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Présentation

  • : Démocratie? Ou Ploutocratie?
  • : Pas d'issue aux grands défis de l'humanité (pétrole, eau, famines, biodiversité, érosion, climat...) sans changement de paradigme et TOTALE remise en question tant au niveau individuel que pluriel (mode de vie, économie, progrès…)
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Tonnes CO2/personnes/an

2 = capacité d'absorption de la terre
4 = moyenne mondiale (2 fois trop)
8 = émission moyenne d'un Européen (4 fois trop)
20 = émission moyenne d'un Américain (10 fois trop)
0,09 = émission moyenne d'un Burkinabé
0,06 = émission moyenne d'un Ethiopien

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Bon à savoir

- La production d'un kilo de bœuf nécessite autant d'eau qu'une douche (débit de 18 litres par minute) quotidienne de 5 minutes pendant 2 ans.


- En Europe, chaque tête de bétail est subsidiée à plus de 2 euros par jour, soit un peu plus que le revenu journalier des 2/3 de la population mondiale.

 

- Le total des actifs financiers (crédits et spéculations) atteint 6,7 fois le PIB mondial!

 

- Dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme 6 fois la France.


- Seuls 1,6% des dépenses militaires ou 4,3% des subventions agricoles sont nécessaires pour assainir les besoins en eau de 80% des Africains.


- La fortune des 3 individus les plus riches de la planète est supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres (600 millions de personnes).


- Les pays en développement, qui subissent durement les dérèglements climatiques, ont produit moins de 20% des 350Gt (giga tonne) de CO2 accumulé dans l’atmosphère depuis 1850, alors qu’ils représentent 80% des terriens.


- Pour la banque mondiale, de 2006 à 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 85%. Dans les pays pauvres, les dépenses alimentaires représentent 60 à 90% des budgets des ménages…


- Un plein de 50 litres de bioéthanol correspond à  250 kg de maïs, de quoi nourrir une personne pendant une année.


- Par an, les avions commerciaux émettent autant de CO2 que toute l'Afrique.


- L'élevage industriel consomme autant de céréales qu'Indiens et Chinois réunis (moitié de la population mondiale).

- La production, le stockage, le transport et le conditionnement d'une calorie alimentaire issue de l'agriculture conventionnelle nécessite 40 calories fossiles!


- D'autres chiffres ici

 

Citations & Livres

Aucun être humain ne vient au monde pour éviter à ses frères la peur de mourir en niant le corps par le travail et l'intellectualisation du monde. [Raoul VANHEIGEM] Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire

 

Ce que fait actuellement la logique de marché, c'est jouer sur la méfiance radicale de l'être humain à l'égard du détachement, ancrée dans l'énergie angoissée du besoin, pour pouvoir inverser l'énergie renonçante du Désir en énergie compulsive de l'envie. [Christian ARNSPERGER] Ethique de l'existence post-capitaliste

 

Le discours économique a une fonction terroriste, celui d'évincer le citoyen du débat [cité par Marie Martin-Pêcheu] Bio-économie

 

La monnaie et l’économie existent parce que l’homme n’a pas confiance en son prochain, qu'il suppose – souvent à raison - vouloir obtenir un échange gagnant. Il veut des garanties. Mais les garanties ne tiennent pas leurs promesses et se révèlent incapables d’empêcher l’injustice. [Didier LACAPELLE] Manuel d'anti-économie

 

Pour ceux qui connaissent le sens profond des choses, les paroles brèves sont des commentaires ; Pour ceux qui se fient aux apparences, les vastes discours ne sont que des abrégés imprécis. [Mawlânâ Djalâl Od-Dîn Rûmî] La geste de Taliesin

 

Notre époque a besoin d’une grande bouffée d’air frais, qui la revivifie. Vienne le temps où chaque individu, rejetant l’apathie dont tire sa force le pouvoir léthargique qui l’opprime, se change en guerrier sans armure et sans autre arme qu’une invisible force de vie. Qu’il combatte sans relâche pour ce qu’il a d’unique et de plus cher au monde, sa propre existence, vrai champ de bataille où nerfs, muscles, sensations, pensées répondent à la sollicitation de désirs obnubilés par la passion de jouir et que contrarient, refoulent, mutilent et nient les mécanismes d’une économie qui exploite le corps à l’égal de la terre. [Raoul VANEIGEM] Nous qui désirons sans fin


A travers le voile de notre vision rationnelle, la lumière du Réel se brise, et la transforme en une autre vision, comme la lumière du soleil dans la pluie donne l'arc-en-ciel. L'homme, devenu conscient du soleil, comprendra l'arc-en-ciel d'une facon différente. Mais celui qui aura le courrage de tourner le dos à ce qui n'est que l'arc-en-ciel, verra le soleil lui-même. L'homme ressent en lui-même et en son monde, la promesse d'une Réalité qui, à l'origine de son développement rationnel, se cache. [Karlfried GRAF DÜRCKHEIM] 
La percée de l'être ou les étapes de la maturité


L'écologie extérieure sans écologie intérieure n'est qu'illusion. Si intérieurement, l'esprit est mu par des violences passionnelles, cela se traduira inévitablement en comportements extérieurs. Intérieur et extérieur sont interdépendants. Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement à l'extérieur est illusoire. [Denys RINPOCHE]


L'économie politique a placé sur un podium quelques-unes de nos dispositions naturelles les plus vilaines : le matérialisme, l'esprit de compétition, la gloutonnerie, la vanité, l'égoïsme, la myopie intellectuelle et la toute bête cupidité. [Hazel HENDERSON] cité par Fritjof Capra dans Sagesse des sages

Si la logique en place est si tenace, c'est peut-être que quelque chose au fond de nous même y collabore - quelque chose qui participe de l'angoisse et du déni de notre condition d'humains. Les voies de sorties, les plus pertinentes de l'économie capitaliste ne sont donc pas économiques. Elles sont existentielles. [Christian ARNSPERGER] Critique de l'existence capitaliste, Pour une étique existentielle de l'économie

Notre siècle de rationalité matérialiste, de pesanteur minérale, de substances toxiques largement répandues, d'une science presque totalement asservie au profit, a porté atteinte au monde sensible qui constitue l'enveloppe vivante et vitale de notre planète. Il semble que ce ne soit qu'à l'aune du sacré que nous pourrions mesurer l'ampleur de notre responsabilité. "J'entends par sacré ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l'émerveillement, le respect et le mystère s'allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des être très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force." [Pierre RABHI] Conscience et environnement

Comme une rivière crée les berges qui la contiennent, l'énergie en quête de vérité crée sa propre discipline sans aucune forme de contrainte; et comme la rivière trouve la mer, l'énergie trouve sa propre liberté.
[Jiddu KRISHNAMURTI]
Le sens du bonheur

Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.

[GHANDI]

Richesse c'est pouvoir. C'est le pouvoir d'acheter; c'est un droit de commandement sur tout le travail d'autrui.
[HOBBES]


Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme
[RABELAIS]


Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; Mieux vaudrait un sage ennemi
[Jean de la FONTAINE]

Chaque fois que l'humanité est amputée d'une de ses langues, une de ses cultures, un de ses peuples, ce sont ses propres enfants qui deviennent orphelins d'une partie d'elle même.
[Patrick BERNARD] www.icrainternational.org

Les paradis fiscaux ne sont pas qu'un phénomène marginal réservé à quelques milliardaires, quelques affairistes et beaucoup de mafieux. C'est, au contraire, « une infrastructure essentielle de la finance internationale ». Christian Chavagneux & Ronen Palan


La richesse se mesure au nombre de choses que nous pouvons laisser intactes
[THOREAU]

 

24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 13:31

http://emmapom.com/blog/wp-content/uploads/2011/06/optimum-Lietaer.jpgLes réponses pour changer la donne doivent aller dans le sens opposé à la tendance actuelle : concentration, uniformisation et spécialisation. Féru d’efficacité et de rentabilité, « homo-economicus » concentre, fusionne, agrège. C’est ainsi que collusion, oligopoles et accords tacites prennent bien plus le pas sur la prétendue « concurrence libre et non faussée »

 

 

Diversification et relocalisation se feront au détriment d'une certaine rentabilité unilatérale. Elles se feront au détriment de la sacro-sainte croissance mais seront salutaires. Elles s’inscrivent dans le vaste et difficile programme d’émancipation de l’homme, dans le respect et l'écoute de soi, de l'autre, des autres, de la terre et du cosmos. Graines de consciences, elles sont à la base du 5ème « pouvoir ». Un pouvoir exercé par tous et pour tous. Indicible et transcendantal, Internet est aujourd’hui son média, une certaine conscience universelle est sa voie. Cela tout en nuance, humblement et par tâtonnement puisque bien et mal sont abstrait et que l'un n'existerait pas sans l'autre.


 Résilience vs Efficacité

Comme le démontre Bernard LIETAER s’inspirant des travaux de Robert ULANOWICZ sur l’étude des écosystèmes et leur résilience(1), un système est d’autant plus stable et durable qu’il respecte un parfait équilibre entre diversité et efficacité. Une affirmation basée sur l’étude des écosystèmes mais qui est généralisable à tout type de système : énergétique, biologique, mécanique, économique ou monétaire. Depuis plus de 30 ans dans les systèmes monétaires, Bernard LIETAER recommande donc la mise en place d’un panel de monnaies complémentaires(2) pour éviter le risque de concentration et pour une efficacité maximale. Bernard dit des monnaies conventionnelles qu’elles sont beaucoup trop Yang (masculines) et qu’il faudrait des monnaies plus Ying (féminines) pour contrecarrer cette indéfectible tendance machiste d’efficacité et de domination du monde. Efficacité toute relative selon le point de vue : Nord-Sud, Occident-Orient, Masculin-Féminin, Tradition-Modernité. Bernard LIETAER et Patrick VIVERET sont à l’origine du SOL, une expérimentation de monnaie complémentaire financée entre autre par l’Union Européenne.  Présent déjà dans 8 régions françaises, le projet SOL a débuté en 2005. Avec la crise, il fait de plus en plus d’émules… Qu’attendent les médias et eurocrates pour en parler avec autant de verve et passion que le port du voile, la pratique du foot ou les excentricités du monde people ?

 

Alternatives Economiques: Face à la crise, des monnaies régionales - Bernard LIETAER

 

Politique vs Economique

Si le politique ne se réapproprie pas la monnaie, il restera toujours la chose de l’économique ou, plus précisément, des marchés et des grands détenteurs de capitaux. Car il ne faut pas confondre économie et capitalisme ! L’économie de (ou avec) marché n’est pas indissociable du capitalisme. C’est ce que la pensée néolibérale dominante essaye de nous bourrer dans le crâne. « Ceux qui veulent confondre économie de marché et capitalisme sont ceux qui trouvent évident (le plus souvent sans même y avoir réfléchi) que la terre, la monnaie et le travail sont des marchandises qui peuvent donner lieu à des transactions marchandes » nous dit Christian ARNSPERGER sur son blog(3). Le troc, le don et le contre don ou les échanges en coquillages, plumes ou cigarettes n’impliquent pas forcément accumulation du capital.

 

La monnaie, vecteur d’échange, ne peut en aucun cas être au service de ses plus grands détenteurs au détriment du bien commun. L’intérêt monétaire n’est-il pas une forme d’impôt obligatoire du créancier (privé) sur le débiteur ? Selon une étude réalisée en Allemagne, l’ensemble des prix hors taxe des biens et services échangés sur le marché sont en moyenne majoré de 30 à 40% d’intérêts à rembourser aux créanciers, aux détenteurs de capitaux(4). Si la monnaie était publique, les Etats n’auraient pas à s’endetter auprès des banques. Les Etats n’auraient pas à se financer par l’impôt aux contribuables (public) pour rembourser des intérêts aux capitalistes (privé)(5). La monnaie doit être publique et démocratique (gérée par tous et pour tous) par essence.

 

Main visible ou invisible ?

Quant à savoir s’il faut confier la monnaie à des banquiers mandatés par une caste avide de profits ou des politiques avides de pouvoir, AJ HOLBECQ et P DERUDDER répondent en page 38 de leur livre Les 10 plus gros mensonges sur l’économie : « Il semble bien que dans ce cas, ce soit bonnet blanc et blanc bonnet. Mais il n’en demeure pas moins que l’argent, doit être considéré comme le sang du corps de l’humanité dont la gouvernance ne doit relever que de la tête et non de l’un de ses organes. Le destin des peuples devrait être conditionné par ses choix politiques, au sens noble du terme, et non dicté par le commerce ou la finance. La question ne devrait même pas se poser ! Pourtant, c’est bien ce dernier cas de figure qui préside actuellement, de sorte que la marge de manœuvre de nos gouvernements est restreinte à ce que leur autorisent ceux qui tiennent les cordons de la bourse. »(6)

 

L’insidieuse crainte ploutocrate du risque de défaillance du politique pourrait trouver réponse dans la proposition de réforme monétaire de James ROBERTSON consistant à faire du pouvoir monétaire la quatrième branche de séparation des pouvoirs - fondement de l’Etat de droit - aux côtés de l’exécutif, du législatif et du judiciaire(7).

 

Par le Haut ou par le Bas ?

Pour « dé-concentrer » ou démocratiser la monnaie il existe deux voies possibles : par le haut, la voie institutionnelle et politique ; ou par le bas, la voie citoyenne et engagée. Comme le précise Bernard LIETAER, rien n’empêche d’emprunter les deux voies en même temps. Le cas du SOL comme voie de sortie par le haut est un bon exemple mais celui de la Grèce prouve que l’Europe reste prisonnière de ses dogmes et de son traité de ploutocratie(8). L’explosion de Système d’Echanges Locaux (SEL), sorte de troc moderne multilatéral grâce à un système comptable, un peu partout en Europe est un bon exemple de voie de sortie par le bas. Un autre exemple qui fera probablement partie de notre quotidien d’ici peu est l’arrivée des monnaies libres ou open money promues par Jean-François NOUBEL et Michael LINTON(9). Grace à Internet, tout un chacun pourrait être en mesure de créer sa propre monnaie pour réaliser tel ou tel échange selon telle ou telle modalité, convention, conception.

 

"Le Futur de l'Argent" - Conférence à Mexico - Jean-François NOUBEL

 

Ce foisonnement d’initiatives monétaires, n’est-il pas un gage de démocratie ? Il n’y a pas si longtemps, nous prenions pour fou ceux qui disaient que bientôt tout le monde serait en mesure de publier quelque chose qui serait lu par des milliers de gens. Aujourd’hui, les blogs, sites personnels, réseaux d’échanges et de communication sont légions. Bien-sûr ils sont souvent inféodés au pouvoir de l’argent comme le démontrait l’article sur la concentration des médias traditionnels mais il n’en reste pas moins qu’Internet est aujourd’hui la seule source d’information qui permette un semblant de transparence démocratique.

 

Démocratiser la monnaie

Ainsi l’avènement des monnaies libres permettrait de s’affranchir de la chape monétaire ploutocrate (Euro, Yuan, Dollar, Rouble). Les monnaies libres type NOUBEL(10) et les monnaies régionales type LIETAER(11) sont en quelque sorte, un pari démocratique(12). Selon l’esprit et l’organisation des personnes qui supportent ces monnaies, certaines disparaitront, d’autres prendront de l’ampleur. Si l’esprit est le profit, on tendra vers un système type « capitaliste », si l’esprit est l’éthique, le durable, le souci des autres et du prochain, on tendra vers un système qui se voudra plus distributif et égalitaire. Le problème actuel c’est que le système et les règles en vigueur ne permettent aucune marge de manœuvre. Comme le dit Jean-François NOUBEL, « si vous faites jouer les 10 plus grands sage de la planète au Monopoly, il y aura toujours un gagnant et un perdant ».

 

L’option de sortie par le bas à la LIETAER – NOUBEL n’a rien de farfelu puisqu’en Suisse une monnaie business appelée WIR existe depuis 1934, en Allemagne le Chiemgauer existe depuis 2003 et bien d’autres monnaies régionales prennent cours. En Suède, la banque JAK existe depuis 1970, elle prête de l’argent en réclamant des intérêts nuls ou dérisoires. Constatons que deux de ces initiatives les plus souvent citées (WIR et JAK) sont nées dans deux pays qui ne font pas partie de la zone Euro. Au Royaume-Uni le parti travailliste projette la création d’une véritable banque postale à l’image de la KiwiBank en Nouvelle Zélande(13). En Belgique, certains proposent la création d’une FritiBank également à l’image de la KiwiBank. En Italie il y a le SCEC et la banca del tempo. Un peu partout en Europe et ailleurs il y a les SEL (Système d’Echange Local) ou LETS (Local Exchange and Trade System), etc. etc. Bref, de plus en plus de monnaies alternatives qui tentent de combler les défaillances du système officiel dominant : chômage, crise, inflation, spéculation, concentration.
 

Chiemgauer.jpgDe par le monde, il y aurait pas moins de 5000 expériences de monnaies alternatives / plurielles / locales / régionales / complémentaires / sociales : le Saber au Brésil, le Trueque en Argentine, l’Ithaca-Hours aux Etats-Unis, les LETS au Canada et les WAT, Fureai Kippu, Dandan, Yufu au Japon. Le Japon est le maître incontesté en la matière puisqu’il connait la crise depuis 1990. Voir aussi la carte mondiale des Systèmes d’Echange Locaux.

 

Pour illustrer l’importance et la force de ces initiatives, voici une brève explication du Fureai Kippu au Japon. « Au Japon les "Fureai Kippu" apportent un début de réponse à la crise du vieillissement démographique. Leur principe ? Un jeune fait des courses, prépare la cuisine et fait prendre son bain à une personne âgée à la motricité réduite. Pour ce service, ce jeune perçoit des "tickets de soin" ou Fureai Kippu, qu’il dépose sur un compte. S’il tombe malade, il peut utiliser ces tickets pour payer une aide à domicile. Il peut aussi faire un transfert électronique sur le compte de sa mère, à l’autre bout du pays, afin que celle-ci puisse s’offrir une aide à domicile. L’intérêt : les personnes âgées peuvent demeurer chez elles, plutôt que vivre dans des maisons de retraite déprimantes et qui plombent les finances publiques »(14)

 

Les 3 grandes caractéristiques des monnaies sociales(15)

Ces monnaies alternatives, se distinguent des monnaies officielles par 3 principales caractéristiques.

1) Elles sont ancrées dans le local de manière à privilégier les transactions locales et l’usage local de revenus tirés d’une production ou d’un service local. La monnaie est ainsi représentative d’un terroir, d’une communauté, d’une spécificité territoriale ou communautaire. Ainsi ancrée, elle est aussi un gage de transparence et d’investissement démocratique. Chaque membre de la communauté est potentiellement responsable de la monnaie et de son usage. Il en est responsable dans son fonctionnement interne et dans ses applications externes. Ces monnaies sont donc un formidable outil d’expérimentation démocratique par une forme d’obligation communautaire d’investissement et de responsabilité vis-à-vis de la société civile.

2) L’objectif premier est de dynamiser les échanges. Elles refusent l’accumulation fondement du capitalisme et de nos pulsions les plus profondes. Elles sont donc intrinsèquement conçues pour empêcher la thésaurisation, la concentration ou la conservation de richesses. L’argent n’est donc plus rémunéré quand on le stocke mais il perd de sa valeur. C’est la cas des monnaies fondantes remise au goût du jour par Silvio GESSEL(16) et que nous aborderons un peu plus bas.

3) Elles cherchent à transformer les pratiques et représentations de l’échange. C’est en cela que ces monnaies méritent bien plus le nom de monnaies sociales que tout autre nom. Ces monnaies sociales affectent en effet le statut des échangistes et la relation entre eux. Elles affectent aussi les règles marchandes. Pour le statut, le concept clé à retenir est celui de « prosommateur » ou l’individu, à la fois producteur et consommateur, est responsabilisé et peut valoriser une certaine vocation escamotée par le statut de salarié. La relation entre échangistes cherche à aller au-delà du vulgaire calcul propre à l’échange. La monnaie se veut ici promotrice de liens interpersonnels, de contacts. Concernant les règles marchandes il y a volonté de s’éloigner de la stricte logique marchande en tentant par exemple des modalités de fixation des prix dépourvues du principe d’économie d’échelle, des avantages comparatifs et d’agrégation (effet Pareto).

 

http://www.chateau-saintmesmin.fr/attachments/Image/A_frappe_de_monnaie.jpg

 

Une monnaie non marchande

Pour que la monnaie reste socialement admise comme norme extérieure, elle ne pourra également jamais être considérée comme un bien marchand(17). Seul un système purement comptable de crédit mutuel dans lequel le solde global des comptes des adhérents est toujours nul permet d’éviter la marchandisation de l’argent. Dans le cas des SEL ou de tout système fondé sur une comptabilité pure, seul l’échange provoque un flux comptable d’un compte vers un autre (compte crédité quand on « donne », débité quand on « reçoit »). Il n’y a pas d’intérêts, crédit et débit vont de pair, ils sont gratuits et automatiques dès qu’il y a échange. La monnaie ne préexiste donc pas à l’échange mais lui est consubstantielle (inséparable) (15). Inflation et accumulation capitaliste de richesses (argent qui travaille à notre place) sont étrangères à ce type de fonctionnement. Ce système de comptabilité pure n’est-il pas un bon catalyseur d’égalité, de partage et de démocratie ? Avec les progrès des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) rien - hormis la force du pouvoir en place, la peur et l’endoctrinement monétaire - ne s’oppose à la mise en place d’un tel système comptable à échelle locale, régionale ou même nationale et internationale. Le seul argument réfractaire recevable serait celui des contraintes matérielles ou éthiques. Existe-t-il suffisamment de ressources et d’énergies pour étendre l’usage des TIC au monde entier ? Cette volonté ne serait-elle pas l’exemple paroxystique d’un orgueil totalitaire technoscientifique à la mode occidentale ? Enfin, rien ne garantit les possibles dérives dans le domaine technologique. Sans réel travail personnel d’autocritique et technique de contrôle communautaire, un petit malin pourra toujours trouver le moyen de s’allouer du crédit sans débit chez un tiers au nez et à la barbe de la communauté… C’est justement ici que se situe tout l’enjeu des monnaies sociales : trouver des techniques d’autocontrôle, de transparence et de gouvernance tournante de manière à permettre l’expression saine et harmonieuse du principe démocratique. Les monnaies (re)trouveraient alors leur titre de noblesse en (ré)intégrant la sphère démocratique(18).

 

Une monnaie fondante

Si la monnaie est matériellement émise, le remède actuellement connu pour contrecarrer l’inhérent effet Pareto est celui des monnaies fondantes. Partant du principe que l’argent doit circuler plutôt qu’être stocké, Silvio GESSEL inverse la vapeur en proposant la suppression de la rémunération de l’argent immobilisé et la mise en place d’une taxe à la circulation. Il s’agit en quelque sorte d’un intérêt négatif. Cet intérêt négatif prend la forme de timbres payant (taxe à la circulation) à apposer régulièrement au verso des billets pour éviter qu’ils ne perdent leur valeur. Comme une sorte de chaise musicale, tout le monde fait tourner le billet aussi vite que possible en espérant que la musique (le temps qui passe) ne s’arrête pas (fin du mois par exemple) au moment où l’on s’en sert. Sans quoi, la personne détentrice du billet se verra dans l’obligation de payer la taxe en y apposant un timbre dont la valeur peut osciller entre 2 et 5% de la valeur du billet.

 

Une fois un billet taxé un certain nombre de fois (12 fois après 1 an si taxation mensuelle) il est alors retiré de la circulation et d’autres billets sont alors émis au prorata des besoins économiques parfaitement quantifiable par une comptabilité régionale ou nationale.

 

L’argent stocké en bon père de famille en vue d’un investissement futur ne sera pas frappé d’un intérêt négatif mais ne sera pas rémunéré non plus comme c’est le cas aujourd’hui. La somme restera figée et pourra éventuellement perdre un peu de sa valeur suite à une inflation « naturelle » - pression démographique, raréfaction des ressources, offre peu réactive (de plus en plus rare de nos jours sauf dans le cas de l’immobilier par exemple) - et pas une inflation gonflée artificiellement par l’exigence de rentabilité sur capital. Il faut en effet rappeler que l’intérêt bancaire consomme chaque année près de 40% du PIB national. Cette ponction annelle contribue largement à l’inflation au seul bénéfice des capitalistes, des rentiers, des détenteurs de fonds.

Ceci dit, une érosion lente de ce à quoi nous attachons de la valeur n’est-elle pas dans l’ordre des choses ? Même les pyramides, les grandes œuvres d’art ou l’or se dégradent dans le temps, alors pourquoi pas la monnaie, vecteur de nos échanges et communément admise comme équivalent universel ? Cette non dégradation monétaire est tout à fait symptomatique d’un humain désemparé face à la mort, à la perte et à l’évanescent.

 

La pratique du taux d’intérêt négatif ou « demurrage » existait déjà au Moyen-âge et permettait la réalisation d’édifices nécessitant souvent plus d’une génération pour les construire. Ce genre de vision à long terme est totalement incompatible avec une monnaie à intérêt positif qui privilégie la thésaurisation et la fuite de capitaux au détriment de l’investissement local.

 

Sortir de l’économie

Ces détails techniques d’aboutissement d’une telle monnaie dépendent avant tout du degré de conscience de ceux qui l’utilisent. Une telle monnaie n’est qu’un pari, un succédané de confiance dans la vie et les autres… In fine, elle ne devrait même plus être nécessaire. Nous sortirions, enfin, de l’économie…

 

Nous sommes bien conscients que c’est l’homme qui est à l’origine du système aussi abouti qu’aliénant et destructeur que nous connaissons aujourd’hui. Le dire, ne signifie pas uniquement que la nature humaine est mauvaise mais qu’elle est aussi capable d’introspection et de dépassement. C’est, à mon sens, la caractéristique principale du genre humain… Monnaie et économie font partie de l’apprentissage.

 

Réapproprions nous la monnaie et tâchons de la gérer collectivement tout en restant parfaitement lucide et critique sur les causes profondes du bourbier actuel. C’est ce que Christian ARNSPERGER appelle, « le militantisme existentiel »(19) : l’observance d’une vigilance/réflexion/méditation de tout instant déjouant les tentaculaires appropriations capitalistes aussi bien individuelles que collectives. Ne passons pas simplement d’un capitalisme gris à un capitalisme vert ou « social ». Ce dernier n’est qu’un avatar plus destructeur que le premier puisque affublé de vertus « socio éco environnementaliste ». La logique interne ne change pas (profit individuel), seule l’application externe change (grand projet "verts": fermes verticales, éco-buildings, OGM, Nucléaire, nanotechnologies, etc.).

 

« Une pute d’apparat, une grue en drap d’argent,

dont la traîne est portée,

et l’âme traînée dans la fange »

THOREAU, La désobéissance civile, p.17

 


(4) Helmut CREUTZ cité par Margrit KENNEDY, If money rules the world

– who rules money ?, p2

(5) André Jacques HOLBECQ, Philippe DERUDDER, La Dette Publique, Appel à mobilisation citoyenne, www.public-debt.org 

(6) André Jacques HOLBECQ, Philippe DERUDDER, Les 10 plus gros mensonges sur l’économie, p38.

(9) Terra economica N°40 - 09/12/2004 - Par ici, la monnaie !, www.selidaire.org

(14) Terra economica N°40 - 09/12/2004 - Par ici, la monnaie !, www.selidaire.org

(17) AGLIETTA, ORLEAN, Qu’est-ce que la richesse ?

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 21:14

http://jeanzin.fr/public/images/2010/.desir_s.jpgLe blog de Jean ZIN. Un autre blog haut de gamme à lire et à découvrir… quand vous avez l’esprit clair et du temps !

Petit extrait du formidable article Le désir plus que la vie

 

Si la réalisation de la philosophie peut avoir un sens, ce ne peut être de nous promettre un monde idéal, celui dont parlent les religions (le Ciel sur la Terre), sans plus de désirs ni de folies. La philosophie n'est pas là pour raconter des sornettes mais, tout au contraire, pour nous dépouiller de nos préjugés et de nos illusions afin de nous ouvrir à l'histoire, au devenir, à l'inconnu. C'est bien en politique et en démocratie que le précepte "connais-toi toi-même" est si important. Il faudrait tout de même tenir compte de l'anthropologie la plus sommaire pour ne pas vouloir nous forger un homme nouveau trop unilatéral, que ce soit l'homo oeconomicus ou l'homo sovieticus ou l'homo numericus, le cyborg, etc. Il faudrait tenir compte un peu plus de la sociologie, de la psychologie, de la psychanalyse, de notre rationalité limitée, de notre diversité, de nos contradictions et de l'indécidable pour ne pas nous idéaliser dangereusement ni nous figer dans une identité factice mais prendre la mesure des difficultés à surmonter pour une démocratie qui ne soit pas du semblant.


Depuis son origine, la philosophie a partie liée avec la démocratie et la dénonciation de la démagogie qui est sa pathologie, le règne de la communication et du verbiage des sophistes. La philosophie et les sciences se sont constituées par le rejet du dogmatisme (étatique) comme du scepticisme (libéral), ce qui en fait des savoirs en progrès, savoir qui connaît sa propre ignorance sans vouloir s'en satisfaire. De même, politiquement, la voie est étroite, entre activisme et renoncement, enthousiasme imbécile et dépression mortifère. Si l'on ne veut pas servir à rien, il faut se situer dans le courant pour s'y opposer ou le dévier en fonction des forces en présence. Il ne s'agit certainement pas de réaliser nos désirs en politique (surtout pas le désir d'être président ou ministre!) mais de réduire les inégalités, combattre les injustices, conquérir de nouvelles libertés, continuer le combat de nos pères. Il s'agit de se situer dans une "tradition révolutionnaire", au nom de la raison et de l'amour de la vérité plus que de nos désirs les plus fous, afin de participer à l'histoire en train de se faire. Il n'y a qu'une seule voie pour cela, la voix publique, celle du récit collectif qui doit rendre compte des faits, des droits effectifs plus que des valeurs.


Il est crucial de bien comprendre quelle est notre marge de manoeuvre pour ne pas être réduits à l'impuissance par des ambitions délirantes un peu trop répandues comme de vouloir changer les gens (ce qui pour beaucoup est le seul objectif politique qui vaille). On attribue un peu facilement les malheurs du temps à la force des puissants, si ce n'est à leur méchanceté. On suppose des complots ou quelque force obscure. Le retournement qu'il faut opérer, c'est de considérer que notre faiblesse vient surtout de n'avoir rien d'autre à y opposer de consistant, du moins d'être incapables de nous entendre sur les solutions. Il ne sert à rien de vouloir mobiliser les désirs ou changer notre imaginaire. Notre désir ici n'a pas son mot à dire quand on doit construire un projet collectif. C'est le caractère irréaliste, inadapté ou catégoriel des revendications qui les déconsidère, pas la propagande ennemi. Notamment, en rester au quantitatif, c'est donner le pouvoir à la finance qui sur ce plan est imbattable. Ceux qui s'imaginent que la solution est évidente et connue de tous sont obligés de croire que ce sont les médias qui nous tiennent en leur pouvoir pour nous empêcher de voir la réalité mais c'est plus grave car la contestation elle-même est complétement en dehors de la réalité. En fait, malgré la foi des militants, ce qui ne se réalisera pas, c'est presque toujours ce qui n'est pas possible ou du moins pas durable mais qui souvent n'est pas si désirable que ça non plus, bien qu'ils en soient si persuadés. Il faut faire avec une réalité complexe et multiple. Ce sont nos finalités qu'il faut adapter précisément à la situation, à la richesse des possibles. On n'a que faire de fantaisies arbitraires ni de grands principes. La question politique est avant tout cognitive face à la rupture anthropologique de l'ère de l'information, de l'écologie et du développement humain. S'il y avait vraiment une alternative crédible et l'union des travailleurs, ces puissances souveraines qui nous semblent si invincibles ne tiendraient pas un instant, mais pour cela il faudrait au préalable en rabattre un peu sur nos prétentions trop idéales, pour obtenir beaucoup plus pratiquement !


L'analyse des potentialités effectives ne va pas de soi, c'est l'objet du débat politique mais qui exige de toutes façons un travail d'enquête et d'information sur les conditions concrètes des pratiques concernées. On ne peut se payer de mots, parler de valeurs, d'idées, d'absolus. C'est justement à cause de l'irrationalité du désir et de nos penchants pour l'utopie qu'il faudrait exclure du débat public tout ce qui vise une perfection qui n'a plus rien d'humaine. Aristote n'a pas été au bout de son opposition à Platon sur ce point mais c'est incontestablement l'idée d'un Bien suprême qui est contradictoire avec ce que nous sommes, avec la vie elle-même qui n'est pas sans la mort qui l'accompagne, avec l'histoire qui avance par son mauvais côté, avec l'information et l'évolution qui ne sont concevables hors d'un monde incertain. Le seul bien, c'est l'activité elle-même et donc le désir. Non seulement la vérité n'est pas donnée et doit être conquise sur l'erreur et les préjugés, non seulement elle ne peut éliminer toute illusion, mais elle reste toujours incertaine, provisoire, imparfaite, in-finie, à suivre. Il faudra bien l'admettre pour regarder la réalité en face et reprendre l'initiative. D'une certaine façon, les libéraux, eux, l'ont bien compris, sauf qu'ils ont tort de prétendre qu'on ne saurait rien, sous prétexte qu'on ne sait pas tout, et que, dès lors, on ne pourrait rien faire que s'occuper de ses petits intérêts, comme si l'amour n'existait pas et la simple solidarité humaine, comme si nous n'avions pas en charge notre destin commun, comme si le langage et le sens n'étaient pas communs tout comme les techniques, le système de production, l'espace public, etc.


On peut dire que l'amour, invoqué un peu lourdement par d'autres, manifeste ouvertement pourtant toutes nos contradictions, non pas l'amour rêvé et bienveillant mais l'amour réel ou plutôt leur opposition même. Vouloir que tout le monde s'aime, comme on le répète un peu béatement, c'est à l'évidence contradictoire. Qui donc serait prêt à se satisfaire d'un amour de principe ? Pire, c'est bien souvent l'amour la cause de l'égoïsme et de l'agressivité, quand il ne tourne pas à la haine. Plus généralement, les relations humaines sont inadéquates. Alors qu'on vise son désir, il n'y a pas moyen de ne pas être pris pour objet par l'autre, lui appartenir de quelque façon, subir sa pression. La domination est dans le langage qui nous poursuit de ses injonctions. Le malentendu est la règle. Cela n'empêche pas l'amour, sinon nous ne serions pas là, mais tout cela ne tient ordinairement que par convention. Comme disait Lacan, ce qui fait tenir les relations humaines, ce n'est pas d'y penser. On ne peut toujours s'en abstenir, hélas, question de sensibilité plus ou moins maladive...


Lire aussi:

Retour sur les religions

 

Relocalisation mode d’emploi

 

La nature et la vie

 

Dès lors qu'on vise son désir, il n'y a pas moyen de ne pas être pris pour objet par l'autre

Lire le texte Le désir comme désir de l'Autre également référencé dans les liens A lire de ce blog.

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25 juillet 2010 7 25 /07 /juillet /2010 11:09

Un article du blog d’Agnès Maillard, à découvrir, à lire, à méditer. Rare sont les écrits d’une telle qualité sur la toile. Place donc à Agnès Maillard alias Le Monolecte :

http://farm5.static.flickr.com/4021/4534969927_076627a4b8.jpg

Ils sont tellement domestiqués que le jour où leur chaîne virtuelle se distend, ils n'arrivent même pas à faire un pas de côté, ils ne pensent même pas à explorer cette parcelle de liberté inattendue tombée du ciel, ils ne parviennent qu'à maudire leur sort, à chercher des lampistes sur lesquels défouler leur angoisse et ne rêvent que du sempiternel retour à la normale. Eux, ce sont les maîtres du monde, les élites du système, concentrés à jouer à saute-mouton d'un continent à l'autre, drapés de leur propre importance, convaincus que sans eux, le monde, leur monde en fait, s'écroulerait dans la minute. Eux, ce sont les naufragés du ciel, éparpillés dans tous les aéroports du monde, les sens paralysés par les derniers couinements de l'Iphone ou du Blackberry, coupé de sa base d'alimentation habituelle. Eux, c'est l'élite internationale et cosmopolite de ceux qui font le monde tel qu'il est et qui martèlent sans cesse qu'il n'est pas possible d'en changer. Parce que c'est le seul monde qu'ils connaissent, parce qu'ils n'ont aucune imagination, ni aucun sens du réel. Eux, c'est Daniel Mermet qui les décrit, goguenard, amusé, coincé à Tokyo dans un terminal aéroportuaire en train de se transformer en jungle de Calais par la grâce d'un lointain, très lointain volcan islandais.

En quelques heures, tout le système s'est grippé. En quelques heures, il a bien fallu s'adapter à un monde sans avions et brusquement, il est apparu que nombreux étaient ceux qui pouvaient s'en passer. Comme les ministres européens qui découvrent subitement les joies de la téléconférence avant de probablement se mettre à préférer le train. À l'heure où le réchauffement climatique est une préoccupation internationale, où l'on explique à longueur de temps aux citoyens que le choc pétrolier va engendrer le chaos, ceux qui nous gouvernent n'ont de cesse de se réunir, de se retrouver, de se croiser, de se renifler, empruntant sans cesse le moyen de transport le plus polluant du monde, contraints, disent-ils, par la nécessité de leur charge, par le fait qu'ils sont irremplaçables, partout, tout le temps. Jusqu'à ce que les faits, têtus, viennent les contredire.

Parce que vu du sol, un monde sans avions, c'est plutôt sympathique, vu de nos pieds de rampants assignés à résidence par des contingences économiques soi-disant indépassables, le souffle du volcan balaie bien des automatismes, bien des renoncements, et éclaire un horizon sans traces. Pour la grande majorité d'entre nous, la paralysie de l'espace aérien, c'est le chef de service qui va rester bloqué quelques jours de plus (le pauvre !) dans le cadre de ses vacances paradisiaques, c'est le patron en exil prolongé, ce sont les obsèques désertées d'un dirigeant contestable déjà victime du ciel, ce sont des clandestins qu'il n'est plus si urgent d'expulser. Pour la grande majorité d'entre nous, les cloportes dont le champ des pérégrinations est soigneusement délimité par le triangle étroit des trajets domicile-travail-courses, un monde sans avions c'est un monde dans lequel nous tournons nos regards vers le ciel et où nous plongeons avec délices nos yeux dans le bleu intense et silencieux, un bleu à s'en noyer les rétines, un bleu infini, le bleu au-dessus de la matrice habituellement tracée par leurs innombrables trajectoires indifférentes.

Le grain de sable dans la machine

En fait, comme chaque fois que la machine se grippe, comme chaque fois que la chape de plomb qui nous courbe l'échine se fendille, c'est une brusque profusion, une explosion de petite humanité radieuse qui pousse par les interstices du système comme l'herbe folle envahit les fissures de béton. Le grain de sable ou le nuage de cendre nous rappelle à chaque fois que l'édifice sous lequel s'est construit notre asservissement à un monde qui nous utilise, nous broie et nous jette après usage, que cet édifice est branlant et que ses fondations sont nos habitudes. Chaque fois que l'ordre totalitaire des choses est bousculé, presque immédiatement, ses vides béants sont comblés par la somme des pratiques, des valeurs et des comportements dont on nous dit pourtant qu'ils sont d'un autre temps, démodés, obsolètes.

Je me souviens avec délice du chaos des grandes grèves de 95, quand, subitement, il avait fallu faire autrement, quand, brusquement, ce n'était plus ma montre qui me dictait ma vie. De la nécessité de la patience. Du besoin de communiquer, de partager, de s'entraider. Je me souviens des conversations profondes et intimes démarrées sous un abribus abandonné de tous, entre Opéra et Le Louvre, des covoiturages sauvages et souriants, de cette galère commune qui a rempli les rues, les couloirs, les paliers, qui a rendu le sourire à beaucoup, qui nous a restitué un précieux temps de vie que nous concédons habituellement et à vil prix à des tâches sans intérêt et sans gloire.

Je me souviens d'une grande panne de courant dans mon enfance, où, subitement, toutes les boîtes à cons se sont tues, où tous les prophètes du monde qui tombe ont eu le sifflet coupé, où, d'un seul coup, les gens se sont retrouvés sans rien d'autre à faire que de se rencontrer. Quelques heures sans le sempiternel refrain de la peur et du chacun pour sa gueule et déjà, le voisin n'était plus l'ennemi, déjà, il y avait tant d'autres choses à faire que de rester le cul dans son fauteuil à regarder des inconnus vivre à notre place. C'était merveilleusement étrange, ce monde qui, à force de ne plus fonctionner, se mettait subitement à vivre. La rue n'était plus l'espace des trajectoires solitaires et pressées, le lieu des rencontres inquiétantes, des bruits agressifs, c'était redevenu l'artère qui nourrit, l'endroit où tout se passe, où les vieux tirent une chaise sur le trottoir, où la palabre s'installe, où chacun dégaine un saucisson, un bout de pain, quelques poèmes, des blagues salaces, des récits grandioses, des particules de bonheur hors du temps qui nous lamine habituellement.

Plus près de nous, il y a eu Klaus, le visiteur venu du large, son sillage catastrophique dans lequel ont immédiatement germé les graines de l'entraide et de la solidarité.

À chaque fois, pourtant, ils nous prédisent qu'il n'y a point de salut hors de leurs prisons mentales dans lesquelles nous croupissons par la force de l'habitude, la peur de l'inconnu ou juste un immense manque d'imagination. À chaque fois, pourtant, la multitude des petites gens, des gens de rien, des gens de peu, prouve qu'au contraire, la vie est belle dans les failles du système, qu'il n'y a pas d'effondrement brusque de la civilisation quand leur étreinte se fait moins forte, que sous la contrainte des événements, nous savons, collectivement, inventer du vivre-ensemble, du vivre-bien, du vivre-mieux. Et même si, à chaque fois, ils finissent par nous convaincre de rentrer dans le rang, petit à petit, les fissures s'agrandissent, les failles se creusent, l'édifice se fragilise et à travers les interstices, nous pouvons déjà deviner que non seulement un autre monde est possible, mais qu'il est déjà là !

 

Source : Article du 20/04/2010 titré Interstices

Lire entre autre :

 

Rage against the machine

Les affabulsificateurs

Universal soldiers

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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 09:39

 

« La servitude moderne est une servitude volontaire (Etienne de La Boetie), consentie par la foule des esclaves qui rampent à la surface de la Terre. Ils achètent eux-mêmes toutes les marchandises qui les asservissent toujours un peu plus. Ils courent eux-mêmes derrière un travail toujours plus aliénant, que l’on consent généreusement à leur donner, s’ils sont suffisamment sages. Ils choisissent eux-mêmes les maîtres qu’ils devront servir. Pour que cette tragédie mêlée d’absurdité ait pu se mettre en place, il a fallu tout d’abord ôter aux membres de cette classe toute conscience de son exploitation et de son aliénation. Voila bien l’étrange modernité de notre époque. Contrairement aux esclaves de l’Antiquité, aux serfs du Moyen-âge ou aux ouvriers des premières révolutions industrielles, nous sommes aujourd’hui devant une classe totalement asservie mais qui ne le sait pas ou plutôt qui ne veut pas le savoir. Ils ignorent par conséquent la révolte qui devrait être la seule réaction légitime des exploités. Ils acceptent sans discuter la vie pitoyable que l’on a construite pour eux. Le renoncement et la résignation sont la source de leur malheur. »

 

 

 

 

Le constat de l’aliénation de l’homme brossé dans ce film, de la servitude moderne, rejoint assez bien celui de Christian ARNSPERGER dans son livre « Ethique de l'existence capitaliste ». Au niveau des solutions et conclusions, il en est par contre fort loin. La conclusion du film résume bien la pierre d’achoppement intemporelle d'une majorité de mouvements réactionnaires anti-capitalistes, qu’ils soient marxistes, alter-mondialistes ou syndicalistes. A croire que le capitalisme coule dans nos veines !? Comme le souligne Christian, « nous ne sommes pas seulement des êtres de raison intégrés dans un système capitaliste, nous sommes aussi des consciences capitalistes baignant dans une culture capitaliste ». Le film ne surprend donc pas par son dénouement révolutionnaire insuffisamment radical et abouti.


« Avant de vouloir créer autre chose, il faut parfaitement avoir compris et assimilé le fondement de toutes les sociétés : ambition, avidité et soif de posséder. Un esprit qui aura compris cela n’opérera pas simplement une mutinerie dans une prison mais opérera une réelle révolution dans son cœur et son esprit qui ouvrira alors la voie d’une civilisation radicalement différente. » Jiddu KRISHNAMURTI, Le sens du bonheur, p. 191.


« La fixation capitaliste trouve ses racines dans le fait que tout en étant des corps et des psychés capitalistes, dans une culture et un système économique et politique capitalistes, et avec une conscience capitaliste de nous même (course au rendement, à l’innovation, la compétitivité, l’excellence, etc.), nous sommes aussi des complices de la logique du système capitaliste parce que nous attendons d’elle des réponse à nos inquiétudes existentielles et à certaines de nos peurs les plus profondes. » Christian ARNSPERGER, Etique de l’existence post-capitaliste, p. 56.


Cette réponse à nos angoisses existentielles, le capitalisme l’a apporté avec beaucoup de finesse. Il s'est en effet attaqué à notre for intérieur, à nos peurs et angoisses existentielles: souffrance, finitude, échec, dépendance... Plus fourbe et plus rusé, il ne s'y est pas pris par le haut comme le communisme mais par le bas. Il a titillé la corde sensible de notre ego exacerbé par la peur de manquer et de mourir. Il a rongé nos fondations pour faire aujourd'hui partie de la maison. A tel point que nous pensons tous que l'assouvissement de notre bonheur égoïste finira bien par retomber positivement sur les autres. Le capitalisme n'est rien d'autre que la somme de ces deux maximes: « moi d'abord, les autres après », « après moi le déluge ». Même s'il nous a sorti de l'ornière de la théocratie et du féodalisme, il n'en reste pas moins un système de domination. Domination d'autant plus sournoise et perverse qu'elle nous fait croire qu'il n'en est rien.


Par son culte de la croissance, de la propriété et de l’appropriation de biens il nous a construit une gangue de protection. Son accumulation de biens nous rassure. Son apologie des libertés individuelles nous apaise. Ses louanges de l’esprit d’initiative et de compétition nous confortent dans notre ego et notre soif de posséder. Le capitalisme est devenu notre grande religion séculière à tous.

 

En modifiant notre niveau de conscience, le capitalisme constitue un funeste et sournois substitut à l'épanouissement de l'homme.


Pour en sortir, nous devons employer d’autres outils que ceux que le capitalisme cherche promouvoir. Nous devons quitter la sphère mécaniste et matérielle pour entrer dans une véritable "réflexion-méditation" post-capitaliste à la fois personnelle et collective.


Nous ne pouvons nous permettre le luxe du militantisme soixante-huitard qui a tout misé sur l'individuel et le subjectif, ni celui du militantisme marxiste critiquant les institutions et le système sans autocritique. Le temps du changement est à l'équilibre, au Tao des cultures, des savoirs et des systèmes.


La confrontation directe n'est plus de mise tant ce qu'elle cherche à combattre puise ses sources au plus profond de nous. Les circonvolutions et mécanismes du système sont tels qu'il nous faut l'accepter de manière consciente et critique! Nous devons entamer ce que Christian ARNSPERGER appelle un « militantisme existentiel ». Un militantisme constant et profond qui s'attaque aux dysfonctionnements collectifs et systémiques tout en procédant à une réelle introspection personnelle. La satisfaction personnelle et libératrice est essentielle pour ne pas sombrer, une fois de plus, dans un mutisme démobilisant qui ne ferait qu'avaliser la logique systémique et aliénante en place.


www.delaservitudemoderne.org

 

 

 

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6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 09:08

http://www.sahn76.fr/IMG/jpg/apiculture_abeille01.jpgLes apiculteurs, les amis de la terre et tous les amoureux de la Nature ont le regret de vous faire part de la disparition de 30% à 40% des colonies d’abeilles au cours de cet hiver en Région Wallonne. Les bourdons et les abeilles solitaires ont été touchés de la même manière. Il n’y a jamais eu autant de pertes. Les abeilles survivantes remercient tous les maniaques du jardin nickel sans un pissenlit ni une cardamine à butiner au printemps, les fadas du pulvérisateur qui arrosent leurs allées empierrées et les pieds des haies pour que cela fasse propre, les jardiniers sans goût qui ne plantent que des fleurs horticoles sans nectar. Les particuliers ont multiplié par 4 l’usage des pesticides au cours des 10 dernières années. Ne croyez surtout pas que la commission européenne qui gère les dossiers n’autorise sur le marché que des produits sans danger. Elle est noyautée par les puissants lobbies des firmes phytopharmaceutiques et il n’y a dans ces beaux fauteuils dorés aucun spécialiste capable de rédiger un dossier d’évaluation qui tienne la route pour mesurer le risque qu’encourent les abeilles. Abeilles et pollinisateurs assurent 80% de la diversité de nos aliments et 30% du contenu de nos assiettes !  

Didier BRICK par courriel.

 

http://farm2.static.flickr.com/1401/540376543_a4e09f341f.jpgLes abeilles disparaissent et les scientifiques cherchent les causes… Mais faut-il vraiment chercher ? Dans le numéro de juin 2010 de "Science et Vie", des chercheurs auraient mis en évidence l’effet combiné d’un champignon parasite (Nosema) et d’un pesticide responsable du fameux phénomène d’effondrement. Savent-ils que l'usage des pesticides et autres
produits phyto-sanitaires ont pour premier effet de diminuer
l'immunité du vivant
?

 

Des publications scientifiques tentent de chiffrer les pertes économiques de la disparition des pollinisateurs. Une étude chiffre la perte à 9,5% en valeur économique de la production mondiale pour l’alimentation humaine. L’étude précise qu’elle n’a tenu compte que du chaînon alimentaire final, pas des chaînes trophiques! Des prix et du vogelpik, tels sont les outils de notre puissante Science face à la complexité du vivant.

 

Syngenta, numéro un mondial de l’agrochimie, joue les héros de la biodiversité : « Syngenta fournira les mélanges de semences, aidera les agriculteurs à user de manière innovante des pesticides et prodiguera des conseils agronomiques. » Plus la menace est grande plus la dictature s’impose. La croissance économique des géants de ce domaine témoigne de cette tendance totalitaire aveugle. Comme si les paysans latinos, africains ou asiatiques avaient oublié comment cultiver. Incas, Egyptiens ou Han cultivaient bien avant nous. Notre agriculture n’est pas généralisable. Notre agriculture est pétrolière et mortifère. Seuls 35 millions d’agriculteurs se servent de tracteurs dans le monde alors que pratiquement 2 milliards se servent de leurs mains.

 

http://ericphoto.canalblog.com/albums/insectes/m-cigale_des_montagnes_021.jpgUne autre étude réduit l’impact de la perte des pollinisateurs en reportant les chiffres en volume de production alimentaire mondiale. Comme si nous allions tous manger du soja, de l'huile de palme et du blé à longueur de journée. L'achat d'un équivalent Jonagold en pharmacie ne relèvera bientôt plus de la science fiction. «Bonjour, du Prozac, des vitamines C et un lot de 50  Jona-Capsules svp... » Nous expliquerons à nos petits enfants le plaisir perdu de croquer dans une pomme fraîchement cueillie au détour d’une promenade. A la description des formes et des couleurs métalliques de certains insectes, leurs visages s’illumineront comme un jardin de fleurs baigné par la douce lumière du matin. L’imaginaire se laissera emporter par la valse des butineuses inondées des rayons orangés si typiques des fins de journées estivales.

 

Il existe plus de 1.500 variétés de pommes dans le monde. Nous n’en commercialisons que 8. Ces 8 variétés nécessitent plus de 40 traitements par an, souvent hautement toxiques. Il est pourtant possible de produire des pommes non commerciales avec seulement 15 à 20 traitement doux par an.

 

Le syndrome d’effondrement ne concerne pas seulement les abeilles, il s’applique à pratiquement tout le règne végétal (graminées, bulbes, ligneux, fruitiers) et animal (vers, insectes, rongeurs, poissons, batraciens, oiseaux).

 

Dans le dernier rapport de l’UICN, près d’un tiers des amphibiens, plus d’un oiseau sur huit et près d’un quart des mammifères sont menacés d’extinction. Pour certaines catégories de plantes, comme les conifères et les cycadacées, la situation est encore plus préoccupante, avec 28% et 52% d’espèces menacées respectivement. Toujours selon le même rapport, 21% de tous les mammifères connus, 30% de tous les amphibiens connus, 12% de tous les oiseaux, 28% des reptiles, 37% des poissons d’eau douce, 70% des plantes, 35% des invertébrés répertoriés à ce jour sont menacés.

Dans tous ces cas, la principale menace est la destruction des habitats en raison de l’agriculture, des aménagements ou encore de l’exploitation forestière.

 

Faut-il donc vraiment chercher ?

 

Que les abeilles, toutes les plantes, animaux et peuples premiers de cette planète reposent en paix.

 

« Errare humanum est, perseverare diabolicum »

 

Plus d’informations :

* Apiculture. Sauver les abeilles (Regards 2009)

* Les colonies d'abeilles déclinent en Europe depuis près de 50 ans ! (Notre-Planète.info 2010)

* Requiem pour nos Abeilles (Liberterre.fr)

* Les abeilles, témoins du bon état de notre environnement, disparaissent massivement (Notre-Planète.info 2007)

* La mort des abeilles met la planète en danger  (Les Echos.fr 2007)

* Références sur terresacree.org

* RUCHE et APICULTURE (France)

* CARI.be (Belgique)

* APIMONDIA (Fédération Internationale des apiculteurs)

* APICULTURE.COM (Monde)

 

Dossier Amis de la Terre: Insectes, monstres ou bienfaiteurs ?

 

 

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25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 11:42

 

http://cdekeyser.com/data/image/billet_balance_1.jpg

 

Tous les hommes naissent libre et égaux en dignité et en droit…

 

Et pourtant, l'Europe institutionnelle contredit cette déclaration tous les jours…

 

 

Que se passe-t-il quand un Etat de la zone euro lance un emprunt sur les marchés internationaux ?


 

 

Prenons un exemple concret : un Etat de la zone euro lance un emprunt à 10 ans.

 

Mercredi 23 juin 2010 :

* Si l’Allemagne avait lancé un emprunt à 10 ans, elle aurait dû verser un taux d’intérêt de 2,65 %.

2,65 % d’intérêt pour un emprunt, ce n’est vraiment pas cher.

Comparons les 2,65 % de l’Allemagne avec les taux d’intérêt des Etats d’Europe du sud et avec l’Irlande :

* Si l’Espagne avait lancé un emprunt à 10 ans, elle aurait dû verser un taux d’intérêt de 4,54 %.

* Si l’Irlande avait lancé un emprunt à 10 ans, elle aurait dû verser un taux d’intérêt de 5,46 %

* Si le Portugal avait lancé un emprunt à 10 ans, il aurait dû verser un taux d’intérêt de 5,72 %.

* Si la Grèce avait lancé un emprunt à 10 ans, elle aurait dû verser un taux d’intérêt de 10,37 %.

Conclusion : aujourd’hui, dans les faits, il y a deux zones euros.

Conclusion numéro 2 : aujourd’hui, les deux zones euros s’éloignent l’une de l’autre de plus en plus vite.

Commentaire posté par BA suite au dernier article de Frédéric LORDON.

Cela confirme ce qui est repris dans Argent et Intérêts

 

« le taux d'intérêt appliqué varie selon les agents économiques: de 0 à 4% pour les banques et les États (0% droits de tirage spéciaux), de 2 à 20 % pour les États et les grandes entreprises et de 4 à 250% pour les petites entreprises, les pauvres et les particuliers.

 

Cette différenciation de taux d'intérêt réalise un transfert permanent de "richesses" de la base (travail) au sommet (capital) selon l'actuelle hiérarchisation pyramidale de la société fondée sur le principe de l'argent roi (individualisme & compétition). »

 

Cette faille se creuse de jour en jour, le taux d’intérêt des pays du sud et des pauvres augmente régulièrement. Et aujourd’hui la Grèce aurait opté pour la mise en vente de certaines de ses îles. Au Etats-Unis suite au désastre au large des côtes du Mexique certains préconisent la privatisation des eaux océaniques ! Par force ou par dogmatisme, la privatisation capitaliste s’insinue partout. Cette logique peut aller très loin. Il faudra bientôt payer pour respirer. En vacance sur une île grecque au service irréprochable, un splendide complet costard-cravate thermorégulé vous apostrophera, l’air hautain et la mine pitbull, et demandera: « Sorry Sir, did you pay to breath in this zone ??? »

 

Contrairement à la vidéo ci-dessous, le but n’est pas d’incriminer les banques ou les riches mais le système, la culture, les croyances. Tant que l’imaginaire collectif rêvera d’argent qui doit faire des petits tout seul, nous n’y arriverons pas.

 

Les banques créent en effet l'argent nécessaire aux emprunts (argent-dette créé sur base de demande de création ou d'obtention de biens et services monnayables) mais elles ne créent pas l'argent nécessaire au remboursement des intérêts de ces mêmes emprunts. D’un point de vue global, puisque l’argent des intérêts n’existe pas dans la masse monétaire existante, d’autres agents économiques sont bien obligés de contracter d'autres emprunts pour venir combler le manque de liquidités nécessaire au remboursement d’intérêts. A cause de l'absence d'argent nécessaire aux remboursements des intérêts, les emprunts appellent les emprunts et la dette de tous les agents, sauf les plus riches, ne fait qu'augmenter. Le montant d’argent dû aux banques excédera toujours le montant d’argent disponible en circulation. C’est une des raisons pour laquelle l’économie subit toujours une certaine inflation. Si nous parvenions à correctement corréler l’approvisionnement monétaire à l’approvisionnement en biens et services à l’économie, il n’y aurait pas d’inflation en dehors de problèmes conjoncturels et de lenteur d’adaptation de la demande. Cfr. Argent et Intérêts
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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 01:23

maree noire satellite louisiane

Source: http://paulrademacher.com/oilspill/#

 

* Dimanche 20 juin 2010, 22h, 60 jours que du pétrole se répand au fond du golfe du Mexique. Son étendue équivaudrait actuellement à la superficie de la Belgique.

 

* Mercredi 15 juin 2010, BP accepte d’allonger 20 milliards de dollars (16,3 milliards d’euros) pour indemniser les victimes du golfe du Mexique. En 2006, le chiffre d’affaire de BP est estimé à 300 milliards de dollars.

 

* Lundi 7 juin 2010, la chancelière Angela Merkel a annoncé des coupes dans les prestations sociales, de nouvelles taxes et des suppressions de postes dans la fonction publique afin d’économiser jusqu’à 80 milliards d’euros d’ici à 2014.

Oiseau_petrole_louisiane.jpg 

80 milliards à aller chercher du côté de l’indémodable et servile force de travail, 16 milliards pour l’indemniser. Et l’océan? Les coraux ? Les poissons ? Les oiseaux ? Les crevettes ? Les tortues ? Les dauphins ? Les planctons ? Les crabes ? Les otaries ?... Ce ne sont pas des liasses de billet vert qui vont nourrir les pauvres gens du bayou déjà terrassés par Katrina. Ce ne sont pas non plus des liasses de billets verts qui vont réensemencer les océans. Pas plus qu’elles ne vont booster les supers bactéries dévoreuses de pétrole ou nettoyer les côtes ou assainir les eaux.

 

Oiseau petrole louisiane2C’est plutôt exactement le contraire puisque BP persiste à utiliser un produit hautement toxique (alors qu’il en existerait une douzaines d’autres moins toxiques) pour faire couler le pétrole (au fond ça se voit moins). Il est vrai que ce sont d’autres géants financiers (Goldman Sachs, Blackstone Group, Apollo Management) qui sont propriétaires de Nalco, le fabriquant du produit (le Corexit) utilisé par BP. Au royaume des requins, il n’y a pas de petits profits.

 

Pour ceux qui resteraient un peu trop focalisés sur l’état des marchés, la politique Belge ou les prouesses footballistiques de nos équipes favorites, il est utile de préciser que cet « anodin événement » au large des côtes du Mexique est une grande première :

1. C’est la première fois que du pétrole se déverse directement au fond de l’eau. Il ne s’agit donc pas véritablement d’une marée noire mais d’une « sous-marée » noire.main_petrole.jpg

2. C’est la première fois que cela se produit de manière continue. La fuite a débuté le 21 avril 2010 par l’explosion de la plateforme pétrolière « Deep Water Horizon » (DWH) au large des côtes du Mexique et risque de se poursuivre encore pour longtemps. BP dit pouvoir stopper la fuite pour la fin de l’été.

3. C’est la première fois qu’autant de pétrole se répand dans les eaux de notre planète. Planète qui n’aura bientôt plus de bleu que le nom.

 

Peut-on se faire une idée du rythme et du volume de pétrole déjà présent dans les eaux ? Difficile puisque BP semble plus soucieux de « colmater » les fuites d’informations, que les fuites de pétrole. BP aurait acheté à Google plusieurs mots-clés tels que « oil spill » (marée noire), « volunteer » (volontaire), « claims » (revendication). BP paye également les gardes côtes pour surveiller et empêcher les investigations et prises de vues. Secret défense !

maree_noire_cote.jpg 

D’après les fuites d’informations que BP veut bien nous laisser, voici quelques chiffres :

 

A. Fin mai 2010, selon un panel d’expert mandaté par le gouvernement américain, il s’est écoulé 2 à 3 millions de litre par jour depuis le 21 avril.

B. D'après les chiffres communiqués mardi 14 juin 2010 par une commission scientifique gouvernementale, la fuite atteint entre 5,56 et 9,54 millions de litres par jour. Info relayée par certains médias mais pas moyen de tomber sur la source initiale.

C. 19 mai 2010, après visualisation d’une vidéo de la fuite finalement rendue publique par BP, un professeur en ingénierie à estimé la fuite à 15 millions de litres par jour.

 

Entre 2 ; 7,5 et 15 millions, la fourchette est large.Jacinthe_louisiane.jpg

- Reportée aux nombres de jours depuis la catastrophe (60 jours), cela donne respectivement 120 ; 450 et 900 millions de litres dans l’océan depuis le 21 avril 2010.


- Reportée en tonnes de brut (0,85 de masse volumique), cela donne respectivement 102.000 ; 383.000 et 765.000 tonnes de brut.


- Reportée en nombre d’EXXON VALDEZ (40.000 tonnes de brut) cela donne respectivement 2,5 ; 9,6 et 19 EXXON VALDEZ (répertorié comme la plus importante marée noire de l’histoire).

 

- Reportée aux nombre de jours de fuite jusqu’au colmatage annoncé de la brèche (disons le 21 août pour simplifier), il suffit de multiplier par 2 (60 jours => 120jours) les différents chiffres, soit   5 ; 19 et 38 équivalent EXXON VALDEZ dans le fond du golfe du mexique.


gal_gulfspill_21.jpg 

Pour que les chiffres ne soient pas trop confus, on peut retenir que l’estimation haute correspond à l’équivalent d’un EXXON VALDEZ tous les 3 jours et l’estimation moyenne, un EXXON VALDEZ tous 6 jours! Soit 250 camions semi-remorques (26 tonnes) par jour, 10 camions par heure, 1 toutes les 6 minutes, ou encore 73kg/seconde, le poid moyen d'un homme pétrole chaque seconde, un clone bitumeux toutes les secondes (voilà enfin révélé le vrai visage de la pression démographique). Ou encore, 1 mètre cube en 12 secondes, 1 tonne en 14 secondes, 4 tonnes par minute (de bonnes grosses minutes mégalo-pachydermiques). "Time is Money & Petrol"... Rappelons que l’équivalent EXXON VALDEZ s’échappe en continu à 1.500 mètres de profondeur, pas en surface d’un seul coup !

 

poisson_petrole.jpgComme souligné dans l’article Deepwater Horizon – Le geyser de pétrole se poursuit : « Des chercheurs de l’Institut national de la science et la technologie sous-marine disent avoir détecté plusieurs nappes de pétrole tentaculaire se déployant sous la surface à des profondeurs de 1.200 mètres.(…) des scientifiques ont découvert qu’il existait de vastes colonnes de pétrole à la dérive sous la surface, dont une mesurant plus de 16km de long, 4km de large et 100 mètres d’épaisseur.(…) ces corridors sous-marins de pétrole s’étendant sur des kilomètres pourraient empoisonner et suffoquer le vie marine à travers la chaîne alimentaire, entrainant des dommages pour les décennies à venir. »

 

Pour relativiser, il faut savoir par exemple que les dégazages et délestages sauvages (en toute impunité) dans la seule méditerranée ont été estimés à 1,5 millions de tonnes de brut en surface par an. Reporté aux 4 mois potentiel (du 21 avril au 21 août) de la fuite « Deep Water Horizon » cela donne 375.000 tonnes de brut. Une valeur fort proche de l'estimation moyenne de DWH pour 60 jours. 2 mois de fuite de DWH correspondent donc à 1 an de dégazage illégal en méditerranée.

gal_gulfspill_10.jpg 

Pour terminer, un petit entretien réalisé par Armelle Vincent (journaliste de la côte ouest des Etats-Unis) avec Rick Steiner (spécialiste des catastrophes maritimes). L’entretien est tiré de l’article Marée noire : « Le Tchernobyl de l'industrie pétrolière » du site alternatif Rue 89.


Armelle Vincent : quelle est l'ampleur réelle de cette marée noire ?

Rick Steiner : c'est une catastrophe sans précédent, un événement historique, beaucoup plus grave que ce que ne laissent entendre le gouvernement et BP. C'est la première explosion d'une plate-forme pétrolière en mer et la première fois aussi qu'une fuite de pétrole brut se produit à 1.500 mètres de profondeur.

Les conséquences de cette tragédie sont totalement différentes de celles provoquées par l'accident d'un pétrolier, car dans ce cas, le pétrole reste à la surface, où vous pouvez le suivre.

L'impact le plus important de cette marée noire se fera sentir au fond du golfe, dans ce que nous appelons l'écosystème pélagique. Nous semblons uniquement concernés par les marées noires qui envahissent les plages et le rivage, alors qu'au large, il y a des centaines d'espèces d'oiseaux, de dauphins, de baleines, de poissons, etc en danger.Dauphin_Louisiane.jpg

Justement, quels sont ces dangers ?

On a observé un banc de 70 ou 80 dauphins se déplaçant en rangs serrés au large de l'Ile du Gosier. C'est un signe de stress et d'effroi. On les a aussi entendus tousser. Ils ont dû ingérer ou aspirer du pétrole. On a également vu une grande quantité de plancton mort.

Sur Breton Island, il y a des milliers d'oiseaux. Ils sont en pleine saison de nidification. La moitié des oisillons sont déjà sortis de leurs coquilles. Ils vont être contaminés. En Alaska, 30 espèces ont été compromises. Les harengs du Pacifique ont été complètement décimés. 21 ans plus tard, les pêcheurs et la faune aquatique continuent de payer les conséquences d'Exxon Valdez.

gal_bp_wildlife_7.jpgA votre avis, les mesures prises par BP sont-elles efficaces ?

Malheureusement non. Il n'y a absolument aucun moyen de collecter le pétrole une fois qu'il est dans l'eau. Dans toute l'histoire des marées noires, on n'y est jamais parvenu. Les centaines de kilomètres de barrages flottants déployés ne peuvent être efficaces que si le brut flotte à la surface, et encore… Or, dans le cas présent, il est surtout dans le fond.

BP a annoncé qu'elle avait récupéré sept millions de litres d'une mixture eau/pétrole. Je parie que 90% de cette mixture était de l'eau. L'ironie est que les bateaux qui installent les barrages injectent plus de pétrole dans l'eau qu'ils n'en collectent. C'est absurde. Pendant ce temps, 800 000 litres de brut jaillissent chaque jour de la fuite pour se répandre dans le golfe.

Quel est l'impact écologique du dispersant utilisé par BP ?

La méthode a été utilisée en Alaska, sans succès. BP a injecté environ 1,6 million de litres (1 800 m3) de dispersant. C'est inquiétant. Le brut est toxique. Le dispersant est toxique et la combinaison des deux est encore plus toxique.vague_petrole.jpg

Le dispersant est un produit chimique composé d'un ingrédient actif appelé Corexist, que les biologistes marins ont rebaptisé « Hidesit » (le cache), et d'un autre appelé 2-Butoxyethanol. Sur l'étiquette de ce produit, on est avisé de consulter immédiatement un médecin en cas de contact avec la peau. Tirez-en vos propres conclusions.

Les compagnies pétrolières utilisent les dispersants parce qu'ils permettent de « couler » le pétrole loin des regards. Toute la faune aquatique va être exposée à leur toxicité. De plus, pour que le pétrole se disperse, il faut des vents de 10 à 25 nœuds. Moins de vent, c'est inefficace ; plus de vent, le dispersant devient inutile.

Quel est donc votre pronostic ?

Il est difficile de faire des prédictions. Tout dépendra des vents, de la température de l'air et de l'eau, du type de brut et de la densité de bactéries. Plus l'eau est chaude, plus il y a de bactéries. Elles contribuent à nettoyer les hydrocarbures toxiques de la marée noire.

Cette catastrophe est le Tchernobyl de l'industrie pétrolière. J'espère qu'elle nous apprendra au moins une leçon : il faut arrêter l'exploitation pétrolière en mer. Nous en connaissons maintenant les risques. Il faut à tous prix éviter le forage dans l'océan Arctique. Il serait absolument impossible de contrôler une explosion et une fuite de brut dans la banquise.

BP_louisiane-copie-1.jpg

Si les quelques images sélectionnées ici ne vous ont pas suffit, il y en a une centaine d'autres sous ce lien : http://www.nydailynews.com/news/national/galleries/louisiana_oil_spill/louisiana_oil_spill.html

 

 

Ah oui, juste encore une petite chose :

« Que celui qui n’a jamais utilisé de plastique, consommé du non local, non saisonnier ou industriel, pris l'avion, le bateau, ou fait un plein d’essence, jette la première pierre »

 

Lire aussi :

Deepwater Horizon – Le geyser de pétrole se poursuit

La mort du pétrole, c'est l'occasion d'une nouvelle naissance

 

Puisqu’il vaut mieux en rire :

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 11:14

 

cube verre homme

 

Le dernier livre de Christian ARNSPERGER (Ethique de l’existence post-capitaliste) fourni un formidable outil de lecture des rapports de l’homme au monde. Cet outil est en fait celui des «quatre quadrants» ou «vision intégrale» proposé par le philosophe nord-américain Ken WILBER.

 

Intérieur

Extérieur

 

CONSCIENCE

(Esprit)

 « Moi »

« CHAIR »

(Corps & Âme) 

« Cela singulier »

Individuel

CULTURE

(vision du monde)

« Nous »

SYSTEME

(mécanique du monde)

« Cela pluriel »

Collectif

Les 4 quadrants de lecture de Ken WILBER

 

Le rapport des hommes au monde peut être subdivisé en 4 parties distinctes dont les axes verticaux sont l’intériorité et l’extériorité et les axes horizontaux sont l’individualité et la collectivité. Comme nous pouvons le voir en lecture horizontale du tableau, les 4 parties sont respectivement la conscience et la « chair » pour le volet individuel et la culture et le système pour le volet collectif. En lecture verticale, et de manière caricaturale, celui qui ne privilégie que l’intérieur est un mystique, religieux, abstrait alors que celui qui ne privilégie que l’extérieur est un positiviste, cartésien, matérialiste.

 

Nombre de critiques ou d’analyses du monde parlent souvent du quadrant système, parfois du quadrant cultures mais très peu des quadrants conscience et chair. Ce qui se dégage de ce simple tableau à 4 entrées est une clé de lecture complète, holistique (« comprehensive » au sens anglo-saxon, c’est-à-dire faisant intervenir une connaissance globale, voire ontologique) de l’ensemble des rapports humains entre eux (culture), avec eux (conscience), entre les choses (système) et avec les choses (chair). Par ailleurs, outre cette lecture plane, il ne faut pas perdre de vue la lecture tridimensionnelle permettant à ce tableau de s’élever dans l’espace à mesure que le niveau de conscience collectif évolue.

 

Cette clé de lecture permet en effet de poser les bonnes questions et de trouver les bonnes réponses lorsque nous sommes confrontés à un problème. L’analyse du capitalisme à travers cette fenêtre s’avère particulièrement révélatrice. Révélatrice des origines, des boucles récursives auto-amplificatrices et de la force des blocages.

 

D’un point de vue systémique, nous pouvons en effet constater que tout mouvement contestataire s’inscrit toujours au sein de ce système et raisonne toujours à l’intérieur de ce système : revendication salariales, baisse des prix, emploi, croissance, etc. C’est le cas des mouvements contestataires altermondialistes, marxistes ou syndicaux. Le système est auto-référencé. De même, d’un point de vue culturel, tous nos actes sont posés selon le moule dominant. Pas moyen de faire autrement sans être taxé d’écolo, bobo, soixante-huitard, voir même de Cro-Magnon. Toute pensée divergente de la doxa dominante est aussitôt vue comme une dérive, une hérésie. On se sent exclu, rejeté, jugé et marginalisé. Il est alors particulièrement difficile de se tailler « une place au soleil » dans ce monde et ce système qui est le nôtre et que nous promouvons tous consciemment ou à notre insu.

 

Mais tout cela est de la diatribe bien connue. Attardons plutôt à la cause première. A cette pulsion profonde qui parvient à faire passer un régime plutôt qu’un autre à travers les siècles malgré les innombrables luttes et contestations. Grace à certains choix idéologiques, le capitalisme est en effet parvenu à bien mieux s’imposer que le communisme qui s’est quelque peu égaré sur certains points. Certains disent que le communisme est le système de l’homme tel qu’il devrait être alors que le capitalisme est le système de l’homme tel qu’il est. Quel est cet homme ? Cette fameuse « nature humaine » que d’aucuns brandissent avec force pour justifier leurs actes ou leur apathie ? Ce qui différencie fondamentalement l’homme de la nature, ce sont ces questions existentielles : Qui suis-je ? D’où vins-je ? Où vais-je ? Ces questions existentielles en soulèvent rapidement d’autres centrées sur la peur : peur de manquer (de biens mais aussi d’affection), peur du vide (affectif ou charnel), peur de souffrir, peur de mourir. La religion qui tente d’apporter des réponses à ces questions semble avoir complètement cédé la place au capitalisme. Le capitalisme est devenu notre religion séculière. Religion au sens étiologique : qui cherche les causes profondes et qui donc calme, apaise et cherche à apporter des réponses à nos peurs et angoisses existentielles. Le religieux profond, spirituel et existentiel est aujourd’hui porté aux gémonies par un capitalisme culturel qui a envahi nos vies jusque dans les moindres recoins. Stigmatisé et instrumentalisé, le religieux profond s’est institutionnalisé. L’église s’est convertie au capitalisme. A l'inverse de Marx, lorsqu'à propos des religions ou de spiritualités il parle d'opium du peuple, je pense que la force du capitalisme réside précisément dans une profonde et perverse aliénation spirituelle. Mine de rien, l’air de rien, subrepticement, la capitalisme apporte des réponses à nos angoisses les plus fortes. Alors, on consomme, on produit, on cherche à gagner plus, on s’abruti au travail, on joue des coudes avec des œillères.

 

Les 6 axiomes capitalistes

L’idéologie capitaliste tire sa source dans nos peurs les plus profondes et donc dans le culte de l’ego, dans la pensée libérale : la liberté individuelle au service du bien commun. C’est de cette pensée et de la pensée protestante que sont nés les 6 grands axiomes capitalistes :

 

1) Croissance. « Croissez et multipliez-vous ». Nécessité salutaire d’un effort collectif face à l’adversité de la Nature. Une Nature à dompter par la croissance, la production et le progrès. C’est la pensée des grands économistes classiques tels que Malthus, Ricardo et Smith. C'est également un pilier central de la pensée Marxiste.

2) Travail. « L’oisiveté est mère de tout les vices ». Pensée typiquement protestante, qui voit dans le travail un véritable accomplissement de Dieu et le salut de son âme. « Travaillez bonnes gens, et vous serez sauvés ». Du Moyen-âge à la renaissance, d’avilissant, le travail gagne ses titres de noblesses pour devenir salutaire.
C'est aussi un pilier de la pensée Marxiste.

 

3) Efficacité-Concurrence. « Produire plus pour gagner plus » sic. « Manger ou être mangé ». Nécessité de se battre pour survivre. Travailler comme une bête de somme, le plus rapidement et le plus efficacement possible, le tout afin de satisfaire aux 2 premières exigences citées ci-dessus.

 

4) Innovation« Parce que vous le valez bien ». Selon William BAUMOL(1) les 3 grands piliers du capitalisme sont la croissance, la productivité et la concurrence. Mais ces 3 piliers ont besoin d’un ingrédient supplémentaire essentiel appelé culture d’entreprenariat. La nécessité d’avoir de doux penseurs de l’école FFRIEDMAN qui voient dans l’innovation par le profit et sa maximisation le but suprême de la vie.

 

5) Propriété. « Mon, Ton, Son, Ma, Ta, Sa, Mes, Tes, Ses ». Certaines tribus primitives ne connaitraient pas l’usage des pronoms possessifs. Pour nous, occidentaux capitalistes, ils sont la justification de tous nos efforts (travail, croissance, efficacité, concurrence, productivité) et ils sont une forme d’aboutissement à nos angoisses existentielles. L’acquisition d’une propriété, de biens et de services forment une sorte coque de protection à ces angoisses.

 

6) Consommation. « The American Way of Life is Not Negotiable » sic. Le plus révélateur ici est ce fameux appel de Bush à la consommation peu de temps après les événements du 11 septembre. C’est aussi la grande crainte de la crise économique et financière. C’est à la fois le point faible et le point fort de l’économie capitaliste.

 

On constate combien ces 6 axiomes sont profondément ancrés dans des axiomes existentiels profond. Tous, touchent à la peur de manquer, de mourir, de se retrouver seul ou envahi par les autres. Notons aussi que les deux premiers axiomes à la base des autres sont aussi ceux de l’idéologie Marxiste.

 

Le cycle des 4 quadrants

Pour en revenir aux 4 quadrants, ce qui est important de noter c’est le cycle auto-validant et inter-validant de ceux-ci.

 

A la base, c’est bien-sûr la conscience qui crée et influence tout le reste. Par la suite, le reste - la culture, le système, notre âme et nos corps - influence notre conscience. La culture capitaliste technoscientifique opère comme un cercle vicieux entre ces deux pôles. Notre conscience fait partie de l’ensemble, elle est enchâssée dans le système. Elle a été phagocytée par la méga-machine de notre égo. Rare sont ceux qui parviennent à faire la part des choses entre le conditionné et le conditionnant.

 

Ces quatre quadrants utilisent donc notre conscience pour former une boucle de renforcement mutuel qui nous bloque sur un plan horizontal. Toute l’énergie utilisée à l’adaptation ou la correction du système est perdue au détriment de l’élévation du plan horizontal à des niveaux de consciences supérieurs.


Système => Culture

Le système influence la culture. La rentabilité du capital engendre des croyances, des lois et des valeurs qui créent une culture capitaliste.

 

Système, Culture => Conscience

Ce système et cette culture capitaliste touchent la conscience en inculquant l’idéologie de la gagne, du travail et de la compétition pour se faire un nom, une réputation et, à l’extrême, donner un sens à sa vie. Plongé dans son système et sa culture capitaliste, l’individu se trouve comme un poisson dans l’eau. Il s’épanouit et s’affirme mais ignore, ou feint d’ignorer, ce qui se passe plus loin et/ou plus tard.

 

Conscience, Culture => Chair

La conscience comme la culture capitaliste touchent l’âme et le corps par des états cérébraux et des mécanismes métaboliques soutenant le principe d’accumulation du capital. La malbouffe et les états de dépendance alimentaires (café, alcool, cigarette) ou autres (jeux, drogues, télé, GSM, iPod) témoignent de cet esclavagisme du corps et de l’âme à la culture et à la conscience capitaliste. Tous nos achats compulsifs démontrent cette dépendance avec éclat. Il en va de même pour nos comportements carnassiers et obsessionnels visant à gagner plus, à investir plus et à prendre des parts de marché toujours plus importantes. Ces pulsions obsessionnelles trouvent bien sûr un revers de médaille dans les multiples troubles sanitaires de notre société. Troubles qui se traduisent aussi bien au niveau somatique (digestion, boulimie, maladies cardio-vasculaires, cancers, etc.) que psychologiques (stress, anxiété, suicides). A force d’achats et de comportements compulsifs, nous ignorons non seulement les limites planétaires mais aussi nos propres limites corporelles et intellectuelles.

 

Chair, Conscience => Système, Culture

Nos cerveaux et nos corps capitalistes créent enfin des conceptions et des mécanismes institutionnels qui poussent à cette production – consommation et à cette idéologie du gain. Marchés et mécanisme de commandement se mettent alors en place pour encore et toujours la même rengaine de maximisation du capital.

 

La boucle est bouclée.boucle4quadrant_wilber.jpg

 

Pour en sortir, il faut être conscient du piège et de nos interactions avec celui-ci. Il faut ensuite tenter de se dégager de cette logique par des pratiques de « méditation » et par des expérimentations collectives de nouveaux modes de vie, de nouvelles façons ou manières d'ÊTRE au monde. D’un point de vue concret, le travail sur soi est la Voie. Simplicité, frugalité, décroissance, autocritique et spiritualité (sens de la vie) sont les clés de sortie du labyrinthe capitaliste. Relocalisation et démocratisation (travail, ecologie, monnaie) tombent alors sous le sens. C'est ça le changement de paradigme. C'est ça le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas.

 

 

C’est ce que Christian ARNSPERGER appelle le « militantisme existentiel » ou encore « l’acceptation critique ». Être bien conscient que nous faisons partie intégrante d’une culture, d’un système et d’une conscience capitaliste dont nous sommes responsables et dont il est essentiel de sortir si nous ne voulons pas éteindre la flamme (de Vie, de Conscience, de Divin). Cependant, et de manière assez magistrale, se voulant à elle-même, poussée jusque dans ses derniers retranchements, cette flamme est capable du pire comme du meilleur.

 

Intrigué par le socialisme soviétique qu’il voyait user de violence, de manipulation et de mensonge, Gandhi se disait partisan d’un socialisme « pur comme le cristal » requérant par conséquent le courage de méthodes « d’une pureté cristalline (…) car les moyens impurs dénigrent le but et mènent la cause à sa ruine ».(2) La sociale démocratie verte n’est-elle pas le pâle reflet du socialisme soviétique ?

 

Note :

(1) William J. BAUMOL, cité par Christian ARNSPERGER p. 67. The Free-Market Innovation Machine: Analyzing the Growth Miracle of Capitalism, Princeton, Princeton University Press, 2002.

(2) Thierry VERHELST, Des Racines pour l’Avenir, L’Harmattan, 2008.

 

http://www.pac-bruxelles.be/images/stories/confrence_de_Paul_Aris_15_juin.jpg

 

Plus d'informations sur: www.pac-bruxelles.be

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 12:10

escargot-copie-1.jpg

- Dans l’atlantique, 2 à 3 millions de litres quotidien de pétrole se déversent et se déverseront jusqu’en août dans l’océan atlantique et sur un des écosystèmes les plus riches des Etats-Unis.

- Dans le monde, des abeilles (80% de la pollinisation des végétaux) et des vers de terres (fertilité des sols) disparaissent par milliers.

- En Indonésie, des orangs-outangs se retrouvent nu comme des vers face à des tronçonneuses qui font de la place aux monocultures de palmier à huile (agrocarburant et alimentation industrielle).

- Au pôle Nord, des ours polaires malingres pataugent en cherchant désespérément une plaque de glace pour pouvoir marcher en bon plantigrade.

- En Chine, des employés de Foxconn (le plus important sous-traitant d’appareils électroniques au monde) se suicident.

- En France, ce sont les employés de France Télécom et de Renault qui se suicident.

- En Belgique, Carrefour et Opel restructurent et licencient.

- A Haïti, après les effets d’annonce, les déclarations de soutient et les œuvres de charités, Monsanto fait dans l’humanitaire.

- En Afrique, la Banque Mondiale favorise l’accaparement des terres.

- Dans le monde, la course à la compétition et à la croissance économique laisse des milliers de gens sans toit, sans terres et sans nourriture. Salaires et conditions de travail sont chaque jour bradés et revu à la baisse. Délocalisation, productivisme et expropriation poussent les gens à aller s’installer dans des mégapoles et bidonvilles insalubres et stressant où l’insécurité règne à tous les coins de rues.

- Aux Etats-Unis, des personnes sont expropriées faute de n’avoir pu rembourser un emprunt bancal.

- En Europe et dans le monde, le racisme, l’islamophobie et la xénophobie sont de plus en plus médiatisés et instrumentalisés pour un électoralisme de bas étage.

- En Europe, une grogne populaire grandit suite à l’annonce d’une cure d’austérité sur l’ensemble de la zone Euro et plus particulièrement en Grèce.

- En Europe, le taux de chômage officiel est au plus haut depuis la création de la zone Euro.

 

Et pendant ce temps, en Belgique, nos politiciens ergotent et font les beaux. Et bientôt ces mêmes politiciens devront assurer la présidence de l’Union Européenne !?

 

Elle est pas belle la vie ? Elle est pas belle notre démocratie représentative ?

 

MAIS

 

- Dans le monde, les banques sont en bénéfice et les actifs financiers sont en hausse.

 

DONC TOUT VA BIEN !

 

Mais le 13 juin 2010, l’ensemble des citoyens belges est appelé à voter. A voter pour des représentants qu’ils jugent indignes et inconséquents. A voter pour une démocratie dite représentative. Beaucoup sont dans l’expectative et ne savent absolument pas pour qui voter. On le serait à moins, vu l’état de délabrement de nos démocraties et l’état actuel d’organisation et de fonctionnement des scrutins : peu ou pas de couverture médiatique pour les petits parti, course à l’audimat et à l’arrivisme,  principe de tête de liste, sélection de candidat populaires (joueur de foot, ex-animateur télé) pour récolter des voix pour le parti, coalitions diverses et en tout genre, etc. Autant de manipulations qui ont pour unique fondement la particratie par la négation du vote censé refléter la volonté populaire. Non, messieurs les politiciens, le peuple n’est pas con, il est juste mal informé. Mal informé par qui ? Par vous-même qui courbez l’échine devant la puissance des lobbies économiques mondiaux qui nous gavent de pub et de produits aussi inutiles que débilitants.

 

Beaucoup de nos concitoyens pensent même ne pas voter ! Ce serait là une erreur incommensurable. Le vote est l’essence de la démocratie. Ne pas voter c’est accepter la puissance des lobbies et l’aveuglement des politiques. Tous les grands changements, toutes les grandes révolutions sont issues de la base. Et pour cause, tant qu’une grande partie de cette base n’est pas spoliée par les apparatchiks au pouvoir (économique, politique ou religieux) tout semble aller pour le mieux. Mais aujourd’hui, grâce à Internet, grâce à une certaine prise de conscience collective, la mondialisation n'est plus aussi heureuse qu'il n'y parait. Il est temps de nous éveiller, de nous soulever et de dire NON !

 

Comment dire NON dans l’état actuel de fonctionnement et de représentation politique ? Il faut dire non par un vote de contestation. Il faut donc...

1) Aller voter.

2) Ne pas faire un vote blanc.

3) Ne pas voter tête de liste (parti), voter pour des personnes.

4) Voter pour un petit parti.

5) Voter un petit parti mais pas n’importe lequel.

 

Ne pas voter pour le Parti Populaire de Madrikamen car il s’inscrit très clairement dans la même logique opportuniste de parti et dans le gain pour le gain. « Votez pour moi, c’est moi le plus beau, c’est moi le plus fort ! » Non ! La démocratie ce n’est pas cela. C’est autre chose qu’il faut encore inventer. Autre chose de plus en plus accessible et réalisable notamment avec les technologies Internet et l’organisation de consultations populaires.

 

Voter pour le Rassemblement Wallonie France ne résoudra en rien le problème de fond qui ronge nos sociétés. Nous serons alors le Xième département d'une république bananière avec un président qui dit tout et son contraire, l’archétype même du politicien narcissique prêt à tout pour qu'on parle de lui.

 

Voter Vivant qui, à mon sens touche le fond du problème et propose des solutions particulièrement innovantes. Malheureusement trop innovant et trop original Vivant s'est dilué dans la particratie (voir Wikipédia).

 

Non, pour un bon et réel coup de vote contestataire, PTB pourrait être un bon choix. Comme tous les autres, il s’inscrit aussi dans la logique de parti, il joue des coudes et finira probablement par ne plus écouter ceux qu’il prétend défendre (les travailleurs) MAIS il aura le mérite de shooter dans la fourmilière! De plus, c’est le seul parti qui propose un programme clair de financement avec notamment une taxation (faible) des hauts patrimoines et la nationalisation des banques. C’est aussi un parti uni qui possède encore son homologue en Flandre. Comme le disait un intervenant ce matin à la radio : « c’est la scission des partis qui a entraîné la scission de la Belgique, pas l’inverse. ».

 

Mais il existe aussi le Front des gauches créé il y a peu, témoignant d'une grande volonté et d'un formidable travail de cohésion et d'union face au rouleau compresseur de la droite. PTB n'a pas voulu s'asscier à ce Front, déjà la course à l'arrivisme!

 

Pour moi, il faut donc voter à gauche toute et, par la même occasion, affirmer que nous ne voulons plus de particratie et de consumérisme !

 

C’est donc avec force et conviction que je relaye ici la proposition du Mouvement Politique des Objecteurs de Croissance (MPOC). Un mouvement, pas un parti (ne figurera donc pas sur un bulletin de vote), qui souhaite initier une nouvelle ère dans laquelle la démocratie et la croissance économique (telle que définie actuellement) seraient au cœur du débat pour une perpétuelle et humble remise en question.

 

Les propos du MOPC me semblent néanmoins à ajuster avec le fait que cette crise institutionnelle Belge est tout sauf secondaire. Elle pose la question du vivre ensemble, base de la démocratie. Les récentes déclarations de Geert Bourgeois (ministre flamand des affaires intérieures) ou d’Annemie Turtelboom (ministre fédérale des affaires intérieures ! Eh oui, c’est la Belgique) ne font que confirmer le sentiment général anti-démocratique et séparatiste. Ceci, alors même que la Belgique prétend au poste de présidence de l’Union. Alors même que l’ex-premier ministre Belge, Herman VAN ROMPUY fraîchement « élu » président du conseil de l’Europe est à l’origine des velléités séparatistes de la Flandre. Alors même que la Belgique et l’Europe condamnent l’action Israélienne sans même se renseigner un peu sur les tenants et aboutissants de toute l’histoire. Oui, nous vivons des temps historiques.

 

Bref, voici donc la proposition du MPOC: http://www.objecteursdecroissance.be/action/index.htm

Élection du 13 juin 2010

Alors que la crise généralisée s'aggrave rapidement, les élections anticipées du 13 juin prochain consécutives à la bisbrouille des partis sur BHV tombent très mal et posent de nombreuses questions.

À travers deux lettres à envoyer au Président de la Chambre et au Président de votre bureau de vote, le Mouvement politique des objecteurs de croissance vous propose d'exprimer un point de vue qui consiste à souligner que cette élection anticipée résulte d'un problème de représentation politique sérieux et que, loin d'y remédier, elle ne peut que le renforcer. Ces élections anticipées constituent une mascarade politique.

Pour plus de précisions sur la position du Mouvement à ce sujet, lire la Position du mpOC sur les élections anticipées du 13 juin 2010.

Lettre au Président de la Chambre

Lettre modèle (document RTF, pour tout traitement de texte)

Après l'avoir modifiée à votre guise et signée (les parties en rouge sont à remplacer par vos données personnelles), vous pouvez la transmettre à l'intéressé par courrier postal ou électronique. Pourquoi au Président de la Chambre ? Il est le porte-parole du Parlement et il conserve ce titre jusqu'à la nomination du prochain Président de la Chambre. L'article 5 du règlement de la Chambre prévoit en outre que « Le président donne connaissance à la Chambre des messages, lettres et autres envois qui la concernent, à l'exception des écrits anonymes », ce qui en fait la personne toute désignée pour recevoir l'expression citoyenne et en faire état au prochain Parlement.

Le Président de la Chambre est actuellement Patrick Dewael (Open VLD), son adresse : Patrick Dewael, Président de la Chambre des représentants, Chambre des représentants, 1008 Bruxelles (patrick.dewael@dekamer.be).

Lettre au Président du bureau de vote

Lettre modèle (document RTF, pour tout traitement de texte)

Après l'avoir modifié à votre guise et signé, nous vous invitons à remettre ce document au Président de votre bureau de vote et à lui demander d'en mentionner la réception dans le journal de bord du bureau. Si vous décidez de ne pas aller voter, pour ne pas rester muet face à un évènement qui vous déplaît, transmettez tout de même votre opinion au président du bureau de vote !

Suivi et soutien de l'action

Pour le bon suivi de l'action, merci de nous indiquer si vous y participez en nous le signalant par mail à l'adresse : 13juin@objecteursdecroissance.be. Vous pouvez également nous faire parvenir une copie papier des lettres que vous aurez envoyées aux personnes précitées à l'adresse du Mouvement politique des objecteurs de croissance : mpOC, rue Basse-Marcelle 26, 5000 Namur.

Nous vous invitons également à faire suivre ces propositions de lettres dans vos réseaux, de sorte que l'action puisse être reprise par toute personne intéressée.

 

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 21:50

FRIOT-retraites.gifLes retraites, on en parle beaucoup pour le moment (surtout en France alors qu’en 2007, Sarkozy disait que leur financement était assuré jusqu’à l’horizon 2020). Beaucoup pensent que c’est un réel problème. Et si nous écoutions Bernard FRIOT qui vient de publier un livre intitulé « L’enjeu des retraites » aux éditions La dispute?

 

La démonstration de la nocivité de l’accumulation financière, qui n’a entraîné aucune croissance de l’investissement mais contribué fortement à la bulle spéculative, n’empêche pas les réformateurs de continuer à préconiser l’épargne retraite avec deux arguments.

1) Le premier est « l’équité intergénérationnelle » : les droits à pensions que se constitue la génération aujourd’hui au travail seront une charge excessive pour la génération future (Non ! Par contre, les droits institutionnels à créer du crédit à rembourser avec intérêts que constitue la génération aujourd’hui seront une charge excessive pour la génération future! Ndlr). Il faut donc que chaque génération, au moins partiellement, finance ses propres pensions par de l’épargne qui sera liquidée lors de son entrée en retraite.

2) D’autant plus que – second argument – le travail va manquer relativement aux besoins à satisfaire (on reconnaît là la rhétorique du « problème démographique »), et nous serons heureux lorsque viendra la disette d’avoir épargné des fonds que nous pourrons alors liquider pour compenser le déficit en travail.

Ces deux arguments sont faux.

(…)

Le raisonnement selon lequel le recul de la part des actifs occupés rendra impossible le financement des retraites en répartition est aussi absurde que si l’on avait prédit au début du 20ème siècle la famine pour la France du 21ème parce que la part des paysans allait se réduire à moins de 3% de la population. Depuis plus de soixante ans, nos régimes de pension par socialisation du salaire nous montrent que nous avons assumé sans aucun problème une croissance du poids des pensions dans le PIB très supérieure à sa croissance future. Au cours des cinquante dernières années, les pensions sont passées de 5% à 12% du PIB (en France), alors qu’au cours des cinquante prochaines, elles devraient passer de 12% à 20% si l’on supprimer les réformes menées depuis 1987 : le poids de pensions a été multiplié par 2,4 de 1950 à 2000, il devrait l’être par 1,7 seulement d’ici 2050. A moins de fonder les calculs sur une perspective de stagnation du PIB ce qu’aucun des réformateurs ne fait, cette décélération (alors que le discours du choc démographique suppose une accélération fantasmée) signifie évidemment une plus grande facilité demain à absorber la hausse du poids des pensions, alors même qu’elle l’a été sans difficulté jusqu’ici. Cette facilité s’explique simplement : le PIB doublant de volume tous les quarante à cinquante ans, la progression plus rapide d’un de ses éléments s’accompagne de la progression, et non pas de la régression, de la richesse disponible pour les autres composantes. Dans un PIB qui augmente, il n’y a pas besoin de déshabiller les actifs pour habiller les retraités.

(…)

La monnaie déposée pour l’épargne sert à acheter des titres financiers qui n’ont en eux-mêmes aucune valeur. Mais - et c’est l’origine de la croyance dans leur capacité à congeler de la valeur - ils sont des titres de propriété dotés de droits à valoir sur la monnaie en circulation le jour où ils seront liquidés. Si la monnaie ne préexiste pas à cette transformation des titres en monnaie, les titres ne valent rien. Or c’est le travail courant (ici et maintenant. Ndlr) qui rend possible cette création de monnaie préalable à la liquidation des titres. Autrement dit, à supposer que les retraites soient assurées par l’épargne des fonds de pensions, la vente de titres nécessaire à la transformation de l’épargne en pensions en 2040 sera fonction de la monnaie dont disposeront alors les actifs désireux de les acheter pour se constituer eux-mêmes des droits. Cette monnaie sera l’équivalent de ce qu’ils auront produit par leur travail de l’année 2040. Dans ce cas, l’épargne ne sert à rien puisque les actifs auraient pu affecter à un régime en répartition cette monnaie utilisée pour acheter des titres (pourquoi capitaliser pour demain - mode égoïste - alors que nous pourrions socialiser pour aujourd’hui - mode solidaire?! Ndlr). Qu’on soit en répartition ou en capitalisation, c’est toujours le travail de l’année qui produit la richesse correspondant à la monnaie qui finance les pensions de l’année (ce n’est pas notre épargne qui s’occupera de nous en 2040 mais bien le travail et le temps des infirmières, des kinés, des restaurateurs et des proches en 2040 ! Ndlr). L’épargne ne peut donc en aucun cas être un substitut du travail, ni permettre à chaque génération de financer ses pensions.

 

La promotion de l’épargne repose en réalité sur deux choses.

1) D’une part, la propriété de titres (capitalisation) permet de ponctionner de la monnaie sur le travail du monde entier, alors que la répartition est réduite à l’espace national des règles politiques du droit du travail : magie du raisonnement impérial.

2) D’autre part, comme le rendement des titres est, hors les situations de crise financière aigüe,  supérieur au taux de croissance, la rente progresse plus vite que les salaires et donc que les cotisations pour la retraite, qui progressent moins vite que le taux de croissance: faire valoir, en faveur de la capitalisation, qu’il est plus rentable d’épargner que de cotiser, c’est avouer très ingénument que toute épargne retraite est un vol sur le travail d’autrui, et qu’il est infiniment plus rentable d’avoir un portefeuille de titres que de travailler.

 

Promouvoir la propriété d’usage suppose de s’attaquer à la propriété lucrative, dont la pension comme salaire continué montre l’inutilité. La propriété lucrative est défendue par les réformateurs au nom de l’investissement, qui suppose, disent-ils, des investisseurs. Or qu'est-ce qu'un investisseur? Le discours courant, soigneusement entretenu par le discours savant, dit qu’il apporte un indispensable capital. Rien n’est plus faux. Un investisseur n'apporte rien. Un investisseur qui « apporte » par exemple un million d'euros pour une entreprise n’a pas un million d'euros en billets dans une valise, pas plus que les titres dont il est porteur ne sont dotés, par une curieuse métaphysique, d’une quelconque valeur : ce sont des titres de propriété lucrative qui vont lui donner le droit de ponctionner un million sur la valeur attribuée au travail d’aujourd'hui. Un investisseur est un parasite qui a le droit de ponctionner une partie de la valeur de la production contemporaine pour transformer les producteurs ainsi expropriés en forces de travail et les contraindre à produire les marchandises qu’il a décidé de produire, bref à travailler sous le joug de la valeur travail. Un investisseur nous vole et nous aliène dans la même opération.

 

Dans l’expérience réussie de la cotisation vieillesse (tout le monde cotise aujourd’hui pour les personnes âgées d’aujourd’hui, Ndlr), on a la démonstration à grande échelle de l’intérêt qu’il y a à se passer d’investisseurs financiers. Cette cotisation est la façon d’assurer sans épargne des engagements massifs et de long terme, comparables à l’investissement. Sur le modèle de la cotisation sociale, on peut parfaitement financer sans épargne l’investissement. S’il est possible de financer la pension au plus grand bénéfice des régimes et des pensionnés sans aucune logique d'épargne et de prêts, il est possible de financer l'investissement de la même façon en affectant une cotisation économique au salaire (de l'ordre de 35 % du salaire brut), prélevée sur la valeur ajoutée comme les cotisations sociales ou le salaire direct. Cette cotisation serait collectée par des caisses d’investissement qui financeraient sans taux d'intérêt, puisqu'il n'y aurait pas d'accumulation privée du capital. Accumulation financière, crédit bancaire, prêt à intérêt, bourse, toutes ces institutions peuvent être remplacées en transposant pour le financement de l'investissement l'expérience de la cotisation sociale, ce qui est évident puisque tout investissement est financé sur la production courante. La cotisation sociale a débarrassé notre quotidien individuel des usuriers, la cotisation économique débarrassera notre quotidien collectif de la bourse et des banquiers.

 

Bernard FRIOT insiste enfin sur la qualification et la nécessité d’une vision forte du salaire comme institution proprement politique.

 

La qualification (et donc le salaire qui va avec) est un attribut de la personne, elle ne peut pas lui être retirée et elle ne peut que progresser au cours de la vie. La qualification et donc notre salaire ne doivent plus dépendre des décisions d’employeurs sur le marché du travail mais doit faire partie d’un droit institutionnel politique inaliénable au même titre que le droit de vote.

 

Je conseille de lire l’ensemble du document introductif (15 pages) de son livre.

 

Si seulement nos grands conseillers et économistes pouvaient s’inspirer de personnes comme Bernard FRIOT, Claude BELAN ou Michael ALBERT. Evidement cela implique un tour de force qui replacerait le politique à la place qui lui revient. Un politique fort et uni qui ne croit pas ou plus en une gestion optimale des marchés (des oligopoles) en aliénants ses droits et ses devoirs. C’est la grande faiblesse de l’Euro. Un Euro qui s’est vendu corps et âme aux forces obscures et égotiques d’une finance mondialisée.

 

Pas d’amalgames. Pas ou moins de croyances dogmatiques. Pas d’inversions. Juste des hommes qui cherchent humblement (ils essayent) des alternatives au TINA de Thatcher. Allez voir du côté d’ALOE, PARECON ou Appropriate Economics et pourquoi ne pas dépasser ses préjugés pour aller voir aussi du côté du M-PEP ou du Carré-Rouge ?

 

N’écoutez pas ce qui se dit.

Ce n’est pas la fin du monde, c’est juste la fin d’un monde…

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