Que ce soit l'Europe, les Etats-Unis ou la majorité de pays du monde, leurs dirigeants ne cessent de nous venter les mérites de l'ouverture des marchés, de la libéralisation des échanges, de l'aménagement global d'espaces de libre expression de la concurrence.
Sans aller plus loin, n'est-ce pas déjà contradictoire? S'il faut laisser le marché s'exprimer librement, pourquoi a-t-il besoin d'aménagements? Les tenants de la libéralisation argumentent alors
que "ces aménagements (intervention de l'Etat) doivent s'opérer dans la même logique qu'un investisseur privé rationnel dans l'économie de marché". Voilà l'Etat, à la base des grandes
sociétés et résultat d'une histoire longue et difficile, réduit à un simple acteur financier. Notez trois mots clés: investisseur, privé et
rationnel, voilà où en est l'humanité à l'aube du XXIéme siècle! J'investi pour Moi, pour gagner, pour me protéger, et ce, de manière logique et
très cartésienne! Quelle tristesse, le vent dominant de l'humanité réduit à de la logique pure et simple. Une humanité vouée corps et âme à la symphonie insipide, sournoise et égoïste de la
"main invisible". Une société qui voue un culte sourd et aveugle à la concurrence et à l'égoïsme.
=> Un culte qui ignore l'histoire. Voir Leçons d’histoire pour
libre-échangistes. "Il est piquant de noter que ce sont les deux puissances anglo-saxonnes - censées être les bastions du libre échange - et non pas la France, l'Allemagne et le Japon,
pays considérés comme les tenants de l'interventionnisme étatique, qui utilisèrent le plus agressivement les protections tarifaires."
=> Un culte qui ignore quelques théories économiques qui ont fait beaucoup de remous
* Le théorème de Sonnenschein-Debreu-Mantel: le marché est irrationnel, il ne conduit à aucun équilibre et s'il en trouve un (équilibre de Nash), c'est le plus instable et le pire. Notons, en passant, que cela signifie que la coopération, l'alliance et le collectif, sont préférables à la concurrence!
* Le théorème ou paradoxe de Lipsey et Lancaster: la concurrence est un tout. Y aller pas à pas est funeste. Le marché pur et parfait n'existe que s'il est TOTALITAIRE. Un marché LIBÉRAL TOTALITAIRE, encore un bel oxymore pour Serge Latouche!
* Le paradoxe d'Allais: les agents se comportent de manière irrationnelle dès qu'il y a des aléas. Or l'aléa, c'est éther de la vie économique, si tout le monde sait tout sur tout, personne ne fait rien.
Tous ces théorèmes et paradoxes sont connus des économistes! Et malgré tout, ils persistent et signent dans la rationalisation de l'économie.
Le jargon est destiné à terroriser la foule des non-initiés. Ceux qui gouvernent ont besoin de justifier leurs décisions en invoquant l’avis des experts de sorte que leurs choix paraissent incontournables. Peu importe si les positions des experts et leurs prévisions soient fluctuantes ou contradictoires ; ce qui compte, c’est qu’ils préservent leur image de scientificité, de façon à maintenir à distance le non-initié. (GUERRIEN, 1995)
=> Un culte qui ignore la grogne sociale et les dégradations environnementales
Crise alimentaire, crise culturelle, crise énergétique, érosion de la biodiversité et des sols, pollution de l'eau, de l'air et des sols, chômage, immigration, etc.
=> Un culte qui ignore certains rapports
dont l'exemple le plus criant est un rapport issu de la "commission
croissance et développement" qui remet totalement en cause le consensus de Washington (privatisation, dérégulation, externalisation). La conclusion de ce rapport (écrit par 21 sommités qui ne
peuvent êtres suspectés d'altermondialistes) est sans appel: le développement durable ne va pas sans un Etat fort!
"Une société dont les fondements reposent sur la concurrence et la
compétition porte les germes de son extinction."
"La concurrence est un alcali: à dose modérée c'est un excitant, à dose massive un poison" (Auguste Doeuteuf, "Propos d’Oscar Barenton, confiseur").
Alors, c'est très simple, l'Europe, les Etats-Unis, le monde va continuer à tourner autour de la première personne du singulier jusqu'au jour où, enfin, confronté aux limites planétaires et
sociales (inégalités croissantes), l'homme s'autodétruira ou apprendra à sacrifier sa petite personne pour plus d'humanité…
Les clés pour y parvenir consistent en un plan B (oléocène, Jancovici, Brown et Monbiot sont de bonnes sources) mais aussi en un plan C avec une complète réforme politique, économique et
monétaire (www.societal.org) et AUSSI ET SURTOUT un plan Z pour que l'homme apprenne enfin à se transcender grâce, entre autre, à la
méditation et à un mode de pensé autre que cartésien (transpersonnel).
Voir aussi
DOGME 1: "Le marché est pur et parfait"
Manuel d'Anti-Economie (version pdf téléchargeable)
Le néolibéralisme ? Un très vieux système… Pourquoi faut-il le combattre ?...