[Extrait du livre Le
néolibéralisme ? Un très vieux système… Pourquoi faut-il le combattre ?..., Junon MONETA]
Le problème de la théorie néolibérale initié par Smith (1723-1790) et accentuée par Ricardo (1772-1823) c'est qu'elle ne fait pas de distinction entre
les bonnes et les mauvaises liquidités. Les salaires, rentes et profits sont tous classés dans le même sac. Ainsi, tous les profits sont
bons pour la nation. C'est ce qui s'appelle une inférence causale, la généralisation de tout un système à partir d'un raisonnement, d'une théorie qui n'est "vraie" que sous certaines conditions.
Bon nombre de dogmes néolibéraux sont des inférences causales ("le marché est pur et parfait", "tous les profits sont bons pour la Nation", "les banques sont les gardiennes du système de
nouvelles libertés").
Ce manque de précision des concepts à conduit nos économistes à "mettre tous les capitalistes dans le même sac": selon eux, le capital crée toujours de la valeur ajoutée, et celle-ci est destinée à rémunérer les salariés (salaires), les actionnaires (dividendes), les rentiers (rentes), les banquiers (frais financiers), l'État (cotisations patronales, taxes, impôts sur les bénéfices) et bien sûr l'entreprise elle-même qui "garde" les amortissements, les provisions et le bénéfice net non distribué.
Grace à ces "rentrées d'argent" TOUTES les entreprises créent des richesses nationales et donc des emplois et des salaires. Est-ce bien en accord avec l’évolution de notre économie et de nos statistiques nationales ? Les profits des entreprises augmentent sans cesse et pourtant, le chômage et la précarité se
généralisent, les salaires reculent en pouvoir d’achat, la croissance nationale stagne…
Cette imprécision des concepts est toujours d’actualité puisqu’elle conduit notre Société à tout classer dans cette trilogie des salaires, des rentes et des profits.
Les enrichissements sans cause sont toujours « ignorés » et ils ne sont plus jamais condamnés, ni par la justice, ni même par la religion catholique qui en avait fait sont cheval de batail pendant près de trois siècles.
Aujourd’hui, les enrichissements sans cause sont tellement bien camouflés dans ces trois catégories de revenus que personne ne pense même plus à condamner les anomalies flagrantes de notre système :
* Les faux salaires de nos dirigeants d’entreprise et de nos vedettes en tout genre ont grimpé chaque année pour atteindre 100 fois, 500 fois, 1000 fois et même 10.000 fois le salaire net d’un ouvrier (Michael Ovits, ex-PDG de DISNEY est partis avec des indemnités de départ s’élevant à 120.000.000 € - 10.000 fois le salaire net d’un ouvrier payé « normalement ») ;
* Les fausses retraites : les mêmes personnes partent (officiellement) à la
retraite avec des indemnités de départ non « cotisables » et non « fiscalisables » représantant 4.000 ans du salaire d’un ouvrier, et 6.000 ans de leur retraite
misérable (L’ex-patron de CARREFOUR est partis avec des indemnités de départ de 38.000.000 € alors qu’une caissière temps plein ne gagne pas 10.000 € nets par an : l’éternité
avec 3.800 années de revenus sans travail);
* Les profits démesurés, qui sont en fait des plus-values faciles provenant de la
spoliation, sont applaudis par toute la classe politique et financière qui les considère comme « nécessaire à la croissance » ;
* « Les rentes sont faibles », on les néglige mais en fait elles représentent la partie visible d’un iceberg gigantesque de plus-values faciles, acquises sans travail, sans mérite et sans talent.
Des fortunes colossales sont acquises grâce à la spoliation, à la clémence des juges et à la paresse
de nos contrôleurs fiscaux :
* L’impôt sur les grandes fortunes et sur les droits de transmission d’héritages
« impériaux » est constamment remis en cause ;
* Les fausses provisions pour risque et charges, fiscalement déductibles,
enrichissent les assureurs et les banques sans aucun contrôle fiscal depuis plus d’un siècle ;
* Les indemnités de départ et les « réparations de préjudices », obtenues par des avocats cupides, échappent dans de nombreux pays à toutes les formes d’impôts et de cotisations.
En toute légalité, il est aujourd’hui possible, soit de négocier ses impôts et taxes avec les administrations, soit d’obtenir des passe-droits fiscaux bien avantageux, soit même d’obtenir la complicité des banquiers et des assureurs pour « blanchir » les accumulations et les transmissions de patrimoines. Les bons de caisse « anonymes » et les fausses assurances-vie font partie du « quotidien des affaires », tandis que les « belles affaires » sont délocalisées au Luxembourg, en Suisse et dans tous les paradis fiscaux.
Il est donc urgent de mettre en place les « bonnes » réformes afin de pouvoir distinguer les « bons » capitaux (salaire et profits à leur juste valeur), des « mauvais » capitaux (spéculation, salaires, rentes et profits démesurés).
Source:
Junon MONETA, Le néolibéralisme ? Un très vieux système… Pourquoi faut-il le combattre ?...