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  • : Démocratie? Ou Ploutocratie?
  • : Pas d'issue aux grands défis de l'humanité (pétrole, eau, famines, biodiversité, érosion, climat...) sans changement de paradigme et TOTALE remise en question tant au niveau individuel que pluriel (mode de vie, économie, progrès…)
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Tonnes CO2/personnes/an

2 = capacité d'absorption de la terre
4 = moyenne mondiale (2 fois trop)
8 = émission moyenne d'un Européen (4 fois trop)
20 = émission moyenne d'un Américain (10 fois trop)
0,09 = émission moyenne d'un Burkinabé
0,06 = émission moyenne d'un Ethiopien

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Bon à savoir

- La production d'un kilo de bœuf nécessite autant d'eau qu'une douche (débit de 18 litres par minute) quotidienne de 5 minutes pendant 2 ans.


- En Europe, chaque tête de bétail est subsidiée à plus de 2 euros par jour, soit un peu plus que le revenu journalier des 2/3 de la population mondiale.

 

- Le total des actifs financiers (crédits et spéculations) atteint 6,7 fois le PIB mondial!

 

- Dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme 6 fois la France.


- Seuls 1,6% des dépenses militaires ou 4,3% des subventions agricoles sont nécessaires pour assainir les besoins en eau de 80% des Africains.


- La fortune des 3 individus les plus riches de la planète est supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres (600 millions de personnes).


- Les pays en développement, qui subissent durement les dérèglements climatiques, ont produit moins de 20% des 350Gt (giga tonne) de CO2 accumulé dans l’atmosphère depuis 1850, alors qu’ils représentent 80% des terriens.


- Pour la banque mondiale, de 2006 à 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 85%. Dans les pays pauvres, les dépenses alimentaires représentent 60 à 90% des budgets des ménages…


- Un plein de 50 litres de bioéthanol correspond à  250 kg de maïs, de quoi nourrir une personne pendant une année.


- Par an, les avions commerciaux émettent autant de CO2 que toute l'Afrique.


- L'élevage industriel consomme autant de céréales qu'Indiens et Chinois réunis (moitié de la population mondiale).

- La production, le stockage, le transport et le conditionnement d'une calorie alimentaire issue de l'agriculture conventionnelle nécessite 40 calories fossiles!


- D'autres chiffres ici

 

Archives

Citations & Livres

Aucun être humain ne vient au monde pour éviter à ses frères la peur de mourir en niant le corps par le travail et l'intellectualisation du monde. [Raoul VANHEIGEM] Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire

 

Ce que fait actuellement la logique de marché, c'est jouer sur la méfiance radicale de l'être humain à l'égard du détachement, ancrée dans l'énergie angoissée du besoin, pour pouvoir inverser l'énergie renonçante du Désir en énergie compulsive de l'envie. [Christian ARNSPERGER] Ethique de l'existence post-capitaliste

 

Le discours économique a une fonction terroriste, celui d'évincer le citoyen du débat [cité par Marie Martin-Pêcheu] Bio-économie

 

La monnaie et l’économie existent parce que l’homme n’a pas confiance en son prochain, qu'il suppose – souvent à raison - vouloir obtenir un échange gagnant. Il veut des garanties. Mais les garanties ne tiennent pas leurs promesses et se révèlent incapables d’empêcher l’injustice. [Didier LACAPELLE] Manuel d'anti-économie

 

Pour ceux qui connaissent le sens profond des choses, les paroles brèves sont des commentaires ; Pour ceux qui se fient aux apparences, les vastes discours ne sont que des abrégés imprécis. [Mawlânâ Djalâl Od-Dîn Rûmî] La geste de Taliesin

 

Notre époque a besoin d’une grande bouffée d’air frais, qui la revivifie. Vienne le temps où chaque individu, rejetant l’apathie dont tire sa force le pouvoir léthargique qui l’opprime, se change en guerrier sans armure et sans autre arme qu’une invisible force de vie. Qu’il combatte sans relâche pour ce qu’il a d’unique et de plus cher au monde, sa propre existence, vrai champ de bataille où nerfs, muscles, sensations, pensées répondent à la sollicitation de désirs obnubilés par la passion de jouir et que contrarient, refoulent, mutilent et nient les mécanismes d’une économie qui exploite le corps à l’égal de la terre. [Raoul VANEIGEM] Nous qui désirons sans fin


A travers le voile de notre vision rationnelle, la lumière du Réel se brise, et la transforme en une autre vision, comme la lumière du soleil dans la pluie donne l'arc-en-ciel. L'homme, devenu conscient du soleil, comprendra l'arc-en-ciel d'une facon différente. Mais celui qui aura le courrage de tourner le dos à ce qui n'est que l'arc-en-ciel, verra le soleil lui-même. L'homme ressent en lui-même et en son monde, la promesse d'une Réalité qui, à l'origine de son développement rationnel, se cache. [Karlfried GRAF DÜRCKHEIM] 
La percée de l'être ou les étapes de la maturité


L'écologie extérieure sans écologie intérieure n'est qu'illusion. Si intérieurement, l'esprit est mu par des violences passionnelles, cela se traduira inévitablement en comportements extérieurs. Intérieur et extérieur sont interdépendants. Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement à l'extérieur est illusoire. [Denys RINPOCHE]


L'économie politique a placé sur un podium quelques-unes de nos dispositions naturelles les plus vilaines : le matérialisme, l'esprit de compétition, la gloutonnerie, la vanité, l'égoïsme, la myopie intellectuelle et la toute bête cupidité. [Hazel HENDERSON] cité par Fritjof Capra dans Sagesse des sages

Si la logique en place est si tenace, c'est peut-être que quelque chose au fond de nous même y collabore - quelque chose qui participe de l'angoisse et du déni de notre condition d'humains. Les voies de sorties, les plus pertinentes de l'économie capitaliste ne sont donc pas économiques. Elles sont existentielles. [Christian ARNSPERGER] Critique de l'existence capitaliste, Pour une étique existentielle de l'économie

Notre siècle de rationalité matérialiste, de pesanteur minérale, de substances toxiques largement répandues, d'une science presque totalement asservie au profit, a porté atteinte au monde sensible qui constitue l'enveloppe vivante et vitale de notre planète. Il semble que ce ne soit qu'à l'aune du sacré que nous pourrions mesurer l'ampleur de notre responsabilité. "J'entends par sacré ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l'émerveillement, le respect et le mystère s'allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des être très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force." [Pierre RABHI] Conscience et environnement

Comme une rivière crée les berges qui la contiennent, l'énergie en quête de vérité crée sa propre discipline sans aucune forme de contrainte; et comme la rivière trouve la mer, l'énergie trouve sa propre liberté.
[Jiddu KRISHNAMURTI]
Le sens du bonheur

Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.

[GHANDI]

Richesse c'est pouvoir. C'est le pouvoir d'acheter; c'est un droit de commandement sur tout le travail d'autrui.
[HOBBES]


Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme
[RABELAIS]


Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; Mieux vaudrait un sage ennemi
[Jean de la FONTAINE]

Chaque fois que l'humanité est amputée d'une de ses langues, une de ses cultures, un de ses peuples, ce sont ses propres enfants qui deviennent orphelins d'une partie d'elle même.
[Patrick BERNARD] www.icrainternational.org

Les paradis fiscaux ne sont pas qu'un phénomène marginal réservé à quelques milliardaires, quelques affairistes et beaucoup de mafieux. C'est, au contraire, « une infrastructure essentielle de la finance internationale ». Christian Chavagneux & Ronen Palan


La richesse se mesure au nombre de choses que nous pouvons laisser intactes
[THOREAU]

 

7 décembre 2022 3 07 /12 /décembre /2022 10:48
Ça fait longtemps que je n'avais plus lu un tel pavé dans la marre!
 
En annexe, deux documents qui ont fait couler beaucoup d'encre dans le milieu académique de l'UCLouvain et ailleurs.
 
Acte 1: "lettre de démission" de Laurent LIEVENS professeur à la Louvain School of Management (LSM).
 
Acte 2: "appel à une métamorphose" suite au large écho médiatique de sa lettre de démission.
Bonne lecture et n'hésitez pas à diffuser.
 
Pour ceux qui "n'ont pas le temps" (bien que les 2 textes méritent franchement de se poser).
 
Acte 1: démission
Notre système socio-économique (la Mégamachine) induit structurellement un écocide planétaire menant aux effondrements du vivant (humanité y compris). Notre modèle de développement est devenu une arme de destruction massive de ce vivant. Les pratiques de gestion (en appui sur une certaine science économique orthodoxe) y concourent à leur mesure, notamment par un effet de levier conséquent dans la formation des futur·e·s dirigeant·e·s de nos organisations et institutions. Leur rôle  n’est donc absolument pas anodin, pour le meilleur (s’ils décidaient réellement de s’engager dans la métamorphose) et pour le pire (en continuant la poursuite de l’existant).Dénoncer le statu quo dans les écoles de gestion est donc un impératif éthique.
Sciences de gestion => Mégamachine => Écocide => Effondrements
 
Acte 2: métamorphose
Si le fait de démissionner ou de rester au sein de ces institutions devient la question principale du débat, ce sera au détriment du problème de fond. Ce qui nous occupe est bien la métamorphose – de tout notre modèle sociétal et – de l’enseignement des sciences économiques appliquées et de l’art de la gestion, avec toutes les forces vives qui seront capables de quitter le déni et de nourrir ce mouvement avec sérieux. La ligne de fracture et de démarcation réside donc bien entre déviants et conservateurs, qu’ils soient dans ou hors les murs de l’institution.
 
Ne nous leurrons cependant pas, la métamorphose requise est d’abord un caillou dans la chaussure qui – derrière le masque des campagnes marketing grandiloquentes et des discours engagés – suscitera un rejet viscéral et toutes les stratégies pour éviter, retarder, empêcher le changement. Cela bousculera les intérêts de beaucoup, viendra fissurer les égos incapables de remise en question. Cela nécessitera du courage (de remettre son métier en question et au travail, de désobéir, de prendre position parfois contre ses intérêts carriéristes, d’arrêter la compromission avec les acteurs économiques du business-as-usual), de l’humilité (de reconnaître erreurs du passé et fourvoiements actuels, de quitter sa tour d’ivoire, de demander de l’aide, de reconnaître son désarroi), de l’intelligence (et non du smart-bidule, pour quitter le déni au sujet du réel, pour tresser savoirs et sagesse, pour écouter et intégrer ce que crient chaque jour les scientifiques sérieux). Ces qualités semblent encore devoir être insufflées, même au sein des milieux intellectuels privilégiés comme en atteste le sentiment de solitude qui étreint le déviant lorsqu’il quitte la mêlée. Rien de surprenant pourtant : le parcours requis pour faire carrière et accéder aux postes dirigeants privilégie pour l’instant très peu de ces qualités.
 
Un papillon n’est pas une chenille améliorée, qui aurait subi un ajustement, il s’agit d’autre chose, d’une autre structure, d’un autre fonctionnement, d’autres processus. On a  changé de système. Et l’on ne passe jamais à un papillon en tentant d’améliorer ou d’ajuster une chenille. On n’obtient pas non plus un chgmt2 (hors cadre) en accumulant graduellement les chgmt1 (dans le cadre). Pour un chgmt2, une rupture systémique est indispensable. Ce que la théorie indique également est qu’un système insoutenable face à l’évolution du contexte tend à essayer tous les chgmt1 avant d’être contraint d’opérer un chgmt2. Tout système cherchera à ne pas se métamorphoser, à maintenir son homéostasie, à persévérer en l’état, quitte – dans le cas de la Mégamachine – à menacer l’ensemble du vivant. La théorie indique également que les chgmt2 ne surviennent que très exceptionnellement de l’intérieur du système. Dans la plupart des occurrences, c’est la contrainte externe au système qui le conduit au chgmt2, le cas échéant en se mêlant aux forces déviantes internes au système.
 
L’enjeu n’est pas de rendre durable, soutenable, circulaire, éthique, certifié, notre modèle socio-économique actuel, mais d’en sortir de toute urgence. Le changement est un changement de nature (faire tout autre chose, tout autrement) et non un changement de degré (faire un peu mieux ou différemment la même chose).
 
Poursuivre l’existant, en termes éthiques, s’apparente à une prise d’otage criminelle des générations futures.
 
Aucun outil n’est neutre, chaque outil n’acquiert son sens que par rapport au cadre dans lequel il est mobilisé. Dans un cadre sociétal illimitiste de capitalisme néolibéral toutes ces pratiques y sont engluées, teintées, récupérées. Elles servent de caution morale à la poursuite de l’existant, de commerce des indulgences. Elles masquent à peine le fait que l’empereur est nu. Tant que la nature du système économique mondial implique l’exploitation illimitée des écosystèmes et des humains, implique la prédation de tout le vivant, aucune charte éthique ni aucune pratique certifiée ne pourra empêcher l’écocide.
 
 
Laurent LIEVENS n'est pas seul. Les prises de positions radicales se multiplient à la racine, dans les universités. "There is no university on a dead planet"
 
 
 
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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 12:26

La crise actuelle de l’Euro n’est pas seulement une crise financière. C’est aussi et surtout une crise existentielle qui trouve sa voie dans le consumérisme-productivisme. C’est grâce à l’apport des masses et à la démocratisation des biens de consommation que des flux énormes de capitaux ont pu être libérés : spéculations par des  fonds de pension ou de logement, assurances vie, prêt à toutes les sauces pour succomber aux sirènes de la propagande des dernières innovations technologiques: machine à pain ou à café, écran plat, GSM, iPad, iPod, iMac, iPhone, iKlaxonne (dans ma nouvelle Prius dernier cri), etc. On ne peut pas chialer le matin parce qu’ArcelorMittal ferme la phase à chaud et danser le soir en faisant des photos avec son nouvel iQuelqueChose. On ne peut pas manifester contre la gestion bancaire alors qu’on est submergé de crédits et qu’on a des actions en bourse. On ne peut pas blâmer son employeur pour cause de restructuration et de licenciement tout en courant derrière le meilleur salaire et les plus bas prix. Le monde est tel qu’il est et on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Bien sûr nos dirigeants sont largement responsables des dérives financières. Bien sûr Lakshmi Mittal fait partie du Top 10 des plus grosses fortunes mondiales. Bien sûr l’Europe prendra les mesures nécessaires pour éviter l’implosion de l’ensemble. Mais sachons aussi nous rendre compte de nos propres incohérences. Ne tombons pas dans le piège du discours simpliste et dualiste d’une gauche complexée. Osons ! Osons acheter chez l’épicier du coin plutôt que chez carrefour. Osons diminuer le quantitatif pour le qualitatif. Osons réduire notre salaire pour un boulot plus gratifiant et épanouissant… Osons dire que nous ne voulons plus des chimères du monde consumériste où tout est beau, parfait, étudié au poil et à la virgule près. La vie est belle mais elle est imprévisible. Nous aspirons à un long fleuve tranquille sans questions et sans soucis. Nous préférons la dépendance salariale à la confrontation au monde et à nous même. Nous préférons nous en remettre à d’autres que l’on pense meilleur que nous. Manifestons. Oui manifestons haut et fort contre les diktats financiers, les fraudes, les malversations et les injustices, mais surtout, restons lucide sur l’avenir! Selon la conception actuelle, il ne sera pas plus riche et prospère demain! Demain sera qualitatif, local et convivial. La décroissance n'est rien d'autre. A nous de la choisir calmement et résolument. Mais comme l’histoire semble nous démontrer le contraire, puisque nous voulons le beurre et l'argent du beurre, nous passerons immanquablement par des frustrations, des grincements de dents et peut-être du sang.

 

Résumé, en image...

 

 

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 10:53

CN Consumption(1)Jean-Paul Baquiast - 25/04/2011

La décroissance, luxe pour le monde développé, obligation pour le tiers-monde - ou le contraire ?

Chandran Nair est un consultant international en sciences de l'environnement. Né en Malaisie, il vit actuellement à Hong kong. Il a fondé le Global Institute for Tomorrow  
 
http://www.globalinstitutefortomorrow.com
 
institut qui étudie les relations entre les valeurs asiatiques et les réalités du monde moderne.

Très connu dans les pays émergents, il est encore relativement ignoré en Europe. D'où l'intérêt de l'interview que vient de lui consacrer le Guardian le 21 avril 2011

http://www.guardian.co.uk/global-development/poverty-matters/2011/apr/21/arguments-constrained-capitalism-asia-chandran-nair
 
Dans ce texte, comme dans l'ensemble de ses interventions, et malgré le ton diplomatique de son langage, Chandran Nair refuse dorénavant de façon très affirmée le modèle de développement que, selon lui, le monde capitaliste veut imposer à l'Asie. Il rappelle que ce modèle, fondé sur des incitations à la consommation toujours plus agressives, règne sur le monde depuis 60 ans. Les pays émergents semblent l'avoir adopté en ne le transposant que marginalement compte tenu de contraintes locales.

Or il n'est pas viable et doit être refusé. La pression qu'exerceront sur les ressources mondiales et l'environnement plusieurs milliards de Chinois ou d'Indiens (5 milliards vers 2050) aspirant au niveau de vie nord-américain deviendra vite insupportable.

L'Asie doit donc développer un nouveau modèle de capitalisme, qu'il nomme le capitalisme contraint ou régulé (constrained capitalism) limitant l'accès aux ressources naturelles et contrôlant les comportements destructeurs imposés aux consommateurs. Chandran Nair n'a pas de mal à montrer la justesse de ce que divers environnementalistes occidentaux défenseurs de politiques de décroissance ont déjà amplement prouvé. Le mode de vie d'un citoyen américain ou même celui d'un européen de milieu modeste appliqué aux milliards d'humains actuels ou prévus nécessiterait les ressources cumulées de plusieurs planètes. Si rien n'était fait pour limiter cette boulimie, l'actuelle Terre sera rapidement détruite Les pays asiatiques ont donc selon Chandran Nair un devoir urgent : «déconstruire» le rêve consommériste (1) qui a été explicitement imposé à l'Asie comme au reste des pays pauvres par les pays capitalistes occidentaux. Ce conditionnement est l'un des résultats de la domination intellectuelle (le soft power) imposée aux élites asiatiques à travers les formations universitaires, les expertises fournies par le FMI, la Banque mondiale et les agences de conseil. Il est relayé à grande échelle aujourd'hui par le réseau des messages publicitaires commerciaux omniprésents, qui tiennent tous le même discours. La pression occidentale s'exerce plus fortement encore qu'auparavant, puisque elle se porte désormais dans le champ diplomatique. A la suite de la crise, les gouvernements occidentaux pressent la Chine à développer son marché consommateur intérieur, afin de réduire les excédents de trésorerie que lui ont acquis ses exportations.

Mais que signifiera consommer pour la Chine ? Quels en seront les revers? Les observateurs extérieurs et intérieurs se félicitent de constater la rapide croissance urbaine, ou celle des achats d'automobiles, mais ils ne s'interrogent pas sur le prix grandissant d'un simple verre d'eau potable obtenue au robinet. Les producteurs d'eaux minérales seront là pour répondre au besoin.

Les gouvernements asiatiques devraient donc, selon Chandran Nair, assumer la responsabilité de convaincre les populations qu'elles ne pourront jamais avoir accès, sauf dans le cas d'étroites minorités, au niveau de vie occidental. Il s'agit d'ailleurs de la prudence la plus élémentaire. Face aux révoltes qui naîtront du fait que les populations en question se rendront vite compte des limites incontournables de la croissance promise, ils seront balayés.

Le salut consisterait au contraire à préconiser le retour aux valeurs et aux modes de vie traditionnels, privilégiant notamment l'agriculture durable et les activités non gourmandes en énergie, l'éducation et la santé en priorité. Trouvera-t-on là de quoi assurer les besoins matériels comme les stimulants moraux nécessaires à la survie de centaines de millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté? Chandran Nair en semble convaincu.

En faveur de cette thèse, nous pouvons citer ici le tout récent programme que compte mettre en oeuvre le UN Environment Program. Il s'agira de développer et rémunérer non seulement les agricultures locales soucieuses de l'environnement, mais divers investissements destinés à protéger les sols et la biodiversité que les paysans négligent aujourd'hui car ils ne sont pas inclus dans les prix des produits finaux.

Un organisme analogue à l'IPCC dans le domaine du climat vient dans ce cadre d'être créé. C'est l'Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity (http://www.ipbes.net/ ) destiné à intégrer les actions intéressant la production agricole et la conservation. Dans le même temps, un projet appelé The Economics of Ecosystems and Biodiversity visera à évaluer les coûts de la perte de biodiversité et de la dégradation des écosystèmes (http://www.teebweb.org/). Ces initiatives sont louables, mais elles nécessiteraient des dizaines ou centaines de milliards d'investissements, lesquels se dirigent actuellement vers les dépenses militaires.


Comment déconstruire le "rêve consommériste" ?

Nous nous sommes toujours montré favorables aux programmes dits de décroissance. Ces objectifs avaient été proposés au plus fort des Trente Glorieuses, en Europe, par le Club de Rome et des économistes tels qu'Yvan Illitch faisant valoir l'impossibilité à terme de poursuivre indéfiniment une consommation destructrice de ressources matérielles nécessairement limitées.

Depuis lors, à l'encontre des défenseurs de la thèse selon laquelle le progrès convergent des sciences et des technologies reculerait à l'infini les risques de rareté, la conscience du caractère illusoire de la croissance ininterrompue a fini par se généraliser. Dans cette esprit, une morale de la croissance zéro (sinon de la décroissance) et de l'auto-limitation des consommations a fini par recruter un certain nombre de soutiens parmi les mouvements anti-productivistes et écologiques.

Mais il faut bien voir que ce fut principalement en Occident et non dans le tiers-monde que cette morale s'est répandue. Ceci pour une raison de bon sens: comment prêcher l'austérité à des populations qui se maintenaient à grand peine au dessus du seuil de survie? Elle n'a d'ailleurs connu, même dans les pays riches, qu'un succès limité. Les milieux économiques et financiers tirant leur pouvoir de leur capacité à transformer les citoyens en consommateurs robotisés par une publicité omniprésente privent encore aujourd'hui de tribunes les activistes de la décroissance.

Quant aux gouvernements, confrontés aux revendications des couches les plus défavorisés, plutôt qu'imposer un partage des ressources destiné à réduire les inégalités, ils préfèrent faire croire à un mythe, celui de la croissance de la consommation résolvant par miracle les conflits sociaux. Plus généralement, dans des régimes politiques se voulant démocratiques, c'est-à-dire soumis en principe aux volontés des électeurs, comment trouver des majorités qui prétendraient réduire des consommations apparemment plébiscitées par les foules ?

Dans les pays émergents, les mêmes causes ont entraîné les mêmes effets. Le double intérêt des industriels et des gouvernements poussant à la généralisation du modèle consumériste dénoncé par Chandran Nair a pleinement joué pour faire espérer aux citoyens-consommateurs des lendemains qui chanteraient.

Mais il faut bien voir que ce réflexe est encore récent. Ce fut seulement depuis une dizaine d 'années, sinon moins, qu'en Chine par exemple, les dirigeants ont encouragé les nouvelles classes moyennes à s'équiper en logements et biens industriels sur le mode occidental.

Aujourd'hui encore, ils savent très bien que les quelques 600 millions de travailleurs pauvres n'atteindront jamais ce niveau de vie. Mais plutôt qu'en convenir ouvertement et recommander des modèles économiques plus ménagers des ressources, ils préfèrent laisser croire que chaque citoyen pourra rapidement disposer d'un appartement, d'une voiture et d'un régime alimentaire carné.
 
C'est que la déconstruction du modèle consommériste à l'occidental prôné par Chandran Nair imposerait aux pouvoirs et aux sociétés un effort de reconversion et d'invention dont nul ne se sent capable aujourd'hui. Les voeux d'austérité ou de retour à la terre proposés par Chandran Nair seront encore longtemps associés à l'austérité imposée par les anciens pouvoirs communistes, austérité d'autant mal vue qu'y échappaient les hiérarches.

C'est là précisément que les Occidentaux dont nous sommes pourraient jouer un rôle essentiel. Ayant pour des raisons historiques acquis des niveaux de vie largement supérieurs à ceux du reste du monde, ayant aussi acquis une culture économique et environnementale encore peu répandue dans les autres pays, nous pourrions nous impliquer directement dans la réalisation, au sein même du monde occidental, d'un modèle de survie tel que celui préconisé par Chandran Nair et ses homologues au sein des réseaux alter-mondialistes. Construire un monde échappant aux terrorismes de la consommation-gaspillage, proscrivant la publicité, investissant au contraire dans des activités immatérielles liées au capitalisme cognitif, devrait être un idéal que chacun d'entre nous devrait désormais se donner, y compris dans le cadre de sa propre
vie.

Le tiers-monde pourrait en bénéficier, mais le monde développé serait le premier à en tirer profit. Il ne s'agirait d'ailleurs pas là, que l'on se rassure, d'une sorte de luxe moral proposé par un idéal du partage. Il s'agirait d'une nécessité devenue déjà vitale pour chacun de nous. L'accident de Fukushima commence à rendre perceptible le besoin, dans les pays favorisés eux-mêmes, tel le Japon ou l'Europe, de réduire drastiquement les consommations d'énergie et de matière premières, autrement dit de définir un modèle non consommériste de développement.

Il fut un temps où certains pionniers se proposaient des activités autrement motivantes que celles consistant à s'acheter des écrans plats ou des voitures du dernier modèle, ou celles consistant à s'affaler devant des écrans publicitaires. Ces pionniers cherchaient à s'accomplir dans des activités ne relevant pas nécessairement du profit à court terme: recherche scientifique, philosophie, création artistique, activités sportives personnelles et même (horresco referens), activités sexuelles entre adultes librement consentants. Il serait temps d'y revenir, en inventant des sociétés où de tels luxes ne seraient plus le privilège de quelques élites, mais seraient à la
disposition de tous.

Que l'Europe, ayant mieux que les Etats-Unis de solides traditions dans ces divers domaines, relevant de ce que l'on pourrait appeler en France l'"esprit 68", recommence à donner l'exemple. Les pays émergents, n'en doutons pas, rallieront la démarche. Nous avons besoin dorénavant de nouveaux activistes militant avec l'agressivité nécessaire pour que ces comportements décroissantistes (dans le bon sens du mot) s'imposent aux enfants dégénérés de la publicité commerciale, chez qui tout est admis, pourvu que cela fasse vendre.

 
(1) Mot signifiant ici : "adepte de la consommation".

[A ne pas confondre avec le même mot employé chez les Canadiens : chez-eux, "consommérisme" signifie "consumérisme", c'est à dire "défenseur de la consommation ou du consommateur"].

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 09:50

"La décroissance, je n'y crois pas". Combien de fois n'ai-je pas entendu cette phrase. Ou encore: "Et quid de la sécurité sociale? De nos pensions? De nos emplois? Sans croissance c'est la récession assurée, la misère à nos portes dès le lendemain. Non franchement la décroissance c'est n'importe quoi!".

 

Si vous pensez cela, je vous invite à parcourir les trois présentations ci-dessous. (Si vous souhaitez imprimer, une fois le document téléchargé, il y a la possibilité d'imprimer 4 à 6 "slides" par page via le menu Print -> Print what -> Handouts.)

 

La Décroissance, l'Argent et Moi

 

Critiques de la décroissance

 

La décroissance, une utopie?

 

Cliquez sur l'image pour visionner cette coute vidéo de 3 minutes


"Pour résoudre un problème, il faut élever le niveau de conscience de ce problème"

[Albert EINSTEIN]

Pour aller plus loin, voir site http://www.decroissance.info/ avec une Bibliographie exhaustive sur la décroissance et le site http://www.decroissance.org/.

 

Voir aussi article de ce blog DECROISSANCE: Hommage à Nicholas Georgescu-Roegen


"Ainsi, la société occidentale persiste-t-elle à penser qu'elle incarne l'avenir de toutes les sociétés. Sa mission civilisatrice s'est transformée en une mission d'aide. Et les sauvages d'hier étant les sous-développés d'aujourd'hui, ceux qui, hier, les civilisaient, aujourd'hui, les développent."
[François PARTANT
]


BIBLIOGRAPHIE 

§Objectif décroissance – Collectif – Ed. Parangon
§La décroissance: Entropie • Écologie • Économie – Nicholas GEORGESCU-ROEGEN – Ed. Sang de la Terre
§Simplicité Volontaire et décroissance – Bulletin du Reseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV) – Automne 2007, volume 8, N°3
§La crise économique: un problème d’économie ou d’épistémologie? Daniel FAVRE et Philippe FOUCOU - Publié dans le symposium aout 1995, de l'Institut de la Méthode, CH-2501 Bienne, 3-13.
§Le sens du bonheur - Jiddu KRISHNAMUTRI – Ed. Stock


§
§
§Vivre autrement Écovillages, communautés et cohabitats - Diana LEAFE CHRISTIAN – Ed. Ecosociété


 

 

Utopies réalisables - Yona FRIEDMAN - contribuer à l’élaboration d’une alternative sociétale – Ed. L’Eclat
Aussi sur le wiki sociétal: Utopie réalisable1 - Utopie réalisable2 - Utopie réalisable3
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6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 23:25

Qu'ont en commun Galilée, Einstein, Harvey, Pascal, Darwin et Freud? La science, certes, et le génie, mais aussi le sort peu enviable d'avoir été honnis par une large partie de la société dans laquelle ils ont vécu. Les idées fortes qui marquent l'humanité ont presque toujours été perçues au premier abord comme des assauts contre la raison et l'ordre social. Portant leurs regards au-delà de l’étroit horizon qui les entourait, ces hommes de génie ont permis à l’humanité d’entrevoir de nouvelles avenues de pensée pour se sortir des ornières du passé.


Résumé du livre de Claude Boucher "
Une brève histoire des idées de Galilée à Einstein
".


Il manque cependant une personne à cette brochette d'hommes d'exception. Un homme dont personne n'a parlé. Un homme qui n'a pas eu droit au chapitre à cause de ses idées trop dérangeantes. Un dissident de l'occident dont les travaux et théories son dignes d'une révolution copernicienne mais dont les fondements en sont fortement opposés au même titre que les théories d'Einstein sur la relativité. Alors que Galilée et Copernic furent vertement critiqués par la sainte église et une large majorité, cet homme, Nicholas Georgescu-Roegen à simplement été ignoré. Une mort médiatique… Alors que son nom devrait bel et bien figurer à côté des génies cité par Claude Boucher.


La suite du texte en Italique est extraite du lien http://www.jutier.net/contenu/decroig1.htm et a été écrite par Jacques Grinevald (docteur ès philosophie et lic. en sciences politiques).


Parmi les grands économistes (récompensés ou candidats au prix Nobel), très rares sont ceux qui proposèrent une réforme radicale de ladite science économique. Cette corporation compte de brillants esprits peu orthodoxes, mais guère de dissidents du modèle de l'Occident ! Depuis ses débuts, l'économie politique ne manqua jamais de critiques, mais, contrairement à d'autres sciences, elle n'a jamais changé de paradigme fondamental. Ce constat se retrouve au coeur de la critique développée par Georgescu-Roegen dès l'introduction de son premier grand ouvrage Analytical Economics: Issues and Problems (1966), traduit en France sous le titre La Science économique: ses problèmes et ses difficultés (Dunod, 1970).


Nicholas Georgescu-Roegen (né en Roumanie en 1906, docteur en statistique de l'Université de Paris en 1930, émigré aux USA en 1948, où il fit une brillante carrière de professeur d'économie) approfondit sa critique des fondements de l'analyse économique occidentale et reformula, dans une perspective thermodynamique et biologique évolutionniste, la description du processus économique et de ses relations avec l'environnement dans un ouvrage encyclopédique très savant, The Entropy Law and the Economic Process (La loi de l'entropie et le processus économique), publié en 1971 (Harvard University Press). Il s'agit d'une livre capitale et pour la science occidentale en général et pour la science économique en particulier.


Georgescu-Roegen a lui-même résumé sa thèse essentielle dans le texte d'une conférence de 1970 intitulée "La loi de l'entropie et le problème économique " (publié sous le titre "Economics and Entropy " dans The Ecologist, juillet 1972). Herman Daly a beaucoup fait pour assurer à ce message subversif une certaine diffusion dans le monde anglophone. En langue française, ce texte n'a pas eu la même fortune. On peut toutefois le trouver, avec deux autres textes, dans un petit livre intitulé
Demain la décroissance: entropie, écologie, économie. Dans ce livre, Georgescu-Roegen expose avec une concision et une clarté remarquable l'erreur fondamentale de la pensée économique occidentale: la science économique a été construite dans le cadre du paradigme mécaniste (Newton-Laplace), autrement dit sur le modèle de la science classique, au moment même où les bouleversantes découvertes de l'évolution biologique (Darwin) et de la révolution thermodynamique (Carnot) avec sa fameuse loi de l'entropie (Clausius, 1865), introduisent un autre paradigme, celui du devenir de la nature, du temps irréversible, de l'évolution cosmique. Le XIXème siècle ne l'a pas compris. Ce faisant, nous vivons encore, en économie, au XIXème siècle !

 

C'est fondamentalement le dogme mécaniste de la société industrielle occidentale qui est l'erreur fatale dont les conséquences technologiques et économiques sont à la source de la crise qui attend l'humanité lancée dans l'impasse écologique et sociale de la croissance illimitée. Ce qu'il nous faut entreprendre, au niveau intellectuel, n'est donc pas une simple réforme qui substituerait, par exemple, une comptabilité énergétique à la comptabilité monétaire en vigueur, mais une refonte radicale de notre vision du processus économique. Ceci afin d'intégrer le métabolisme global de l'humanité - avec ses extensions techniques - dans l'environnement biosphérique limité de la planète Terre, "nature" issue de plusieurs milliards d'années de coévolution de la Vie et de la Terre, en un mot de la Biosphère, dont l'espèce humaine est momentanément l'héritière. En raison même de notre puissance, nous nous retrouvons coresponsable de son évolution, c'est-à-dire du destin de la Terre.


Petite précision importante. On entend souvent la fameuse maxime: "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Maxime reprise par Lavoisier (chimie) mais qui a été énoncée en 450 avant J.-C. par Anaxagore de Clazomènes, professeur de Périclès et Euripide. Maxime énoncée dans le cadre de la philosophie et non de la chimie. Pour Anaxagore,  la matière et l'être ne font qu'un, ne font que Noûs (Nους, ou Nouç), interprété plus tard par Platon par l'intelligence suprême, l'esprit, l'âme, la pensée de Dieu. Un exemple parmi tant d'autres d'appropriation ou de dénaturation d'une pensée noble et unifiante au nom de la toute grande science.

 

Mais là n'est pas la question pour le moment. Ce qu'il faut bien comprendre c'est qu'effectivement tout se transforme mais qu'il y a malgré tout "perte d'énergie" ou plus précisément perte d'énergie utilisable. C'est ce que Georgescu-Roegen à démontré il y à près de 40 ans par les lois de la thermodynamique. Très grossièrement, voici ce qu'il faut en retenir: "dans tout système clos d'un point de vue thermodynamique, matière et énergie se dégradent naturellement sous d'autres formes toujours plus difficiles à valoriser pour l'homme car dans un état qualitatif moindre". La Terre est considérée comme un système clos par la thermodynamique car elle n'échange que de l'énergie et pas de matière avec son environnement. Il y a bien les pluies de météorites (150.000 tonnes par an) mais cela reste proportionnellement négligeable, tout autant, d'ailleurs, que les particules matérielles qui pourraient échapper à la force d'attraction terrestre.

 

Ainsi donc, quoi que nous fassions, tout, absolument TOUT "se dégrade", perd de l'énergie UTILISABLE. Vu sous cet angle, qu'est donc le développement durable si ce n'est une image, une vision matérielle-humaniste à l'eau de rose ou le rêve intemporel du mouvement perpétuel…

 

Pour terminer, voici 2 magnifiques textes issus du livre Demain la décroissance: entropie, écologie, économie


1) La dégradation entropique et la destinée prométhéenne de la technologie humaine

2) La loi de l'entropie et le problème économique

Et voici pour vous donner envie de le lire, le dernier paragraphe du texte

"La dégradation entropique et la destinée prométhéenne de la technologie humaine":

Peut-être le destin de l'homme est-il d'avoir une vie brève mais fiévreuse, excitante et extravagante, plutôt qu'une existence longue, végétative et monotone» (NGR 1979b, ch. II). Aujourd'hui, un nouveau courant scientifique rend l'horizon plus sombre, voire sinistre. C'est le biologisme qui soutient que nos comportements de base sont entièrement déterminés par notre constitution génétique. Des gènes ataviques, très résistants, font de l'homme un animal fondamentalement agressif et égoïste. Ainsi, même si Homo sapiens sapiens peut comprendre ce qu'il doit faire pour son salut écologique, sa nature l'empêche de suivre le conseil de la sagesse. Certes, il y a une crise de l'énergie, mais à ce qu'il paraît la vraie crise est la crise de la sagesse humaine.

 

Voir aussi Hommage à Nicholas Georgescu-Roegen de Jacques GRINEVALD


Bibliographie

* Analytical Economics : Issues and Problems (Harvard University Press, 1966)
* La Science économique : ses problèmes et ses difficultés, par N. Georgescu-Roegen,… Traduit par Mme F. Rostand,… Préface de P. Samuelson,… Préface de H. Guitton,… – Paris, Dunod, 1970. 23 cm, XV-300 p. (Collection du centre d’économétrie de la faculté de droit et des sciences économiques de Paris, association Cournot, dirigée par Henri Guitton.)
* The Entropy Law and the Economic Process (Harvard University Press, 1971)
* Energy and Economic Myths : Institutional and Analytical Economic Essays (Pergamon, 1976)
* Demain la décroissance. Entropie, écologie, économie. Traduction, présentation et annotation Jacques Grinevald et Ivo Rens. – Lausanne, Pierre-Marcel Favre, 1979. 21 cm, 157 p. [2e édition revue et augmentée. La Décroissance. Entropie, écologie, économie. Traduit et présenté par Jacques Grinevald et Ivo Rens. Paris, Sang de la Terre, 1995.
* « L’économiste Georgescu-Roegen : intégrer l’économie dans la problématique énergétique et écologique », par Jacques Grinevald, Uni-information, no 36, juin-juillet 1974, p. 28-29.
* « Georgescu-Roegen : Bioéconomie et Biosphère », par Jacques Grinevald, Silence, Lyon, avril 1993, no 164, p. 4-14.
* « Hommage à Georgescu-Roegen », par Jacques Grinevald, SEBES, Genève, 1995, p. 149-151.

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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 23:26
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10 février 2007 6 10 /02 /février /2007 22:12

Pourquoi parler de décroissance ? Quelle hérésie ! Tout va bien, non ? Le PIB du pays n’a jamais été aussi élevé, le chômage est à son plus bas niveau depuis des années, les compagnies font des profits record, la croissance économique promet d’apporter sécurité et bien être à la majorité. Sans croissance, impossible de maintenir longtemps notre niveau de vie. Une décroissance de quelques mois, et c’est la récession, quelle catastrophe ! Aux yeux des économistes, la décroissance soutenable mettrait en péril les assises de notre civilisation.

 

Par contre, de plus en plus de signaux nous indiquent que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Voici quelques faits en vrac brandis par les tenants de la décroissance soutenable : Le changement climatique : L’extinction massive des espèces : La destruction accélérée des écosystèmes : Les catastrophes humanitaires.

 

Mais les partisans de la croissance affirment sans sourciller que tous ces problèmes seront résolus par la technologie. En effet, comme l’a si bien dit George W. Bush en 2002 devant les responsables américains de la météorologie : « Parce qu’elle est la clef du progrès environnemental, parce qu’elle fournit les ressources permettant d’investir dans les technologies propres, la croissance est la solution, non le problème. ».

 

Ce qu’ils ne nous disent pas, par contre, c’est que tout progrès technique, toute amélioration de productivité, au lieu de diminuer la consommation de matières premières et d’énergie, conduirait au contraire à produire beaucoup plus, donc à consommer davantage. Ce phénomène se nomme l’effet rebond. Par exemple, on nous avait juré que l’informatique nous permettrait d’économiser le papier. Il s’est passé exactement le contraire, la consommation de papier a quadruplé depuis l’arrivée des ordinateurs. Idem pour l’automobile qui a fait des progrès considérables en termes de pollution mais qui se démocratise aussi de plus en plus. Idem pour les vols en avion "low cost".

 

Il n’est pas question ici de jeter la pierre à qui que ce soit, mais ce dont il faut bien se rendre compte c’est que notre mode de vie n’est pas généralisable. Au niveau équivalent carbone émis par exemple, nous émettons actuellement deux fois plus que ce que la Terre est en mesure de supporter. Cet excédent, soit nous le puisons sur les plus faibles soit sur les générations futures. Les plus faibles subissent et nos enfants subiront les conséquences de nos actes.(1)

 

Comme si ce n’était pas suffisant, un autre problème pointe le bout de son nez, ou plutôt de son « pic », qui nous obligera à passer d’un monde de croissance illimité à un de décroissance que nous espérons soutenable. Ce problème est l’épuisement des ressources pétrolières. http://www.oleocene.org/

 

Ceux qui croient toujours à la croissance nous assurent que les énergies alternatives vont pouvoir remplacer sans problème les hydrocarbures. Mais quand on regarde de plus près la réalité, on peut en douter.

 

Aujourd’hui, 80% de l’énergie consommée dans le monde est produite par les hydrocarbures. Par exemple, les Américains consomment près de 30 000 Terawattsheure (TW.h) en énergie chaque année. Pour produire seulement 5 400 TW.h d’ici 2030 en énergie éolienne, il faudrait que nos voisins du sud construisent un demi million d’éoliennes, soit 20 000 éoliennes chaque année à partir de maintenant, ce qui représente cinq fois la production mondiale actuelle. Pour l’instant, l’énergie éolienne ne représente que 1% de toute l’énergie générée par les Américains.

 

L’énergie solaire représente 0,001% de l’énergie produite dans le monde. Dans son ouvrage The end of oil, Paul Roberts écrit : « Si vous ajoutez toutes les cellules photovoltaïques solaires en activité à travers le monde vous obtenez une puissance de 2 000 Mégawatts rivalisant difficilement avec la production de deux centrales à charbon. […] Alimenter l’économie mondiale à l’énergie solaire exigerait de recouvrir de panneaux 220 000 kilomètres carrées. À l’heure actuelle, tous les panneaux solaires installés à travers le monde ne représentent qu’une superficie de 17 kilomètres carrés. ». On est loin du compte !

 

L’hydrogène n’est qu’un vecteur, pas une source d’énergie. Ses procédés de fabrication utilisent toujours plus d’énergie qu’il ne peut lui-même en fournir. À l’heure actuelle, l’hydrogène ne représente que 1% de l’énergie mondiale. Son utilisation à grande échelle pour le transport routier, en considérant sa production, son transport et son entreposage serait inefficace, polluante et dispendieuse. En effet, des recherches démontrent que même avec les meilleures technologies disponibles, l’efficacité globale de l’hydrogène serait équivalente à celles des machines à vapeur du siècle dernier. http://terresacree.org/hydrogene5.htm

 

Et le nucléaire ? Pour remplacer l’électricité produite par les centrales au pétrole et au gaz naturel, les Etats-Unis devront construire 50 nouvelles centrales nucléaires. Pour remplacer entièrement l’énergie utilisée en transport, il faudrait augmenter de 500% le nombre de centrales nucléaires, soit 515 centrales de plus aux Etats-Unis et 2 210 dans le monde. C’est sans compter les ressources limitées en uranium, les risques d’accidents et les déchets radioactifs. Il faut aussi savoir qu’une centrale nucléaire prend 10 ans à construire. http://www.sortirdunucleaire.org/

 

Face aux problèmes environnementaux et énergétiques, nous avons des choix difficiles à faire. Déjà, de nombreux philosophes, scientifiques et citoyens de tous horizons croient que la décroissance soutenable est le chemin que devrait prendre notre monde d’abondance. La simplicité volontaire est, à mon humble avis, un mode de vie concret permettant d’engager notre société vers la décroissance.

 

Ce que la décroissance propose ce n’est pas de faire la même chose en moins. La décroissance, c’est inventer le futur, avec les enseignements du passé et les techniques actuelles non corrompues par l’appât du gain. C’est donc inventer un mode de vie radicalement nouveau. C’est absolument unique dans l’histoire humaine, l’urgence environnementale va nous pousser au partage et au bon usage. Depuis plus d’un siècle, la gauche savait que la solidarité et le bon usage étaient essentiels mais elle pensait que la technique allait en venir à bout. (1)

 

Le culte de la croissance, même s’il était possible est en réalité absolument incompatible avec la part d’humain (humanité, sagesse) aujourd’hui plus ou moins enfouie en chacun de nous. Il nous faut réapprendre les limites. Sans limites c’est chaque fois les générations futures ou les plus faibles qui en pâtissent. Chaque fois que l’on s’en prend au plus faible ou la part faible d’entre nous (plus le droit d’être malade, de vieillir), c’est l’humanité toute entière qui passe à la trappe. L’homme n’est grand que dans le respect de ses faiblesses. (1)


Par Dominique D’Anjou dans le bulletin Automne 2007 sur la simplicité volontaire et la décroissance

 

Références
(1) Ajouté au texte original, Extrait du l’entretien de Paul Aries à l’occasion de la sortie du journal le Sarkophage
http://www.oulala.net/Portail/article.php3 ?id_article=3045

* Bernard, Michel et al. Objectif décroissance. Montréal, Éditions Écosociété, 2003, 262 p.

* Brodhag, Christian et al. Dictionnaire du développement durable. Saint-Denis-la-Plaine, Association Française de Normalisation (AFNOR), 2004, 283 p.

* Georgescu-Roegen, Nicholas. La décroissance Entropie – Écologie – Économie. Paris : Éditions Sang de la terre, 1995, 254 p.

* Heinberg, Richard. The Party’s Over. Oil, War, and the Fate of Industrial Societies. Gabriola Island, BC, Canada. New Society Publishers, 2003, 275 p.

* Heinberg, Richard, Powerdown - Options and Actions for a Post-Carbon World. Gabriola Island, BC, Canada. New Society Publishers, 2004, 275 p.

Laurent, Éric. La face cachée du pétrole. Paris, éditions Plon, 2006, 412 p.

* Le Devoir. Le réchauffement de l’Arctique est inévitable. Montréal, édition du mercredi 15 février 2006.

* Roberts, Paul. The end of oil. Boston, Houghton Mifflin, 2004, 389 p.

Voir en ligne : Décroissance

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