Pour commencer, un petit extrait de l'article La menace d’une guerre nucléaire augmente d'Edward S. Herman et David Peterson
Michael McGwire a récemment souligné le fait que, des deux plus grandes menaces qui pèsent actuellement sur la planète, une guerre nucléaire et le réchauffement climatique, la première pouvait aisément être éliminée et à peu de frais – en fait, son élimination dégagerait même d’importantes ressources pour l’assistance aux populations de la planète et l’amélioration de leurs conditions de vie. La lutte contre le réchauffement reviendrait en revanche très cher. Mais éliminer la menace d’une guerre nucléaire, et démilitariser dans la foulée, serait contraire aux intérêts du Pentagone, de l’ensemble du complexe militaro-industriel et des intérêts particuliers qui profitent et prospèrent grâce à la guerre permanente. A l’heure actuelle, ce sont précisément ces intérêts particuliers qui donnent les ordres (le plan Paulson a notamment été accepté suite à des pressions d'occupation militaire des États US qui étaient contre). Quant à savoir si les revers de la crise financière et de la guerre permanente finiront par changer la donne et nous permettre d’évoluer vers un ordre mondial décent et rationnel, ça reste à voir…
Ensuite, un extrait de l'excellent article de Noam CHOMSKY de juin 2007: le monde nous appartient
Pour une éventuelle prochaine guerre, à qui le tour ? L'Iran ? Il y a eu des menaces très crédibles de la part des Etats-Unis et d'Israël – un allié U.S. notoire – concernant une attaque sur l'Iran. Il se trouve qu'il y a un machin qu’on appelle Charte des Nations Unies, dont l’article 2 définit comme un crime "la menace ou le recours à la force dans les affaires internationales." "La menace ou le recours à la force…"
Et ça dérange quelqu'un ? Non, parce que nous (Les Etats-Unis - CHOMSKY), nous sommes au-dessus des lois, par définition… ou plus exactement, nos menaces et nos recours à la force n’ont rien d’international. Elles sont toujours locales, puisque le monde nous appartient. Donc, tout va bien ! Donc on peut bien menacer de bombarder l'Iran. On va le faire, on ne va pas le faire… Ça, c’est la grande question en ce moment… Quant à savoir si c’est légitime… Savoir si ce serait une erreur ou pas, là, oui c’est sujet à polémique, mais vous entendez quelqu'un dire que ce serait illégitime ? Au Congrès, par exemple, les Démocrates refusent de voter un amendement imposant à l’exécutif de rendre compte au Congrès de son intention de bombarder l'Iran – de rendre compte, d’informer... Même ça, c’est rejeté d’office !
Le monde entier est atterré devant cette éventualité ! Ce serait monstrueux... Un éminent spécialiste britannique de l’histoire militaire, Correlli Barnett, a récemment écrit que si les Etats-Unis attaquaient effectivement – ou si Israël le faisait – ce serait la troisième guerre mondiale… L’agression de l'Irak a été suffisamment épouvantable. Outre qu’elle a dévasté l’Irak, le Haut Commissariat aux Réfugiés [des Nations Unies] a estimé le nombre de personnes déplacées, ils arrivent à près de 4,2 millions au total. Plus de 2 millions ont fui le pays, 2 autres millions ont fui leur région sans pouvoir quitter le pays. Ça, c’est en plus du nombre de morts qui, si on se fonde sur les dernières études tourne vraisemblablement autour d’un million.
Les services de renseignement US, d'autres agences de renseignement et divers experts indépendants, avaient prévenu qu'une attaque contre l'Irak augmenterait probablement la menace terroriste et le risque de prolifération nucléaire. Mais ils ont bien plus augmenté ce qu’on avait imaginé. Des spécialistes renommés en matière de terrorisme, comme Peter Bergen et Paul Cruickshank, estiment (principalement sur la base de statistiques gouvernementales) que ce qu'ils appellent "l'effet irakien" a multiplié le risque de terrorisme par sept, ce qui n’est pas rien... Ça vous donne une idée de la priorité accordée par nos dirigeants à la protection de la population. Elle est plutôt basse…
Donc quel serait cet "effet Iran" ? Mais, il est incalculable ! Ce pourrait être la troisième guerre mondiale… Très probablement une augmentation massive du terrorisme et qui sait quoi d’autre... Même dans les pays frontaliers de l'Iran et où on n'aime pas spécialement l'Iran, comme le Pakistan, l'Arabie Saoudite ou la Turquie, même là, une très large majorité de la population préférerait voir l’Iran doté de l'arme nucléaire à une intervention militaire US quelle qu’elle soit, et ils ont raison ! Une intervention militaire serait dévastatrice ! Ce qui ne veut pas dire qu’on ne va pas le faire... Chez nous, il n'y a littéralement aucune discussion sur la légitimité d'une telle action. Encore une fois, si l’on part du principe que tout ce que nous faisons est légitime, ça risque simplement de coûter trop cher…
Est-ce qu’il reste quand même une solution à la crise iranienne ? Il y a quelques solutions plausibles, oui... On peut imaginer un accord autorisant l'Iran à disposer d'énergie nucléaire – au même titre que tous les signataires du traité de non-prolifération – mais sans disposer d'armes nucléaires. Ça aurait d’ailleurs l’avantage d’appeler à la création d'une zone dénucléarisée au Proche-Orient. Ça inclurait l'Iran, Israël – qui a des centaines de têtes nucléaires – et toutes les forces américaines ou britanniques déployées dans la région. On pourrait même envisager que les Etats-Unis et d'autres puissances nucléaires respectent l’obligation légale qu’ils ont – au regard d’une décision unanime de la Cour Internationale de Justice – de procéder à l'élimination totale de leur arsenal nucléaire en gage de bonne foi. [ndt : Tout ce paragraphe (« On peut imaginer un accord… ») énumère simplement les principes de base du Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP) dont l’Iran et les USA sont signataires mais qu’Israël a toujours refusé de signer.]
Est-ce que c’est faisable ? Dans l’absolu oui, c'est faisable… en supposant que les structures sociales aux Etats-Unis et en l'Iran deviennent réellement démocratiques… parce que justement ce que je viens de dire à propos de l'opinion publique est vrai pour l’immense majorité de la population, en Iran comme aux Etats-Unis. Sur tout ce que je viens d’évoquer, mais littéralement tout le monde est d’accord ! Alors oui, il serait parfaitement possible de régler le problème si ces deux pays fonctionnaient d’une manière réellement démocratique, c'est-à-dire si l'opinion publique y avait la moindre influence sur les politiques gouvernementales. Le problème aux Etats-Unis, c’est l’incapacité de nos dirigeants à adhérer à quoi que ce soit qui ait l’aval de l'écrasante majorité de la population et à en faire une politique gouvernementale. Bien sûr, on peut le faire… Les paysans en Bolivie arrivent à le faire… c’est clair que nous, ici, on pourrait le faire aussi…
Qu’est-ce qu’on peut faire pour faire de l'Iran un pays plus démocratique ? Peut-être pas directement mais indirectement on peut... On peut accorder plus d'attention aux dissidents et aux réformateurs iraniens, qui luttent courageusement pour que la société iranienne devienne plus démocratique. Et on sait parfaitement le message qu’ils essayent de faire passer, ils sont suffisamment clairs là-dessus. Ils supplient les Etats-Unis de retirer leurs menaces contre l'Iran… Plus nous menaçons l'Iran, plus nous apportons de l’eau au moulin des branches les plus réactionnaires et les plus fanatiques du gouvernement. Les menacer c’est abonder dans leur sens... Et c'est exactement ce qui se passe! Comme on pouvait s’y attendre, les menaces ont entraîné une vague de répression.
A présent les Américains se disent scandalisés par la répression – et il y a de quoi s’indigner – mais nous devrions reconnaître que cette répression est la conséquence directe et prévisible de dispositions dont le gouvernement U.S. ne démord pas. Lorsqu’on prend des mesures dont les effets sont parfaitement prévisibles, condamner ces effets c’est vraiment le comble de l'hypocrisie.
Et enfin, encore l'article d'Edward S. Herman et David Peterson sur La menace d’une guerre nucléaire.
L’Establishment considère généralement les Démocrates comme moins crédibles que les Républicains en matière de guerre. On les tient pour frileux sur les questions de « sécurité nationale ». De fait, leurs politiciens et futurs responsables politiques sont toujours prêts à faire les lèches bottes pour prouver qu’ils n’ont pas peur des bombes. Pour Hillary Clinton comme pour Barack Obama, concernant l’idée que l’Iran puisse un jour, à l’avenir, se défendre par lui-même et l’effroyable menace d’une telle perspective, toutes les options étaient « sur la table ». Comme ses électeurs traînaient les pieds pour l’Irak, Obama a compensé en promettant une escalade des violences en Afghanistan, voire au Pakistan. Il a même choisi Joe Biden comme futur vice-président pour son « expérience » (il a montré cent fois qu’il pouvait avoir tort), et sa pugnacité notoire en politique étrangère.
Si Biden proclamait récemment être « sioniste », en fait il n’est littéralement pas un seul politicien Démocrate qui ne se soit produit devant l’AIPAC pour prêter allégeance à l’État d’Israël. Cette constante génuflexion et la dépendance financière des Démocrates à l’égard de l’argent des organisations sionistes, ont été un facteur supplémentaire de cette dégradation morale ; un facteur qui a littéralement évacué toute opposition politique au nettoyage ethnique de la Palestine par Israël, comme à la guerre contre le Liban en 2006. Comme les dirigeants israéliens réclamaient l’invasion de l’Irak et qu’ils sont de fervents défenseurs d’une guerre contre l’Iran, le Parti Démocrate a soutenu la guerre contre l’Irak, a traîné les pieds pour le désengagement – même après le vote anti-guerre de 2006 – et a diabolisé l’Iran, non sans prendre part aux préparatifs d’une guerre contre ce pays.
Pour conclure,
Obama est certainement mieux que Bush, ce n'est pas difficile!
Il y a cependant lieu de rester particulièrement vigilant. Sous un label d'ange gardien, Obama ne changera pas la politique impérialiste et interventionniste US. Un État US, persuadé que le monde lui appartient, qui intervient partout pour promouvoir la "paix et le progrès". Un peu comme Mandela, un héros noir dans un pays pratiquant un apartheid pur et dur, qui n'a pu s'empêcher de promouvoir la "paix" au Congo et ailleurs en Afrique... Avec quels résultats?
Reste que l'État US est exsangue et que les attentes en matière de POLITIQUE INTERIEURE sont énormes! Obama sera-t-il en mesure de tenir tête aux exigences d'une élite pourrie gâtée (dont la Fed)? Obama sera-t-il en mesure de rester clairvoyant en se cantonnant, avant tout, aux tâches ménagères dans sa propre maison?
Rares, voire inexistantes, sont les interventions extérieures dépourvues d'intérêts économiques. Les guerres ne servent pas les peuples ou les Nations mais les multinationales!