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  • : Démocratie? Ou Ploutocratie?
  • : Pas d'issue aux grands défis de l'humanité (pétrole, eau, famines, biodiversité, érosion, climat...) sans changement de paradigme et TOTALE remise en question tant au niveau individuel que pluriel (mode de vie, économie, progrès…)
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- La production d'un kilo de bœuf nécessite autant d'eau qu'une douche (débit de 18 litres par minute) quotidienne de 5 minutes pendant 2 ans.


- En Europe, chaque tête de bétail est subsidiée à plus de 2 euros par jour, soit un peu plus que le revenu journalier des 2/3 de la population mondiale.

 

- Le total des actifs financiers (crédits et spéculations) atteint 6,7 fois le PIB mondial!

 

- Dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme 6 fois la France.


- Seuls 1,6% des dépenses militaires ou 4,3% des subventions agricoles sont nécessaires pour assainir les besoins en eau de 80% des Africains.


- La fortune des 3 individus les plus riches de la planète est supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres (600 millions de personnes).


- Les pays en développement, qui subissent durement les dérèglements climatiques, ont produit moins de 20% des 350Gt (giga tonne) de CO2 accumulé dans l’atmosphère depuis 1850, alors qu’ils représentent 80% des terriens.


- Pour la banque mondiale, de 2006 à 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 85%. Dans les pays pauvres, les dépenses alimentaires représentent 60 à 90% des budgets des ménages…


- Un plein de 50 litres de bioéthanol correspond à  250 kg de maïs, de quoi nourrir une personne pendant une année.


- Par an, les avions commerciaux émettent autant de CO2 que toute l'Afrique.


- L'élevage industriel consomme autant de céréales qu'Indiens et Chinois réunis (moitié de la population mondiale).

- La production, le stockage, le transport et le conditionnement d'une calorie alimentaire issue de l'agriculture conventionnelle nécessite 40 calories fossiles!


- D'autres chiffres ici

 

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Citations & Livres

Aucun être humain ne vient au monde pour éviter à ses frères la peur de mourir en niant le corps par le travail et l'intellectualisation du monde. [Raoul VANHEIGEM] Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire

 

Ce que fait actuellement la logique de marché, c'est jouer sur la méfiance radicale de l'être humain à l'égard du détachement, ancrée dans l'énergie angoissée du besoin, pour pouvoir inverser l'énergie renonçante du Désir en énergie compulsive de l'envie. [Christian ARNSPERGER] Ethique de l'existence post-capitaliste

 

Le discours économique a une fonction terroriste, celui d'évincer le citoyen du débat [cité par Marie Martin-Pêcheu] Bio-économie

 

La monnaie et l’économie existent parce que l’homme n’a pas confiance en son prochain, qu'il suppose – souvent à raison - vouloir obtenir un échange gagnant. Il veut des garanties. Mais les garanties ne tiennent pas leurs promesses et se révèlent incapables d’empêcher l’injustice. [Didier LACAPELLE] Manuel d'anti-économie

 

Pour ceux qui connaissent le sens profond des choses, les paroles brèves sont des commentaires ; Pour ceux qui se fient aux apparences, les vastes discours ne sont que des abrégés imprécis. [Mawlânâ Djalâl Od-Dîn Rûmî] La geste de Taliesin

 

Notre époque a besoin d’une grande bouffée d’air frais, qui la revivifie. Vienne le temps où chaque individu, rejetant l’apathie dont tire sa force le pouvoir léthargique qui l’opprime, se change en guerrier sans armure et sans autre arme qu’une invisible force de vie. Qu’il combatte sans relâche pour ce qu’il a d’unique et de plus cher au monde, sa propre existence, vrai champ de bataille où nerfs, muscles, sensations, pensées répondent à la sollicitation de désirs obnubilés par la passion de jouir et que contrarient, refoulent, mutilent et nient les mécanismes d’une économie qui exploite le corps à l’égal de la terre. [Raoul VANEIGEM] Nous qui désirons sans fin


A travers le voile de notre vision rationnelle, la lumière du Réel se brise, et la transforme en une autre vision, comme la lumière du soleil dans la pluie donne l'arc-en-ciel. L'homme, devenu conscient du soleil, comprendra l'arc-en-ciel d'une facon différente. Mais celui qui aura le courrage de tourner le dos à ce qui n'est que l'arc-en-ciel, verra le soleil lui-même. L'homme ressent en lui-même et en son monde, la promesse d'une Réalité qui, à l'origine de son développement rationnel, se cache. [Karlfried GRAF DÜRCKHEIM] 
La percée de l'être ou les étapes de la maturité


L'écologie extérieure sans écologie intérieure n'est qu'illusion. Si intérieurement, l'esprit est mu par des violences passionnelles, cela se traduira inévitablement en comportements extérieurs. Intérieur et extérieur sont interdépendants. Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement à l'extérieur est illusoire. [Denys RINPOCHE]


L'économie politique a placé sur un podium quelques-unes de nos dispositions naturelles les plus vilaines : le matérialisme, l'esprit de compétition, la gloutonnerie, la vanité, l'égoïsme, la myopie intellectuelle et la toute bête cupidité. [Hazel HENDERSON] cité par Fritjof Capra dans Sagesse des sages

Si la logique en place est si tenace, c'est peut-être que quelque chose au fond de nous même y collabore - quelque chose qui participe de l'angoisse et du déni de notre condition d'humains. Les voies de sorties, les plus pertinentes de l'économie capitaliste ne sont donc pas économiques. Elles sont existentielles. [Christian ARNSPERGER] Critique de l'existence capitaliste, Pour une étique existentielle de l'économie

Notre siècle de rationalité matérialiste, de pesanteur minérale, de substances toxiques largement répandues, d'une science presque totalement asservie au profit, a porté atteinte au monde sensible qui constitue l'enveloppe vivante et vitale de notre planète. Il semble que ce ne soit qu'à l'aune du sacré que nous pourrions mesurer l'ampleur de notre responsabilité. "J'entends par sacré ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l'émerveillement, le respect et le mystère s'allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des être très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force." [Pierre RABHI] Conscience et environnement

Comme une rivière crée les berges qui la contiennent, l'énergie en quête de vérité crée sa propre discipline sans aucune forme de contrainte; et comme la rivière trouve la mer, l'énergie trouve sa propre liberté.
[Jiddu KRISHNAMURTI]
Le sens du bonheur

Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.

[GHANDI]

Richesse c'est pouvoir. C'est le pouvoir d'acheter; c'est un droit de commandement sur tout le travail d'autrui.
[HOBBES]


Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme
[RABELAIS]


Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; Mieux vaudrait un sage ennemi
[Jean de la FONTAINE]

Chaque fois que l'humanité est amputée d'une de ses langues, une de ses cultures, un de ses peuples, ce sont ses propres enfants qui deviennent orphelins d'une partie d'elle même.
[Patrick BERNARD] www.icrainternational.org

Les paradis fiscaux ne sont pas qu'un phénomène marginal réservé à quelques milliardaires, quelques affairistes et beaucoup de mafieux. C'est, au contraire, « une infrastructure essentielle de la finance internationale ». Christian Chavagneux & Ronen Palan


La richesse se mesure au nombre de choses que nous pouvons laisser intactes
[THOREAU]

 

12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 14:28

OTAN-CNT-en-Libye.jpgOn est bien loin, en Libye, sur le terrain, de l’image virtuelle et simplifiée, véhiculée par la plupart des médias européens, d’une rébellion populaire renversant la dictature féroce du gouvernement de Mouammar Kadhafi.

 

Pierre PICCININ, Professeur d’histoire et de sciences politiques

 

La société libyenne, en effet, se structure en un ensemble de tribus, dont les intérêts divergent; organisées en fonction de liens de parenté solides, elles sont elles-mêmes segmentées en plusieurs clans, plus ou moins rivaux, dont les alliances se recomposent en permanence, en fonction des circonstances et d’intérêts sur le très court terme.

 

Ainsi, s’il est vrai que, au début des événements, le 17 février 2011 et durant les jours qui ont suivi, on a pu voir l’émergence d’une société civile s’exprimant lors de manifestations hostiles au colonel Kadhafi, ces mouvements sont néanmoins restés très limités et ont rapidement servi de prétexte aux soulèvements de chefs de clans, auxquels ils ont cédé la place, et lesquels ont plongé la Libye dans le chaos. De même, croyant leur heure arrivée, plusieurs mastodontes du régime se sont dressés contre leur ancien maître et ont pris le contrôle d’une partie de la rébellion.

 

rebelles_libye-7771c.jpgQui sont ces rebelles que l’Occident, la France en tête, a pris le parti de financer, d’armer, d’appuyer par un soutien logistique et militaire inconditionnel, bien au-delà du mandat onusien qui appelait à la protection des populations civiles, mais en aucun cas au renversement du chef de cet État pétrolier ?

 

Qui sont les leaders de cette insurrection qui s’est opposée au gouvernement de Mouammar Kadhafi et l’accuse d’avoir massacré sa propre population ? Quels sont leurs objectifs et quelle en est la légitimité ?

 

Comment faut-il qualifier ce conflit qui, prétendu soulèvement de « civils désarmés » à l’origine, s’est rapidement révélé sous les traits d’une guerre civile ?

 

Guerre tribale ? Guerre des clans ? Guerre des chefs ? Guerre de succession au trône ? Ou bien guerre du gaz et du pétrole ?

 

Éléments de réponse…

 

Loin de constituer une force politiquement organisée avec l’objectif d’instaurer une démocratie laïque en Libye et plus loin encore de former un ensemble uni sous la conduite du Conseil national de Transition (CNT), qui se présente comme le nouveau gouvernement légitime, la rébellion a été menée par une tripotée de chefs de guerre, qui se disputent régulièrement le contrôle de telle ou telle parcelle de territoire, avec en toile de fond la répartition des champs pétrolifères, mais aussi de l’eau, et n’obéissent que ponctuellement aux injonctions du CNT, qui, en définitive, autoproclamé, ne représente que lui-même.

 

Plus justement, il ne faudrait donc pas parler de « la » rébellion, mais « des » rébellions. Et cette configuration de la scène libyenne, à laquelle Européens et États-uniens ne s’attendaient pas, a provoqué l’embarras de l’OTAN : si, par le déploiement de moyens considérables, l’alliance atlantique a réussi, péniblement, à faire progresser les rebelles dans la capitale, dans l’objectif avoué de destituer Mouammar Kadhafi, c’est le contrôle du pays qui pose désormais problème…

 

Ces chefs de guerre, désorganisés, indisciplinés, ont ainsi profité du désordre ambiant pour accroître leur influence, sans toujours beaucoup se soucier du front que le CNT a tenté de maintenir face à l’armée fidèle à Tripoli, la capitale, siège du gouvernement du colonel Kadhafi : sans aucune vision nationale, leur but n’est pas de conquérir des régions traditionnellement sous le contrôle d’autres tribus et, dès lors, ils se sont montrés peu enclins à aller se battre contre les troupes gouvernementales. Ces bandes armées opèrent donc quelques sorties, qui se négocient entre eux et le CNT au coup par coup, au gré de l’humeur de leurs chefs. Les gars, souvent ivres, d’alcool ou de hachich, vident quelques caisses de cartouches et rentrent ensuite à leur bivouac pour y faire la fête. Tout le monde danse, tire en l’air des rafales entières ; la moitié des munitions se perd ainsi… Les projectiles retombent… et font des victimes.

 

Parfois, certains clans ont changé de camp, généralement au détriment de Tripoli : imitant leurs voisins, s’ils y trouvaient intérêt, ils se sont libérés de la tutelle du gouvernement pour « rejoindre l’opposition », à la surprise générale. Et c’est en grande partie de cette manière que « la rébellion a progressé ».

 

Autrement dit, sans l’interventionnisme armé de l’OTAN, l’armée régulière, en grande partie loyale au gouvernement libyen, aurait remis de l’ordre dans le pays, rétablissant l’autorité de Mouammar Kadhafi qui avait réussi, durant plus de quarante ans, à gérer les rivalités tribales et à forger un semblant de cohésion dans cette région instable, mais riche en pétrole et en gaz.

 

Mais qui, à présent, parviendra à remettre au pas tous ces chefs de guerre, qui s’organisent déjà pour garder le contrôle de leur territoire et renforcent leurs milices ? Qui saura restaurer l’unité de l’État libyen ? Qui pourra représenter la Libye et en maîtriser les ressources ?

 

Il faut bien comprendre aussi et insister sur le fait que la partie n’est pas finie : seuls les clans du nord-est se sont soulevés contre Mouammar Kadhafi, c’est-à-dire dans la région de Cyrénaïque, dont les principaux fiefs sont Benghazi et Tobrouk. Les tribus du Fezzan (tout le grand sud), de Tripolitaine (région de la capitale, au nord-ouest) et de Syrte (au centre de la façade maritime libyenne) ont en revanche soutenu le chef de l’État libyen et combattu pour lui, mobilisant à cet effet leurs réseaux tribaux extrêmement ramifiés, et qui couvrent la plus grande partie du pays. Ce sont aujourd’hui les grandes perdantes de la « révolution ». À l’ouest, uniquement les clans de Misrata et Zlitan et, juste au sud de la capitale, les Berbères du Djebel Nefoussa ont rejoint la rébellion.

 

Le soulèvement des Berbères et les rébellions de Misrata et Zlitan ont permis l’encerclement de la capitale. Mais la prise de Tripoli ne signifie pas nécessairement la fin de la guerre civile: la capitale, dans cette antithèse de l’État-nation qu’est la Libye, ne constitue pas un enjeu déterminant. Et la guerre, la guérilla, pourrait perdurer des années durant et ruiner le pays : l’armée se confond avec la population ; les civils s’arment ; chaque homme, chaque adolescent membre du clan, de la tribu, est un guerrier potentiel ; une fois encore, la structure de la société libyenne invalide les prévisions atlantistes.

 

Concernant le CNT, ensuite, autre acteur de la pièce, on ne peut que souligner sa faiblesse et ses divisions. En outre, il serait difficile de qualifier ses leaders autoproclamés de démocrates représentatifs des aspirations du «peuple libyen» : composé d’une poignée d’anciens ministres du régime qui sont à peu près parvenus à s’entendre sur ce que pourrait être le partage du pouvoir dans un hypothétique après-Kadhafi, le CNT ressemble davantage à un repère de brigands, le couteau entre les dents, et de mafieux, s’adonnant à tous les trafics, qu’au rassemblement d’une opposition démocratique comme on a pu en rencontrer, par exemple, en Égypte ou en Tunisie. Et les quelques militants des droits de l’homme qui y siègent, mis en minorité, lui servent difficilement de caution…

 

Le président du CNT, ainsi, Mustapha Mohammed Abud al-Jalil, était jusqu’il y a peu ministre de la justice de Kadhafi, dénoncé en décembre 2010 par Amnesty International comme l’un « des plus effroyables responsables de violations des droits humains en Afrique du nord » ; c’est lui qui avait condamné à mort les cinq infirmières bulgares, dans l’affaire que l’on sait. Aux affaires étrangères, on trouve l’ancien ministre de l’économie, Ali Abdel-Aziz al-Essaoui. Quant au commandant des opérations militaires, également ministre de l’intérieur, il s’agit d’Omar al-Hariri, de retour d’exil, que lui avait valu sa tentative de coup d’État en 1975. Il partageait le commandement avec le général Abdul Fatah Younis, ancien chef de la police politique de Kadhafi, chargé de la répression de l’opposition au régime.

 

Ce dernier a cependant été assassiné en juillet pour des raisons encore inconnues, mais qui semblent tenir, notamment, aux rivalités internes au CNT : trop influent sur les quelques troupes régulières qui ont fait défection à Tripoli et constituent la seule force disciplinée à disposition du CNT, il menaçait le pouvoir de ses partenaires.

 

Bref, ce sera à qui mangera l’autre, s’ils parviennent à s’imposer par-delà les rivalités tribales et claniques.

 

Troisième composante qui apparaît de plus en plus au grand jour, le mouvement islamiste : on connaissait quelques chefs de bande salafistes et islamistes de la tendance dure (Groupe islamique de combat libyen et filières d’al-Qaïda), qui s’étaient mêlés aux rebelles. Par contre, aucun observateur n’avait vu venir les mercenaires qui se réveillent à présent, apparemment financés par le Qatar (très impliqué en Libye) et dont le nombre impressionne, au point d’inquiéter le CNT qui n’a aucun contrôle sur ces groupes armés, lesquels poursuivent leurs propres objectifs ; c’est toute une structure parallèle et autonome inconnue qui se révèle.

 

Au sein du CNT, certains, même, montrent du doigt le président al-Jalil, l’accusant d’avoir partie liée avec le Qatar et les islamistes et d’avoir donné son accord à l’assassinat du général Younis, qui s’était déclaré catégoriquement opposé à l’idée d’un État islamique en Libye (c’est lui qui, en 1996, aurait supervisé l’exécution de plus de mille deux-cents prisonniers, parmi lesquels de nombreux islamistes, enfermés dans la prison d’Abou Salim à Tripoli). Un «véritable coup d’État»…

 

De plus, depuis l’annonce de l’assaut sur Tripoli, l’imam Ali Sallabi, leader islamiste libyen en exil à Doha, propulsé sur le devant de la scène par la chaîne de télévision satellitaire qatari al-Jazeera, exhorte les Libyens à renvoyer chez eux les Occidentaux et les forces de l’OTAN et à se lever tous au nom d’Allah.

 

Enfin, comment réagiront les dix à vingt mille mercenaires de Kadhafi, qui n’ont plus d’autre choix que de se battre jusqu’à la mort, dont beaucoup ont déjà rejoint la région du Fezzan ?

 

La question n’est donc plus de savoir ce qu’il adviendra du régime de Mouammar Kadhafi, mais de savoir quel sera l’avenir d’un pays tiraillé de toutes parts : c’est maintenant que la guerre civile pourrait vraiment commencer.

 

Soutenu par les amis britanniques et états-uniens, le coup de poker mal inspiré (par le philosophe Bernard-Henri Lévy, s’il faut en croire certaines sources…) et joué trop rapidement par Nicolas Sarkozy se solde par un fiasco. L’actuelle équipe gouvernementale française avait reconnu sans attendre le CNT comme nouveau partenaire, espérant ainsi retirer de succulents profits de cette alliance. Sa politique a plongé la Libye dans la guerre civile, sur la voie de l’État failli, de la «somalisation»…

 

D’autres États sont aussi intervenus, en fonction d’intérêts divers, et ont rendu la situation plus complexe encore : tandis que le Tchad et le Nigéria ont soutenu Tripoli en lui envoyant mercenaires et armement, de même que l’Algérie, qui a ravitaillé le Fezzan voisin en carburant et en eau, le Qatar expédiait des chars d’assaut aux rebelles...

 

Certains gouvernements, qui s’étaient gaillardement engagés aux côtés des franco-britannico-états-uniens dans cette opération, baptisée « Unified Protector » par les propagandistes atlantistes, sans trop savoir dans quoi ils mettaient les pieds (en réalité, seulement six des vingt-huit États membres de l’OTAN participent effectivement aux opérations), pourraient bien commencer à regretter la main de fer de Kadhafi, qui assurait l’ordre en Libye et l’approvisionnement régulier des centres pétroliers et gaziers.

 

Les compagnies pétrolières elles-mêmes, qui avaient espéré augmenter leurs parts de bénéfice, en diminuant celle de l’État libyen -que Kadhafi avait accrue pour financer le développement du pays (on oublie trop vite que l’analphabétisme, à titre d’exemple, est passé, sous son gouvernement, de 72% de la population en 1969 à moins de 5% aujourd’hui)-, semblent désormais s’alarmer également.

 

Une solution acceptable serait une « période de transition » vers un État fédéral où toutes les régions prendraient plus ou moins leur sort en main. Une autre option serait d’admettre la partition du pays en deux États. Mais cette hypothèse ne plaît ni à l’OTAN, ni aux pétroliers, ni non plus à ceux des Libyens qui, situés dans la « mauvaise partie », se verraient priver de la manne pétrolière…

 

Quoi qu’il en soit, l’intervention, empêtrée dans ce chaos imprévu, risque de tourner au conflit de guérilla sur le très long terme. À moins que l’OTAN, comme en ex-Yougoslavie ou en Afghanistan, ne s’érige en gendarme de la région.

 

Mais quelles seraient alors les réactions du reste du monde ? Rappelons en effet que les États engagés en Libye sont tous occidentaux : ni la Chine, ni la Russie, ni le Brésil, ni l’Inde, autant de géants qui siégeaient au Conseil de sécurité lors du vote de la résolution 1973, n’a donné son aval en faveur de l’ingérence.

 

Car c’est peut-être là le plus important : le conflit Libyen, la reconnaissance du CNT par certains États et l’implication militaire de l’OTAN constituent un pas supplémentaire, après la guerre d’Irak de 2003 ou l’affaire du Kosovo, vers l’abandon des principes westphaliens du droit international, vers l’imposition par l’Occident au reste du monde des nouveaux concepts « d’ingérence humanitaire » et de « gouvernance ». Un nouveau coup de boutoir, significatif, à l’encontre du droit international tel qu’il s’était progressivement construit depuis le XVIIème siècle.

 

L’Union africaine avait déjà sévèrement dénoncé la tournure prise par les événements, condamnant le glissement des objectifs : au départ, il s’agissait d’empêcher l’utilisation de l’aviation et de protéger les civils en bombardant les troupes en mouvement vers les zones menacées ; ensuite, il s’est agi du renversement du chef de l’État, en ciblant ses résidences et celles de sa famille.

 

Début juillet, L’Union africaine avait en outre appelé ses États membres à refuser de collaborer avec la Cours pénale internationale, qui avait lancé un mandat d’arrêt contre Mouammar Kadhafi pour crime de guerre. L’Union africaine s’est expliquée en accusant la CPI de discrimination, lorsqu’elle entend poursuivre les responsables de crimes commis en Afrique, mais se tait en ce qui concerne les criminels occidentaux qui massacrent des civils en Irak et en Afghanistan, notamment.

 

De même, la Ligue arabe a renoncé à cautionner les bombardements, par l’intermédiaire de son président, l’Égyptien Amr Moussa, qui a publiquement regretté d’avoir, à l’origine, soutenu le projet d’une intervention occidentale.

 

Reste aussi l’épineuse question du rôle singulier joué par la France dans cette affaire. Mais peut-être en apprendra-t-on d’avantage à ce sujet, si Mouammar Kadhafi est pris vivant et bénéficie d’un vrai procès public, devant la Cours pénale internationale, au lieu de finir pendu après un jugement expéditif comme Saddam Hussein ou de trépasser dans sa cellule, comme Slobodan Milosevic…

 

Pierre PICCININ (en Libye, août 2011)

Professeur d’histoire et de sciences politiques

Source : LeSoir.be

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