La récente élection de François Hollande comme président français représente-t-elle un espoir de changement ? L’élection d’Obama après Bush a-t-elle changé la donne ? Pauvres électeurs naïfs et démunis que nous sommes. Par paresse, confort et identification sociale, nous ne demandons qu’à croire, espérer et adopter les mêmes attitudes que la masse. La psychologie des masses était le meilleur allié d’Hitler. Les plus gros mensonges passent mieux devant une foule qu’en face à face.
Les hommes politiques n’ont que faire du bien être de leurs citoyens, la seule chose qui les préoccupe c’est de remporter un maximum de voix. Ils sont fourbes et narcissiques. Même vertueux au départ, ils finiront par hurler avec les loups. Parce que le pouvoir corrompt et fabrique de l’inégalité, quelle que soit sa nature. Les politiciens nous attrapent donc avec des mots, des phrases publicitaires, des rêves. Et nous qui ne demandons qu’à croire et à penser le moins possible du moment que notre petite sphère égotique semble satisfaite, nous gobons tout. C’est la faute à Ben Laden. C’est la faute à Kadhafi, aux chinois, à l’intégrisme, au terrorisme, au marché… Mais le discours semble tout de même évoluer : des notables en passant par les méchants barbus ou bridés, on parle plus souvent des marchés.
En janvier 2012, Hollande débute un discours en disant qu’il va devoir affronter un puissant ennemi. Un ennemi qui n’a pas de visage, qui n’a pas été élu, qui ne présentera pas sa candidature mais qui gouverne : le monde de la finance ou de manière plus subtile, le marché! Mais qu’est-ce que cet hydre immonde sans tête qui semble faire si peur ? Le marché n’est rien d’autre que la confrontation de l’offre et de la demande. Mais cette confrontation n’est possible que par le biais de la monnaie. Et c’est là que le bât blesse car c’est toujours les grands détenteurs de capitaux qui sont en position de force par rapport aux autres. Ces grands détenteurs sont en effet en mesure de mettre en concurrence les différentes demandes pour faire jouer la concurrence et ne sélectionner que les plus bas prix. Ces gens ne voient le monde qu’à travers le prisme déformant de l’agent et de fait, tronquent la réalité sociale, économique et environnementale. Le marché tel que nous l’entendons souvent n’est donc rien d’autre que la petite classe très sélect des possédants de cette planète : les PDG et administrateurs des grandes multinationales, les invités du sommet de Davos, les ploutocrates.
« Reste à voir comment vont réagir les marchés ! », c’est ce qu’on entend après chaque élection. Mais alors, pourquoi vote-t-on, puisque ce sont toujours les marchés qui ont le dernier mot ? Sommes-nous en démocratie ? A quoi bon ? C’est très certainement cette question qui pousse les gens à voter extrême droite. Car l’extrême droite, en plus de sortir des énormités, a le mérite de souligner cette injustice. Et même quand elle remporte près de 20% des voix, elle ne possède aucun député. Le vote ne serait-il pas le petit susucre pour calmer la bête ? Certes il a été acquis à grand coup de luttes sociales mais n’est-il pas le meilleur alibi des puissants de ce monde ? « Vous vous plaignez ? Mais voyons, n’est-ce pas vous qui avez choisi cet homme politique ? ». Le vote n’est-il pas un excellent moyen pour flatter l’égo et le désir de liberté et d’égalité des peuples tout en l’asservissant ? La démocratie par le biais du scrutin universel ne serait-elle qu’un succédané sournois de la dictature ? Nos démocraties n'ont-elles pas accouché de Bush, Poutine, Berlusconi, du FMI, de l'OMC, de la Banque Mondiale?
La psychologie des foules fonctionne aussi très bien par l’instrumentalisation de la peur. Naomi Klein l’a très bien démontré dans son livre : « la stratégie du choc ». C’est normal et c’est coutumier de l’histoire. Les nantis ont toujours réussi à se maintenir au pouvoir en transformant l’histoire et en pactisant avec l’ennemi. Bush n’est-il pas parvenu à envahir l’Irak par la peur du terrorisme ? Ne nous fait-on pas accepter un maximum de réformes antisociales sous prétexte de lutter contre la crise ? Crise dont les responsables sont encore aux commandes !
Comment voulez-vous que notre brave Hollande lutte contre le marché alors qu’il n’est pas prêt à remettre en cause son principal privilège ? A savoir, l’émission monétaire, vecteur de tout échange et puissance suprême de notre économie marchande monétaire mondialisée.
Ainsi, plutôt tôt que tard, François Hollande va devoir choisir entre rompre avec ses promesses électorales et hurler avec le marché. Bien sûr, comme tout politicien qui se respecte, il le fera avec la traditionnelle langue de bois et la manipulation des foules...
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Note :
Texte de l’article 123 du traité de Lisbonne « Il est interdit à la Banque Centrale Européenne (BCE) et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées “banques centrales nationales”, d’accorder des découverts ou tout autre type de crédits aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »
En clair: les États de la zone euro ne peuvent plus créer leur monnaie, même pour raisons justifiées. Ils sont asservis. Ils l’empruntent dès le premier euro à des fonds de pension, des gestionnaires d’assurance vie ou de placement de valeurs monétaire, monnaie toujours créée à l’origine par les banques commerciales privées, rendues de ce fait souveraines. Une dette publique artificielle (en France, elle n’existait pas avant janvier 1973) apparaît. Aujourd’hui de 1600 milliards d’euros, elle enfle sans fin par le cumul des intérêts qu’il faut chaque année emprunter; plus de 1340 milliards d’euros depuis 1980. Les intérêts qui créent la plus grande partie de nos déficits publics diminuent nos capacités d’investissements. Les services publics sont progressivement asphyxiés et notre patrimoine collectif vendu à vil prix.
Si nous ne mettons pas un terme à cette confiscation de démocratie économique, nous rejoindrons les pays pauvres d’ici peu.
Source : http://engagement2012.wordpress.com/