Depuis 1930, après la crise de 29, les États-Unis ont mis en place toute une série de règles (détaxation prêt hypothécaire et impôts fonciers) et d’organisme fédéraux pour favoriser l’accession à la propriété : Government Sponsonred Entities (GSE) et Federal Home Loan Banks (FHLB). Or cette accession à la propriété a des limites. Elle en a d’autant plus dans un pays dans lequel la répartition du revenu est loin d’être uniforme. Dans un pays où la protection sociale est rudimentaire, l’investissement immobilier constituait également une bonne assurance vieillesse. Étant entendu que le prix de l’immobilier croisse constamment.
Malheureusement, à force de donner du terrain et des maisons à tout le monde, vient bien un moment où il faut s’attaquer à des franges de la population moins nanties, moins gâtées par le système capitaliste. Qu’à cela ne tienne, le rêve américain n’a pas de limites ! Tout le monde peut emprunter pour acheter sa maison ! Tout le monde même les personnes n’ayant pas de revenu. Il s’agit des « no docs loans », des prêts sans documents. Il est possible d’emprunter en ne remboursant que les intérêts. Le remboursement du principal étant postposé à la fin du prêt. Il est même possible d’emprunter sans être en mesure de rembourser la totalité des intérêts par mois ! Il existe aussi des démarcheurs payés à la commission et qui cherchent les personnes les plus risquées « prêt rapace » (predatory lending). C’est ça les sub-primes !
Les organismes prêteurs spéculent sur le défaut de remboursement en espérant revendre le bien immobilier avec une plus-value. L’affaire est d’autant plus juteuse qu’il est possible de revendre les emprunts pourris en les segmentant et en les emballants dans de beaux paquets brillants (ABS, CDO, CDO square, ABCP, SIV) et sans cachet d’origine ni marque de fabricant. C’est ça la titrisation !
Nombreux et au même moment furent les emprunteurs en défaut de payement. Il fallut donc vendre les biens en masse. Vente qui fit chuter le prix de l’immobilier. Plus les prix chutaient plus des franges de population à moindre risque (déjà à gros risque pour l’Europe) furent touchées, donc obligées de vendre, donc faisant chuter à leur tour le prix de l’immobilier et ainsi de suite... La bulle éclata !
Or fin 2006, le marché et les opérateurs financiers avaient découvert le pot-aux-roses. Plus personne ne voulait des instruments financiers qui circulaient car ils pouvaient toujours cacher des crédits subprimes qui ne valaient plus rien (Cas des CDO et CDO square dont la complexité est telle qu’il est impossible d’en détecter l’origine).
Les agences de notations ont pris un sacré coup dans l’aile et ont revu leurs cotes à la baisse. Tous les bonimenteurs de première ligne (Bear Sterns, MBIA, Countrywide, Indymac…) avaient besoin de liquidité pour honorer leurs mensonges. C’est alors qu’ils se sont tournés vers les agences fédérales dont Fannie Mae et Freddie Mac (GSE).
Très vite ces agences furent submergées et l’économie américaine mise au pied du mur. Fort de sa position dominante dans l’économie mondiale, l’État américain usa et abusa de son privilège pour tenter de sauver sa peau. Chine, Japon, Taïwan et Corée du Sud ont soutenu l’économie américaine en achetant massivement les bons du trésor US, ou plutôt « les bons du mensonge US » ou « les bons du rêve américain ». L’évolution de la courbe du crédit est d’ailleurs similaire à celle de l’évolution de la balance commerciale déficitaire des États-Unis.
C’est ainsi que l’État, le contribuable et le reste du monde, paye l’ardoise finale.
Si, comme les ultras libéraux le proclament souvent, les États-Unis avaient laissés libre cours au marché, le gros de la crise aurait éclaté fin 2006 en mettant bas toute l’économie américaine. En intervenant sur le continent américain et dans le monde, nous ne faisons que retarder l’échéance et aggraver le sort des plus démunis. Mais comme les tenants du système, consortium de banques et de grands opérateurs privés, sont les principaux responsables de la crise, ils pensent avant tout à sauver leurs mises et non celle du plus grand nombre.
Comme l’avais si bien dit un journaliste du Monde : « l’ironie suprême réside ainsi dans le fait que la « socialisation » du système bancaire est acceptable lorsqu’elle sert à sauver le capitalisme : le socialisme est néfaste - sauf lorsqu’il permet de stabiliser le capitalisme. »
Le capitalisme et sa panacée « loi du marché » ne peut survivre seul. Le capitalisme à besoin du socialisme ou du communisme pour corriger ses excentricités égoïstes. Comme souligné dans le DOGME 6, le marché n’est vrai et efficient que s’il est totalitaire. Or à chaque fois qu’il veut l’être en balayant tout les parvenus de la planète, nous lui coupons la chique en lui interdisant sa « libre expression » !
C’est donc avec les subprimes, la titrisation et la complicité de l’État que la frontière entre le monde symbolique du pouvoir et le monde réel du peuple fut franchie. Rappelez vous cette phrase de l’article précédent : « Il lui suffit d'être bien prudent, pour que cette richesse symbolique qui ne correspond à aucune richesse réelle ne filtre pas vers ceux qui ont de vrais besoins et l'utiliseraient pour consommer ».
Les États-Unis n’ont pas été prudents. L’État défend bien plus les droits du capital que ceux de l’homme. L’émission monétaire est bien plus stimulée par l’exigence de rentabilité sur capital que par un souci de bon fonctionnement économique pour le plus grand nombre.
La paroi entre Capital « productif » et Capital « spéculatif » n’est pas parfaitement étanche. Elle dépend essentiellement de la confiance. Et la confiance, ça se gagne autrement qu’avec des billets.
Il est temps pour le peuple de comprendre pour pousser les choses à son avantage. Il faudrait réellement scinder les deux mondes : une monnaie pour le peuple ; une monnaie pour le pouvoir. Il en était ainsi avant l’obligation d’uniformisation poussée par des pulsions hégémoniques. Des louis d’or pour le roi et des méreaux de bronze pour le peuple. Une monnaie scripturale pour le pouvoir et une monnaie fiduciaire pour le peuple. Légaliser l’auto-convertibilité des deux à tout moment est suicidaire.
Créons notre propre monnaie pour nos besoins locaux et laissons les « grands » de ce monde jouer avec leurs Dollars, Euros, Yuan ou Rouble. Ces devises internationales qui nous asservissent, qui nous mettent à la rue, qui amputent la dignité humaine et la beauté du monde. Fi donc, des monnaies impériales tachées du sang des hommes et de la terre !
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