1. Mettre le système bancaire sous contrôle public
* Parce qu’il est nécessaire de retrouver l’usage public de la monnaie, par le biais de laquelle une politique économique peut être menée, non pas pour accélérer une croissance aveugle comme le
préconisent ceux qui n’ont pas encore compris la gravité de la crise écologique, mais pour promouvoir des activités utiles socialement et l’emploi.
* Parce que la Banque centrale européenne maintient une ligne dont la raison est de satisfaire les détenteurs de capitaux et leurs institutions financières : elle fait couler à flots le
crédit pour ces derniers, afin de leur permettre de participer à la restructuration permanente du capitalisme mondial (fusions, acquisitions, leverage buy out, etc.) ; en revanche ce laxisme
se pare de vertu orthodoxe quand il s’agit d’admonester les gouvernements qui auraient une minuscule velléité de « faire du social » (Mme Merkel, progressiste s’il en est, en sait
quelque chose pour avoir osé envisager de créer un salaire minimum en Allemagne).
* Parce qu’il convient de mettre fin à la confusion entre banques de dépôts et banques d’affaires, d’encadrer très étroitement les procédures de titrisation et de supprimer les paradis fiscaux
dans lesquels toutes les institutions financières ont pignon sur rue.
2. Porter la remise en cause du capitalisme néolibéral en son cœur.
* Son cœur, c’est le partage de la richesse produite, la fameuse valeur ajoutée pour la captation de laquelle le système financier est organisé. D’abord en imposant des normes de rentabilité du
capital de plus en plus élevées qui ne peuvent être atteintes que par la déconnexion des salaires vis-à-vis de la productivité du travail. Ensuite en détricotant la protection sociale (assurance
maladie et retraites) pour drainer une épargne de plus en plus abondante vers les marchés financiers en mal de liquidités. Et il faut être doté d’une belle inculture pour prétendre que la
capitalisation engendrera des richesses supplémentaires pour nourrir et soigner le troisième âge, et d’une encore plus belle dose de cynisme pour confier les retraites à la Bourse. Non seulement
la finance est contre-productive, mais elle est improductive.
* Le frapper au cœur en instaurant une fiscalité suffisamment progressive pour écrêter radicalement tous les revenus financiers distribués aux actionnaires et aux créanciers au-delà d’un seuil
qui pourrait être celui du taux de croissance de l’économie.
* Le dissuader de spéculer en taxant toutes les transactions financières avec des taux variables en fonction de l’ampleur du risque de spéculation.
3. Tout cela ne serait que technique [1] si l’enjeu n’était
pas politique.
* Politique car il s’agit d’enlever le pouvoir à ceux qui, non seulement détiennent l’argent, de l’argent en quantité astronomique, mais qui envisagent de soumettre à son rendement la moindre
activité humaine, la moindre ressource, le moindre espace ou signe de vie.
* Politique car le système financier est en train de faire école. Tout devient objet de spéculation : les hypothèques immobilières prises sur les ménages modestes, les matières premières en
voie de raréfaction, l’eau dont la distribution tend à être monopolisée par trois multinationales, la terre vouée à produire des agro-carburants à la place de la nourriture, le climat dont le
devenir est confié à une Bourse de permis de polluer, etc.
* Politique car est en jeu la pérennité d’équilibres fragiles, tant écologiques que sociaux, à l’heure où des émeutes de la faim éclatent en Afrique et ailleurs parce que les politiques
néolibérales ont fini par provoquer ce pour quoi elles étaient faites, à savoir l’enrichissement des riches et l’appauvrissement des pauvres.