'Allemagne de Weimar ?
Le génie du système néolibéral a été de faire clairement la distinction entre d'une part la richesse qui est composée des biens et services qu'on consomme et, d'autre part, la richesse symbolique, scripturale, qui n'est que du papier, mais qui a une valeur indiscutable comme outil de pouvoir.
(…)
On ne peut déplacer l'argent «pour consommation» des travailleurs vers les riches sans rompre l'équilibre de la demande effective, mais on peut créer et donner aux riches une richesse symbolique «pour le pouvoir». On peut en créer et leur en donner autant qu'il en faut pour les motiver et les garder heureux, sans aucun effet négatif apparent. On peut leur en donner des trillions (1 trillion = 1000 milliards).C'est ce qui a été fait.
3 trillions USD pour la guerre en Irak ;
9 trillions USD perdus dans les livres comptables de la Fed (vidéo ci-dessus) ;
8 trillions USD de pertes des cours boursiers après l’attentat du WTC ;
2,3 trillions USD perdu au pentagone (vidéo ci-dessous);
indice Dow Jones multiplié par 15 en 20 ans et réduit de moitié en 1 an;
etc. etc…
Pour se faire une idée de l'odre de grandeur, le PIB mondial de 2007 est de 50.000 milliards USD. L’affaire Kerviel, pour laquelle on a fait un foin de tous les diables, ne se chiffre qu’à 5 milliards USD. Quant à Madoff c’est 50 milliards USD. Les 9 trillions USD de la Fed, c’est 1800 Kerviel ou encore 180 Madoff !
Première constatation : que représente la lutte contre l’inflation centrée sur la hausse des salaires ou l’indice des prix à la consommation par rapport à ces sommes astronomiques ? Les guerres, la prétendue lutte contre le terrorisme avec le soutient massif à l’industrie de l’armement ne constituent pas la principale source d’inflation ?
Deuxième constatation : s’il est vrai que toute l’économie est fondée sur le crédit et la dette, que ces dettes finissent par s’annuler à l’échéance, il n’en reste pas moins que ces sommes empruntées s’accompagnent toujours d’intérêts et de jeux boursiers dans l’hyperespace financier. Comme, conformément à l’argumentaire du monopole bancaire privé, il n’est officiellement pas acceptable de produire autant d’argent comme pour rire, il faut bien, de ci, de là, quelques ajustements de bienséance. Ces ajustements s’opèrent soit par monétisation de dettes (cas des États-Unis actuellement), soit par des « pertes » inopinées dans les livres comptables…
Comme le dit Nouvelle Société dans son article Jeu dans l’hyperespace financier : « Ne vous tracassez pas de ce qui est aux livres sans être au bilan : ce sont de simples singularités de l'imaginaire, des trous noirs qui absorbent de l'énergie et du travail, mais dont il ne ressort rien. ».
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"Pourquoi, avec tout cet argent qu'on crée et qui, par définition, ne peut correspondre à la production d'aucun bien réel, la valeur de l'argent ne plonge-t-elle pas tout droit vers zéro (0)? Parce qu'aussi longtemps que ceux dont les besoins sont déjà satisfaits n'utilisent pas leur argent pour acheter plus, ils ne constituent pas une demande supplémentaire qui pourrait créer une rareté et faire grimper les prix. Or, évidemment, ils n'utilisent pas l'argent supplémentaire qu'on leur donne pour acheter plus, puisque leurs besoins sont déjà satisfaits. CQFD.
Que font-ils de cet argent ? Ils l'épargnent, ils investissent, ils spéculent, mais ils ne le consomment pas. Aussi longtemps que les gagnants gardent leur argent dans un autre univers, qui n'est pas celui de la consommation, il n'y a pas de problème d'inflation. Donner un chèque d'un milliard d'euros qui ne sera pas encaissé ne changera rien à vos fins de mois. Quand il a l'assurance qu'elle ne sera pas consommée, l'État peut créer une richesse symbolique illimitée et la distribuer comme bon lui semble. Il lui suffit d'être bien prudent, pour que cette richesse symbolique qui ne correspond à aucune richesse réelle ne filtre pas vers ceux qui ont de vrais besoins et l'utiliseraient pour consommer."
Mais alors, comment se fait-il que la « richesse pouvoir » libellée en trillion soit parvenue à affecter la « richesse consommation » libellée en milliers ?
C’est ici que le bât blesse ! Contrairement à ce que l’on entend souvent, la crise que nous connaissons n’est pas le fait de la « main invisible » d’Adam Smith (loi du marché) mais bien plus d’une politique particulièrement interventionniste. Les États-Unis comme le Royaume Unis et tous les ultralibéraux sont les premiers à cracher sur l’État... sauf quand ils ont besoin de lui!