Début 2010, pas d’accord sur le climat, une taxe carbone, une directive « service » et, cerise sur le gâteau, l’interdiction des orotates associés à des compléments alimentaires. Mis au point par le physicien Allemand Hans Nieper dans les années 60, les orotates sont des transporteurs de minéraux à base d’acide orotique, une substance naturelle que l’on trouve dans notre organisme et dans différents aliments, notamment les produits laitiers. (1) Mais aujourd'hui, les orotates sont suspectés de développer le cancer!
Cette interdiction Européenne des orotates à partir du 31 décembre 2009 n’est que la partie émergée de l’iceberg puisque, comme le souligne Naredi (Fédération Belge de l’Industrie et du commerce des Compléments alimentaires, produits naturels, de Réforme et de Diététique), « la polémique dépasse largement le cadre des orotates et qu’il va falloir défendre à l’avenir les allégations de santé. »(1) Riche en ceci… Allégé en cela… Pauvre en ceci… Enrichi en cela… Le marketing ne manque pas d’imagination pour vendre mieux, vendre plus, vendre toujours…
Du bétail piqué aux hormones, bourré d’antibiotiques et nourri au maïs et soja transgénique ne pose aucun problème à la législation Européenne. Une alimentation industrielle très largement raffinée et de plus en plus pauvre en antioxydants, oligoéléments et vitamines ne pose aucun problème à la législation Européenne. Des aliments stériles irradiés au cobalt et aux rayons gamma radioactifs ne posent aucun problème à la législation Européenne. Des aliments génétiquement modifiés insipides et saturés en pesticides, fongicides et substances toxiques en tout genre ne posent aucun problème à la législation Européenne.
La carence en oméga 3 est généralisée en Europe. Les additifs chimiques utilisés dans la nourriture - colorants, arômes et autres molécules de synthèse - jouent un rôle de chélateur des oligoéléments. Le raffinage des céréales enlève pratiquement la totalité des vitamines et minéraux. L’agriculture intensive et chimique déséquilibre le sol et les plantes, provoque des carences en éléments précieux. La pilule contraceptive abaisse le taux de beaucoup de vitamines.(2) Le processus de commercialisation et de conservation du lait n’est plus que la pâle figure de cette boisson énergisante de nos anciens. Le taux de graisses, de protéines, de globules blancs y est parfaitement dosé et légiféré. Ce qui en est extrait est alors vendu aux firmes pharmaceutiques ou aux firmes d’aliments pour chiens et chats.
Le nombre croissant de maladies liées à une mauvaise alimentation ont poussé les gouvernements américains et britanniques à mener une étude comparative sur la teneur en éléments nutritifs d’une série d’aliments entre 1951 et 1999. Les méthodes d’essais ayant beaucoup changé au fil des ans et la véracité des données historiques ayant été mise en doute, il a également été procédé à un comparatif des variétés anciennes à des variétés modernes cultivées dans les mêmes conditions. D’autres sources et données ont également été collectées par ailleurs. Dans tous les cas, le constat global est sans appel : il y a effectivement érosion de la valeur nutritive des aliments entre 1951 et 1999. Citons par exemple, une perte moyenne de 20% en minéraux et oligoéléments, une perte de 30 à 50% des vitamines et enfin, une perte de 30% des antioxydants dont on sait qu’ils jouent un rôle essentiel dans la prévention contre le cancer (tiens donc ?). La pomme-de-terre est par exemple aujourd’hui 2 fois moins riche en Fer et Vitamines qu’en 1950. Idem pour les bananes, les carottes, les choux-fleurs, les céleris…
En 50 ans notre alimentation à parfois perdu plus de la moitié de sa valeur nutritionnelle !(3) & (4)
Pourquoi ? Parce que l’agriculture moderne a totalement bouleversé l’écosystème du sol. Microorganismes, champignons et bactéries essentiel à la vie du sol et à l’absorption d’éléments nutritifs par les plantes(5) n’existent plus. Tous les sols de l’agriculture industrielle sont morts. Ils ne servent que de support. Les apports nutritifs et corrections immunitaires sont apportés par maître pétrole et sa batterie d’engrais, pesticides, fongicides et herbicides, sans oublier la mécanisation à outrance et le labour du sol en profondeur.
Comment ne pas s’étonner de la perte en élément nutritif des aliments puisque notre agriculture moderne sous prétexte de souveraineté alimentaire, s’attèle chaque jour à détruire le substrat même de la vie? Ce sont les champignons et les bactéries qui sont à l’origine de la vie et qui nourrissent les plantes. On parle beaucoup du climat, de la fin du pétrole, des déchets ou de la pollution mais très peu de ce véritable désastre. Pour la première fois depuis des millénaires et sur l’ensemble du globe terrestre, la base de la chaîne alimentaire est atteinte, et pas un peu !(6)
La perte en éléments nutritifs des aliments à haut rendements s’explique aussi par la forte mobilisation énergétique de la plante pour la quantité au détriment de la qualité. La plante ne peut se consacrer en même temps à l’amélioration de la valeur gustative-nutritive et à l’augmentation en volume des fruits, racines, graines ou feuilles. Les végétaux à croissance accélérée qui produisent des fruits et des légumes plus gros ont tendance à diluer leurs concentrations d’éléments nutritifs. Un phénomène que les scientifiques ont baptisé « effet de dilution » au début des années 1980. (4)
Notre alimentation n’est plus ce qu’elle était. La soupe de grand-mère dans sa casserole en fonte n’est pas la soupe grand-mère en tétra-pack du Carrefour. Pour Daniel Gramme et pour bon nombre de médecins digne de ce nom, les compléments alimentaires s’avèrent donc plus qu’indispensable si nous ne voulons pas souffrir de graves carences génératrices de stress, palpitations et dégénérescences. Les besoins minimums en vitamines, antioxydants et oligoéléments sont de loin supérieurs à nos apports nutritionnels industriels actuels. Le nombre croissant de cas d’obésité, diabète ou artériosclérose dans les pays riches atteste qu’il ne s’agit pas de manger plus pour pallier à ces manques. Pour un apport correct de magnésium, par exemple, il faudrait manger 3360 calories par jour alors que la moyenne se situe à 2500 calories.
Malgré cela, nez dans le guidon, l’Europe légifère. Elle observe un accroissement des cas de cancer et s’attaque aux compléments alimentaires. Bête et bornée elle pourfend les méchants virus et les dangereuses anomalies au nom de notre santé et de notre sécurité. Au nom du bien et du progrès elle détruit la vie et les savoirs ancestraux sans jamais remettre en cause sa mégalomanie avec ses industries, son agriculture intensive, ses pesticides, ses OGM.
Comme l’avait entendu Daniel Gramme à la RTBF le 5 août 2009, «sur 22 recherches sur le cancer financées par le gouvernement, aucune n’avait trait à la prévention ! La recherche est uniquement pharmacologique, dans le seul et unique but de découvrir un médicament anti-cancer»(2). La recherche asservie au profit ne s’intéresse qu’aux symptômes et jamais aux causes. Il faut vaincre le problème grace à des molécules brevetables et surtout ne pas trop se poser de questions sur les raisons du problème. Les causes ne rapportent pas d’argent, elles font partie du système, il faut « faire avec ». Elles sont ce que les économistes appellent les « externalités négatives ». Les causes sont le résultat d’un système en total déséquilibre et négation de son environnement. L’Europe et le monde politique n’y ont toujours rien compris et continuent à soigner le mal par le mal…
Note :
(1) Requiem pour les Orotates ? Luc Ruidant, BioInfo N°95
(2) Faut-il prendre des compléments alimentaires ? Daniel Gramme, Valériane N°80
(3) Nutrient Changes in Vegetables and Fruits, 1951 to 1999
(4) Le prix à payer : Épuisement des éléments nutritifs des aliments aux Etats-Unis en raison de la tentative incessante d’augmenter les rendements, Brian Halweil, Septembre 2007
(5) Les relations trophiques plante - microflore
(6) Lire et écouter Dominique Guillet, Guy Kastler, Claude Bourguignon, Pierre Rabhi.
Les sources 3 et 4 ont été reprises d’un article Compléments alimentaires: affaiblir la population pour vendre des médocs du 22 novembre 2009 sur le blog Donde Vamos (A lire ! Notamment le passage sur le rapport Cochrane)
Lire aussi dans la section Souveraineté Alimentaire de ce blog
- Le Codex Alimentarius lutte contre la faim