Pour les économistes, la neutralité de la monnaie signifie que les variables réelles, autrement dit les variables qui importent vraiment pour les agents, comme l'emploi, le volume de production ou la quantité de marchandises consommées, sont indépendantes de la monnaie. Par exemple, si la masse monétaire est multipliée par deux, le taux d'échange d'une table contre une chaise reste inchangé car les deux prix monétaires sont simultanément multipliés par deux.
Mais la question est en réalité bien plus complexe que cela. La monnaie joue effectivement un rôle
d’intermédiaire dans les échanges, elle permet de différer nos achats et elle sert également de référentiel commun. Mais il est une dimension totalement escamotée et appropriée par les prêcheurs
néolibéraux, c’est la dimension sociale et incontournable de la monnaie pour l’être humain. Elle est un outil de communication et d'échange au même titre que le langage pour un humain
social.
[Ci-dessous, Extrait du livre Le néolibéralisme ? Un très vieux système… Pourquoi faut-il le combattre ?..., Junon MONETA]
A ses débuts, l'homme est faible face à une nature hostile. Dès la préhistoire, il a cherché à se «protéger» par petits groupes. Il a nécessairement communiqué (langage) mais il a aussi compris que sa survie dépendait du potentiel différent de chaque membre de son groupe et donc, dépendait de la division du travail au sein du groupe. En conséquence, il a compris qu'il y avait nécessité «naturelle» de récompenser le travail différent de chacun et donc, d'utiliser une «monnaie». Quoi de plus naturel que de répartir les tâches et les fruits de la chasses, de la pêche et de la récolte, puis de façon plus sophistiquée la richesse créée?
La monnaie est donc un «inné» au sens large puisqu'elle répond à deux besoins fondamentaux de l'humain: le besoin de subsistance et le besoin
d'existence
Il fallait communiquer, diviser les tâches et répartir les produits (et services) entre tous les membres du groupe. La survie de chacun,
et de tous dépendait de ces trois conditions: le langage, la division du travail et la monnaie.
Ce sont des innés de l'Humain et pourtant, les
économistes ont tous admis les thèses d'Adam SMITH pour qui la révolution industrielle est née grâce à la division du travail et pour qui la monnaie, plus ancienne, répond à son besoin de
richesse. On marche sur la tête!
Les civilisations les plus anciennes ont aussi utilisé la monnaie comme moyen de récompense ou de reconnaissance et pour finir, par
extension, comme prestige pour son détenteur. Dès l'aube de l'humanité, la monnaie est donc devenue un moyen de reconnaissance sociale, une dérive du besoin d'existence qui conduit toujours aux
pires excès.
Cette position clé de la monnaie en a donc fait le plus puissant instrument de domination de l'Humain et de la Nature. C'est ainsi que la monnaie se pose en un subtil équilibre entre nos besoins vitaux matériel (nourriture, sécurité) et immatériel (reconnaissance). Seul l'amour, dernier et prestigieux besoin vital de l'homme n'est pas directement inféodé au pouvoir de l'argent. Le besoin de reconnaissance donne donc un caractère ostentatoire à la monnaie. Une monnaie ostentatoire, mais pas trop, sinon elle est utilisée comme instrument de puissance et de domination.
La monnaie est un instrument indispensable au fonctionnement de toute Société mais c’est aussi un moyen puissant de Domination de l’Humain et de la
Nature.
Les gouvernements n’ont jamais cessé de trafiquer « la » monnaie pour s’approprier les plus beaux patrimoines et les plus beaux revenus au sein de la Nation.
Au sein même des systèmes de l’or monnaie et de l’or monétaire, la bonne monnaie était réservée aux élites tandis que les mauvaises monnaies servaient aux échanges intérieurs (très limités) des populations.
Au départ, le billet de banque lui-même fut réservé aux grands commerçants et il permit aux banquiers de créer peu à peu leur propre
monnaie, la monnaie scripturale, destinée officiellement à lutter contre la thésaurisation stérile.
Très rapidement, les banquiers commerciaux se sont mis à trafiquer la monnaie « en créant des crédits qui créent des dépôts » mais surtout en créant leur propre banque centrale, chargée de leur accorder des refinancements illimités.
Aujourd’hui, les gouvernements disposent d’un monopole d’émission, de collecte et de répartition de « la » monnaie
nationale : l’Union Européenne ne
cesse de nous parler des vertus de « la concurrence libre et non faussée » alors qu’elle abrite en son sein le monopole le plus puissant et le plus dévastateur de toute l’histoire
européenne.
En fait, les banquiers commerciaux ont utilisé les Etats pour développer « le système des nouvelles libertés » qui crée sans
cesse, et de plus en plus rapidement la misère au sein de nos populations.
Comment ? En injectant de plus en plus de liquidités par le biais de titres et crédits profitant très largement à la Haute Finance. La vitesse de circulation de cette monnaie surabondante est telle qu’elle réalise pratiquement chaque fois un cycle complet par jour ouvrable.
Plus ces liquidités sont abondantes, plus la monnaie devient brûlante, et plus et plus elle « tue ». En cause ? L’indépendance de la Banque Centrale Européenne (BCE), la libre circulation des « liquidités tueuses » et l’institutionnalisation des paradis fiscaux, sociaux et judiciaires…
Plus ces liquidités sont concentrées, plus le système de la ploutocratie s’impose. Et plus elle s’impose, plus elle détruit des civilisations, même les plus solides.
Le néolibéralisme, un très vieux système…
Dans son livre « Le néolibéralisme ? Un très vieux système… Pourquoi (faut-il) le combattre ? » Junon Moneta passe en revue l’histoire économique de la Grèce Antique, de Rome, de l’Europe du Nord et de l’Amérique du Nord, chacune d’entre elles étant très dépendantes des systèmes politiques, sociaux, juridiques et judiciaires ambiants, mis au point par les classes dominantes.
Globalement ces analyses le conduisent au constat suivant : l’Europe a connu très petite périodes propices à la (vraie) Démocratie puisque ce sont les grands propriétaires terriens (aristocrates et bourgeois), les grands commerçants, les hauts fonctionnaires, les juges, les militaires et les financiers qui ont contrôlé le pouvoir dans toute l’Europe depuis la Grèce Antique.
Par contre, quand nous étudions les systèmes monétaires et financiers, nous constatons que tous les régimes politiques en place ont - tous - trafiqué leur(s) monnaie(s) pour faire main basse sur les revenus et sur les biens, corporels et incorporels, des nations qu’ils étaient censés représenter ou défendre.
Le contrôle et les trafics de la monnaie par une élite dirigeante n’expliquent donc pas le caractère «particulier» de notre système néolibéral que ARISTOPHANE et ARISTOTE avaient parfaitement décrit et analysé en créant notamment les concepts de «ploutocratie» et de «chrématistique».
Ce qui donne une autre dimension au néolibéralisme, par rapport aux autres systèmes, c’est la conjonction de
plusieurs facteurs :
1- Les trafics de la monnaie sont généralisés et se font dans un environnement sans aucun garde-fou.
Notre Haute Finance actuelle, comme celle de la Grèce Antique, n’agit plus pour le pouvoir personnel du Prince ou pour la grandeur du Royaume de l’Empire ou de la Nation. Elle agit pour ses
intérêts propres, par pure cupidité et sans aucune limite.
2- Cette différence est capitale pour comprendre la rapidité ou la lenteur avec laquelle les civilisations
les plus marquantes ont pu disparaitre. A titre d’exemple, les ploutocrates grecs répartissaient leurs richesses sur tout le pourtour méditerranéen, ce qui a accéléré la déliquescence politique
et sociale de toute la Grèce. Au contraire, les Romains contrôlaient politiquement et militairement les moindres recoins de l’Empire, un exemple suivi par tous les rois et les empereurs européens
dans ce cas, la mort est plus lente et plus contrastée.
3- Par contre, dans tous tes cas, les grands perdants sont au cœur des empires et des royaumes tandis que
les gagnants sont toujours en périphérie.
4- Les trafiquants sont toujours renversés, mais ce n’est pour autant que les civilisations disparaissent
totalement et automatiquement. Pour qu’il y ait disparition d’une civilisation, il faut justement que le cadre international soit plus ouvert et permette à ces trafiquants de monnaies d’agir pour
leur propre compte, sans aucun projet politique national ou régional.
5- Or, pour que ce cadre «ouvert» soit aussi destructeur, il faut bien sûr des paradis fiscaux, sociaux et judiciaires, à l’intérieur et si possible à
l’extérieur des frontières. Dès lors, tout va très vite : les ploutocrates fuient le territoire quand ils le veulent, les échanges ne sont plus naturels
(ARISTOTE) ; les vrais profits disparaissent ; les enrichissements sans cause sont la
règle (ARISTOTE); les populations perdent leurs emplois, leurs revenus et leurs droits essentiels elles cherchent d’autres Eldorados ou tombent dans le servage et l’esclavage… En
résumé, les nations et les régions perdent leur patrimoine incorporel (connaissances, expériences, organisations) et donc leur avenir... Elles deviennent rapidement des déserts
(ARISTOPHANE)...
6- Dans tout système de domination, le système politique et administratif mis en place est toujours dévoué
pour généraliser les
passe-droits et pour institutionnaliser les enrichissements sans cause.
7- Et bien sûr, aucun chef d’Etat véreux ne résiste à la mise en place d’une Haute Magistrature
complaisante, chargée d’assurer l’impunité des corrupteurs et des corrompus en cas de difficulté majeure. Dans le même temps, les peuples subissent toujours l’oppression et la répression
policières, judiciaires et administratives.
8- Dans cet esprit d’autoprotection, les grands bénéficiaires du système mettent toujours en place un contrôle absolu de l’Information : l’achat des
votes populaires, la censure et l’autocensure, le contrôle de l’opinion (achat des médias et, de nos jours, l’intervention des Consultants en Communication, pour une
«information» propagandiste) ont toujours été de «bons» investissements.
9- Plus récemment, l’achat des multiples sondages, très innocemment commandés et préparés pour servir de prétexte aux pseudo «débats d’idées», devient une
manipulation de l’opinion et de la Démocratie. Au sein de toute l’Europe, nous sommes insidieusement devenus les otages des «médias d’opinion» alors que nous étions demandeurs (et acheteurs) de
«médias d’information» qui faisaient jusque-là leur travail avec un esprit dialectique de qualité.
Pour qu’il y ait disparition d’une civilisation, il faut que tous ces systèmes fonctionnent, insidieusement et
de façon quasiment automatique, pour «tuer l’Etat, la Nation et les Régions» avec une froide détermination.
Or, c’est justement à cause de cette conjonction de facteurs que le néo-libéralisme peut être assimilé à la ploutocratie d’Aristophane, un système qu’il faut combattre avec une détermination
encore plus forte que celle de nos adversaires.
Qu’est-ce qui nous permettrait de réussir là où Socrate, Platon, Aristote, Aristophane et tant d’autres ont échoué ?
Tout d’abord le fait qu’ils nous ont précédés et que nous pouvons tirer parti de l’histoire et de leurs enseignements.
Ensuite, nous connaissons la ligne philosophique des solutions : en appliquant les grands principes de l’humanisme, nous sommes capables d’organiser notre Société pour tirer le meilleur de chacun(e) d’entre nous, individuellement ET collectivement, mais aussi pour en faire bénéficier tous les peuples de cette planète.
Nous disposons par ailleurs d’une population bien éduquée qui est capable de comprendre les enjeux, les objectifs et le moyens de ces réformes humanistes.
Enfin, nous pouvons (encore) compter sur des médias de qualité, capables de démultiplier les investigations, les critiques et les propositions. Il faut juste leur donner les clés de décodage d’un système complexe et peu accessible.
Le problème sociétal numéro un, qui devrait fédérer TOUS les mouvements altermondialistes, c’est celui des passe-droits fiscaux et sociaux qui permet aux « mauvais capitalistes » de détruire des richesses à l’intérieur et à l’extérieur du circuit économique lui-même.
Si nous ne résolvons pas cette question dans les plus brefs délais, nous continuerons à détruire des richesses et donc, la Nature mais aussi des entreprises, des emplois et des salaires…
Dit autrement, il est aujourd’hui GRAND temps que la finance et le capital rentrent en classe, la récréé est terminée !
D’un point de vue pluriel, il est aujourd’hui GRAND temps que le Politique (Théôria) reprenne le pas sur l’Economique et le Financier ! Le capitalisme ne survit que grâce à l’exploitation des faiblesses humaines, à la spéculation et à la financiarisation du monde. Non seulement il exploite et spécule aveuglément mais en plus, il n’a de cesse de soumettre à sa logique réductrice du rendement à tout prix, la moindre activité humaine, la moindre ressource, le moindre espace ou signe de vie.
D’un point de vue individuel, il est aujourd’hui GRAND temps de replacer l’HOMME et la NATURE au centre de nos préoccupations et non le PROFIT ! Il est aussi GRAND temps que l’être prenne le pas sur l’avoir ou encore, que l’immatériel (social, philosophique, spirituel) prenne le pas sur le matériel. C’est probablement le premier et le plus grand effort à fournir tant le combat entre des gènes effectivement agressifs et égoïstes semble difficile et inégalitaire avec nos aspirations spirituelles de plénitude et d’humanisme.
Plus d'informations sur www.gtmonnaie.be et www.liberonslamonnaie.fr