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Présentation

  • : Démocratie? Ou Ploutocratie?
  • : Pas d'issue aux grands défis de l'humanité (pétrole, eau, famines, biodiversité, érosion, climat...) sans changement de paradigme et TOTALE remise en question tant au niveau individuel que pluriel (mode de vie, économie, progrès…)
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Tonnes CO2/personnes/an

2 = capacité d'absorption de la terre
4 = moyenne mondiale (2 fois trop)
8 = émission moyenne d'un Européen (4 fois trop)
20 = émission moyenne d'un Américain (10 fois trop)
0,09 = émission moyenne d'un Burkinabé
0,06 = émission moyenne d'un Ethiopien

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Bon à savoir

- La production d'un kilo de bœuf nécessite autant d'eau qu'une douche (débit de 18 litres par minute) quotidienne de 5 minutes pendant 2 ans.


- En Europe, chaque tête de bétail est subsidiée à plus de 2 euros par jour, soit un peu plus que le revenu journalier des 2/3 de la population mondiale.

 

- Le total des actifs financiers (crédits et spéculations) atteint 6,7 fois le PIB mondial!

 

- Dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme 6 fois la France.


- Seuls 1,6% des dépenses militaires ou 4,3% des subventions agricoles sont nécessaires pour assainir les besoins en eau de 80% des Africains.


- La fortune des 3 individus les plus riches de la planète est supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres (600 millions de personnes).


- Les pays en développement, qui subissent durement les dérèglements climatiques, ont produit moins de 20% des 350Gt (giga tonne) de CO2 accumulé dans l’atmosphère depuis 1850, alors qu’ils représentent 80% des terriens.


- Pour la banque mondiale, de 2006 à 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 85%. Dans les pays pauvres, les dépenses alimentaires représentent 60 à 90% des budgets des ménages…


- Un plein de 50 litres de bioéthanol correspond à  250 kg de maïs, de quoi nourrir une personne pendant une année.


- Par an, les avions commerciaux émettent autant de CO2 que toute l'Afrique.


- L'élevage industriel consomme autant de céréales qu'Indiens et Chinois réunis (moitié de la population mondiale).

- La production, le stockage, le transport et le conditionnement d'une calorie alimentaire issue de l'agriculture conventionnelle nécessite 40 calories fossiles!


- D'autres chiffres ici

 

Archives

Citations & Livres

Aucun être humain ne vient au monde pour éviter à ses frères la peur de mourir en niant le corps par le travail et l'intellectualisation du monde. [Raoul VANHEIGEM] Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire

 

Ce que fait actuellement la logique de marché, c'est jouer sur la méfiance radicale de l'être humain à l'égard du détachement, ancrée dans l'énergie angoissée du besoin, pour pouvoir inverser l'énergie renonçante du Désir en énergie compulsive de l'envie. [Christian ARNSPERGER] Ethique de l'existence post-capitaliste

 

Le discours économique a une fonction terroriste, celui d'évincer le citoyen du débat [cité par Marie Martin-Pêcheu] Bio-économie

 

La monnaie et l’économie existent parce que l’homme n’a pas confiance en son prochain, qu'il suppose – souvent à raison - vouloir obtenir un échange gagnant. Il veut des garanties. Mais les garanties ne tiennent pas leurs promesses et se révèlent incapables d’empêcher l’injustice. [Didier LACAPELLE] Manuel d'anti-économie

 

Pour ceux qui connaissent le sens profond des choses, les paroles brèves sont des commentaires ; Pour ceux qui se fient aux apparences, les vastes discours ne sont que des abrégés imprécis. [Mawlânâ Djalâl Od-Dîn Rûmî] La geste de Taliesin

 

Notre époque a besoin d’une grande bouffée d’air frais, qui la revivifie. Vienne le temps où chaque individu, rejetant l’apathie dont tire sa force le pouvoir léthargique qui l’opprime, se change en guerrier sans armure et sans autre arme qu’une invisible force de vie. Qu’il combatte sans relâche pour ce qu’il a d’unique et de plus cher au monde, sa propre existence, vrai champ de bataille où nerfs, muscles, sensations, pensées répondent à la sollicitation de désirs obnubilés par la passion de jouir et que contrarient, refoulent, mutilent et nient les mécanismes d’une économie qui exploite le corps à l’égal de la terre. [Raoul VANEIGEM] Nous qui désirons sans fin


A travers le voile de notre vision rationnelle, la lumière du Réel se brise, et la transforme en une autre vision, comme la lumière du soleil dans la pluie donne l'arc-en-ciel. L'homme, devenu conscient du soleil, comprendra l'arc-en-ciel d'une facon différente. Mais celui qui aura le courrage de tourner le dos à ce qui n'est que l'arc-en-ciel, verra le soleil lui-même. L'homme ressent en lui-même et en son monde, la promesse d'une Réalité qui, à l'origine de son développement rationnel, se cache. [Karlfried GRAF DÜRCKHEIM] 
La percée de l'être ou les étapes de la maturité


L'écologie extérieure sans écologie intérieure n'est qu'illusion. Si intérieurement, l'esprit est mu par des violences passionnelles, cela se traduira inévitablement en comportements extérieurs. Intérieur et extérieur sont interdépendants. Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement à l'extérieur est illusoire. [Denys RINPOCHE]


L'économie politique a placé sur un podium quelques-unes de nos dispositions naturelles les plus vilaines : le matérialisme, l'esprit de compétition, la gloutonnerie, la vanité, l'égoïsme, la myopie intellectuelle et la toute bête cupidité. [Hazel HENDERSON] cité par Fritjof Capra dans Sagesse des sages

Si la logique en place est si tenace, c'est peut-être que quelque chose au fond de nous même y collabore - quelque chose qui participe de l'angoisse et du déni de notre condition d'humains. Les voies de sorties, les plus pertinentes de l'économie capitaliste ne sont donc pas économiques. Elles sont existentielles. [Christian ARNSPERGER] Critique de l'existence capitaliste, Pour une étique existentielle de l'économie

Notre siècle de rationalité matérialiste, de pesanteur minérale, de substances toxiques largement répandues, d'une science presque totalement asservie au profit, a porté atteinte au monde sensible qui constitue l'enveloppe vivante et vitale de notre planète. Il semble que ce ne soit qu'à l'aune du sacré que nous pourrions mesurer l'ampleur de notre responsabilité. "J'entends par sacré ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l'émerveillement, le respect et le mystère s'allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des être très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force." [Pierre RABHI] Conscience et environnement

Comme une rivière crée les berges qui la contiennent, l'énergie en quête de vérité crée sa propre discipline sans aucune forme de contrainte; et comme la rivière trouve la mer, l'énergie trouve sa propre liberté.
[Jiddu KRISHNAMURTI]
Le sens du bonheur

Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.

[GHANDI]

Richesse c'est pouvoir. C'est le pouvoir d'acheter; c'est un droit de commandement sur tout le travail d'autrui.
[HOBBES]


Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme
[RABELAIS]


Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; Mieux vaudrait un sage ennemi
[Jean de la FONTAINE]

Chaque fois que l'humanité est amputée d'une de ses langues, une de ses cultures, un de ses peuples, ce sont ses propres enfants qui deviennent orphelins d'une partie d'elle même.
[Patrick BERNARD] www.icrainternational.org

Les paradis fiscaux ne sont pas qu'un phénomène marginal réservé à quelques milliardaires, quelques affairistes et beaucoup de mafieux. C'est, au contraire, « une infrastructure essentielle de la finance internationale ». Christian Chavagneux & Ronen Palan


La richesse se mesure au nombre de choses que nous pouvons laisser intactes
[THOREAU]

 

14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 10:51

butterfly-copie-1.JPGNous paraissons bien petits face à la puissance démesurée de l’économie et des puissants de ce monde !

Et pourtant…
qui d’autres que nous, simples consommateurs, leur donnons ce pouvoir extraordinaire ?

Imaginez :
- 100 millions de personnes qui dépensent 1,2 € par mois pour acheter un produit vendu par une multinationale… et c’est 1 milliard 200 millions d'€/an de pouvoir donné et concentré en quelques mains !
- 10 € par mois, et c’est 12 milliards qui sont ainsi donnés !
- Avec 300 millions de personnes et 1 000 € dépensés par an, c’est 300 milliards qui sont ainsi concentrés en 1 seul pouvoir.

Alors qui sont les vrais puissants : les quelques centaines d’individus qui concentrent tous ce pouvoir ou les centaines de millions de simples gens qui le leur donnent ?

Si nous sommes si puissants tous ensemble, comment retrouver notre véritable pouvoir individuel?

COMMENT CELA MARCHE-T-IL ?

Pour que ce monde marche ainsi, les puissants de ce monde utilisent 2 leviers parfaitement connus, et développés consciemment : la peur et l’intérêt personnel !

1/ La peur rend les individus et les masses manipulables ;

2/ L’intérêt personnel rend les gens individualistes, égoïstes, séparés les uns des autres… et donc manipulables !

Concrètement, pour que cela fonctionne, il est important que les milliards de citoyens du monde soient :
- dans la peur de l’insécurité tout en croyant que tout est fait pour leur sécurité,
- dans la peur de la maladie tout en croyant que tout est fait pour une meilleure santé,
- dans la peur du manque tout en croyant qu’il faut toujours avoir plus pour être heureux,
- dans la peur de la mort tout en croyant à l’urgence de vivre et surtout qu’il faut en profiter le plus possible et le plus vite possible
- dans la peur de l’autre tout en croyant que tout est fait pour un monde meilleur, etc.

Ainsi, il devient facile de rendre les milliards d’habitants dépendants et manipulés, au service d’un système qui donne toujours plus de pouvoir à quelques familles et multinationales influentes auxquelles même les gouvernements sont soumis !

PLUS EN DÉTAIL

C’est ainsi que tout est fait pour accroître la mauvaise santé générale des individus et donc leur recours à des remèdes toujours plus nombreux, variés et de plus en plus onéreux.
Ce résultat est obtenu :

1. en favorisant une présence de plus en plus grande des polluants à long terme dans l’environnement quotidien des gens - alimentation, air, eau, médicaments :
- Présence de plus en plus développée et ‘raffinée’ de composants synthétiques, chimiques et industriels dans tous les secteurs de la vie.
- Développement des brevets et des titres de propriété sur des éléments naturels afin de les remplacer par des produits de synthèse

2. en minimisant, voire éliminant, les connaissances, les informations et les études concernant ces polluants… et les gêneurs : experts au service des multinationales, lois réduisant le plus possible l’accès aux médecines naturelles et aux semences naturelles, désinformation organisée, campagne de dénigrement des alternatifs et des alternatives, etc.

3. en dépensant des fortunes dans des recherches orientées qui nourrissent le système, au détriment de ceux qui cherchent vraiment et trouvent des procédés en contradiction avec la logique économique du plus grand profit à plus court terme.

4. en augmentant le nombre officiel de maladies et de risques.


C’est ainsi que tout est fait pour développer une alimentation pauvre et créatrice de déséquilibres :

1. en favorisant l’agriculture intensive qui appauvrit la terre et les aliments tout en développant la présence des produits chimiques (pour traiter contre les maladies ou les parasites, accroître les rendements, etc.)

2. en développant une distribution de masse et la circulation de plus en plus grande des marchandises afin de faire croire que l’on peut acheter plus avec moins… surtout si l’on est fidèle… et consommateur de crédit…

3. en minimisant les bienfaits d’une alimentation fraîche, saine et de proximité et son impact sur la santé,

4. en favorisant le moins possible l’agriculture biologique, en petite unité et de proximité,

5. en réduisant le plus possible l’accès aux semences naturelles et reproductibles pour les agriculteurs et les jardiniers


C’est ainsi que tout est fait pour rendre le monde insécure tout en faisant croire que tout est fait pour la tranquillité des gens. Cela se réalise tout simplement :

1. en favorisant une information des catastrophes et des malheurs qui guettent,

2. en favorisant le commerce, la création et le développement des armes,

3. en favorisant dans l’ombre les dictatures et les dictateurs qui permettent d’un autre côté que soient pillées les ressources de leurs pays,

4. en favorisant dans le même temps, toujours dans l’ombre, les opposants et les rebelles qui luttent pour leurs libertés…

5. tout cela dans le but caché d’entretenir un climat de guerres et de conflits,

6. en favorisant les provocateurs, ceux qui mettent de l’huile sur le feu et attisent les conflits au nom de la sécurité des peuples et du monde,

7. en favorisant tout ce qui accroît les possibilités individuelles de protection,

8. en accentuant la dépendance économique des individus, des peuples et des pays grâce aux drogues légales (excitants, tabac, alcool) et illégales (en apparence), à l’endettement, aux besoins illusoires et créés, aux modes, à l’information orientée, aux faux rêves, etc.

Et c’est ainsi que tout est fait pour faire croire que le bonheur est dans ‘Avoir toujours plus’:

1. en favorisant les jeux et le rêve d’une fortune possible, facile et rapide,

2. en favorisant le vedettariat accessible (artistique, sportif ou autre),

3. en favorisant la publicité et son message subliminal qui dit que pour être heureux il faut telle lessive parce qu’elle lave mieux, la dernière nouveauté de téléphone portable, la dernière marque en vogue, aller en vacances dans les îles, etc. etc.

4. en favorisant l’accès aux crédits,

5. en éliminant, mettant de côté ou diabolisant ceux qui proposent un autre message : développement de la peur des sectes, de la peur des charlatans, de la peur d’être manipulé, de la peur de la différence, etc.
6. en développant des lois qui encadrent de plus en plus et réduisent de plus en plus la possibilité de vivre autrement que selon ce modèle-là.

Tout ce système est parfaitement pensé, anticipé, étudié et coordonné dans les sphères cachées de ceux qui tirent les ficelles !

LA SOLUTION EST INDIVIDUELLE !

Cette compréhension des leviers est nécessaire pour agir avec SAGESSE : elle permet de se rendre compte que la seule solution viable à long terme est individuelle… et surtout intérieure !

1/ Elle demande à chacun d’abandonner le fait de croire que la faute est chez l’autre, chez nos gouvernants ou dans le capitalisme : nous sommes TOUS responsables !

2/Elle demande une présence et une attitude réfléchie et responsable de ses dépenses, de ses choix de vie, de son alimentation et de sa consommation.

3/ Elle demande d’être autonome et de ne pas suivre le troupeau, d’oser être différent, et de l’assumer.

4/ Elle demande de ne pas juger, ni condamner, ni renier, ni exclure, mais d’agir en connaissance de cause, dans la sagesse et le respect de tous et de tout, y compris de tout ce système tel qu’il est… afin de ne pas continuer à générer, par ses pensées et ses attitudes, les exclusions, les conflits et les guerres.

5/ Elle ne demande pas de combattre ce système, mais d’agir tout simplement, à son petit niveau, pour ne plus continuer à faire vivre ce système, ni par ses façons d’être et d’agir, ni par son argent !

Notre argent peut nourrir ou non ce système !
Nos attitudes peuvent alimenter ou non
la peur et l’intérêt personnel !
Notre vie peut servir l’être… ou l’avoir !

Ensemble, chacun dans son coin, sans tambour ni trompette,
sans fourche ni canon, faisons


LA RÉVOLUTION DES SILENCIEUX
 :


1. si nous voulons une terre saine et dépolluée,
donnons notre argent-pouvoir à ceux qui respectent la planète
et voient les choses à long terme,
dans une dynamique de développement durable,
à ceux dont on sait ce qu’ils font et comment ils le font…

et soyons le respect de la Terre que nous souhaitons voir dans le monde.


2. si nous ne voulons plus d’argent sale,
donnons notre argent-pouvoir aux gens,
aux entreprises, aux banques et aux institutions financières
qui fonctionnent avec des choix éthiques,
* dans la transparence et le respect reconnus…

et incarnons l’éthique que nous souhaitons voir dans le monde.


3. si nous ne voulons plus de guerres,
cessons de juger, critiquer, dénigrer, ou exclure, etc.
Donnons notre argent-pouvoir à ceux qui nourrissent
la transparence, la solidarité, le respect, l'éthique…

et soyons la Paix que nous souhaitons voir dans le monde.


4. etc.


Chaque centime compte, chaque pensée compte, chaque attitude compte !

Choisissons d'encourager les paysans, les artisans ou les entreprises
qui respectent les Hommes et la Nature… à tous les niveaux.

La moindre lumière, le moindre don ou choix conscient est important
pour nourrir cette nouvelle conscience sur la Terre

Ensemble, comme les gouttes qui, se réunissant,
finissent par faire les rivières et les fleuves, puis les océans,
faisons la RÉVOLUTION DES SILENCIEUX !

Cette révolution appartient à chacun, dans son quotidien !
C’est pourquoi cet appel n’est pas signé !
Car si cette révolution appartient à tous, elle est avant tout affaire de RESPONSABILITÉ et D’ENGAGEMENT INDIVIDUELS : N’attendons personne pour agir ! Comme les mousquetaires, mobilisons-nous chaque Un pour Tous et Tous pour chaque Un !

Anonyme individuellement, connus tous ensemble !

 

Source: Paroles de Sagesses

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 15:36

2012finBouillon 003

 

Chaque être humain est à la recherche de quelque chose, à l’intérieur de lui-même ou à l’extérieur, dans le monde. Pris dans le courant du devenir, nous nous efforçons d’atteindre nos buts, de maintenir nos acquis ou de d’être “quelqu’un”, animés par l’espoir et mus par la force de nos attentes d’accéder un jour à la paix, à la liberté et à un contentement durable. Quelles que soient la forme et la nature de nos quêtes, nous ne serons jamais autre chose que ce que nous sommes essentiellement. Le refus de nous accepter pleinement, avec toutes nos imperfections et nos noirceurs, nos peurs et nos peines, constitue le noyau du problème. L’aventure intérieure commence dès que nous réalisons la futilité de nos fuites en avant ou après en avoir suffisamment souffert. Elle advient lorsque s’impose à nous la nécessité de revenir à soi en cessant de lutter, de nous cacher, d’esquiver ou d’échapper à ce qui vit en nous. Cette acceptation est la “discipline” ou le “non-effort” le plus exigeant qui soit car, il nous invite, à chaque instant, à accueillir dans notre ressenti ce qui émerge de l’intérieur. L’approche présentée ici découle de cette acceptation. Elle décrit le processus qui s’engage lorsque nous nous disposons à observer, à ressentir et à “traverser” consciemment tous les éléments qui se présentent dans notre perception. – [Darpan]

 

En ce début 2013, je nous souhaite donc à tous cette quête des quêtes.

Non point le bonheur, la santé ou la joie qui ne sont que des conséquences, mais la pleine acceptation.

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 13:25

17 raisons d’appeler à son émergence. Ils sont astrophysiciens, biologistes, psychiatres, philosophes, enseignants, artistes, maîtres zen ou pionniers de l’écologie. Tous estiment qu’il est temps d’évoluer vers une nouvelle conscience, de soi et du monde. L’INREES leur donne la parole dans le hors-série n°1 d’Inexploré.

http://medias.inrees.com/img/photos/538.jpgEt si vous oubliez tout ce que vous pensiez savoir des lois qui régissent le vivant ? XVIIe siècle, Newton décrit le monde comme un ensemble d’objets mécaniques et délimités, Descartes réduit le réel à ce qui est observable et mesurable – l’homme y compris. Emerge alors en Occident la représentation d’un univers fragmenté, déterministe, quantifiable. Tout devient maîtrisable, exploitable, consommable.
Au nom de quoi faire voler en éclat ces conceptions ? De la science elle-même. Depuis cent ans, des physiciens lèvent le voile sur de nouvelles dimensions. Trinh Xuan Thuan, astrophysicien : « Après avoir dominé la pensée occidentale pendant trois cents ans, la vision newtonienne a fait place à celle d’un monde holistique, indéterminé et débordant de créativité. L’avènement de la physique quantique et de la théorie du chaos a introduit les principes d’incertitude, d’imprévisibilité, d’influence entre l’observateur et le réel observé. Les atomes forment un monde de potentialités ou de possibilités, plutôt que de choses et de faits. Des phénomènes de mécanique quantique ne peuvent se comprendre avec les références classiques. Pourquoi par exemple, quand on sépare de plusieurs kilomètres deux photons qui étaient associés, l’un continue de savoir ce que fait l’autre, sans aucune communication ? Cela pose problème si on suppose que la réalité est morcelée et localisée sur chacune des particules. Le paradoxe n’a plus cours si on admet que les deux photons font partie d’une réalité globale, quelle que soit la distance qui les sépare. Ils sont interdépendants : chaque partie porte en elle la totalité, et de chaque partie dépend tout le reste. »

La réalité de cette nouvelle physique est multidimensionnelle, son univers constitué de matière, de flux d’énergie et d’information. Et si c’était le cas à tous les niveaux du vivant ?
En biologie du cerveau, par exemple. Jean Becchio, médecin généraliste, président de l’Association française d’hypnose : « Dans les années 50-60, on pensait tout connaître du cerveau. Quarante ans plus tard, on est perdu ! La matière grise n’est plus considérée comme aussi primordiale : elle ne serait que le récepteur d’informations captées depuis l’extérieur, puis envoyées dans la substance blanche, où elles rencontrent d’autres informations issues du monde intérieur, de la mémoire, des émotions, des apprentissages… On vient aussi de trouver qu’il y a des neurones miroirs partout dans le cerveau, qui jouent un rôle important dans les phénomènes de sympathie, d’empathie et de compassion. Cette découverte fait évoluer la conception très robotique de l’humain ; il est d’abord un être relié aux autres. Le cerveau n’est plus étudié comme une boîte isolée, mais dans sa relation avec son entourage. »

Autre découverte de taille : le cerveau ne produirait pas la conscience. Pim Van Lommel, cardiologue, spécialiste des expériences de mort imminente : « Dans l’étude que j’ai menée sur des patients ayant survécu à un arrêt cardiaque, 18% rapportent une expérience d’expansion de conscience au moment où ils étaient en mort cérébrale. Ils ont perçu leur réanimation, peuvent avoir vu des souvenirs de leur vie entière, interagi avec des proches décédés... Des millions de gens dans le monde ont vécu ces phénomènes – 9 millions aux USA, 20 millions en Europe. Notre étude (la plus importante à ce jour) met en échec les explications matérialistes – manque d’oxygène, hallucinations, rêves, etc. Elle prouve que le cerveau ne crée pas la conscience ; il n’est que le catalyseur qui rend possible son expérience – comme le poste de télévision n’est qu’une interface pour accéder aux émissions. La véritable conscience est non locale, plus vaste que ce que nous percevons dans la vie quotidienne, et capable de survivre au corps physique. »

Il existerait donc une conscience supérieure à la conscience ordinaire… Une hypothèse en voie de validation scientifique. Roger Nelson, directeur du Global Consciousness Project, chercheur en parapsychologie à l’Université de Princeton : « Nos expérimentations ont montré que les gens étaient capables, par la pensée, d’influer sur le contenu d’une séquence de nombres aléatoire. L’effet est ténu, pas suffisant pour ouvrir une porte de garage à distance, mais assez pour comprendre que l’esprit n’est pas confiné à la boîte crânienne et peut entrer en relation directe avec différents aspects du monde. Nos capteurs détectent aussi un changement lorsque les gens se retrouvent en communion, à l’occasion d’un événement fort. L’interaction des consciences individuelles induit un échange d’information et la création d’une cohérence de champ, qui n’existait pas auparavant, qu’on appelle la conscience de groupe. Nous avons plus de 400 enregistrements de ce type ; à partir de ce seuil, les critères scientifiques admettent la réalité d’un phénomène. »

Il serait même possible, par cette conscience non locale, d’accéder à des informations affranchies de l’espace et du temps. Stephan A. Schwartz, chercheur principal sur le cerveau, l’esprit et la guérison à l’Institut Samueli (USA) : « Les expériences que nous avons menées prouvent, protocoles scientifiques et données statistiques à l’appui, que nous avons la capacité de décrire des choses, des lieux ou des gens éloignés, comme s’ils étaient sous nos yeux. Nous pouvons également décrire un événement qui ne s’est pas encore produit. Les données recueillies sont de deux types : des impressions de sens – par le goût, le toucher, les odeurs – et une impression de connaissance : je ne sais pas comment, mais je sais que c’est vrai. Il n’y a rien de surnaturel là-dedans : vous vous ouvrez simplement à cette part non locale de votre conscience qui n’est pas limitée par le temps et l’espace. Cette compétence se développe, à condition d’en avoir la volonté. L’intention est un point clé. »

De quoi chambouler profondément nos visions du monde et de nous-mêmes. Comme l’ont pressenti nombre de sagesses traditionnelles, notre identité profonde ne serait pas nos corps ni nos esprits individuels, mais cette conscience connectée à un grand tout. Lynne McTaggart, journaliste scientifique : « Lorsque les particules subatomiques conversent, elles échangent de l’énergie. Quand vous multipliez cette infime quantité par tous les échanges entre toutes les particules de l’univers, vous obtenez une incroyable quantité d’énergie dans un espace vide. Ce champ permet de comprendre qu’il n’y aurait pas des objets séparés, mais un lien, c’est-à-dire une connexion si intriquée, si essentielle et si profonde qu’il est impossible de dire où une chose s’arrête et où l’autre commence. Notre environnement nous crée autant que nous le créons. C’est un processus coopératif, qui doit nous inciter à dépasser la polarisation terrible que nous observons aujourd’hui, et vivre selon une image plus organique et plus holistique. »

Sortir du sentiment de maîtrise absolue, retrouver le sens de la globalité, de l’humilité et des responsabilités...
Dans le rapport à soi, d’abord, la manière dont on s’envisage et dont on se soigne. Thierry Janssen, médecin psychothérapeute : « En parallèle d’une médecine de plus en plus technologique, émerge un paradigme de santé issu de cultures traditionnelles, qui insistent davantage sur la prévention et, lorsqu’il s’agit de soigner, le font de manière globale, en ne réduisant pas la personne à un corps-machine. Il me paraît absolument pertinent de considérer l’humain comme un être indivisible, dont les pensées influencent le fonctionnement biologique et dont le fonctionnement biologique influence la pensée, sans tomber dans l’idée que toutes les pathologies sont causées par des conflits psychologiques et que la résolution de ceux-ci suffiraient à guérir. Dans une perspective intégrative, l’idéal serait de soigner les patients avec empathie, en développant des relations de respect, en les considérant comme des individus multidimensionnels, tout en profitant des merveilleux outils que la technologie nous offre. »

Evolution, aussi, dans notre rapport aux autres, ce que l’on inculque et ce que l’on transmet. Antonella Verdiani, docteure en sciences de l’éducation, à l’initiative du Printemps de l’éducation : « Aujourd’hui, l’école est source d’inégalités car basée sur la compétition et non sur la coopération. Elle ne table pas sur l’échange et le partage des connaissances, mais sur un rapport autoritaire, qui n’autorise pas les enfants (et ils ne se l’autorisent pas eux-mêmes) à devenir auteurs de leurs propres vies. Notre époque n’a plus besoin des petits soldats de l’ère industrielle. Lorsque l’enseignant se positionne avec ouverture, en tant que guide et accompagnant, cela change totalement la donne. L’éducation intégrale, fondée sur le libre progrès de l’enfant, dans un cadre bienveillant, part du principe qu’il existe chez l’enfant une connaissance quasi-innée. Si on lui fait confiance, il sait très vite où il doit aller. Il faut stimuler le questionnement, les éveiller à leurs propres réponses. Y compris en matière existentielle, une dimension qui existe bel et bien chez les enfants. »

Autres aspect fondamental : notre rapport à la nature. Pierre Rabhi, pionnier de l’agro-écologie, fondateur du mouvement Colibris : « Au lieu de prendre conscience de la beauté infinie de la planète et de considérer la Terre comme une oasis perdue dans un désert sidéral dont nous sommes totalement dépendants, nous continuons de la sinistrer, en agissant comme si ses ressources étaient inépuisables, comme si nous pouvions nous affranchir de cette nature que nous appelons “environnement”, comme si nous n’en faisions pas partie. Si des extraterrestres nous observaient, ils concluraient que nous avons des aptitudes mais que nous sommes inintelligents ! Tant que nous ne modifierons pas notre regard, nous serons dans cette dichotomie, dans ce dualisme totalement artificiel. A partir du moment où je suis à l’école de la nature, je ne cherche plus à m’imposer à elle, à la dominer ni à l’empoisonner, je suis à son écoute, j’observe son processus et je le respecte. Etymologiquement, humus, humanité, humilité, c’est la même chose. »

Jusqu’à notre rapport à l’univers, en prenant la mesure que nous n’en sommes qu’un des composants. Morvan Salez, chercheur en astrophysique : « Grâce à l’amélioration de la technologie, on trouve de plus en plus de systèmes planétaires très semblables au nôtre. Environ 780 exoplanètes ont été détectées de manière certaine, plus de 2000 sont en attente de confirmation. Les très importants progrès effectués dans la compréhension de notre propre écosystème ont aussi permis de découvrir que les bactéries sont absolument partout, dans des régions où l’on pensait que c’était impossible. Pour arriver à la biosphère actuelle à partir de molécules organiques inertes, il a fallu des mécanismes incroyablement subtils. Face à ce constat, on peut considérer que les paramètres de l’univers sont tels que si on laisse le temps agir à partir de bons ingrédients de départ, des formes de vie sont vouées à apparaître, peut-être très différentes de la nôtre. Nous dire que nous ne sommes pas seuls, c’est un électrochoc, qui peut remodeler en profondeur notre conception de nous-mêmes et de notre place au sein du cosmos. »

Cette évolution n’est pas un luxe : si on ne change rien, la planète court à sa perte, et nous avec. La crise actuelle n’est-elle pas révélatrice d’un besoin criant de retrouver un supplément d’âme, un sens et une cohérence ? Frédéric Lenoir, philosophe : « Les derniers grands succès de la littérature et du cinéma, tels que l’Alchimiste, le Seigneur des Anneaux, Harry Potter ou Avatar, réhabilitent les mythes, la magie, l’imaginaire. Preuve qu’on crève dans un rationalisme desséchant et que les gens ont besoin de rêver, de se relier au monde à travers des symboles, des archétypes. L’âme n’a pas suivi la croissance du corps matériel de l’humanité. Pourquoi ? Parce que nous ne la cultivons pas. On a aujourd’hui de plus en plus d’outils qui nous permettent de comprendre, de discerner, mais on ne sait pas bien s’en servir. Nous avons besoin de rééquilibrer notre cerveau. De plus en plus d’individus sont en quête d’une expérience intérieure qui touche leur cœur, leur vie. Ils sont à la recherche d’un éveil, d’un changement de conscience. Je crois que l’existence a un sens et que chacun peut le trouver, s’il le veut. »

Pas seulement en acceptant un nouveau paradigme scientifique – qui ne serait alors qu’une idéologie de plus. Au-delà des théories, certaines expériences sensibles ouvrent sur une perception, intime, d’un autre réel : une musique que l’on écoute, un film que l’on regarde, une poésie que l’on lit, un paysage que l’on contemple… Jean François Clervoy, astronaute : « La Terre vue de l’espace, c’est très beau ! On en a les larmes aux yeux, on en tombe amoureux. Et on s’aperçoit que la couche d’atmosphère est fine comme du papier à cigarettes ; notre vie ne tient qu’à ce filet ! Tous les astronautes reviennent des vols spatiaux bien plus sensibles au fait que la Terre est un vaisseau spatial en soi, aux ressources limitées. L’espace enrichit : sur le plan sensoriel, émotionnel, spirituel, existentiel. Quand on voit la beauté de l’univers, on se demande pourquoi c’est aussi beau, pourquoi on est si ému. Lorsqu’on regarde la Terre par le hublot, en apesanteur, on oublie qu’on a un corps, on a l’impression qu’on est simplement une conscience qui flotte, qui a le pouvoir de voir. Je crois que l’univers n’est pas limité à la matière, aux couleurs que je vois, aux émotions que je perçois. Il y a quelque chose de supérieur. »

Un quelque chose qu’il est possible d’explorer en lâchant la raison individuelle – et les postures sociales – pour laisser vibrer cette justesse d’intuition qui sommeille en nous. Jan Kounen, cinéaste : « Créer est un processus très intuitif. Tout à coup, une histoire résonne en moi et ne me quitte plus. Cette intuition compte beaucoup dans mes choix. Avant de prendre une décision, je surveille les signaux qui m’indiquent, physiquement et psychiquement, que je ne suis pas dans la peur, dans la détresse artistique. Sinon, la décision restera liée à l’énergie qui l’a fait naître. La pensée est créatrice, elle est liée à un monde énergétique que l’on nourrit, et qui nous alimente en retour. Je pense qu’il existe à l’intérieur de nous une intelligence plus efficace que notre seule intelligence mentale, laquelle est limitée par notre culture, notre vocabulaire, nos modèles, etc. Dans le monde indigène, l’imaginaire est un outil, qui permet d’accéder à des réalités différentes, qui toutes peuvent donner des informations importantes. »

Y compris en psychothérapie, où de nouvelles méthodes explorent l’invisible, au-delà de l’ego. Olivier Chambon, psychiatre : « Focusing, cohérence cardiaque, hypnose, TIPI… Ces techniques travaillent sur le monde de l’âme, du rêve, de l’imaginal, qui amène des compréhensions dépassant les connaissances habituelles. Lorsque la conscience est attirée vers l’ego, celui-ci la rétrécit, la ratatine et la conditionne. C’est en allant chercher des choses extérieures à lui qu’on permet à l’ego de trouver des voies de transformation qu’il ne trouve pas en lui-même. On apprend à faire attention à des choses inconnues, irrationnelles, éphémères, imprévues, incontrôlées. En voyage chamanique sous hypnose ou en EMDR, on accède à des parties du soi oubliées, des souvenirs qu’on ignorait avoir, des énergies nouvelles, ainsi qu’à un espace de pardon, de compréhension et de confiance, où l’on peut se voir et voir les autres sans juger ni blâmer. On obtient alors un rééquilibrage à tous les niveaux : physique, émotionnel, mental et spirituel. »

Mais la prise de conscience ne suffit pas. Elle doit se cultiver au quotidien. Thich Nhat Hanh, maître zen : « Pour que la paix, la joie de vivre, l’amour et l’espoir puissent émerger, il faut prendre soin de l’instant présent, être conscient d’être vivant, qu’on est en train de marcher sur la planète Terre, d’entrer en contact avec les merveilles de la vie. Cela s’acquiert par une pleine conscience nourrie à chaque instant, de la concentration sur le présent, et une bonne gestion de ce moment. Réorganiser sa vie quotidienne, sa manière de travailler, de manger, de dormir, de respirer… Etre capable de préserver la paix, la compréhension et la compassion dans n’importe quelle situation, est une pratique spirituelle. Une fois qu’on est habité par cette vision juste, on existe en tant qu’être véritable, solide, libre et joyeux, et on peut avoir une influence sur le monde. Il n’y a pas de cloison étanche entre le soi et le non-soi. Chaque énergie que vous émettez en termes de pensée, de parole et d’acte, a un effet sur tout le cosmos. »

Exemple très concret avec la MBSR, une méthode de réduction du stress par la pleine conscience, implantée dans 550 hôpitaux aux Etats-Unis (et 200 ailleurs dans le monde). Jon Kabat-Zinn, professeur de médecine, concepteur du programme : « Le MBSR met de l’énergie sous forme d’attention dans ce qui va en nous, plutôt que dans ce qui ne va pas. Le patient devient acteur de sa santé, en entrant en contact avec le paysage de son être. En habitant le moment présent, qu’il soit plaisant ou non, sans rien prendre personnellement, sans créer une narration sur sa douleur, on finit par voir les idées et les opinions pour ce qu’elles sont : des habitudes de l’esprit, qui ne sont pas la vérité. Je ne suis pas ma douleur, je ne suis pas mes pensées, je ne suis pas mon cancer. Sans médicament ni chirurgie, juste avec la pleine conscience cultivée comme un muscle, la MBSR permet de réduire durablement les symptômes. Ce type de pratique change non seulement l’activité cérébrale, mais la structure du cerveau. Et il n’est pas le seul à être plastique : vos chromosomes, vos cellules, tout en vous est capable de changer en fonction de la façon dont vous mangez, dont vous aimez, dont vous faites de l’exercice, du temps que vous prenez pour le calme et l’attention méditative. »

Direction le pays des Bisounours et de l’amour rose bonbon ? Non. Le but n’est pas de vivre perché bien au chaud sur un petit nuage, mais au contraire de trouver en soi la lucidité et la force de cerner la réalité sous toutes ces facettes, même les plus sombres, et passer à l’action contre tout ce qui nous désincarne, faute de sens et d’âme. Fabrice Midal, fondateur de l’Ecole occidentale de méditation : « On n’a jamais rendu les hommes heureux en les gavant de sucreries ! Seule la vérité apaise réellement le cœur humain. Si nous ne l’affrontons pas, nous ferons de la spiritualité un rêve de plus. Impossible de s’asseoir et de méditer un moment sans rencontrer la souffrance. Mais à mesure qu’on s’y engage, la conscience s’ouvre et devient assez vaste pour soutenir les défis et les difficultés. L’important n’est pas d’avoir les solutions toutes faites, mais d’ouvrir notre champ de vision et notre capacité à faire face. La spiritualité doit chercher à comprendre le pire, afin de trouver des manières justes d’y répondre. La méditation donne le courage de revenir à l’essentiel. Elle montre un autre rapport à tout, fondé sur l’attention et la bienveillance. Partout où il y a l’être humain, il y a la possibilité d’un acte gratuit qu’on ne peut commander, instrumentaliser ni pronostiquer. C’est cela qu’il nous faut reconnaître, préserver et cultiver. »

 

Source: http://www.inrees.com/articles/Une-nouvelle-conscience/

 

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 23:49

André TOLMERE : « Manifeste pour la vraie démocratie », voilà un ouvrage qui mériterait vraiment de sortir de l’ombre au même titre que le « Manuel d’anti-économie » ou la « Conscience, le Verbe et le Monde » de Didier LACAPELLE ou encore les deux fameux livres de Junon MONETA « Le néolibéralisme ? Un très vieux système… Pourquoi faut-il le combattre ?... » et « La gestion désatreuse de l’Euro ». Des ouvrages peu connus qui font réfléchir et qui s’intéressent à la cause des causes. Des ouvrages qui mériteraient grandement d’être édités et plébiscités.


Celui d’André TOLMERE est bien documenté, facile à lire et bien structuré. Son style est acide mais il a le mérite de souligner un fait essentiel des origines de ce que nous appelons "démocratie". Un fait qui a toujours été escamoté. Un fait digne d’une révolution copernicienne en matière d’organisation sociale. Un fait tout simple qui, si vous vous interrogez réellement et profondément (en faisant fi de vos enseignements et doctrines) sur sa pertinence, ses tenants et aboutissants, ne pourra que vous éblouir tant par sa candeur que par sa force.

 

Ci-dessous, le chapitre qui expose les origines de la démocratie, les critiques, puis ce fameux fait occulté depuis 2.500 ans !

 

http://www.fsj.ualberta.ca/SCSOC311/Athene.jpg

Les origines de la démocratie

 

“ La source désapprouve presque toujours l’itinéraire du fleuve”.

Jean Cocteau

 

Le cinquième siècle avant Jésus-Christ a marqué l’apogée de la civilisation grecque. La splendeur d’Athènes se manifeste encore à nos yeux par des monuments célèbres. Sa puissance à cette époque coïncide avec l’instauration de la démocratie.

Mais qu’est-ce que la démocratie ?

 

Démocratie vient du grec démos, peuple, et kratos, pouvoir. C’est un système de gouvernement où le peuple exerce son pouvoir, sa souveraineté.

 

Mais démocratie signifie également gouvernement des dèmes. Un dème est l’équivalent d’une commune. Sous la domination d’Athènes, l’Attique est divisé en 190 dèmes. À 18 ans, les citoyens sont inscrits dans le dème. Tous les citoyens sont admis à l’ecclésia, organe essentiel de la politique et assemblée du peuple qui comprend surtout des cultivateurs, des commerçants et des artisans. Un bureau est formé de 50 membres. Chaque citoyen a un droit de discussion, d’initiative et d’amendement. L’ecclésia vote d’ordinaire à main levée des décrets et des lois qui ont été préalablement étudiés par la boulè : c’est une sorte d’assemblée nationale et de conseil d’État, permanente, formée de 500 membres chargés de l’administration générale et du pouvoir exécutif.

 

Les 190 dèmes sont divisés en 10 tribus. Chaque tribu compte environ 20 dèmes et envoie 50 représentants à la boulè.

 

Pour la justice également, le peuple est souverain. Tous les citoyens peuvent être magistrats à l’héliée, tribunal par excellence. Chaque tribu désigne 600 citoyens, donc 6000 en tout, répartis en 10 dicastères. Il faut un ou plusieurs dicastères pour juger les procès, suivant leur importance. Ce nombre élevé est considéré comme une garantie contre la corruption.

 

Cette description est très sommaire et reprend intentionnellement un exemple courant. Il y manque l’essentiel, volontairement escamoté, comme par l’immense majorité des commentateurs de la démocratie athénienne, plus prompts à la dénonciation qu’à l’honnêteté.

 

Que nous disent-ils ?

 

Oui, la démocratie grecque était la “vraie démocratie”, c’est-à-dire la démocratie directe : le peuple participait directement aux décisions politiques de l’ecclésia.

 

Oui mais, nous font-ils remarquer, ce peuple qui exerçait sa souveraineté n’était qu’une petite minorité de la population. Les esclaves étaient exclus et il y avait 6 fois plus d’esclaves que de citoyens. De même pour les métèques qui sont considérés comme des étrangers même si la plupart sont des Grecs, 4 fois plus nombreux que les citoyens. Et les femmes, cela va de soi... De plus, beaucoup de citoyens ne participaient pas aux débats de l’ecclésia. Au final, quelques milliers d’hommes se trouvaient réunis à l’ecclésia pour décider des affaires de la cité. Mais décidaient-ils vraiment ? Dans ce genre de réunions publiques, il y a toujours des individus ou des groupes qui manipulent les autres. Cela n’a guère changé aujourd’hui. Il est communément admis qu’une foule est bien plus facilement manipulable qu’une petite assemblée.

 

Oui mais, cette démocratie antique ne se souciait guère des droits de l’homme puisqu’elle pratiquait l’esclavage et l’ostracisme qui permettait de bannir pour 10 ans un citoyen simplement suspecté d’être trop ambitieux ou trop puissant.

 

Oui mais, la démocratie directe des Anciens n’est plus applicable aux grands États modernes. On peut rassembler quelques milliers d’Athéniens sur une place publique. Mais comment voulez-vous rassembler plusieurs dizaines de millions de Français ?

 

 On nous induit à croire  que l’Athènes du siècle de Périclès n’était qu’un gros village. C’était une cité-État qui administrait une population qui a pu dépasser  200.000 âmes.

 

Oui mais, si la décision appartient au peuple, ce peuple est-il compétent  pour se prononcer sur les moindres détails? Il n’est pas possible de faire l’économie d’une élite dirigeante, selon la plupart des auteurs. C’est logique : ils appartiennent eux-mêmes à cette élite. Ce sont des professeurs d’université, des juristes plus ou moins distingués, des politiciens, quelquefois des journalistes. Bref, une intelligentsia bien pensante et conformiste.

 

Comment se fait-il que ces commentateurs de la démocratie originelle oublient systématiquement de nous parler d’un principe fondamental qui signe le fonctionnement des institutions démocratiques de la Grèce antique ?

 

Passer sous silence ce principe remarquable et incontournable relève, soit de la malhonnêteté intellectuelle soit de l’imbécillité crasse. Certains “intellectuels” ne sont que des crétins diplômés. Ce n’est pas parce que les mots “intellectuel” et “intelligence” ont la même racine que le premier doit obligatoirement impliquer la possession du second !

 

Ce principe, qui pousse vers la perfection les idées d’égalité et de justice, révèle le génie grec. L’escamoter est une trahison de l’histoire de la démocratie dans ses racines. C’est aussi la révélation de la peur qu’inspire ce principe aux élites privilégiées qui confisquent le pouvoir du peuple à leur profit. Car le grand problème de la démocratie est celui de la représentation.

 

Même si les Grecs du cinquième siècle pratiquaient la démocratie directe avec l’ecclésia, ils avaient parfaitement compris que le peuple doit déléguer ses pouvoirs, ou au moins une partie de ses pouvoirs. Il doit désigner des représentants qui agissent pour lui, en son nom. Réduire la démocratie grecque à l’idée de la démocratie directe est une pure escroquerie intellectuelle.

 

Les Grecs ont tout autant inventé la démocratie indirecte et le principe de la représentation.

 

 L’ennui, pour les pourfendeurs de la démocratie directe, c’est que les représentants n’étaient pas désigné par l’élection ; c’est la vraie raison pour laquelle ils rejettent la démocratie directe : cela permet, en jetant le bébé avec l’eau du bain, de ne pas aborder la solution antique utilisée pour désigner les représentants !

 

Jean-Jacques Rousseau, en son temps, déplorait le recours à la représentation. S’inclinant devant l’incontournable obstacle, il préconisait le mandat impératif. Les représentants élus étaient obligés d’appliquer à la lettre le mandat reçu de leurs électeurs. Les démocrates du dix-huitième siècle, admirateurs de l’Antiquité, n’étaient pas des partisans de la démocratie grecque. Le pouvoir démesuré qu’elle accordait au peuple les effrayait. Il y a une aversion totale et une méfiance absolue des révolutionnaires américains et français pour le modèle démocratique athénien. Car ces messieurs les révolutionnaires étaient issus des élites bourgeoises, et ils entendaient bien faire prévaloir leurs ambitions et les étendre.

 

Pour Tocqueville, l’égalité est le moteur de la démocratie. Il pense que les hommes préfèrent toujours l’égalité à la liberté : “ Je pense que les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté,... Mais ils ont pour l’égalité une passion ardente, insatiable, éternelle, invincible ; ils veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage.”

 

D’accord pour l’égalité, mais chacun à sa place. C’est ainsi qu’en Amérique, la première constitution écrite de l’histoire, en 1787, donne le droit de vote aux seuls propriétaires. Les Blancs non propriétaires, les Noirs, les Indiens et  les femmes ne votent pas. Les esclaves, n’en parlons pas.

 

Pour justifier le suffrage censitaire, le député Boissy d’Anglas, dans son discours à la Convention du 23 juin 1795, déclarait : “ Nous devons être gouvernés par les meilleurs ; les meilleurs sont les plus instruits et les plus intéressés au maintien des lois. Or, à bien peu d’exception près, vous ne trouverez de pareils hommes que parmi ceux qui possèdent une propriété, sont attachés au pays qui la contient, aux lois qui la protègent, à la tranquillité qui la conserve, et qui doivent à cette propriété et à l’aisance qu’elle donne l’éducation qui les a rendus propres à discuter, avec sagacité et justesse, les avantages et les inconvénients des lois qui fixent le sort de la patrie.”

 

Grâce à ce beau discours, la Convention, qui avait mis fin à la Terreur, adopta une nouvelle constitution et le suffrage censitaire.

 

Cette peur du peuple prévaut toujours dans la classe dominante et dans les élites dirigeantes, ce qui ne les empêche pas de prétendre représenter ses intérêts et de brandir, en toutes circonstances, le sacro-saint “intérêt général” ou la “raison d’État” qui, curieusement, s’accorde toujours avec leurs petits intérêts particuliers. C’est le peuple qui va aux urnes, c’est toujours la même “élite” qui en sort.

 

Les Grecs ont inventé la démocratie parce qu’ayant expérimenté tous les régimes politiques possibles, ils accordèrent plus leur confiance au peuple pris dans sa globalité plutôt qu’à des minorités privilégiées d’aristocrates, de ploutocrates et de tyrans.

 

C’est pourquoi le fondement incontournable de la démocratie grecque consiste en l’établissement du principe d’égalité absolue des citoyens entre eux sur le plan politique. Le génie grec, tout pragmatique, est d’avoir inventé la méthode qui respecte résolument le principe d’égalité, se combine parfaitement avec lui, pour former un couple harmonieux et fécond. Cette méthode n’est pas l’élection ni le suffrage universel présentés aujourd’hui comme des principes obligatoires des démocraties modernes. Hélas ! “La minorité ne compte point quand la majorité s’appuie sur des arguments qu’elle croit solide” (Machiavel).

 

Cette méthode est le tirage au sort.
C’est le kléros des Grecs d’Athènes.

 

Certes, tous les citoyens d’Athènes ne participaient pas à l’ecclésia dans l’expression de la démocratie directe. Mais tous les citoyens d’Athènes participaient au tirage au sort dans les dèmes qui permettait de désigner leurs représentants à la boulè.

 

Tous les citoyens étaient également tirés au sort pour désigner les magistrats de l’héliée, très nombreux. Seuls étaient élus une petite poignée de magistrats très spécialisés : policiers de rue, trésoriers, contrôleurs du commerce, ainsi que les stratèges et chefs militaires.

 

Certes les métèques n’étaient pas  citoyens, mais ils pouvaient le devenir.

 

Certes, il y avait beaucoup d’esclaves, mais les Grecs traitaient leurs esclaves beaucoup mieux  que les Américains et les Européens ne traitaient les leurs. C’est ici l’occasion de rappeler la profonde différence de nature  entre l’esclavage pratiqué par les Européens et les Américains et celui pratiqué dans l’Antiquité et en Afrique même, avant l’arrivée des premiers explorateurs portugais.

 

Dans le premier cas, il s’agissait de la déportation en masse de 25 millions de Noirs vers les Amériques avec l’abominable commerce triangulaire. Beaucoup mouraient pendant la traversée de l’Atlantique. Aujourd’hui, cette déportation relèverait d’un crime contre l’humanité.

 

Dans le second cas, sans qu’il soit question de justifier l’esclavage, il était la conséquence des guerres : les prisonniers capturés faisaient partie du butin. Chez les Grecs, des dieux eux-mêmes avaient été des esclaves : Apollon, Arès, Poséidon, Héphaïstos. Les esclaves appartenaient souvent à l’État ou aux temples. Comment la société grecque antique aurait-elle pu tenir avec 6 fois plus d’esclaves que d’hommes libres ? Les révoltes étaient rares et limitées parce que les esclaves étaient bien traités et bien intégrés dans la société antique. Beaucoup s’enfuyaient sans grand danger pour eux (au point que leurs propriétaires prenaient une assurance pour couvrir ce risque !) Un grand nombre s’affranchissait. Ils occupaient toutes sortes de fonctions dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Certains étaient médecins (Hippocrate), précepteurs, intendants, philosophes (Anaxagore, Gorgias), artistes (Polyclète), reconnus et honorés. On est très loin du racisme, de l’apartheid de l’Afrique du Sud et des ghettos noirs de l’Amérique moderne. Il faut rappeler que pendant très longtemps l’infériorité des Noirs n’était pas mise en doute. La “grandeur d’âme” de quelques-uns finit par faire admettre que “même si les Noirs appartenaient à une race manifestement inférieure”, cela ne justifiait pas l’esclavage. Il fallut attendre 1865 pour qu’il soit aboli aux États-Unis. Aujourd’hui, l’esclavage nous paraît scandaleux parce que l’idéologie a changé. Il n’en demeure pas moins que la discrimination raciale s’est maintenue aux États-Unis jusqu’aux années 1960-65 et que les Indiens sont toujours parqués dans des réserves... Le paradoxe, c’est que la plus grande démocratie du monde, qui se présentait comme un modèle, était raciste et ségrégationniste.

 

Certes, l’ostracisme permettait d’exiler un citoyen. Mais on oublie de dire que ce système est révélateur de la crainte légitime des démocrates athéniens de voir un chef politique accaparer le pouvoir à son profit et risquer de remettre en question leurs institutions démocratiques. Il était fait pour se prémunir des tentatives de prise du pouvoir par des aristocrates ou des démagogues. Chaque citoyen inscrivait sur un tesson d’argile (ostrakon) le nom d’un homme jugé dangereux. Lorsque 6000 suffrages s’étaient portés sur le même, il devait s’éloigner pour dix ans, sans déshonneur.

 

Car l’essence de la démocratie, c’est bien l’égalité politique des citoyens.

 

Et le moyen de la mettre en oeuvre, c’est le tirage au sort. L’accès de tous les citoyens au pouvoir (kratos) se fait par le sort (kléros) :

 

c’est la clérocratie.

 

L’élection des représentants, le suffrage universel, présentés comme des fondamentaux de la démocratie moderne, nous apparaissent comme la plus vaste, la plus effarante escroquerie politique de tous les temps.

 

Hors de là, point de salut ! On a réussi à persuader des millions, des milliards d’individus que la démocratie, c’est le suffrage universel. Non. La vraie démocratie, c’est le tirage au sort. Pourquoi a-t-on oublié que c’est le suffrage universel qui a amené au pouvoir un Adolf Hitler, dans un régime démocratique, la république de Weimar (Buchenwald n’est situé qu’à quelques kilomètres de Weimar) qui, à  lui tout seul, a provoqué le plus grand cataclysme du vingtième siècle ?

 

Chaque fois que survient une catastrophe, où que ce soit, les bonnes âmes et les politiciens compatissants demandent, exigent des mesures pour que : “plus jamais ça”. Les procès de Nuremberg ont jugé et condamné quelques individus. Il n’y a pas eu de procès pour juger la “démocratie” manifestement coupable d’avoir porté au pouvoir un malade mental. Peut être bien parce que tous ceux qui sont au pouvoir  dans nos soi-disant “démocraties” sont aussi, quelque part, des malades mentaux !

 

"Le sage fait de la politique, non parce qu'il veut faire triompher ses principes, mais parce que ses principes lui dictent de faire de la politique." [Confucius]

 

 

PS: La Grèce, berceau des civilisations occidentales aujourd’hui dos au mur! Une acculturation aux relents tristement idéologiques et manichéens!

Nous, peuple "d'en bas", devrions bien plus faire de politique et cesser de croire des Boissy d’Anglas qui nous disent que la politique est chose trop sérieuse pour être confiée à n’importe qui. C’est justement parce qu’elle est sérieuse qu’elle ne devrait souffrir d’aucune discrimination dès le départ. Du droit de tout gérer, il ne nous reste plus que le droit de cocher une ou plusieurs cases puis de la fermer.

 

Voir aussi

http://stochocratie.free.fr/

http://www.clerocratie.com

Et surtout

http://etienne.chouard.free.fr/ à qui je dois cette découverte ! Son site est d’une richesse et d’une ouverture impressionnante.

 

 

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 14:44

http://jeanzin.fr/public/images/2010/optimisme.jpgAdmirable texte de Jean-ZIN, duquel j’ai relevé quelques passages :

 

Se persuader qu'on va à l'anéantissement est extrêmement exagéré, même s'il y avait effectivement des millions de morts, ce qui est déjà effrayant mais plus plausible quand même. Il faut en finir avec ces discours apocalyptiques de science-fiction qui nous prédisent aussi un décervelage complet, que ce soit par la consommation, la publicité, la propagande, la technologie voire, pour certains, par l'Etat providence ou l'esprit démocratique ! Il faut en finir avec ces théories du complot, de la manipulation, de la falsification complètement dépourvues de dialectique et qui nous prédisent depuis si longtemps notre complète déshumanisation.

(…)

Il faut être d'un orgueil insensé pour s'imaginer que les autres ne seraient que des moutons et des consommateurs passifs alors qu'on se croit le représentant d'une race éteinte, celle qui lutte et agit.

(…)

Les théories de l'aliénation ont largement participé à l'aveuglement des intellectuels très fiers de voir derrière les progrès de la technique et de l'alphabétisation un abêtissement général avec la perte de toute authenticité comme si le réel disparaissait sous le tapis et qu'on pouvait perdre tout sens critique.

(…)

Les Nazis et les Staliniens ont bien existé, après bien d'autres fanatiques religieux, ils n'ont pas eu le dernier mot, pas plus que les petits nazillons du management par le stress aujourd'hui. De même le travail aliénant n'est pas une nouveauté mais ce n'est pas parce qu'il y a du travail à la chaîne que tout travail nous transforme en machines. Au lieu d'une prétendue "obsolescence de l'homme", ce sont les qualités humaines qui sont de plus en plus valorisés au détriment de la simple "force de travail" laissé aux machines.

 

Piètre consolation sans doute pour nos idéaux, d'autant que ce n'est pas sans créer de nouvelles aliénations. En effet, la contrepartie d'une exagération des catastrophes qui nous menacent dépourvue de toute dialectique, c'est, invariablement, un monde qu'on voudrait trop idéal avec l'illusion volontariste, sans aucune dialectique non plus, que cela ne dépendrait que de nos bonnes volontés. L'expérience s'empresse de réintroduire cette dialectique par l'inévitable déception qui suit la proclamation de notre pouvoir sublimé (Yes We Can), transformant dès lors l'amour en haine quand elle ne pousse pas au suicide ceux qui avaient eu le malheur de trop y croire !

(…)

Ce qui devrait nous enthousiasmer, c'est d'entrer dans "l'ère de l'information, de l'écologie et du développement humain" qui sont absolument indissociables et ne sont pas sans promesses d'un avenir meilleur. Il n'est pas vrai que les jeunes d'aujourd'hui souffriront plus que leurs parents, c'est aujourd'hui qu'ils souffrent d'un monde vieillissant et archaïque qui ne leur laisse pas de place, mais l'avenir est à eux !

 

C'est ce qui fait qu'on vit un moment décisif sur tous les plans car c'est cette génération qui sera à la fondation des civilisations futures. Ce n'est pas dire que tout va bien, il faut le répéter. Reste, notamment, le défi climatique, plus qu'énergétique, et là, ce n'est pas gagné. Mais si c'était gagné d'avance, notre existence n'aurait aucun poids, aucun sens, aucune nécessité.

(…)

Il faudrait comprendre, en effet, notre expérience du temps comme celle du vivant qui se construit par lui-même mais en réaction à l'épreuve du réel dont il ne fait qu'épouser les formes finalement, comme les ailes de l'oiseau qui semblent sculptées par les lois de la physique. Il n'y a pas de self made man, nous sommes tous embarqués dans une aventure dont la fin n'est pas connue d'avance car elle dépend de nous et de nos errements mais ce réel sur lequel on se cogne et dont on ne peut outrepasser les limites ne se pliera pas à nos quatre volontés. On n'a pas le choix, il faudra tenir compte des contraintes écologiques et matérielles autant qu'humaines. C'est dans cet entre-deux que nous vivons, dans cet intermède dont on ne connaîtra jamais la fin.

(…)

Le fait que notre situation n'apparaît guère brillante, pourrait donc constituer une erreur de perspective par rapport aux jugements rétrospectifs sur notre époque une fois les menaces surmontées. En tout cas, on a connu bien pire dans notre longue histoire/préhistoire et on s'en est toujours sorti, pas par l'effet de la providence mais parce que les hommes agissent et que l'erreur ne peut durer toujours (au contraire d'une vérité).

(…)

Apprendre, c'est forcément abandonner d'anciennes croyances. Ce qui fait l'optimisme de la raison, ce n'est pas nos bonnes intentions supposées mais ce qu’Hegel appelle la "ruse de la raison" d'une histoire qui avance par ses mauvais côtés. La ruse de la raison, c'est que les intérêts particuliers qui font l'histoire doivent se justifier et, du fait qu'ils parlent, s'universaliser. Il faudrait y ajouter la sélection darwinienne après-coup de ce qui marche et l'élimination des systèmes insoutenables. Ce n'est pas tant qu'on vive dans le meilleur des mondes possibles, comme le déduisait un peu trop rapidement Leibniz, au grand scandale de Voltaire et de tous les candides devant les horreurs indéniables du monde. C'est plutôt que "les idées s'améliorent. Le sens des mots y participe", comme dit Lautréamont. On devient seulement un peu meilleurs avec le temps même s'il y a toujours un versant négatif et d'inévitables régressions.

 

On ne peut croire cependant qu'on nous change les hommes avec leurs petits et leurs grands côtés, ni qu'on arrive à domestiquer cette race rebelle qui tient à son désir trompeur et au monde du rêve plus qu'à la vie même. A l'opposé des délires transhumanistes comme de toute rééducation politique voulant former un homme nouveau entièrement artificiel, il faudra bien apprendre à aimer les hommes tels qu'ils sont et ne pas se la jouer. On atteint parfois le ciel mais il ne faut en attendre nulle gratitude ni assurance sur l'avenir. La fin reste un naufrage, tout est fragile, ce n'est pas un monde durable mais cette tranche d'éternité reste une comédie risible quand cela ne tourne pas à la tragédie et nous avons plus d'un tour dans notre sac. Il y aura des massacres sanglants, d'immenses dévastations, mais, dans ce désastre, il y aura des enfants innocents, des prouesses admirables, des vies qui valent la peine d'être vécues.

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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 00:02

misere-pauvrete

« Quand la misère chasse la pauvreté » de Majid RAHNEMA est un livre qui remet les pendules à l’heure. C’est un livre didactique et rigoureux bourré d’exemples et de citations. Un livre qui respire l’expérience et la profondeur. En voici quelques passages :

 

Toutes les sociétés vernaculaires(*) développent en leur sein des mécanismes destinés, d'une part, à contenir l'envie et la convoitise, de l'autre, à maintenir une tension positive entre ce qui est individuellement possible de vouloir et d'avoir et ce qui est collectivement possible et raisonnable de produire. Cette tension leur a permis de développer leurs capacités productives dans des limites raisonnables, sans qu'il y ait rupture entre les besoins et les ressources. Elle a favorisé la mise en place de tout un faisceau d'équilibres de traditions, de coutumes et de croyances destinés à maintenir la cohésion sociale, par exemple en faisant en sorte qu'imperceptiblement soit contenue toute impulsion de convoitise ou qu'elle ne nuise jamais aux liens de solidarité communautaire. (p. 247)

 

Observée de l’extérieur, la niche vernaculaire présente toutes les apparences d’un monde simple, voire primitif. Elle cache pourtant, dans tous les cas, un véritable microcosme aux facettes aussi diverses que complexes. Détenteur de la sagesse, du savoir et du savoir-faire de génération d’ancêtres, ce microcosme est semblable à la cellule qui recèle tous les secrets "génétiques" lui permettant de maintenir et de régénérer en permanence ses mécanismes de défense immunitaire. Et chaque fois que la pauvreté conviviale de ses membres menace de glisser vers l’indigence et la misère, c’est la niche tout entière qui est menacée. (p. 241)

 

La société vernaculaire constitue donc un espace vivant dont toutes les composantes sont "liées" les unes aux autres – liées et reliées à un ordre cosmique créé, mais sans que la liberté de toutes les créatures en soit diminuée, cette liberté s’insérant toutefois dans le cadre de la nécessité. De ce fait, quelle que soir l’instance institutionnelle à travers laquelle les différentes communautés partagent et fortifient leur sens du sacré, un ethos commun prévaut, qui invite les uns et les autres à ne jamais défier ce qui semble relever des lois de cette nécessité. (p. 243)

 

Persuadés que la pauvreté des autres était entièrement subie, les pays du Nord n'ont pas imaginé une seule seconde qu'elle pouvait avoir une dimension semi-volontaire et qu'elle consistait, en un mode culturellement défini de gestion de ses privations. Manque de discernement, investissement intéressé des classes dirigeantes ... tout a contribué à fragiliser les fondements de la pauvreté conviviale et les institutions sur lesquelles elle s'était de tout temps appuyée pour éloigner la misère et l'indigence. Par la suite, une autre erreur de perception fit perdre de vue une autre réalité: les formes de misère dont souffraient les populations cibles étaient, pour l’essentiel dues aux politiques d'économicisation(**) et de modernisation dont elles faisaient l'objet. (p. 248)

 

La pauvreté conviviale, qui, pendant des millénaires, avait produit et soutenu constamment l’éthique de subsistance dans tous les villages de la planète a ainsi été attaquée de toutes parts par les processus d'économicisation de la vie sociale, sous prétexte qu'elle entravait la prospérité du nouveau Village planétaire. Cette érosion s'est produite là où le tissu des solidarités humaines a commencé de s'effilocher, là où les projets de développement ont réussi à faire miroiter aux populations cibles un avenir affranchi des misères traditionnelles, là enfin où les populations locales ont commencé à intérioriser des rêves fabriqués par la nouvelle société de consommation. Les idées de profit et de réussite purement individuels ont gagné du terrain, minant encore davantage les fondations sur lesquelles reposait la convivialité, et l'on a assisté à la destruction progressive des remparts que cette pauvreté avait mis longtemps à édifier. Pendant que des communautés entières ont été emportées dans la misère, quelques-uns de leurs membres - la minorité des "nouveaux riches" qui, misant sur une réussite personnelle, avait choisi de s'intégrer au nouvel ordre économique - se sont alliés aux forces mêmes qui détruisaient leurs propres racines. (p. 250)

 

 

(*) Dans l'expression "société vernaculaire", l’auteur clarifie l'utilisation du terme société. Ce mot n'est pas employé, ici, dans son sens sociologique qui oppose société et communauté, mais plutôt dans le sens que lui donne le latin: socius, "compagnon", c'est-à-dire "rapport entre des personnes qui ont quelque chose en commun". Le mot société désignait, en effet, jusqu'au XVIIe siècle "le sentiment d'amitié et d'alliance éprouvé pour autrui et le lien qui en résulte(1)". Par société vernaculaire, l'on entendra ainsi une formation humaine dont les membres sont liés par une solidarité vécue et concrète. Pour André Gorz, le lien qui unit ses membres est identique à celui qui existe au sein d'une communauté, c'est-à-dire un lien qui n'est ni juridique ni : (...) un lien institué, formalisé, institutionnellement garanti, ni non plus un lien contractuel, mais un lien vécu, existentiel, qui perd sa qualité communautaire à partir du moment où il est institutionnalisé, codifié; car à partir de ce moment il acquiert une existence objective autonomisée qui, pour se perpétuer, n'a plus besoin de l'engagement affectif, de l'adhésion vécue de tous les membres (2). Dans le contexte vernaculaire, société et communauté traduisent indifféremment le concept arabe de l'umma, et l'une et l'autre représentent ces sociétés anciennes qui, selon sir Henry Summer Maine, dans son traité Ancient Law (1861), relevaient du statut (status), par opposition à celles qui suivirent, fondées sur le contrat (contractus) (3). (p.61)

 

(**) L’adjectif économiciste a été introduit par Polanyi(4). Ce mot, traduit de l’anglais economistic, exprime la prépondérance dans le domaine de l’économie des objectifs du profits et de la production de marchandises sans égard aux considérations d’ordre social - plus précisément, le "désenchâssement" (disembedding) du plan économique par rapport au plan social qui a accompagné la fin de l' oikonomia (le mot d'origine indoeuropéenne oikonomos est composé de oikos, "maison", et nomos "règle, usage, loi") ou la production des biens pour les besoins de la maisonnée -, alors que l'adjectif économique n'a toujours indiqué que 1’utilisation par la société de l'économie en tant qu'art ou science de bien gérer la production et la consommation des biens.

L'auteur de The Livelihood of Man précise à ce sujet que le mot économique a pris deux sens totalement différents dont la confusion est la source de bien des méprises et malentendus.

Le premier - qu'il appelle son sens "substantif" - s'applique à la dépendance de l'être humain par rapport à la nature et à ses prochains pour assurer sa subsistance et satisfaire à ses besoins matériels, étant bien entendu que ces derniers ne constituent qu'une partie de ce dont il a besoin.

Le second sens - qualifié par Polanyi de "formel" - associe l'économie à la recherche de solutions au problème de la "rareté", en d’autre termes, au postulat que les ressources nécessaires à la satisfaction des besoins sont, par définition, "rares", et que la tâche de l'économie serait d'affecter ces ressources insuffisantes à la subsistance (livelihood) humaine. (p. 60)

 

En page 263 de son livre, Majid Rahnema précise cependant que dans les sociétés vernaculaires, la rareté est perçue comme l’une des facettes de la plénitude cosmique, comme une dimension de la nécessité et un ressort nécessaire à l’abondance. Créatrice de culture et de convivialité, elle contribue à l’édification de tout un système de défense immunitaire(5). De même que les raretés du désert ont été à l’origine de remarquables inventions propres à la culture des nomades, celles du Grand Nord, par exemple, ont produit les civilisations étonnantes des Inuits ou des Amérindiens. Les raretés naturelles ont donc, historiquement, beaucoup contribué à ce que les sociétés de subsistance, apprenant à tirer le meilleur parti de leurs maigres richesses, deviennent des modèles d’autosuffisance.

 

(1) Définition du Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 1992, p. 1958.

(2) André Gorz, Misères du présent, richesse du possible, Paris, Galilée, 1997, p. 185.

(3) André Gorz, Misères du présent, op. cit., p. 186-187

(4) Karl Polanyi, The Livelihood of Man, W. Pearson éd., New York, Academic Press, 1977, p. 6 sq.

(5) Majid Rahnema, "De l’Homo oeconomicus au développement et à l’aide : histoire d’un autre sida", in Gilbert Rist, Le Nord perdu. Repères pour l’après-développement, Lausanne, Editions d’En bas, 1992, p. 122-123.

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 21:14

http://jeanzin.fr/public/images/2010/.desir_s.jpgLe blog de Jean ZIN. Un autre blog haut de gamme à lire et à découvrir… quand vous avez l’esprit clair et du temps !

Petit extrait du formidable article Le désir plus que la vie

 

Si la réalisation de la philosophie peut avoir un sens, ce ne peut être de nous promettre un monde idéal, celui dont parlent les religions (le Ciel sur la Terre), sans plus de désirs ni de folies. La philosophie n'est pas là pour raconter des sornettes mais, tout au contraire, pour nous dépouiller de nos préjugés et de nos illusions afin de nous ouvrir à l'histoire, au devenir, à l'inconnu. C'est bien en politique et en démocratie que le précepte "connais-toi toi-même" est si important. Il faudrait tout de même tenir compte de l'anthropologie la plus sommaire pour ne pas vouloir nous forger un homme nouveau trop unilatéral, que ce soit l'homo oeconomicus ou l'homo sovieticus ou l'homo numericus, le cyborg, etc. Il faudrait tenir compte un peu plus de la sociologie, de la psychologie, de la psychanalyse, de notre rationalité limitée, de notre diversité, de nos contradictions et de l'indécidable pour ne pas nous idéaliser dangereusement ni nous figer dans une identité factice mais prendre la mesure des difficultés à surmonter pour une démocratie qui ne soit pas du semblant.


Depuis son origine, la philosophie a partie liée avec la démocratie et la dénonciation de la démagogie qui est sa pathologie, le règne de la communication et du verbiage des sophistes. La philosophie et les sciences se sont constituées par le rejet du dogmatisme (étatique) comme du scepticisme (libéral), ce qui en fait des savoirs en progrès, savoir qui connaît sa propre ignorance sans vouloir s'en satisfaire. De même, politiquement, la voie est étroite, entre activisme et renoncement, enthousiasme imbécile et dépression mortifère. Si l'on ne veut pas servir à rien, il faut se situer dans le courant pour s'y opposer ou le dévier en fonction des forces en présence. Il ne s'agit certainement pas de réaliser nos désirs en politique (surtout pas le désir d'être président ou ministre!) mais de réduire les inégalités, combattre les injustices, conquérir de nouvelles libertés, continuer le combat de nos pères. Il s'agit de se situer dans une "tradition révolutionnaire", au nom de la raison et de l'amour de la vérité plus que de nos désirs les plus fous, afin de participer à l'histoire en train de se faire. Il n'y a qu'une seule voie pour cela, la voix publique, celle du récit collectif qui doit rendre compte des faits, des droits effectifs plus que des valeurs.


Il est crucial de bien comprendre quelle est notre marge de manoeuvre pour ne pas être réduits à l'impuissance par des ambitions délirantes un peu trop répandues comme de vouloir changer les gens (ce qui pour beaucoup est le seul objectif politique qui vaille). On attribue un peu facilement les malheurs du temps à la force des puissants, si ce n'est à leur méchanceté. On suppose des complots ou quelque force obscure. Le retournement qu'il faut opérer, c'est de considérer que notre faiblesse vient surtout de n'avoir rien d'autre à y opposer de consistant, du moins d'être incapables de nous entendre sur les solutions. Il ne sert à rien de vouloir mobiliser les désirs ou changer notre imaginaire. Notre désir ici n'a pas son mot à dire quand on doit construire un projet collectif. C'est le caractère irréaliste, inadapté ou catégoriel des revendications qui les déconsidère, pas la propagande ennemi. Notamment, en rester au quantitatif, c'est donner le pouvoir à la finance qui sur ce plan est imbattable. Ceux qui s'imaginent que la solution est évidente et connue de tous sont obligés de croire que ce sont les médias qui nous tiennent en leur pouvoir pour nous empêcher de voir la réalité mais c'est plus grave car la contestation elle-même est complétement en dehors de la réalité. En fait, malgré la foi des militants, ce qui ne se réalisera pas, c'est presque toujours ce qui n'est pas possible ou du moins pas durable mais qui souvent n'est pas si désirable que ça non plus, bien qu'ils en soient si persuadés. Il faut faire avec une réalité complexe et multiple. Ce sont nos finalités qu'il faut adapter précisément à la situation, à la richesse des possibles. On n'a que faire de fantaisies arbitraires ni de grands principes. La question politique est avant tout cognitive face à la rupture anthropologique de l'ère de l'information, de l'écologie et du développement humain. S'il y avait vraiment une alternative crédible et l'union des travailleurs, ces puissances souveraines qui nous semblent si invincibles ne tiendraient pas un instant, mais pour cela il faudrait au préalable en rabattre un peu sur nos prétentions trop idéales, pour obtenir beaucoup plus pratiquement !


L'analyse des potentialités effectives ne va pas de soi, c'est l'objet du débat politique mais qui exige de toutes façons un travail d'enquête et d'information sur les conditions concrètes des pratiques concernées. On ne peut se payer de mots, parler de valeurs, d'idées, d'absolus. C'est justement à cause de l'irrationalité du désir et de nos penchants pour l'utopie qu'il faudrait exclure du débat public tout ce qui vise une perfection qui n'a plus rien d'humaine. Aristote n'a pas été au bout de son opposition à Platon sur ce point mais c'est incontestablement l'idée d'un Bien suprême qui est contradictoire avec ce que nous sommes, avec la vie elle-même qui n'est pas sans la mort qui l'accompagne, avec l'histoire qui avance par son mauvais côté, avec l'information et l'évolution qui ne sont concevables hors d'un monde incertain. Le seul bien, c'est l'activité elle-même et donc le désir. Non seulement la vérité n'est pas donnée et doit être conquise sur l'erreur et les préjugés, non seulement elle ne peut éliminer toute illusion, mais elle reste toujours incertaine, provisoire, imparfaite, in-finie, à suivre. Il faudra bien l'admettre pour regarder la réalité en face et reprendre l'initiative. D'une certaine façon, les libéraux, eux, l'ont bien compris, sauf qu'ils ont tort de prétendre qu'on ne saurait rien, sous prétexte qu'on ne sait pas tout, et que, dès lors, on ne pourrait rien faire que s'occuper de ses petits intérêts, comme si l'amour n'existait pas et la simple solidarité humaine, comme si nous n'avions pas en charge notre destin commun, comme si le langage et le sens n'étaient pas communs tout comme les techniques, le système de production, l'espace public, etc.


On peut dire que l'amour, invoqué un peu lourdement par d'autres, manifeste ouvertement pourtant toutes nos contradictions, non pas l'amour rêvé et bienveillant mais l'amour réel ou plutôt leur opposition même. Vouloir que tout le monde s'aime, comme on le répète un peu béatement, c'est à l'évidence contradictoire. Qui donc serait prêt à se satisfaire d'un amour de principe ? Pire, c'est bien souvent l'amour la cause de l'égoïsme et de l'agressivité, quand il ne tourne pas à la haine. Plus généralement, les relations humaines sont inadéquates. Alors qu'on vise son désir, il n'y a pas moyen de ne pas être pris pour objet par l'autre, lui appartenir de quelque façon, subir sa pression. La domination est dans le langage qui nous poursuit de ses injonctions. Le malentendu est la règle. Cela n'empêche pas l'amour, sinon nous ne serions pas là, mais tout cela ne tient ordinairement que par convention. Comme disait Lacan, ce qui fait tenir les relations humaines, ce n'est pas d'y penser. On ne peut toujours s'en abstenir, hélas, question de sensibilité plus ou moins maladive...


Lire aussi:

Retour sur les religions

 

Relocalisation mode d’emploi

 

La nature et la vie

 

Dès lors qu'on vise son désir, il n'y a pas moyen de ne pas être pris pour objet par l'autre

Lire le texte Le désir comme désir de l'Autre également référencé dans les liens A lire de ce blog.

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25 juillet 2010 7 25 /07 /juillet /2010 11:09

Un article du blog d’Agnès Maillard, à découvrir, à lire, à méditer. Rare sont les écrits d’une telle qualité sur la toile. Place donc à Agnès Maillard alias Le Monolecte :

http://farm5.static.flickr.com/4021/4534969927_076627a4b8.jpg

Ils sont tellement domestiqués que le jour où leur chaîne virtuelle se distend, ils n'arrivent même pas à faire un pas de côté, ils ne pensent même pas à explorer cette parcelle de liberté inattendue tombée du ciel, ils ne parviennent qu'à maudire leur sort, à chercher des lampistes sur lesquels défouler leur angoisse et ne rêvent que du sempiternel retour à la normale. Eux, ce sont les maîtres du monde, les élites du système, concentrés à jouer à saute-mouton d'un continent à l'autre, drapés de leur propre importance, convaincus que sans eux, le monde, leur monde en fait, s'écroulerait dans la minute. Eux, ce sont les naufragés du ciel, éparpillés dans tous les aéroports du monde, les sens paralysés par les derniers couinements de l'Iphone ou du Blackberry, coupé de sa base d'alimentation habituelle. Eux, c'est l'élite internationale et cosmopolite de ceux qui font le monde tel qu'il est et qui martèlent sans cesse qu'il n'est pas possible d'en changer. Parce que c'est le seul monde qu'ils connaissent, parce qu'ils n'ont aucune imagination, ni aucun sens du réel. Eux, c'est Daniel Mermet qui les décrit, goguenard, amusé, coincé à Tokyo dans un terminal aéroportuaire en train de se transformer en jungle de Calais par la grâce d'un lointain, très lointain volcan islandais.

En quelques heures, tout le système s'est grippé. En quelques heures, il a bien fallu s'adapter à un monde sans avions et brusquement, il est apparu que nombreux étaient ceux qui pouvaient s'en passer. Comme les ministres européens qui découvrent subitement les joies de la téléconférence avant de probablement se mettre à préférer le train. À l'heure où le réchauffement climatique est une préoccupation internationale, où l'on explique à longueur de temps aux citoyens que le choc pétrolier va engendrer le chaos, ceux qui nous gouvernent n'ont de cesse de se réunir, de se retrouver, de se croiser, de se renifler, empruntant sans cesse le moyen de transport le plus polluant du monde, contraints, disent-ils, par la nécessité de leur charge, par le fait qu'ils sont irremplaçables, partout, tout le temps. Jusqu'à ce que les faits, têtus, viennent les contredire.

Parce que vu du sol, un monde sans avions, c'est plutôt sympathique, vu de nos pieds de rampants assignés à résidence par des contingences économiques soi-disant indépassables, le souffle du volcan balaie bien des automatismes, bien des renoncements, et éclaire un horizon sans traces. Pour la grande majorité d'entre nous, la paralysie de l'espace aérien, c'est le chef de service qui va rester bloqué quelques jours de plus (le pauvre !) dans le cadre de ses vacances paradisiaques, c'est le patron en exil prolongé, ce sont les obsèques désertées d'un dirigeant contestable déjà victime du ciel, ce sont des clandestins qu'il n'est plus si urgent d'expulser. Pour la grande majorité d'entre nous, les cloportes dont le champ des pérégrinations est soigneusement délimité par le triangle étroit des trajets domicile-travail-courses, un monde sans avions c'est un monde dans lequel nous tournons nos regards vers le ciel et où nous plongeons avec délices nos yeux dans le bleu intense et silencieux, un bleu à s'en noyer les rétines, un bleu infini, le bleu au-dessus de la matrice habituellement tracée par leurs innombrables trajectoires indifférentes.

Le grain de sable dans la machine

En fait, comme chaque fois que la machine se grippe, comme chaque fois que la chape de plomb qui nous courbe l'échine se fendille, c'est une brusque profusion, une explosion de petite humanité radieuse qui pousse par les interstices du système comme l'herbe folle envahit les fissures de béton. Le grain de sable ou le nuage de cendre nous rappelle à chaque fois que l'édifice sous lequel s'est construit notre asservissement à un monde qui nous utilise, nous broie et nous jette après usage, que cet édifice est branlant et que ses fondations sont nos habitudes. Chaque fois que l'ordre totalitaire des choses est bousculé, presque immédiatement, ses vides béants sont comblés par la somme des pratiques, des valeurs et des comportements dont on nous dit pourtant qu'ils sont d'un autre temps, démodés, obsolètes.

Je me souviens avec délice du chaos des grandes grèves de 95, quand, subitement, il avait fallu faire autrement, quand, brusquement, ce n'était plus ma montre qui me dictait ma vie. De la nécessité de la patience. Du besoin de communiquer, de partager, de s'entraider. Je me souviens des conversations profondes et intimes démarrées sous un abribus abandonné de tous, entre Opéra et Le Louvre, des covoiturages sauvages et souriants, de cette galère commune qui a rempli les rues, les couloirs, les paliers, qui a rendu le sourire à beaucoup, qui nous a restitué un précieux temps de vie que nous concédons habituellement et à vil prix à des tâches sans intérêt et sans gloire.

Je me souviens d'une grande panne de courant dans mon enfance, où, subitement, toutes les boîtes à cons se sont tues, où tous les prophètes du monde qui tombe ont eu le sifflet coupé, où, d'un seul coup, les gens se sont retrouvés sans rien d'autre à faire que de se rencontrer. Quelques heures sans le sempiternel refrain de la peur et du chacun pour sa gueule et déjà, le voisin n'était plus l'ennemi, déjà, il y avait tant d'autres choses à faire que de rester le cul dans son fauteuil à regarder des inconnus vivre à notre place. C'était merveilleusement étrange, ce monde qui, à force de ne plus fonctionner, se mettait subitement à vivre. La rue n'était plus l'espace des trajectoires solitaires et pressées, le lieu des rencontres inquiétantes, des bruits agressifs, c'était redevenu l'artère qui nourrit, l'endroit où tout se passe, où les vieux tirent une chaise sur le trottoir, où la palabre s'installe, où chacun dégaine un saucisson, un bout de pain, quelques poèmes, des blagues salaces, des récits grandioses, des particules de bonheur hors du temps qui nous lamine habituellement.

Plus près de nous, il y a eu Klaus, le visiteur venu du large, son sillage catastrophique dans lequel ont immédiatement germé les graines de l'entraide et de la solidarité.

À chaque fois, pourtant, ils nous prédisent qu'il n'y a point de salut hors de leurs prisons mentales dans lesquelles nous croupissons par la force de l'habitude, la peur de l'inconnu ou juste un immense manque d'imagination. À chaque fois, pourtant, la multitude des petites gens, des gens de rien, des gens de peu, prouve qu'au contraire, la vie est belle dans les failles du système, qu'il n'y a pas d'effondrement brusque de la civilisation quand leur étreinte se fait moins forte, que sous la contrainte des événements, nous savons, collectivement, inventer du vivre-ensemble, du vivre-bien, du vivre-mieux. Et même si, à chaque fois, ils finissent par nous convaincre de rentrer dans le rang, petit à petit, les fissures s'agrandissent, les failles se creusent, l'édifice se fragilise et à travers les interstices, nous pouvons déjà deviner que non seulement un autre monde est possible, mais qu'il est déjà là !

 

Source : Article du 20/04/2010 titré Interstices

Lire entre autre :

 

Rage against the machine

Les affabulsificateurs

Universal soldiers

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 11:14

 

cube verre homme

 

Le dernier livre de Christian ARNSPERGER (Ethique de l’existence post-capitaliste) fourni un formidable outil de lecture des rapports de l’homme au monde. Cet outil est en fait celui des «quatre quadrants» ou «vision intégrale» proposé par le philosophe nord-américain Ken WILBER.

 

Intérieur

Extérieur

 

CONSCIENCE

(Esprit)

 « Moi »

« CHAIR »

(Corps & Âme) 

« Cela singulier »

Individuel

CULTURE

(vision du monde)

« Nous »

SYSTEME

(mécanique du monde)

« Cela pluriel »

Collectif

Les 4 quadrants de lecture de Ken WILBER

 

Le rapport des hommes au monde peut être subdivisé en 4 parties distinctes dont les axes verticaux sont l’intériorité et l’extériorité et les axes horizontaux sont l’individualité et la collectivité. Comme nous pouvons le voir en lecture horizontale du tableau, les 4 parties sont respectivement la conscience et la « chair » pour le volet individuel et la culture et le système pour le volet collectif. En lecture verticale, et de manière caricaturale, celui qui ne privilégie que l’intérieur est un mystique, religieux, abstrait alors que celui qui ne privilégie que l’extérieur est un positiviste, cartésien, matérialiste.

 

Nombre de critiques ou d’analyses du monde parlent souvent du quadrant système, parfois du quadrant cultures mais très peu des quadrants conscience et chair. Ce qui se dégage de ce simple tableau à 4 entrées est une clé de lecture complète, holistique (« comprehensive » au sens anglo-saxon, c’est-à-dire faisant intervenir une connaissance globale, voire ontologique) de l’ensemble des rapports humains entre eux (culture), avec eux (conscience), entre les choses (système) et avec les choses (chair). Par ailleurs, outre cette lecture plane, il ne faut pas perdre de vue la lecture tridimensionnelle permettant à ce tableau de s’élever dans l’espace à mesure que le niveau de conscience collectif évolue.

 

Cette clé de lecture permet en effet de poser les bonnes questions et de trouver les bonnes réponses lorsque nous sommes confrontés à un problème. L’analyse du capitalisme à travers cette fenêtre s’avère particulièrement révélatrice. Révélatrice des origines, des boucles récursives auto-amplificatrices et de la force des blocages.

 

D’un point de vue systémique, nous pouvons en effet constater que tout mouvement contestataire s’inscrit toujours au sein de ce système et raisonne toujours à l’intérieur de ce système : revendication salariales, baisse des prix, emploi, croissance, etc. C’est le cas des mouvements contestataires altermondialistes, marxistes ou syndicaux. Le système est auto-référencé. De même, d’un point de vue culturel, tous nos actes sont posés selon le moule dominant. Pas moyen de faire autrement sans être taxé d’écolo, bobo, soixante-huitard, voir même de Cro-Magnon. Toute pensée divergente de la doxa dominante est aussitôt vue comme une dérive, une hérésie. On se sent exclu, rejeté, jugé et marginalisé. Il est alors particulièrement difficile de se tailler « une place au soleil » dans ce monde et ce système qui est le nôtre et que nous promouvons tous consciemment ou à notre insu.

 

Mais tout cela est de la diatribe bien connue. Attardons plutôt à la cause première. A cette pulsion profonde qui parvient à faire passer un régime plutôt qu’un autre à travers les siècles malgré les innombrables luttes et contestations. Grace à certains choix idéologiques, le capitalisme est en effet parvenu à bien mieux s’imposer que le communisme qui s’est quelque peu égaré sur certains points. Certains disent que le communisme est le système de l’homme tel qu’il devrait être alors que le capitalisme est le système de l’homme tel qu’il est. Quel est cet homme ? Cette fameuse « nature humaine » que d’aucuns brandissent avec force pour justifier leurs actes ou leur apathie ? Ce qui différencie fondamentalement l’homme de la nature, ce sont ces questions existentielles : Qui suis-je ? D’où vins-je ? Où vais-je ? Ces questions existentielles en soulèvent rapidement d’autres centrées sur la peur : peur de manquer (de biens mais aussi d’affection), peur du vide (affectif ou charnel), peur de souffrir, peur de mourir. La religion qui tente d’apporter des réponses à ces questions semble avoir complètement cédé la place au capitalisme. Le capitalisme est devenu notre religion séculière. Religion au sens étiologique : qui cherche les causes profondes et qui donc calme, apaise et cherche à apporter des réponses à nos peurs et angoisses existentielles. Le religieux profond, spirituel et existentiel est aujourd’hui porté aux gémonies par un capitalisme culturel qui a envahi nos vies jusque dans les moindres recoins. Stigmatisé et instrumentalisé, le religieux profond s’est institutionnalisé. L’église s’est convertie au capitalisme. A l'inverse de Marx, lorsqu'à propos des religions ou de spiritualités il parle d'opium du peuple, je pense que la force du capitalisme réside précisément dans une profonde et perverse aliénation spirituelle. Mine de rien, l’air de rien, subrepticement, la capitalisme apporte des réponses à nos angoisses les plus fortes. Alors, on consomme, on produit, on cherche à gagner plus, on s’abruti au travail, on joue des coudes avec des œillères.

 

Les 6 axiomes capitalistes

L’idéologie capitaliste tire sa source dans nos peurs les plus profondes et donc dans le culte de l’ego, dans la pensée libérale : la liberté individuelle au service du bien commun. C’est de cette pensée et de la pensée protestante que sont nés les 6 grands axiomes capitalistes :

 

1) Croissance. « Croissez et multipliez-vous ». Nécessité salutaire d’un effort collectif face à l’adversité de la Nature. Une Nature à dompter par la croissance, la production et le progrès. C’est la pensée des grands économistes classiques tels que Malthus, Ricardo et Smith. C'est également un pilier central de la pensée Marxiste.

2) Travail. « L’oisiveté est mère de tout les vices ». Pensée typiquement protestante, qui voit dans le travail un véritable accomplissement de Dieu et le salut de son âme. « Travaillez bonnes gens, et vous serez sauvés ». Du Moyen-âge à la renaissance, d’avilissant, le travail gagne ses titres de noblesses pour devenir salutaire.
C'est aussi un pilier de la pensée Marxiste.

 

3) Efficacité-Concurrence. « Produire plus pour gagner plus » sic. « Manger ou être mangé ». Nécessité de se battre pour survivre. Travailler comme une bête de somme, le plus rapidement et le plus efficacement possible, le tout afin de satisfaire aux 2 premières exigences citées ci-dessus.

 

4) Innovation« Parce que vous le valez bien ». Selon William BAUMOL(1) les 3 grands piliers du capitalisme sont la croissance, la productivité et la concurrence. Mais ces 3 piliers ont besoin d’un ingrédient supplémentaire essentiel appelé culture d’entreprenariat. La nécessité d’avoir de doux penseurs de l’école FFRIEDMAN qui voient dans l’innovation par le profit et sa maximisation le but suprême de la vie.

 

5) Propriété. « Mon, Ton, Son, Ma, Ta, Sa, Mes, Tes, Ses ». Certaines tribus primitives ne connaitraient pas l’usage des pronoms possessifs. Pour nous, occidentaux capitalistes, ils sont la justification de tous nos efforts (travail, croissance, efficacité, concurrence, productivité) et ils sont une forme d’aboutissement à nos angoisses existentielles. L’acquisition d’une propriété, de biens et de services forment une sorte coque de protection à ces angoisses.

 

6) Consommation. « The American Way of Life is Not Negotiable » sic. Le plus révélateur ici est ce fameux appel de Bush à la consommation peu de temps après les événements du 11 septembre. C’est aussi la grande crainte de la crise économique et financière. C’est à la fois le point faible et le point fort de l’économie capitaliste.

 

On constate combien ces 6 axiomes sont profondément ancrés dans des axiomes existentiels profond. Tous, touchent à la peur de manquer, de mourir, de se retrouver seul ou envahi par les autres. Notons aussi que les deux premiers axiomes à la base des autres sont aussi ceux de l’idéologie Marxiste.

 

Le cycle des 4 quadrants

Pour en revenir aux 4 quadrants, ce qui est important de noter c’est le cycle auto-validant et inter-validant de ceux-ci.

 

A la base, c’est bien-sûr la conscience qui crée et influence tout le reste. Par la suite, le reste - la culture, le système, notre âme et nos corps - influence notre conscience. La culture capitaliste technoscientifique opère comme un cercle vicieux entre ces deux pôles. Notre conscience fait partie de l’ensemble, elle est enchâssée dans le système. Elle a été phagocytée par la méga-machine de notre égo. Rare sont ceux qui parviennent à faire la part des choses entre le conditionné et le conditionnant.

 

Ces quatre quadrants utilisent donc notre conscience pour former une boucle de renforcement mutuel qui nous bloque sur un plan horizontal. Toute l’énergie utilisée à l’adaptation ou la correction du système est perdue au détriment de l’élévation du plan horizontal à des niveaux de consciences supérieurs.


Système => Culture

Le système influence la culture. La rentabilité du capital engendre des croyances, des lois et des valeurs qui créent une culture capitaliste.

 

Système, Culture => Conscience

Ce système et cette culture capitaliste touchent la conscience en inculquant l’idéologie de la gagne, du travail et de la compétition pour se faire un nom, une réputation et, à l’extrême, donner un sens à sa vie. Plongé dans son système et sa culture capitaliste, l’individu se trouve comme un poisson dans l’eau. Il s’épanouit et s’affirme mais ignore, ou feint d’ignorer, ce qui se passe plus loin et/ou plus tard.

 

Conscience, Culture => Chair

La conscience comme la culture capitaliste touchent l’âme et le corps par des états cérébraux et des mécanismes métaboliques soutenant le principe d’accumulation du capital. La malbouffe et les états de dépendance alimentaires (café, alcool, cigarette) ou autres (jeux, drogues, télé, GSM, iPod) témoignent de cet esclavagisme du corps et de l’âme à la culture et à la conscience capitaliste. Tous nos achats compulsifs démontrent cette dépendance avec éclat. Il en va de même pour nos comportements carnassiers et obsessionnels visant à gagner plus, à investir plus et à prendre des parts de marché toujours plus importantes. Ces pulsions obsessionnelles trouvent bien sûr un revers de médaille dans les multiples troubles sanitaires de notre société. Troubles qui se traduisent aussi bien au niveau somatique (digestion, boulimie, maladies cardio-vasculaires, cancers, etc.) que psychologiques (stress, anxiété, suicides). A force d’achats et de comportements compulsifs, nous ignorons non seulement les limites planétaires mais aussi nos propres limites corporelles et intellectuelles.

 

Chair, Conscience => Système, Culture

Nos cerveaux et nos corps capitalistes créent enfin des conceptions et des mécanismes institutionnels qui poussent à cette production – consommation et à cette idéologie du gain. Marchés et mécanisme de commandement se mettent alors en place pour encore et toujours la même rengaine de maximisation du capital.

 

La boucle est bouclée.boucle4quadrant_wilber.jpg

 

Pour en sortir, il faut être conscient du piège et de nos interactions avec celui-ci. Il faut ensuite tenter de se dégager de cette logique par des pratiques de « méditation » et par des expérimentations collectives de nouveaux modes de vie, de nouvelles façons ou manières d'ÊTRE au monde. D’un point de vue concret, le travail sur soi est la Voie. Simplicité, frugalité, décroissance, autocritique et spiritualité (sens de la vie) sont les clés de sortie du labyrinthe capitaliste. Relocalisation et démocratisation (travail, ecologie, monnaie) tombent alors sous le sens. C'est ça le changement de paradigme. C'est ça le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas.

 

 

C’est ce que Christian ARNSPERGER appelle le « militantisme existentiel » ou encore « l’acceptation critique ». Être bien conscient que nous faisons partie intégrante d’une culture, d’un système et d’une conscience capitaliste dont nous sommes responsables et dont il est essentiel de sortir si nous ne voulons pas éteindre la flamme (de Vie, de Conscience, de Divin). Cependant, et de manière assez magistrale, se voulant à elle-même, poussée jusque dans ses derniers retranchements, cette flamme est capable du pire comme du meilleur.

 

Intrigué par le socialisme soviétique qu’il voyait user de violence, de manipulation et de mensonge, Gandhi se disait partisan d’un socialisme « pur comme le cristal » requérant par conséquent le courage de méthodes « d’une pureté cristalline (…) car les moyens impurs dénigrent le but et mènent la cause à sa ruine ».(2) La sociale démocratie verte n’est-elle pas le pâle reflet du socialisme soviétique ?

 

Note :

(1) William J. BAUMOL, cité par Christian ARNSPERGER p. 67. The Free-Market Innovation Machine: Analyzing the Growth Miracle of Capitalism, Princeton, Princeton University Press, 2002.

(2) Thierry VERHELST, Des Racines pour l’Avenir, L’Harmattan, 2008.

 

http://www.pac-bruxelles.be/images/stories/confrence_de_Paul_Aris_15_juin.jpg

 

Plus d'informations sur: www.pac-bruxelles.be

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 16:31

A Christian ARNSPERGER,

 

logo_livre_rodolphe.jpegLa réception d’une invitation par l’association Philosophie & Management à une séance publique de clôture sur le thème «Qu’avons-nous appris? Que faire lundi matin ?» le jeudi 6 mai me laissa particulièrement perplexe : « comment concilier Management et Philosophie dans le paradigme actuel ? Ne sommes-nous pas en plein oxymore si bien dénoncé par Serge LATOUCHE ? ». La philosophie elle-même n’est-elle pas influencée par les courants de pensée, les aléas et grandes croyances du moment (Malthusianisme, Maccarthysme, Marxisme, etc) ?

 

Ce qui m’a poussé à m’inscrire à cette séance de clôture est cette phrase figurant sur la page d'inscription à cette séance publique: « livre qui a guidé notre cycle de séminaires et conférences cette année ». Le livre en question étant le formidable, magistral et atrocement lucide «Ethique de l’existence post-capitaliste» de Christian ARNSPERGER.

 

Ma réflexion fût la suivante : «Si Christian ARNSPERGER participe à ce genre de rencontre et si c’est effectivement ce livre qui a guidé les multiples séminaires de Philosophie et Management, ça doit peut-être valoir la peine d’y aller».

 

Car en fin de compte, n’est-ce pas Christian qui m’a fait découvrir Marc FLEURBAEY en citant son livre à de multiples reprises dans le sien (Ethique de…) et dont le titre « Capitalisme ou démocratie ? » est assez proche de celui de ce blog.


Tout d’abord, il s’agit de soustraire le travail humain au marché. Le travail salarié est une injustice structurelle qui précipite quotidiennement des centaines de millions de personnes de par le monde dans des tâches sans autonomie, dictées par les porte-parole des détenteurs de capitaux. La gauche ne peut pas accepter l’aliénation salariale. La seule solution est de promouvoir la démocratie d’entreprise et, à terme, de voir disparaître les entreprises qui ne seraient pas détenues et dirigées par les travailleurs. Marc FLEURBAEY, Capitalisme ou démocratie ? Cité par Christian ARNSPERGER, Ethique de l’existence post-capitaliste.

 

Je me demandais donc ce que Christian pouvait bien faire dans ces milieux huppés qui commencent seulement à percevoir que quelque chose ne tourne pas rond et qui cherchent à comprendre… Selon moi, il s’agissait pour lui de ne négliger aucune piste et leviers potentiels d’actions.

 

"La seule solution est de promouvoir la démocratie d’entreprise et, à terme, de voir disparaître les entreprises qui ne seraient pas détenues et dirigées par les travailleurs". Marc FLEURBAEY, Capitalisme ou démocratie ? Cité par Christian ARNSPERGER, Ethique de l’existence post-capitaliste.

 

Christian a essayé et là, à l’image de ses éloges pour l’organisation et la démarche du groupe Philosophie & Management (que j’approuve également) j’aimerais lui faire les mêmes éloges et les mêmes félicitations. Bravo ! Chapeau ! Respect !

 

Car vous n’avez pas fait ce que tous nos politiciens et conseillés de haut vol (Jacques ATTALI) maîtrisent à merveille à savoir l’électoralisme de bas étage, ou le corporatisme narcissique.

 

Comme vous avez si bien conclu cette séance de clôture, en reprenant la remarque d’un des derniers intervenants, ce débat était décevant, insipide et peu constructif.

 

Il valait cependant la peine d’y assister jusqu’à la fin, ne fusse que pour être au fait de l’état de la pensée dans ce milieu mais aussi et surtout pour vous entendre le conclure de la manière la plus régulière, sobre et puissante qui soit : « Eh bien… Malheureusement…J’ai bien peur que rien ne changera lundi, ni mardi, ni mercredi, ni jeudi… j’ose cependant espérer que les voix et consciences des plus jeunes parviendront à faire entendre raison à tout ce qui a été dit dans cette salle et plus particulièrement par mes 2 voisins de table ! »

 

Parmi les propos du haut dignitaire BCG (Bruno Van Lierde, assis à votre gauche), j’ai retenu : « une entreprise n’est pas au service de la société, elle est au service de son client (…) Nous cherchons à satisfaire les besoins de nos clients». Il n’a évidement pas précisé que dans notre économie d’abondance (offre supérieure à la demande), l’entreprise se doit de consacrer une large part de son budget à la création des besoins souvent après commercialisation (la publicité est le deuxième budget mondial après l’armement). Et pour votre voisin de droite (Charles de Liedekerke), j’ai retenu : «ce qui compte pour une entreprise, c’est de réaliser ses objectifs, de rétribuer ses dirigeants et actionnaires et de gérer son budget de manière optimale (productive)».

 

Comme tous les grands pingouins margoulins présents au forum économique mondial de Davos, ils étaient bien sûr d’accord avec toutes les belles idées résumées par le cycle de conférences de Philosophie & Management. « Plus de limites, bien sûr ! Plus de liens, évidemment ! La finalité, toujours !  La transition, mais elle est au cœur même de l’entreprise ! ». Où est le problème finalement ? Ils étaient donc d’accord MAIS dans les limites du « capitalistiquement » admissible. D’accord selon leurs critères, leur système de valeur, leur mode de pensée… Un mode de pensée centré sur la maximisation du capital que vous dénoncez pourtant si bien dans votre livre et sur votre blog TRANSITION ECONOMIQUE.

 

Les deux intervenants disaient être d’accord sur une nécessaire réglementation financière, d’adopter des monnaies complémentaires ou une charte plus éthique. Mais tout cela dans le même cadre et paradigme capitaliste au service du profit et non de l’homme. Aucun ne pensait en terme sociétal, en terme de rétribution égalitaire ou de gestion décentralisée…

 

Maintenant qu’il est au pied du mur, le monde du management commence à s’inquiéter des externalités (dommages environnementaux) et des terribles dérives financières qui menacent l’entreprenariat. S’il reste capitaliste, il ne tentera jamais de corriger les internalités (dommages sociaux - Cfr. texte principal du blog de Christian ARNSPERGER) car elles sont la raison d’être du capitalisme. La pratique officielle d’un outil comme le NAIRU n’en est-elle pas la plus belle représentation ?

 

Mais les Managers ne sont pas plus à blâmer que les Syndicats qui se sont tant et largement mobilisés pour Copenhague et absolument pas pour la Grèce ! Il y a bien quelques déclarations de rage et de haine comme moi sur ce blog mais aucune manifestation. Cette absence de solidarité est symptomatique et révélatrice de la cause structurelle et systémique de la crise des crises que nous vivons. Copenhague ou la révolte du peuple grec, c’est LE MÊME COMBAT !

 

L’absence de mobilisation solidaire face à l’injustice grecque est affligeante. C’est toute une nation qui est mise sous tutelle d’un monopole bancaire et financier carnassier. S’il n’en était pas ainsi dans la manière de traiter l’homme, il n’en serait clairement pas ainsi dans la manière de traiter la nature. Les deux comme le cosmos ne font qu’un.

 

Ce n’est donc pas encore de ces hommes là (Les grands Managers) qu’il faut attendre un réel changement. Certains managers de cette trempe existent mais ils ne faisaient, à l’évidence, pas partie de vos interlocuteurs. Surtout ne vous découragez pas ! La route est longue, les impasses, trappes et sournoiseries, nombreuses ! Même au sein des mieux intentionnés d’entre nous. « L’enfer est pavé de bonnes intentions ».

 

Mais encore une fois, bravo et merci. Merci pour votre engagement, votre force de parole et surtout vos convictions qui ne se maquillent pas en fonction de la couleur de votre auditoire !

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