La terre tremble, elle frissonne. Que se passe-t-il ? Elle est malade ? A-t-elle froid ou trop chaud? Que cherche-t-elle à nous faire comprendre ? Que les pauvres sont trop pauvres ? Ou que les riches sont trop riches ?
Rien, absolument rien de ce qui se passe en ce bas monde n’est gratuit ou altruiste, du moins pour toutes les « grandes nations » et institutions à vocation internationale. Elles sont trop grandes et trop grosses pour se soucier du bien-être individuel ou commun. Trop volontairement complexes et imposantes, elles permettent de se détacher de la souffrance et de l’éradication de l’autre. Contrairement à ce que prétend Hobbes dans son Léviathan repris par l’idéologie dominante, l’individualisme n’est pas le propre de l’homme. Il suffit de voir comment les gens s’organisent en cas de coup dur. La manière dont la solidarité émerge de toute part en cas de catastrophe ou de problème. On peut bien sûr parler de la solidarité dévoyée de nos dons qui nous donnent bonne conscience mais on peut aussi parler de celle et ceux qui travaillent dans l’ombre loin des flashs et des cameras. Pour reprendre le cas encore très médiatique d’Haïti, ce sont avant tout les Haïtiens eux-mêmes, par la force de leurs mains et de leur engagement, qui font le plus gros du boulot. Ce sont aussi des pays comme Cuba ou le Venezuela qui ont toujours été présents et qui ont toujours considéré les Haïtiens d’égal à égal. Non, ce ne sont pas nos cœurs qui sont malades mais les institutions qui les confortent et les endoctrinent dans le refoulement de nos inhérentes pulsions altruistes. Le comble c’est que cette pensée dominante se sert de ce qu’elle critique (altruisme) pour continuer à se faire du fric.
A la longue énumération des liens de causes à effets de « la stratégie du choc » de Naomi KLEIN, nous pourrions ajouter le séisme en Haïti, la montée de l’extrémisme en Europe, le coup d’Etat du Honduras, les détournements d’avions, les déboires de la Somalie, les déboisements massifs en Indonésie, l’immigration, etc.
Bien sûr le séisme est un élément externe qui ne fait pas partie d’une quelconque machination impérialiste. Mais tout ce qui se passe par la suite est toujours manipulé à des fins impérialistes d’exploitation capitaliste. Puisque le capitalisme est un système contre nature, il a besoin d’événements, de « stratégies du choc » pour se maintenir en vie. C’est un système agonisant maintenu artificiellement en vie par une élite minoritaire. Elite qui contrôle les médias et l’information et donc influence l’objectivité des gens. Voyez comme ils ont tirés à leur avantage les événements du WTC. Cette élite a besoin du capitalisme pour maintenir son rang. Elle a besoin d’événements pour nourrir le capitalisme qui se nourrit de la misère des autres et de la planète. In fine, c’est ce qui conduit Michel PARENTI à parler d’autodestruction du capitalisme.
Lorsque les événements se font rares ou moins médiatiques, elle les crée, comme par exemple l’événement climat totalement phagocyté par le capitalisme, le terrorisme, la crise économique ou encore la grippe A/H1N1. Des événements qui jouent sur la peur, le confort et la compassion des gens. « Donnez de l’argent et tout ira mieux ensuite. Vite mon PC-banking, mon digipass, tic… tic… code pin, password, confirmation, Ok ? OK !… et voilà ! Ouffff, ça va mieux maintenant ! Bon ce n’est pas tout ça mais je dois absolument faire mon shoping aujourd’hui parce que c’est le dernier jour des soldes ! ». Avaaz, par exemple, qui permet, en quelques click de souris, de verser des sous pour toute cause humanitaire ou environnementale. Avaaz créé par Ricken PATEL, ex consultant de l’ONU, de la Fondation Rockefeller et de la Fondation Bill GATES... Ricken PATEL et tous nos grands philanthropes contemporains comme George SOROS magnat de la finance et des ONG au rôle non négligeable en Haïti (Cfr. Le rôle des ONG en Haïti soulève beaucoup de questions), Bill GATES ou Warren BUFFET qui donnent et gagnent des millions comme nous respirons. A quoi sert tout cet argent ? A nettoyer au plus vite les plages pour les futurs touristes ou à reconstruire des écoles et dispensaires ? On est en droit de se poser la question quand on sait le résultat des sommes collectées suite au Tsunami ( Cfr. Les ONG occidentales à l’épreuve du tsunami). La priorité principale des rapaces impérialistes c’est de rendre le pays le plus rapidement exploitable, pour que ses ressources humaines et terrestres continuent à jouer dans la danse du commerce mondial.
Cette appropriation du capitalisme n’est pas nouvelle et elle n’est pas prête de stopper dans un monde de plus en plus globalisé et lobotomisé. Ou peut-être devais-je dire dans un monde de plus en plus globalisé et conscientisé?
Conscience, cela reste profondément subjectif et incertain. Saurons-nous tirer les enseignements nécessaires de manière lucide et claire comme John PERKINS dans son livre « confessions d’un assassin financier » ou tomberons-nous dans la paranoïa peu constructive de Dominique GUILLET lorsqu’il se livre à la critique du réchauffement climatique ?
Pour ceux qui souhaitent en apprendre d’avantage sur Haïti et le rôle l’Impérialisme Français Américain Canadien (IFAC), je suggère :
* Le rôle des ONG en Haïti soulève beaucoup de questions. Entretien avec Jean LAVALASSE, photographe et documentariste haïtien résidant à Bruxelles depuis le début des années 70.
* L’humanitaire au service du capital, le cas de Haïti, Mohamed Belaali dans Le grand soir
* Non, monsieur, vous ne pouvez pas partager ma douleur (phrase prêtée à cet femme dans les décombres) un article de John Maxwell dans le Jamaica Observer.
Pour terminer, un passage de l'entretien avec Jean LAVALASSE qui en dit long sur l’altruisme opportuniste de nos « grandes nations ».
Les intérêts des Américains de faire main basse sur Haïti sont nombreux. D’une part, la main d’œuvre est très bon marché en Haïti et l’île n’est située qu’à 30 minutes de la Floride, y faire transiter des cargaisons serait rapide depuis ce nouveau Taïwan.
Ensuite, il y a Cité Soleil, cette zone est convoitée par les Etats-Unis en accord avec la grande bourgeoisie commerçante d’Haïti, pour la convertir en un grand port : un port franc et une zone industrielle.
Puis, c’est le moment idéal pour se servir du territoire comme base arrière pour contrôler et contrecarrer Cuba puisqu’Obama a promis de libérer Guantanamo. Depuis Cité Soleil et au dessus de Gonave, il y a une vue appréciable sur Cuba.
Et enfin, le sous-sol haïtien est bourré de pétrole. Apparemment les gisements vénézuéliens prendraient leur source sous l’île. Port-au-Prince est assis sur un gigantesque puits de pétrole qui ne pouvait être jusque là exploité. En effet, depuis les années 50, Jean Dumarsais Estimé, le président de l’époque, avait déplacé la capitale anciennement située à Marchand-Dessalines vers l’actuel Port-au-Prince. Cette transition ne permettait pas d’exploiter le pétrole mais Mère Nature aidant, aujourd’hui tout est possible. De plus, le séisme a provoqué un exode rural volontaire des habitants de Port-au-Prince, laissant le champ libre à la destruction des ruines de la capitale et pourquoi pas le forage des sols… Dans d’autres circonstances, s’ils avaient demandé aux habitants de partir vers les campagnes cela aurait été considéré comme un génocide. La catastrophe apparait comme une aubaine pour les impérialistes car elle permet de déplacer à nouveau la capitale. Tout n’est qu’enjeux géopolitiques et économiques.