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  • : Démocratie? Ou Ploutocratie?
  • : Pas d'issue aux grands défis de l'humanité (pétrole, eau, famines, biodiversité, érosion, climat...) sans changement de paradigme et TOTALE remise en question tant au niveau individuel que pluriel (mode de vie, économie, progrès…)
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Tonnes CO2/personnes/an

2 = capacité d'absorption de la terre
4 = moyenne mondiale (2 fois trop)
8 = émission moyenne d'un Européen (4 fois trop)
20 = émission moyenne d'un Américain (10 fois trop)
0,09 = émission moyenne d'un Burkinabé
0,06 = émission moyenne d'un Ethiopien

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Bon à savoir

- La production d'un kilo de bœuf nécessite autant d'eau qu'une douche (débit de 18 litres par minute) quotidienne de 5 minutes pendant 2 ans.


- En Europe, chaque tête de bétail est subsidiée à plus de 2 euros par jour, soit un peu plus que le revenu journalier des 2/3 de la population mondiale.

 

- Le total des actifs financiers (crédits et spéculations) atteint 6,7 fois le PIB mondial!

 

- Dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme 6 fois la France.


- Seuls 1,6% des dépenses militaires ou 4,3% des subventions agricoles sont nécessaires pour assainir les besoins en eau de 80% des Africains.


- La fortune des 3 individus les plus riches de la planète est supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres (600 millions de personnes).


- Les pays en développement, qui subissent durement les dérèglements climatiques, ont produit moins de 20% des 350Gt (giga tonne) de CO2 accumulé dans l’atmosphère depuis 1850, alors qu’ils représentent 80% des terriens.


- Pour la banque mondiale, de 2006 à 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 85%. Dans les pays pauvres, les dépenses alimentaires représentent 60 à 90% des budgets des ménages…


- Un plein de 50 litres de bioéthanol correspond à  250 kg de maïs, de quoi nourrir une personne pendant une année.


- Par an, les avions commerciaux émettent autant de CO2 que toute l'Afrique.


- L'élevage industriel consomme autant de céréales qu'Indiens et Chinois réunis (moitié de la population mondiale).

- La production, le stockage, le transport et le conditionnement d'une calorie alimentaire issue de l'agriculture conventionnelle nécessite 40 calories fossiles!


- D'autres chiffres ici

 

Archives

Citations & Livres

Aucun être humain ne vient au monde pour éviter à ses frères la peur de mourir en niant le corps par le travail et l'intellectualisation du monde. [Raoul VANHEIGEM] Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire

 

Ce que fait actuellement la logique de marché, c'est jouer sur la méfiance radicale de l'être humain à l'égard du détachement, ancrée dans l'énergie angoissée du besoin, pour pouvoir inverser l'énergie renonçante du Désir en énergie compulsive de l'envie. [Christian ARNSPERGER] Ethique de l'existence post-capitaliste

 

Le discours économique a une fonction terroriste, celui d'évincer le citoyen du débat [cité par Marie Martin-Pêcheu] Bio-économie

 

La monnaie et l’économie existent parce que l’homme n’a pas confiance en son prochain, qu'il suppose – souvent à raison - vouloir obtenir un échange gagnant. Il veut des garanties. Mais les garanties ne tiennent pas leurs promesses et se révèlent incapables d’empêcher l’injustice. [Didier LACAPELLE] Manuel d'anti-économie

 

Pour ceux qui connaissent le sens profond des choses, les paroles brèves sont des commentaires ; Pour ceux qui se fient aux apparences, les vastes discours ne sont que des abrégés imprécis. [Mawlânâ Djalâl Od-Dîn Rûmî] La geste de Taliesin

 

Notre époque a besoin d’une grande bouffée d’air frais, qui la revivifie. Vienne le temps où chaque individu, rejetant l’apathie dont tire sa force le pouvoir léthargique qui l’opprime, se change en guerrier sans armure et sans autre arme qu’une invisible force de vie. Qu’il combatte sans relâche pour ce qu’il a d’unique et de plus cher au monde, sa propre existence, vrai champ de bataille où nerfs, muscles, sensations, pensées répondent à la sollicitation de désirs obnubilés par la passion de jouir et que contrarient, refoulent, mutilent et nient les mécanismes d’une économie qui exploite le corps à l’égal de la terre. [Raoul VANEIGEM] Nous qui désirons sans fin


A travers le voile de notre vision rationnelle, la lumière du Réel se brise, et la transforme en une autre vision, comme la lumière du soleil dans la pluie donne l'arc-en-ciel. L'homme, devenu conscient du soleil, comprendra l'arc-en-ciel d'une facon différente. Mais celui qui aura le courrage de tourner le dos à ce qui n'est que l'arc-en-ciel, verra le soleil lui-même. L'homme ressent en lui-même et en son monde, la promesse d'une Réalité qui, à l'origine de son développement rationnel, se cache. [Karlfried GRAF DÜRCKHEIM] 
La percée de l'être ou les étapes de la maturité


L'écologie extérieure sans écologie intérieure n'est qu'illusion. Si intérieurement, l'esprit est mu par des violences passionnelles, cela se traduira inévitablement en comportements extérieurs. Intérieur et extérieur sont interdépendants. Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement à l'extérieur est illusoire. [Denys RINPOCHE]


L'économie politique a placé sur un podium quelques-unes de nos dispositions naturelles les plus vilaines : le matérialisme, l'esprit de compétition, la gloutonnerie, la vanité, l'égoïsme, la myopie intellectuelle et la toute bête cupidité. [Hazel HENDERSON] cité par Fritjof Capra dans Sagesse des sages

Si la logique en place est si tenace, c'est peut-être que quelque chose au fond de nous même y collabore - quelque chose qui participe de l'angoisse et du déni de notre condition d'humains. Les voies de sorties, les plus pertinentes de l'économie capitaliste ne sont donc pas économiques. Elles sont existentielles. [Christian ARNSPERGER] Critique de l'existence capitaliste, Pour une étique existentielle de l'économie

Notre siècle de rationalité matérialiste, de pesanteur minérale, de substances toxiques largement répandues, d'une science presque totalement asservie au profit, a porté atteinte au monde sensible qui constitue l'enveloppe vivante et vitale de notre planète. Il semble que ce ne soit qu'à l'aune du sacré que nous pourrions mesurer l'ampleur de notre responsabilité. "J'entends par sacré ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l'émerveillement, le respect et le mystère s'allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des être très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force." [Pierre RABHI] Conscience et environnement

Comme une rivière crée les berges qui la contiennent, l'énergie en quête de vérité crée sa propre discipline sans aucune forme de contrainte; et comme la rivière trouve la mer, l'énergie trouve sa propre liberté.
[Jiddu KRISHNAMURTI]
Le sens du bonheur

Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.

[GHANDI]

Richesse c'est pouvoir. C'est le pouvoir d'acheter; c'est un droit de commandement sur tout le travail d'autrui.
[HOBBES]


Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme
[RABELAIS]


Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; Mieux vaudrait un sage ennemi
[Jean de la FONTAINE]

Chaque fois que l'humanité est amputée d'une de ses langues, une de ses cultures, un de ses peuples, ce sont ses propres enfants qui deviennent orphelins d'une partie d'elle même.
[Patrick BERNARD] www.icrainternational.org

Les paradis fiscaux ne sont pas qu'un phénomène marginal réservé à quelques milliardaires, quelques affairistes et beaucoup de mafieux. C'est, au contraire, « une infrastructure essentielle de la finance internationale ». Christian Chavagneux & Ronen Palan


La richesse se mesure au nombre de choses que nous pouvons laisser intactes
[THOREAU]

 

12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 14:32

Parce que nous ne sommes pas des moutons.

Parce que nous ne voulons pas nous laisser emporter par nos émotions.

Parce que l'enfer est pavé de bonnes intentions.

 

Voici une petite compil non exhaustive d'articles intéressants. Compil des articles 6, 7 et 8 à télécharger ici en pdf.

 

1. [Indécence] Rendons hommage à Charlie Hebdo : boycottons la manifestation du 11 janvier (pour 10 raisons)

Excellent article qui remet bien l'église au milieu du village tant il est vrai que Charlie n'était pas toujours de bon goût. Parcourez l'article, lisez, observez bien la sélection des dessins de Charlie, mettez-les en rapport avec vos propres croyances et les millions de victimes innocentes que compte notre politique impérialiste, sioniste et manipulatrice. Ca ne veut pas dire qu'il faut cautionner ce qui s'est passé mais condamner sans penser au reste et sans se mettre réellement à la place de l'autre c'est se placer soi-même dans de bonnes dispositions pour faire la même chose plus tard sous un autre jour.

http://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2015/01/charlie-hebdo-66.jpg

 

2. Lettre ouverte à ceux qui proclament "Je ne suis pas Charlie" et à ceux qui les likent.

 

A mettre en rapport avec l'article suivant    

3. Tous contre la barbarie ?

"D'un côté l'obscurantisme, la violence, l'intégrisme, et de l'autre côté la raison éclairée, la solidarité et la tolérance. Quelle naïveté!"

http://www.levif.be/medias/3459/1771483.jpg

 

4. "Charlie Hebdo", pas raciste? Si vous le dites…

 

Lettre d'Olivier Cyran, qui a travaillé pour Charlie Hebdo de 1992 à 2001, adressée à Charb et Fabrice Nicolino en décembre 2013.


5. Aux fossoyeurs de tous bords

 

Réponse d'Article 11 aux opportunistes qui se sont approprié cette lettre pour justifier les attentats contre Charlie Hebdo. Excellent texte.


6. L’attentat contre Charlie Hebdo : l’occultation politique et médiatique des causes, des conséquences et des enjeux

"Ne pas prendre en compte les causalités profondes et immédiates, isoler les conséquences du contexte qui les fait émerger et ne pas inscrire un événement aussi violent dans la généalogie des facteurs qui l’ont rendu possible condamne, au mieux, à la tétanie, au pire, à une logique de guerre civile."

http://www.michelcollon.info/local/cache-vignettes/L181xH279/3-8-17308.jpg

 

7. Le piège de l’islamophobie

"Dans nos sociétés pluralistes, la volonté d’une société parfaite mène aux génocides. Seulement, après avoir dominé la plus grande partie du monde, la disparition du communisme a donné lieu à un retour de la religion et à la conversion à l’islamisme des mouvements révolutionnaires dans les pays musulmans. Cela témoigne de la dimension religieuse de l'utopie communiste, malgré son athéisme déclaré, mais aussi de l'impératif du besoin religieux."

http://jeanzin.fr/wp-content/uploads/2015/01/Je-suis-Charlie-Hebdo.jpg

 

8. Pour qui sont ces bombes… qui sifflent sur nos têtes?

 

"Depuis que la France a définitivement capitulé en 1990 pour accepter de s’en remettre à la chronologie obligatoire de la guerre du Golfe hollywoodienne en Irak, Wall Street n’a cessé d’accélérer la construction bruxelloise d’une Europe américaniste qui applaudit frénétiquement à sa propre inféodation généralisée à mesure que le traité transatlantique architecture ses derniers barbelés et miradors pour définitivement enchaîner le vieux continent réfractaire de l’histoire critique au nouveau monde du négoce et du cerveau plat."

pour-votre-securite-vous-naurez-plus-de-liberte

 

9. Ne nous trompons pas de combat

N’oublions pas non plus, comme notre ami Bernard Marris nous le rappelait souvent, qu’il y a un lien étroit entre ce que Joseph Stiglitz et Michel Aglietta nomment le “fondamentalisme de marché”, et le fondamentalisme identitaire, dont la forme religieuse n’est que l’une des faces. Le Front National en France en exprime par exemple une version chauvine et xénophobe tout aussi dangereuse mais nourrie du même échec de politiques économiques destructrices de liens sociaux et culturels fondamentaux.

http://www.kaizen-magazine.com/wp-content/uploads/2015/01/terorismus_pariz.jpg

 

10. France arrest a comedian for his facebook comments, showing the shame of the west's "free speech" celebration.

"Why anti-Muslim speech is perfectly great and noble while anti-Jewish speech is hideously offensive and evil?"

Pourquoi les propos antimusulmans sont-ils parfaitement grands et nobles alors que les propos antijuifs sont hideusement offensifs et diaboliques?

11. Abdallah réagit au drame de Charlie Hebdo !

Coran-Charlie-Dedko.jpg

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 21:55

En Italique, extrait du livre de Thierry VERHELST, Des racines pour l’avenir, Harmattan, 2008, p 262 à 264

CROCODILE GRENOUILLELe monde est à la fois global et tribal. Il y a sur notre planète devenue petite un mélange explosif de proximité et de distance. Le fanatisme religieux, les nationalismes exacerbés, les enfermements identitaires envahissent nos journaux télévisés avec leur cortège terrifiant d'explosions et de cadavres. Le ressentiment et la colère mobilisent une part de l'humanité irritée par l'impérialisme méprisant des puissants et par leur discours ronflants sur les bienfaits de la mondialisation et l'inéluctabilité de l'occidentalisation du monde. La consommation ostentatoire des uns rend insupportables le manque ou la misère des autres. Il y a dans notre « village global» trop d'humiliation et d'injustices pour qu'il soit en paix.


Le plus visible, c'est donc la violence et la haine. Ou alors, le discours pessimiste et belliqueux sur l'inévitable choc des civilisations. Samuel Huntington, dont le livre (Le choc des civilisations)fit fureur aux Etats-­Unis, considère que le refus de certains peuples de s'occidentaliser constitue une menace qui nous achemine vers de nouvelles guerres mondiales. Celles-ci ne seront plus idéologiques mais culturelles, dit-il. Si le 19ème siècle fut caractérisé par l'affrontement des nationalismes, le 20ème par celui des idéologies capitalistes, communistes et fascistes, le 21ème  siècle serait celui des guerres entre cultures et entre religions. Dans ce scénario, l'Occident est tenu de se prémunir contre les pays et les groupes qui savent se servir de la technologie et de certains apports de l'Occident tout en refusant de s'occidentaliser. Il en résulte un affrontement inéluctable: «the West versus the rest» (l'Occident contre le reste du monde). C'est pourquoi Huntington recommande aux Etats-Unis de se préparer à deux conflits armés simultanés, l'un avec le monde musulman, l'autre avec les pays de tradition confucianiste tels que la Chine. Le discours sur le choc des civilisations se nourrit de la peur et d'une vision exclusivement négative des cultures et des religions. Hélas, cette théorie réductrice s'est vue promue à l'état de prophétie après les attentats terroristes du 11 septembre. Cette analyse tombe dans le piège que nous tendent tous les «Ben Laden» du monde qui veulent soulever les hommes, culture contre culture, religion contre religion.

 

Et à ce petit jeu, Etats-Unis et pays impérialistes ne sont pas innocents. Lire

L’islamophobie comme fondement de légitimité à l’impérialisme et au colonialisme de l’Occident

ou encore

L’islamophobie : un fond de commerce électoral fructueux

 

L’Etat US déchu de sa prérogative d’exploitation du monde sous prétexte de lutte contre le bloc communiste se devait de trouver un nouvel alibi pour conserver sa puissance. Bigot, il fit rapidement du « pain béni » de la séculaire confrontation entre catholiques et musulmans. A grand renfort de médias, de coup de pub, de vidéos caricaturales sur le net et de machination diabolique (11 septembre), il est parvenu à faire du « Muslim » le sombre méchant barbu à combattre de toutes ses forces. Pour que l’Amérique glorieuse et scintillante puisse poursuivre sa divine quête d’évangélisation et de pacification du monde. Comme dans la critique caricaturale de « bioman » faite par les Inconnus en leur temps, les blancs clair sont les gentils et les marrons foncé sont les méchants. Puisqu’il n’est moralement pas admissible d’incriminer directement les musulmans, ils ont même baptisé les méchants « Al Quaida » ou « Ben Laden ». Même les méchants « salafistes » ne sont que la conséquence de choix stratégiques occidentaux ayant fait d’une secte, considérée comme hérétique par l’orthodoxie sunnite, les gardiens des lieux saints musulmans et les bénéficiaires des richesses en hydrocarbures de la péninsule arabique. Sans ingérence extérieure, la secte wahhabite aurait été une minorité parmi d’autres, évoluant entre désert et marais de Bassorah (commentaire François-Ferdinand  à la suite de la publication de l’article du djihad islamique sur agoravox)

 

 

Pour reprendre l’idée d’un commentaire (François-Ferdinand) suite à la publication de l’article du djihad islamique sur agoravox, la stigmatisation des différences joue comme un double effet d’ostracisation (rejet occidental) et de communautarisation (acceptation islamique radicale) qui amplifie la rupture. Une rupture qui joue aussi bien en faveur des tenants d’une globalisation ultralibérale ou ceux d’une globalisation islamique ou pétro-monarchiques du Golfe. L’islamisme radical, évoluant comme un poisson dans l’eau, sert autant les intérêts des islamistes que ceux de la stratégie US. Le monde musulman et les masses musulmanes n’étant plus que des spectateurs et souvent des victimes.


Un partage façon Yalta : à nous le gouvernement des esprits musulmans, à vous celui du Monde ?  Les uns rêvent d’une société de clones qui se reflètent. Les autres d’une société de soumis qui se surveillent. 

 

Quand on observe le monde au-delà des apparences tapageuses et des oppositions binaires, on s'aperçoit que la situation actuelle n'est pas à réduire à un ensemble de menaces. Malgré les défis immenses qui sont les nôtres aujourd'hui, ou justement à cause d'eux, il faut faire le pari d'une mondialisation positive. Une mondialisation donc différente de celle qui se présente à nous avec son bruit et son fracas. A force de prévoir le pire, on finit par s'affranchir de tout engagement. Les jeux d'esprit en forme de scénario catastrophe ne doivent pas occuper tout notre horizon mental, car cela est débilitant. L'inquiétude n'ôte pas la peine d'aujourd'hui et de plus, elle entrave la force de demain. Antonio Gramsci, un leader marxiste qui fut un penseur original disait à ce propos qu'il faut allier au pessimisme de l'intelligence l'optimisme de la volonté. Je (Thierry VERHELST) préférerais pour ma part faire preuve non pas d'optimisme - ce qui est un trait de caractère sympathique mais un peu léger face aux terribles défis de ce monde -, mais d'espérance. L'espérance est une vertu, une force qui s'alimente aussi dans l'invisible. Mon espérance est tirée d'une foi en l'être humain. Celui-ci porte en soi plus grand que lui. Cette espérance se fonde notamment sur les longues années d'expérience professionnelle en contact avec des communautés dans les pays du Sud et dans ceux du Nord de la planète, dont ces pages (Des Racines pour l’Avenir) se sont faites l'écho. J'ai observé des communautés vibrantes de vie et de créativité. L'espérance se fonde aussi sur le fait que chacun sent bien que la mondialisation-laminoir n'est pas durable. Cette moderne Babel est près de l'effondrement, comme sont en train de s'effondrer les anciennes valeurs héritées d'une modernité qui tourne mal. Là réside la chance d'une évolution positive. Elle est liée au métissage interculturel.

 

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 00:13

Comme d’habitude, Jean Ziegler ne déçoit pas. « La haine de l’occident », un livre qui fait certainement réfléchir. Et si cette haine était plus menaçante et affligeante que le réchauffement climatique, la crise économique ou la crise alimentaire ? En réalité, tout se tient, tout est lié, l’un ne va pas sans l’autre. Le pillage et la surconsommation aveugle de l’occident hier font sa haine et son autodestruction aujourd’hui. Mais plus loin que ce simple constat, il est question avant tout de prétention, d’arrogance et d’hypocrisie si typiques à des humains non accompli prêt à tout pour aboutir à leur fins plus aliénantes que libératrices. Moins détaillé que « les nouveaux maîtres du monde » mais plus direct et patent, ce dernier livre, parfaitement structuré, place sur le devant de la scène un constat aussi fatal qu’occulté. Une analyse aussi tranchante que réelle.

 

Ci-dessous un extrait du préambule que j’ai trouvé particulièrement explicite.

 

La haine de l’Occident, cette passion irréductible, habite aujourd’hui une grande majorité des peuples du Sud. Elle agit comme une force mobilisatrice puissante.


[…]

Sur le plan international, depuis 2007, le Conseil des droits de l’homme joue un rôle crucial. Après  l’Assemblée générale et le conseil de sécurité, il est la troisième instance la plus importante de l’ONU. Contrairement à ce qui se passe au Conseil de sécurité, il n’existe pas de droit de veto au Conseil des droits de l’homme. Les grandes puissances y sont soumises à la loi de la majorité, elle-même gouvernée par une alliance entre les Etats membres de l’OCI (Organisation de la conférence islamique) et les Etats du NAM (Non-Aligned Movement, Mouvement des non-alignés). De plus en plus - et c’est notamment le cas dans l’affaire du Darfour (Et d’Israël ?) -, le conseil des droits de l’homme acquiert le statut d’un anti-Conseil de sécurité.

[…]


Cette haine n’est en aucun cas pathologique
, elle inspire au contraire un discours structuré et rationnel. Et elle paralyse les Nations Unis. Bloquant la négociation internationale, elle laisse sans solutions des conflits et de graves problèmes qui, pourtant, engagent, à l’occasion, la survie même de l’espèce.

 
L’Occident, de son côté, reste sourd, aveugle et muet face à ces manifestations identitaires, fondées sur un profond désir d’émancipation et de justice émanant des peuples du Sud. Il ne comprend rien à cette haine.


C’est que la mémoire de l’Occident est dominatrice, imperméable au doute. Celle des peuples du Sud, une mémoire blessée. Et l’Occident ignore et la profondeur et la gravité de ces blessures.

 
Ecoutons Régis Debray: «Ne comprendra rien au XXIème siècle, celui qui ne saisit qu’aujourd’hui vivent côte à côte, dans le genre humain, deux espèces dont l’une ne voit pas l’autre: les humiliants et les humiliés. [...] La difficulté vient de ce que les humiliants ne se voient pas en train d’humilier. Ils aiment à croiser le fer, rarement le regard des humiliés(1) ».


Encore Debray: «Ils ont enlevé le casque. En dessous leur tête reste coloniale. »

 
Dans leur article, « Histoire, mémoire et mondialisation », Bertrand Legendre et Gaídz Minassian constatent, de leur côté: « Le Sud ne quémande plus de l’aide au Nord. Il exige des réparations sinon un acte de contrition [...]. Le continent [africain] tout entier crie justice [...]. Les Européens minimisent les ravages de l’esclavage. Ils préfèrent exalter son abolition [...], tel François Mitterrand fleurissant la tombe de Victor Schoelcher au Panthéon, le jour de son investiture en 1981 [...]. Les descendants d’esclaves leur demandent réparation, en disant subir, aujourd’hui encore, les conséquences de ces déportations(2).»

 
Ces revendications de justice, ces demandes de repentance se multiplient sur les trois continents.


Legendre et Minassian « Les contestations mémorielles, par leur diversité et leur ampleur, coïncident trop dans le temps pour être le fruit du hasard.»


Mon livre voudrait déterrer les racines de cette haine. Il voudrait aussi explorer les voies de son dépassement.

 
Comment comprendre la soudaine irruption, dans la société planétaire contemporaine, de la haine de l’Occident? Je vois deux explications.

 
La première réside dans la brusque résurgence de la mémoire blessée du Sud. Les souvenirs, pendant longtemps enfouis, des humiliations endurées durant les trois siècles de la traite et de l’occupation coloniale remontent àla lumière de la conscience. La mémoire blessée est une force historique puissante.


Je consacre la première partie de mon livre à son exploration.

 
La deuxième explication tient à une contradiction insupportable entre démographie et pouvoir: depuis plus de cinq cents ans, les Occidentaux dominent la planète. Or les Blancs n’ont jamais représenté plus de 23,8% de la population mondiale — à peine 13% aujourd’hui.

 
Du coup, aux yeux de la plupart des femmes et des hommes vivant dans l’hémisphère Sud, l’actuel ordre économique du monde imposé par les oligarchies du capital financier occidental est le produit des systèmes d’oppression antérieurs, notamment de la traite et de l’exploitation coloniale. Cet ordre du monde génère d’indicibles souffrances, de nouvelles humiliations pour un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants du Sud. Il nourrit, lui aussi, la haine de l’Occident.

 
La deuxième partie du livre examine les fondements de cet ordre cannibale et ses effets sur la conscience.

 
Depuis des siècles, l’Occident tente de confisquer à son seul profit le mot « humanité ». Dans son magistral ouvrage L’Universalisme européen. De la colonisation au droit d’ingérence, Immanuel Wallerstein reconstitue les étapes historiques de la constitution de cette « humanité ethnocentrique(3) ».

 
L’Occident est un potentat qui s’ignore, dit-il. Son passe-temps favori consiste à donner des leçons de morale au monde entier. Sa mémoire est de pierre. Elle se confond avec ses intérêts économiques.


Son arrogance l’aveugle. Depuis longtemps, l’Occident ne se rend plus compte du rejet qu’il suscite.

C’est qu’en matière de désarmement, de droits de l’homme, de non-prolifération nucléaire, de justice sociale planétaire, il pratique en permanence le double langage.


Et le Sud répond par une méfiance viscérale. Il regarde comme un schizophrène cet Occident dont la pratique dément constamment les valeurs qu’il proclame.


La stratégie du double langage paralyse la négociation internationale. Elle rend impossible la défense collective du Sud et de l’Ouest contre les dangers mortels qui, pourtant, les menacent tous les deux.

 
Fondée sur plusieurs exemples récents, la troisième partie de cet ouvrage analyse ces dangers et les ressorts de la conduite schizophrénique de l’Occident.

 
La quatrième partie explore le destin symptomatique du Nigeria. Le pays le plus peuplé d’Afrique, et l'un des plus riches du monde, est en effet mis aujourd’hui en coupe réglée par les seigneurs occidentaux de la guerre économique mondiale.


Premier producteur de pétrole en Afrique et huitième plus important du monde, le Nigeria est gouverné depuis 1965 par des juntes militaires successives. Le pays n’a jamais joui d’une souveraineté réelle. Il est à présent la proie impuissante de Shell, BP, Total, Exxon, Texaco et autres prédateurs. Et 70 % de sa population survit dans une misère abyssale. C’est sur cette réalité-là, bien sûr, que prospère la haine de l’Occident.

 
En Bolivie, depuis janvier 2006, Evo Morales Aïma, un paysan aymara, est installé au palais Quemado. C'est le premier président indien d’un pays d’Amérique du Sud depuis la dévastation espagnole du XVème siècle.


Morales a provoqué une rupture tellurique avec l’ordre du monde, infligeant à l’Occident une défaite cruelle. C’est ainsi que la résurrection identitaire des peuples aymara, quechua, moxo, guarani mobilise des forces de combat, de résistance et de création inouïes. Nous analyserons, dans la cinquième partie, le rayonnement continental de la renaissance bolivienne. Il s’agira aussi d’en prendre une mesure exacte: la valorisation permanente de la politique et de la culture indigénistes, effet de la haine de l’Occident, est-elle compatible avec les principes universels du droit?


Prise en étau entre, d’un côté, le double langage de l’Occident, et, de l’autre, la haine des peuples du Sud, la communauté internationale ne parvient pas à s’imposer aujourd’hui. Les Nations unies sont en ruine. Et l’absence de dialogue met la planète en danger de mort.

 
La Conférence mondiale pour le désarmement est ainsi totalement paralysée depuis quarante-deux ans. La prolifération d’armes nucléaires toujours plus meurtrières progresse.

 
En septembre 2000, 192 chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis à New York. Ils ont fixé les «buts du Millénaire» (Millenium goals), visant à éliminer graduellement la sous-alimentation et la faim, les épidémies et la misère extrême de 2,2 milliards d'êtres humains. Mais, jusqu’à ce jour, aucun progrès dans cette voie n’a été réalisé.

Au début de ce millénaire, sur une planète qui regorge de richesses, un enfant de moins de dix ans meurt toutes les cinq secondes. De maladie ou de faim.


La guerre économique fait rage.

 
L’humiliation, l’exclusion, l’angoisse du lendemain sont le lot de centaines de millions d’êtres humains. Surtout dans l’hémisphère Sud. Pour eux, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Charte des Nations unies ne sont que des paroles creuses.

 
Comment responsabiliser l'Occident et le contraindre à respecter ses propres valeurs? Comment désarmer la haine du Sud? Dans quelles conditions concrètes le dialogue peut-il être amorcé?

 
Comment construire une société planétaire réconciliée, juste, respectueuse des identités, des mémoires et du droit à la vie de chacun?

 
Mon livre voudrait mobiliser des forces pour contribuer à la résolution de ces questions et tenter de mettre un terme à la tragédie.

 

Notes:

(1) Régis Debray, Aveuglantes Lumières, Paris, Gallimard, 2006, p. 136.

(2) Le Monde, 27 décembre 2007

(3) Immanuel Wallerstein, European Universalism: The Rhetoric of Power, New York, The New Press, 2006, trad. fr. Patrick Hutchinson, Paris, Demopolis, 2008.

 

 

J'habite une blessure sacrée

J'habite des ancêtres imaginaires

J'habite un vouloir obscur

J'habite un long silence

J'habite une soif irrémédiable

J'habite un voyage de mille ans

J'habite une guerre de trois cents ans

[…]

Aimé Césaire,

« Calendrier lagunaire », Moi, Lamnaire

 

Aimé Césaire, voir aussi sur ce blog : Colonisation = Chosification

 

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 11:23

15 ans de règne du roi Albert II… Et il y a 100 ans, il ne s'est pas passé quelque chose par hasard? Un article d'Alain Braulio.

 

Un centenaire très discret.

 

Les jubilés, ça sert à quoi ?

 

Chaque année apporte son lot de commémorations diverses. Ça fait oeuvre utile contre l'ennui (parce qu'on ne repotasse pas spontanément une tranche d'histoire), c'est du chou gras facile pour la presse. On connaît même les jubilés de jubilés, célébrant l'anniversaire d'une célébration ou l'érection d'un monument, lui-même commémoratif.

Ainsi de l'expo 58. Que voilà bien un événement digne de figurer au palmarès des jubilés les plus plébiscités !

Pensez : l'expo 58, c'était le plein essor du baby-boom, porté par la vague d'enchantement de l'après-guerre ; c'était la religion de la science et du progrès, qui faisait des émules et prosélytes jusque dans les couches les plus modestes de la population. Ce progrès symbolisé par l'atomium, monument qui depuis rivalise avec le Manneken-Pis pour figurer Bruxelles sur les cartes postales.

 

Je ne vous parlerai pas de 1958. Mais qui a remarqué l'absence au palmarès d'une autre date, pourtant remarquable ? Pas n'importe quoi ; un événement on ne peut plus important pour la place de la Belgique dans l'échiquier international, et bien présent dans nos livres d'histoire. Qui plus est, un centenaire s'il vous plaît !

On devine ? Bon, inutile de tourner autour du pot : 1908, cessation de la propriété privée du roi Léopold II (1878-1908, soit 30 ans) que fut l’État Indépendant du Congo (EIC) à son pays, le Royaume de Belgique.

 

En cette année 2008, sauf erreur de ma part, silence radio, télé, journaux.

Curieux, interpellant, vous avez dit bizarre ?

 

À vrai dire, ne s'en étonneront que les naïfs et les ignorants.

 On trouvera même que ce communiqué est un pétard mouillé, qu’en outre en 1908 l'accession de la Belgique au rang de puissance coloniale était déjà un fait, par le biais des investisseurs et contractants de Sa Majesté Léo II.

Mais il y a à cette discrétion une montagne de « bonnes raisons ». Évoquer le souvenir du second roi des Belges en proférant de pieux mensonges, passe encore en classes de primaire... Devant une frange de l'opinion publique aguerrie, consciente que le règne de SM (Sa Mégalo) Léopold II fut entaché de certaines pages sombres (j'euphémise un max), cela risquerait de susciter l'envie d'ergoter sur la face cachée des colonies.

À toutes fins utiles, pour qui ignorerait ces « détails » : la conquête du Congo, menée pour le compte du roi à titre privé, s'est faite au moyen de traités léonins qui n'avaient rien à envier à ceux émis par les plus roublards des conquérants des Amériques (territoires ET main-d'oeuvre concédés par des chefs de tribus contre verroteries et bouts d'étoffes, persuasion obtenue par la menace ou l'illusionnisme assistés par la technologie, etc. !). L’ «oeuvre civilisatrice» de Léopold au Congo, ce fut une exploitation effrénée de ressources telles l'ivoire et le caoutchouc, à l'aide d'une main-d'oeuvre forcée sous un régime de terreur (torture, mutilations, enlèvements…), dont le bilan humain avoisine les 10 millions de morts.

On n'appelle pas ça un génocide : « il n'y avait pas de volonté délibérée d'annihiler un groupe ethnique particulier. Les hommes de Léopold cherchaient simplement de la main-d'oeuvre, comme l'avaient fait pendant des siècles les marchands d'esclaves qui écumaient l'Afrique. Si la recherche et l'utilisation de cette main-d'oeuvre faisaient des millions de victimes, c'était une considération accessoire. »*

C'est une campagne anti-esclavagiste courageuse et de longue haleine, menée principalement par Edmund Dene Morel qui a conduit à la cessation du Congo par Léopold à la Belgique... et qui dans son objectif d'émancipation a échoué car sous l'administration belge, de même que dans toutes les autres possessions des puissances occidentales, les procédés de la colonisation n'ont été « adoucis » que dans le souci de ce qu'on appellerait de nos jours « la bonne gestion des ressources humaines ». Avec à l'adresse de l'opinion publique au sein des métropoles, l'image d'Épinal du missionnaire pour appliquer le vernis humanitaire.

Passons sur ce qu'il est convenu d'appeler la décolonisation, et l'implication de la Belgique dans l'  «épisode Mobutu» (à part égale avec l'ami américain, un peu plus, un peu moins ?)

Les relations avec le Congo étant encore chaudes, et brûlante la nécessité de tenir tête à la concurrence internationale (les Chinois ! ouh les vilains !), toutes les parties en place ont sans doute quelque intérêt à éviter le sujet.

Et c'est tout à fait fortuit, n'est-ce pas, si encore de nos jours perdurent le saccage écologique et la spoliation des ressources, au prix du maintien en esclavage (appelez autrement la condition de mineur ou d'enfant soldat) d'une population importante. Et d'un conflit qualifié de « guerre civile » par les médias, qui n'était rien d'autre qu'une nouvelle foire d'empoigne pour le contrôle des ressources minières, impliquant Rwanda, Burundi, Ouganda et «d'autres puissances étrangères». Conflit qui a exterminé 4 millions de personnes, près de 5 millions 1/2 si on inclut ses conséquences depuis le « cessez-le-feu » en 2003. Observons au passage un dixième anniversaire -- début de cette guerre -- qui se montre tout aussi discret que l'événement dont nous parlons. Cette discrétion trahirait-elle une certaine mauvaise conscience ? Il y aurait de quoi, avouons le…

 

Mon propos n'est pas ici de bousculer la dynastie, ni de balancer un pavé dans la vitrine de la Belgique unitaire. Vitrine passablement souillée ces derniers temps ; elle n'en reste pas moins blindée.

Alors, me demanderez-vous, où veux-je en venir ?

Rappel d'une évidence : l'histoire (comme bien d'autres matières) ne devrait pas être abandonnée aux spécialistes ou aux propagandistes de tous crins. La falsification de l'histoire est au nombre des manipulations qui de tout temps, sous tous les régimes, ont contribué puissamment au maintien du statu quo politico-économique.

Je suis en outre convaincu qu'il en est de la mémoire des peuples comme des relations entre personnes : il ne peut y avoir de véritable pardon sans un repentir réciproque. Et de façon élémentaire, le repentir commence avec la reconnaissance des faits.

L'histoire -- la vraie -- devrait revenir de droit à ceux qui lui donnent sa substance : les peuples, les gens, ceux qui la vivent, la subissent. Si vous pensez comme moi que l'emballement du système (la machine) atteint ou dépasse largement certains seuils critiques (c’est le moins qu’on puisse dire), vous admettrez qu'il y a urgence à éclairer certaines lanternes**. Et engager ou poursuivre le dialogue avec ceux (de toutes origines et toutes conditions, même parmi les nantis ; notion on ne peut plus flexible : en regard d'une certaine pauvreté, j'en suis...) qui continuent d'être séduits par les sirènes néolibérales.

 

Ce billet est donc un appel au débat, au questionnement,  adressé aux média mais également aux enseignants, membres d'associations, intervenants culturels et éducatifs..., prêts à remettre en question les fondements de la supériorité économique occidentale. Proposition qui pourrait s'articuler autour de variations sur « le rôle joué par l'histoire dans la distribution du pouvoir à l'échelle du globe  » ou : « quels équilibres le système colonial a-t-il rompu, et avec quelles incidences jusqu'à aujourd'hui ? »

En mettant en jeu la problématique des sans-papiers, on apporte un début de réponse à la question. Nos régions ont connu l'exode rural de masse dès les débuts de l'ère industrielle. La mondialisation est l'expression ultime de cette idéologie qui a promulgué la liquidation de la paysannerie et de l'artisanat, et la maximisation du profit sous l'égide de l'exploitation mécanisée. Les gains de productivité, confisqués par le capital, ont produit des millions de réfugiés économiques mis en concurrence avec des travailleurs toujours plus pressurés.

N'est-il pas temps de démonter les sophismes que l'amnésie et les idées reçues rendent crédible ? (Au nombre desquels ces poncifs de l'idéologie néolibérale que sont « le marché a des vertus auto-régulatrices » ou « la croissance profite à tout le monde »). N'est-il pas temps de questionner la légitimité de cette trop fameuse «dette du tiers-monde» en remboursement d'une aide au développement et d'investissements qui servent surtout les intérêts des multinationales et de leurs rentiers, et de quelques satrapes locaux ?

 

Vaste programme, s'il en est. Il est cependant possible de centrer la proposition sur quelques thèmes, ou l'adresser en particulier aux milieux issus des différentes vagues d'immigration. Je pense par exemple à l'immigration turque : nos parlementaires et faiseurs d'opinion ont beau jeu de brandir leur vertu et pointer du doigt l'État turc dans son obstination à réfuter le génocide des Arméniens, les massacres de Bulgares, le nettoyage ethnique des Kurdes, etc. Révisionnisme inacceptable, certes. Mais qui sommes-nous « petits Belges » (petit pays cependant dans le top 20 -- 12e si mon souvenir est bon -- des puissances économiques et financières mondiales), ou Français (avec la França-frique) pour donner des leçons de droits de l'homme, en restant oublieux des dessous de notre passé glorieux ?

 

Alain Braulio.

 

*J'accueillerai volontiers quelque avis éclairé, quelques pistes, pour « continuer de ne pas mourir idiot ». Mais épargnez-vous la peine de me conseiller « les fantômes du roi Léopold » de Adam Hochschild ; les citations en italique en sont extraites, de même que la plupart des données auxquelles  je me réfère. Livre qui a sa parution en 1998 a essuyé un feu de critiques, d'accusations d'exagération et sensationnalisme émanant de milieux conservateurs, ou inspirés (dissonance cognitive) par « une histoire du Congo à l'eau de rose qui était la norme habituelle pendant des décennies ». Mais celles-ci font peu de poids devant les nombreux témoignages et ouvrages de référence, cités dans une impressionnante bibliographie. Lecture passionnante de bout en bout. ( ÉditeurTallendier, coll.Texto)

 

** « Les aristocrates à la lanterne ». Certes, et il y en a de nos jours, des aristos. Non seulement de ceux qui se revendiquent du sang bleu, mais au sens large d'élite au pouvoir : tout ce que la bourgeoisie et les classes moyennes comptent de parvenus ou d'héritiers, dirigeants et cadres dans le public ou le privé, homme de lettres et de médias, artistes, bobos... (Autre débat, bien sûr, mais qui ne manquerait pas d'intérêt : qui sont de nos jours les aristos ?)

A la lanterne ! Mais comme nous ne sommes plus des barbares, non plus pour les y pendre mais en éclairer certaines pages d'histoire, d'autres pans de la vérité, débarrassés de la censure inspirée par la bienséance, le réalisme politique, les intérêts nationaux ou particuliers…

Cette histoire, ces vérités, à l'heure de la révolution ce sera au tour des petites gens de les leur délivrer.

 

Pour une véritable chronologie et histoire de la République Démocratique du Congo, lire

Il y a 100 ans (18 octobre 1908 - 18 octobre 2008), l’État Indépendant du Congo devint Congo Belge

 

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12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 11:12

Pour commencer, un petit extrait de l'article La menace d’une guerre nucléaire augmente d'Edward S. Herman et David Peterson

 

Michael McGwire a récemment souligné le fait que, des deux plus grandes menaces qui pèsent actuellement sur la planète, une guerre nucléaire et le réchauffement climatique, la première pouvait aisément être éliminée et à peu de frais – en fait, son élimination dégagerait même d’importantes ressources pour l’assistance aux populations de la planète et l’amélioration de leurs conditions de vie. La lutte contre le réchauffement reviendrait en revanche très cher. Mais éliminer la menace d’une guerre nucléaire, et démilitariser dans la foulée, serait contraire aux intérêts du Pentagone, de l’ensemble du complexe militaro-industriel et des intérêts particuliers qui profitent et prospèrent grâce à la guerre permanente. A l’heure actuelle, ce sont précisément ces intérêts particuliers qui donnent les ordres (le plan Paulson a notamment été accepté suite à des pressions d'occupation militaire des États US qui étaient contre).  Quant à savoir si les revers de la crise financière et de la guerre permanente finiront par changer la donne et nous permettre d’évoluer vers un ordre mondial décent et rationnel, ça reste à voir…

 

Ensuite, un extrait de l'excellent article de Noam CHOMSKY de juin 2007: le monde nous appartient


Pour une éventuelle prochaine guerre, à qui le tour ? L'Iran ? Il y a eu des menaces très crédibles de la part des Etats-Unis et d'Israël – un allié U.S. notoire – concernant une attaque sur l'Iran. Il se trouve qu'il y a un machin qu’on appelle Charte des Nations Unies, dont l’article 2 définit comme un crime "la menace ou le recours à la force dans les affaires internationales." "La menace ou le recours à la force…"


Et ça dérange quelqu'un ? Non, parce que nous (Les Etats-Unis - CHOMSKY), nous sommes au-dessus des lois, par définition… ou plus exactement, nos menaces et nos recours à la force n’ont rien d’international. Elles sont toujours locales, puisque le monde nous appartient. Donc, tout va bien ! Donc on peut bien menacer de bombarder l'Iran. On va le faire, on ne va pas le faire… Ça, c’est la grande question en ce moment… Quant à savoir si c’est légitime… Savoir si ce serait une erreur ou pas, là, oui c’est sujet à polémique, mais vous entendez quelqu'un dire que ce serait illégitime ? Au Congrès, par exemple, les Démocrates refusent de voter un amendement imposant à l’exécutif de rendre compte au Congrès de son intention de bombarder l'Iran – de rendre compte, d’informer... Même ça, c’est rejeté d’office !


Le monde entier est atterré devant cette éventualité ! Ce serait monstrueux... Un éminent spécialiste britannique de l’histoire militaire, Correlli Barnett, a récemment écrit que si les Etats-Unis attaquaient effectivement – ou si Israël le faisait – ce serait la troisième guerre mondiale… L’agression de l'Irak a été suffisamment épouvantable. Outre qu’elle a dévasté l’Irak, le Haut Commissariat aux Réfugiés [des Nations Unies] a estimé le nombre de personnes déplacées, ils arrivent à près de 4,2 millions au total. Plus de 2 millions ont fui le pays, 2 autres millions ont fui leur région sans pouvoir quitter le pays. Ça, c’est en plus du nombre de morts qui, si on se fonde sur les dernières études tourne vraisemblablement autour d’un million.


Les services de renseignement US, d'autres agences de renseignement et divers experts indépendants, avaient prévenu qu'une attaque contre l'Irak augmenterait probablement la menace terroriste et le risque de prolifération nucléaire. Mais ils ont bien plus augmenté ce qu’on avait imaginé. Des spécialistes renommés en matière de terrorisme, comme Peter Bergen et Paul Cruickshank, estiment (principalement sur la base de statistiques gouvernementales) que ce qu'ils appellent "l'effet irakien" a multiplié le risque de terrorisme par sept, ce qui n’est pas rien... Ça vous donne une idée de la priorité accordée par nos dirigeants à la protection de la population. Elle est plutôt basse…


Donc quel serait cet "effet Iran" ? Mais, il est incalculable ! Ce pourrait être la troisième guerre mondiale… Très probablement une augmentation massive du terrorisme et qui sait quoi d’autre... Même dans les pays frontaliers de l'Iran et où on n'aime pas spécialement l'Iran, comme le Pakistan, l'Arabie Saoudite ou la Turquie, même là, une très large majorité de la population préférerait voir l’Iran doté de l'arme nucléaire à une intervention militaire US quelle qu’elle soit, et ils ont raison ! Une intervention militaire serait dévastatrice ! Ce qui ne veut pas dire qu’on ne va pas le faire... Chez nous, il n'y a littéralement aucune discussion sur la légitimité d'une telle action. Encore une fois, si l’on part du principe que tout ce que nous faisons est légitime, ça risque simplement de coûter trop cher…


Est-ce qu’il reste quand même une solution à la crise iranienne ? Il y a quelques solutions plausibles, oui... On peut imaginer un accord autorisant l'Iran à disposer d'énergie nucléaire – au même titre que tous les signataires du traité de non-prolifération – mais sans disposer d'armes nucléaires. Ça aurait d’ailleurs l’avantage d’appeler à la création d'une zone dénucléarisée au Proche-Orient. Ça inclurait l'Iran, Israël – qui a des centaines de têtes nucléaires –
et toutes les forces américaines ou britanniques déployées dans la région. On pourrait même envisager que les Etats-Unis et d'autres puissances nucléaires respectent l’obligation légale qu’ils ont – au regard d’une décision unanime de la Cour Internationale de Justice – de procéder à l'élimination totale de leur arsenal nucléaire en gage de bonne foi. [ndt : Tout ce paragraphe (« On peut imaginer un accord… ») énumère simplement les principes de base du Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP) dont l’Iran et les USA sont signataires mais qu’Israël a toujours refusé de signer.]


Est-ce que c’est faisable ? Dans l’absolu oui, c'est faisable… en supposant que les structures sociales aux Etats-Unis et en l'Iran deviennent réellement démocratiques… parce que justement ce que je viens de dire à propos de l'opinion publique est vrai pour l’immense majorité de la population, en Iran comme aux Etats-Unis. Sur tout ce que je viens d’évoquer, mais littéralement tout le monde est d’accord ! Alors oui, il serait parfaitement possible de régler le problème si ces deux pays fonctionnaient d’une manière réellement démocratique, c'est-à-dire si l'opinion publique y avait la moindre influence sur les politiques gouvernementales. Le problème aux Etats-Unis, c’est l’incapacité de nos dirigeants à adhérer à quoi que ce soit qui ait l’aval de l'écrasante majorité de la population et à en faire une politique gouvernementale. Bien sûr, on peut le faire… Les paysans en Bolivie arrivent à le faire… c’est clair que nous, ici, on pourrait le faire aussi…


Qu’est-ce qu’on peut faire pour faire de l'Iran un pays plus démocratique ? Peut-être pas directement mais indirectement on peut... On peut accorder plus d'attention aux dissidents et aux réformateurs iraniens, qui luttent courageusement pour que la société iranienne devienne plus démocratique. Et on sait parfaitement le message qu’ils essayent de faire passer, ils sont suffisamment clairs là-dessus. Ils supplient les Etats-Unis de retirer leurs menaces contre l'IranPlus nous menaçons l'Iran, plus nous apportons de l’eau au moulin des branches les plus réactionnaires et les plus fanatiques du gouvernement. Les menacer c’est abonder dans leur sens... Et c'est exactement ce qui se passe! Comme on pouvait s’y attendre, les menaces ont entraîné une vague de répression.


A présent les Américains se disent scandalisés par la répression – et il y a de quoi s’indigner – mais nous devrions reconnaître que cette répression est la conséquence directe et prévisible de dispositions dont le gouvernement U.S. ne démord pas. Lorsqu’on prend des mesures dont les effets sont parfaitement prévisibles, condamner ces effets c’est vraiment le comble de l'hypocrisie.

 

Et enfin, encore l'article d'Edward S. Herman et David Peterson sur La menace d’une guerre nucléaire.

 

L’Establishment considère généralement les Démocrates comme moins crédibles que les Républicains en matière de guerre. On les tient pour frileux sur les questions de « sécurité nationale ». De fait, leurs politiciens et futurs responsables politiques sont toujours prêts à faire les lèches bottes pour prouver qu’ils n’ont pas peur des bombes. Pour Hillary Clinton comme pour Barack Obama, concernant l’idée que l’Iran puisse un jour, à l’avenir, se défendre par lui-même et l’effroyable menace d’une telle perspective, toutes les options étaient « sur la table ». Comme ses électeurs traînaient les pieds pour l’Irak, Obama a compensé en promettant une escalade des violences en Afghanistan, voire au Pakistan. Il a même choisi Joe Biden comme futur vice-président pour son « expérience » (il a montré cent fois qu’il pouvait avoir tort), et sa pugnacité notoire en politique étrangère.


Si Biden proclamait récemment être « sioniste », en fait il n’est littéralement pas un seul politicien Démocrate qui ne se soit produit devant l’AIPAC pour prêter allégeance à l’État d’Israël. Cette constante génuflexion et la dépendance financière des Démocrates à l’égard de l’argent des organisations sionistes, ont été un facteur supplémentaire de cette dégradation morale ; un facteur qui a littéralement évacué toute opposition politique au nettoyage ethnique de la Palestine par Israël, comme à la guerre contre le Liban en 2006. Comme les dirigeants israéliens réclamaient l’invasion de l’Irak et qu’ils sont de fervents défenseurs d’une guerre contre l’Iran, le Parti Démocrate a soutenu la guerre contre l’Irak, a traîné les pieds pour le désengagement – même après le vote anti-guerre de 2006 – et a diabolisé l’Iran, non sans prendre part aux préparatifs d’une guerre contre ce pays.

 

Pour conclure,

Obama est certainement mieux que Bush, ce n'est pas difficile!

Il y a cependant lieu de rester particulièrement vigilant. Sous un label d'ange gardien, Obama ne changera pas la politique impérialiste et interventionniste US. Un État US, persuadé que le monde lui appartient, qui intervient partout pour promouvoir la "paix et le progrès". Un peu comme Mandela, un héros noir dans un pays pratiquant un apartheid pur et dur, qui n'a pu s'empêcher de promouvoir la "paix" au Congo et ailleurs en Afrique... Avec quels résultats?

 

Reste que l'État US est exsangue et que les attentes en matière de POLITIQUE INTERIEURE sont énormes! Obama sera-t-il en mesure de tenir tête aux exigences d'une élite pourrie gâtée (dont la Fed)? Obama sera-t-il en mesure de rester clairvoyant en se cantonnant, avant tout, aux tâches ménagères dans sa propre maison?

 

Rares, voire inexistantes, sont les interventions extérieures dépourvues d'intérêts économiques. Les guerres ne servent pas les peuples ou les Nations mais les multinationales!

 

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6 mars 2008 4 06 /03 /mars /2008 22:26

Après avoir subi des siècles de colonisation, de spoliations territoriales, d'exploitation, de traite, de génocide, les peuples du tiers-monde et plus particulièrement les plus vulnérables d'entre eux, les populations autochtones et tribales, sont confrontés depuis quelques décennies à un mal peut être encore plus insidieux et mortel, le développement.

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Au sud, plus particulièrement au sein des communautés autochtones, le développement s'est brutalement abattu sur des sociétés dont les acquis collectifs, transmis depuis des centaines de générations, le plus souvent oralement, avaient permis non seulement une vie certes élémentaire (quoique), mais également l'épanouissement et une certaine évolution. En effet, loin d'être caractérisées par un immobilisme (une idée hélas bien ancrée en occident, même parmi les spécialistes!), ces communautés avaient progressé à leur rythme (notamment au contact des sociétés voisines), selon une ligne d'évolution propre, originale, respectueuse de l'autre et de l'environnement. Beaucoup de ces sociétés possédaient (et possèdent encore pour certaines d'entre elles des structures sociales et politiques, une culture, des traditions, des techniques, un art, un imaginaire mais également des structures de production et d'échange constituant une économie domestique restant enchâssée dans le reste du corps social. Il faut cependant reconnaître que ces sociétés peuvent hélas être parfois le lieu d'une exploitation de l'homme par l'homme, ces faits allant bien entendu à l'encontre de l'organisation de ces groupes où prime l'intérêt commun.

 

Au sein de ces sociétés traditionnelles, la terre et l'homme sont au centre de la vie sociale. L'Homme appartient à la terre, la mère de tous, il doit la gérer au plus juste dans un souci constant de transmettre aux générations suivantes une terre viable et non dégradée (très souvent leurs mythes se fondent sur l'idée de la circulation et de la transformation des êtres spirituels, animaux et humains, dans un système d'interdépendances dont le maintien est indispensable à la survie de la société humaine comme de la nature qui les entoure). L'agriculture, la chasse, la cueillette et ‘élevage sont par essence des actes sociaux, respectueux des écosystèmes les aborigènes d'Australie organisaient se- on des rotations très précises leurs cueillettes et leurs chasses respectant les rythmes de reproduction les éleveurs nomades Touareg et Peul, afin d'éviter la surexploitation d'un environnement fragile, se déplacent inlassablement au rythme des saisons, etc. Ici la terre n'est pas synonyme d'appropriation privée, elle est partagée, gérée en commun selon des modes stricts d'usufruit souvent séculaires. Le primat du collectif (société holiste) sur l'individuel rejoint le primat des sphères sociale et culturelle sur la sphère économique: l'économique reste à sa place, c'est-à-dire soumis aux dictats des sphères qui lui sont supérieures et qui dictent leurs lois. Cela ne veut pas dire que ces sociétés ne produisent pas, ne consomment pas, n'échangent pas, elles le font, mais selon des règles différentes de la logique économique occidentale : ainsi la valeur d'usage prime sur la valeur d'échange, s'échange lui-même est symbolique- et non-marchand, fondé sur le jeu du don et du contre don désigné par certains spécialistes sous e noble terme de réciprocité, et en fin de compte, ce qui domine, c'est l'intérêt commun, la survie du groupe, un certain bonheur collectif et non l'appât du gain, le profit individuel, le bien matériel, pour résumer, l'avoir sur l'être.

 

C'est sur ces peuples autochtones, ces populations et  ces tribus du bord du monde, déjà fortement ébranlés par une histoire marquée par la conquête territoriale, la soumission, l'exploitation, la colonisation, l'ethnocide, que s'est abattu, il y a quelques décennies, le rouleau compresseur du développement le choc fut frontal, déstructurant, déculturant, instaurant le vide, le néant et précipitant la disparition de nombreuses sociétés autochtones.

 

Les conséquences du développement pour les peuples autochtones

Le système économique international, par l'intermédiaire des grands projets de développement soutenus par les structures financières internationales et, de manière plus insidieuse, nombre de petits programmes (qui partent d'un bon sentiment certes mais qui ne sont bien souvent que le fer de lance de l'entreprise développementiste) exproprient les peuples autochtones de leurs territoires ancestraux, pillent leurs sous- sols, détruisent les rapports qu'ils entretiennent avec la nature, leurs ancêtres, leurs dieux, le cosmos. Cette vaste et efficace entreprise de dépossession concerne également les relations sociales, le domaine culturel et symbolique, les savoirs ancestraux, les rapports au temps, à l'espace, à la vie.

 

Devant une telle déferlante de puissance, les peuples autochtones sont réduits au rang de spectateurs de ces multiples spoliations déforestation massive, pêche industrielle, agriculture intensive, exploitations minières, immersion ou enfouissement de déchets toxiques, barrages hydroélectriques, etc.

 

Pressions territoriales

Les zones de vie de bon nombre de peuples autochtones sont devenues des zones d'aménagement, des pôles de développement, aux ressources végétales, minières et énergétiques convoitées par les entreprises nationales et surtout transnationales. Une seconde colonisation est en marche elle a débuté sous les caméras de courageux témoins<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]--> lors de la pacification d'une partie de l'Amazonie en vue de son percement par une route, la célèbre transamazonienne, à des fins de prospection des sols et des sous-sols.

 

L'exemple du bassin amazonien est le plus connu mais nombre d'autres territoires plus petits, dans les autres forêts tropicales ou équatoriales, dans les espaces désertiques, dans les savanes africaines ou au sein de régions montagneuses peu accessibles, ont subi et subissent encore cette véritable ruée vers la terre et ses richesses que l'on exploite, que l'on surexploite, que l'on transforme rapidement en vrai désert.

 

Cette première forme de pression, qui a pour cible les terres et les ressources des peuples autochtones et qui correspond à la perte des terres et des ressources vitales, a entraîné la disparition de nombre de communautés autochtones et constitue le principal facteur d'ethnocide dont ces peuples sont victimes. En effet, pour ces populations, la terre n'est pas un facteur de production ou une ressource productive quelconque. La terre, c'est avant tout l'habitat, le socle de l'autonomie et de l'autosuffisance, la base de l'organisation sociale et spirituelle chargée de mythes et de croyances, elle est l'élément central des représentations sociales et cosmologiques. Ainsi, la terre n'est pas vue au travers du prisme de l'économie, détachée du corps social, elle est la mère de chacun, que l'on respecte, que l'on vénère, que l'on transmet en l'état aux générations futures. La perte de la terre au nom du développement, c'est en définitive pour les peuples autochtones l'impossibilité de survivre en tant que communautés distinctes.

 

Pressions économiques

L'autre danger qui menace les communautés autochtones, ce sont es pressions économiques, conséquence de la mise en pratique de l'orthodoxie économique à travers des pratiques de développement qui peuvent se décliner sous diverses formes, du capitalisme privé au socialisme étatique en passant par es sous-produits s'y rattachant. Cela signifie que les formes d'organisation économique antérieures sont condamnées à disparaître ou à devenir de nouveaux sous-produits. Ainsi, l'économie domestique des peuples autochtones, fondée sur ‘artisanat, les communautés rurales, l'utilisation raisonnable des fruits de la nature dont le but est la satisfaction des besoins matériels de la communauté, sans souci de surplus, de profits, de concurrence, se trouve balayée par une autre économie dont les lois s'imposent rapidement à l'ensemble du corps social.

 

La monétarisation de l'économie entraîne de nouveaux besoins de consommation, introduit de nouveaux biens venant se substituer à la consommation traditionnelle et substitue aux anciennes occupations peu "lucratives", le travail salarié qui va décider d'autres habitudes de consommation et ainsi de suite l'économicisation de la société est en marche... et semble être irréversible. Une fois la brèche ouverte, d'autres croyances (le mimétisme, la standardisation, le consumérisme) partent à l'assaut de modes de vie condamnés.

 

Économiquement, l'occident agit comme un véritable prédateur des sociétés traditionnelles, de façon directe (le pillage) ou indirecte (l'échange inégal, les transferts de plus value et de profit, la dépendance, etc.). C'est, comme le précise Serge Latouche, la logique du dominer pour prendre<!--[if !supportFootnotes]-->[2]<!--[endif]-->. Mais, selon lui, une autre logique encore plus pernicieuse que cette dernière est à l'œuvre, c'est la logique du donner pour dominer ou plus simplement le piège du don c'est en donnant que l'occident acquiert le pouvoir et le prestige qui engendrent la véritable déstructuration culturelle. Les sociétés peuvent se défendre contre la violence et le pillage. Si elles ne sont pas détruites, elles peuvent résister et sont peu enclines à abdiquer leur identité culturelle en faveur de celle de l'agresseur. En revanche, tout les prédispose à se présenter désarmées et sans défense devant le don. On ne refuse pas la médecine qui sauve la vie, le pain qui soulage la misère, l'objet inconnu et magique qui séduit et dont on peut retirer du prestige dans sa propre culture <!--[if !supportFootnotes]-->[3] <!--[endif]-->.

 

On le sait, le don est la base de la vie sociale des sociétés traditionnelles, il est au centre des alliances au sein du groupe, il permet de se lier aux autres membres de la société, il est, selon le principe de réciprocité, toujours suivi d'un contre-don qui va appeler un nouveau don, parcours cyclique sans cesse renouvelé. Le don de l'occident est d'une tout autre nature, c'est un don à sens unique, sans voie de retour c'est-à-dire sans contre-don ; l'occident donne sans rien accepter en retour, il n'attend rien de l'autre. Ce don-là marque la supériorité du donateur en même temps qu'engendre l'asphyxie du receveur. En effet, le principe de réciprocité, au centre des rapports sociaux et de représentations symboliques ne fonctionne plus que dans un sens, c'est-à-dire à vide : ne pouvant qu'accepter, ne pouvant rien donner, offrir en échange, les sociétés tournent à vide. Face à ce vide introduit en partie par le piège du don, ces sociétés ne vont plus se considérer à travers leurs mythes fondateurs autrefois si puissants, mais à travers le regard de l'autre ; elles vont ainsi se découvrir bien rapidement non pas primitives mais ridicules, non pas pauvres mais misérables. Face au tout économique de l'occident, ces sociétés de refus de l'économie<!--[if !supportFootnotes]-->[4]<!--[endif]--> (prééminente), "anti-économiques" par essence pourrait-on dire, apparaissent bien dénuées face à un monde en voie d'économicisation accélérée. Sur ce terrain-là, elles sont bel et bien vaincues, ethnocidées.

 

Pressions culturelles

Du danger économique aux pressions culturelles.., il n'y a qu'un pas tant les deux notions sont liées. En effet, en mettant l'économie au centre de tout au sein de la société, les autres sphères apparaissent atrophiées, soumises aux dictats d'un paradigme que l'on peu considérer avant tout comme anti-culturel. L'intrusion de cette autre économie par les chemins divers que nous venons de présenter s'apparente à un véritable séisme sociétal du point de vue des comportements sociaux, culturels, religieux, psychologiques.

 

Ainsi, et pour ne prendre qu'un exemple parmi tan d'autres, les quelques dizaines de milliers de rescapé du peuple Aborigène d'Australie, le plus vieux peuple du monde pour certains, vivent (à quelques exception près) soit au sein de réserves dans les zones semi-désertiques de l'intérieur, soit dans de misérables banlieues urbaines. Les uns ne subsistent que gràce au; maigres subsides des autorités et une culture folklorisée, les autres, assimilés au mode de vie des blancs constituent un sous-prolétariat: les uns comme les autres connaissent la délinquance, l'alcoolisme, la désocialisation, le suicide, conséquences de la culture du vide, de la perte d'identité véhiculée par des siècles d'ethnocides multiples.

 

Le développement ne doit pas simplement être considéré comme une politique économique mais comme une modification de l'ensemble des principes, non seulement économiques mais également sociaux, culturels, symboliques, sur lesquels repose une société. Le développement est devenu un culte, le mythe des temps modernes, les non-développés, les sous-développés sont en retard et doivent à tout prix réussir à prendre le train en marche. Cette course effrénée du rattrapage, cette fuite en avant vers cette modernité qu'incarne le développement est considérée bien souvent comme la seule chance de survie. Et pourtant, cette quête signifie aussi la déculturation, la perte d'identité, la perte de sens car si auparavant les déculturations étaient suivies d'acculturations réussies, aujourd'hui, le développement se pose comme la culture de l'anti-culture, la culture du vide à l'échelle universelle.

 

L'après développement

L'avenir des peuples autochtones se dessine-t-il en termes d'ethnocide programmé (très souvent entamé d'ailleurs), d'assimilation forcée, de métissage culturel, de résistance, de survivance. En ce début du 21ème siècle, il est encore possible de trouver des situations vécues par les différentes communautés autochtones des marges de ce monde qui correspondent à chacune de ces modalités d'existence, de survie.

 

Fort heureusement, nombre de peuples autochtones se distinguent encore des autres segments de la société mondialisée par le fait qu'ils ne sont pas encore développés en se sens qu'ils n'ont pas encore adhéré à la notion de profit individuel, qu'ils restent attachés à une économie de la réciprocité qui prime sur une économie marchande encore embryonnaire, que le raisonnable (disons la rationalité holistique) est préféré à la rationalité économique.

 

En se sens, ils sont dans une position de refus par rapport au développement qui frappe à leur porte, rejetant ce vaste mouvement d'atomisation des individus en agents économiques interchangeables et impersonnels. Certains sont prêts à assumer leur destin - ce qui ne veut pas dire stagner comme veut nous le faire croire la phraséologie du développement - , a entrer en contact avec la société moderne, et surtout à évoluer selon leur propre rythme, à trouver leur chemin, car comme le dit si bien Claude Levi-Strauss, il est bien certain qu'aucune période, aucune culture n'est absolument stationnaire. Tous les peuples possèdent et transforment, améliorent ou oublient des techniques suffisamment complexes pour leur permettre de dominer leur milieu. Sans quoi, ils auraient disparu depuis longtemps. La différence n'est donc jamais entre histoire cumulative et histoire non- cumulative toute histoire est cumulative, avec des différences de degrés<!--[if !supportFootnotes]-->[5]<!--[endif]-->.

 

Les peuples autochtones ne sont pas sans défense face à cette nouvelle épreuve. Ils parviennent à élaborer des stratégies, non sans déchirements et renonciations, qui leur permettent de se repositionner pas rapport à un environnement nouveau et fortement déstabilisateur: s'adapter sans se renier, résister pour survivre en tant que peuples distincts<!--[if !supportFootnotes]-->[6]<!--[endif]-->. La route est encore longue, mais le travail politique, social, symbolique a commencé, l'ultime effort pour que l'ethnocide entamé ne se transforme pas en génocide annoncé.

Il est hélas trop tard pour certains peuples à jamais disparus, il est grand temps pour les autres.

Tiré du n°50 d'Ikewan, le journal des peuples premiers, qui a pour thème "Autochtones et développement".
www.icrainternational.org

 

<!--[if !supportFootnotes]-->

<!--[endif]-->

<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]--> La pacification en Amozonie, film de Yves BILLON. Les films du village, Paris. 1971.

<!--[if !supportFootnotes]-->[2]<!--[endif]--> Serge LATOUCHE. Fout-il refuser le développement ?, Paris, Ed. La découverte, 1986, page 66.

<!--[if !supportFootnotes]-->[3]<!--[endif]--> Serge LATOUCHE, L’occidentalisation du monde, Paris, Ed. La Découverte, 1989, page 68

<!--[if !supportFootnotes]-->[4]<!--[endif]--> Pierre CL.ASTRES, préface du livre de Marshall Sahiins, Âge o pierre, âge d’abondance, Paris, Ed. Gallimard, 1972.

<!--[if !supportFootnotes]-->[5]<!--[endif]--> Claude LEVI-STRAUSS Races et histoires, Paris, Ed. Gonthier, 196l. Page 66.

<!--[if !supportFootnotes]-->[6]<!--[endif]--> Pour en savoir plus sur le sujet, qui mériterait plus ample développement, on peut lire La dernière île de Joël Bonnemaison, Paris Ed. Arléa, 1986.

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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 10:14
Le commerce équitable, le commerce de gaz à effets de serre ou le microcrédit (prêts aux pauvres) ne sont qu'une autre forme de néocolonialisme, à savoir, qu'avant de vouloir "faire le bien", il faut d'abord se demander comment "ne pas nuire". Nous continuons, avec les 10 % les plus riches de la planète, à prendre l'avion ou bien encore à aller aux sports d'hiver, sans se poser sérieusement de question sur les conséquences qu'impliquent notre mode de vie.

Le microcrédit pour les femmes pauvres - Solution miracle ou cheval de Troie de la mondialisation ? (lire page 5) Comment expliquer que Monsanto soit un des principaux donateurs du microcrédit?

10 objections majeures au "commerce équitable" .
Comment expliquer certains partenariats de Max Havelard avec McDonald's, Dagris ou Accor?  

Fraude et colonialisme: le nouveau commerce des gaz à effets de serre 
Comment expliquer un tel engouement des plus grands pollueurs pour ce commerce? 

Ceci c'est pour le côté foncièrement individualiste et égoïste de la nature humaine qui se traduit par notre intouchable dogme économique. Mais il en est un autre, tout aussi sournois et implacable, car trop facilement occulté par la majorité, c'est le côté terriblement présomptueux et mégalomane de la nature humaine qui se traduit par notre condescendance technocratique.

Tant que nous ne changerons pas nos modes de vie et notre approche paternaliste, toutes nos initiatives restent bancales, voire même sordidement hypocrites.
  "Le mode pensée qui a généré un problème ne peut être celui qui va le résoudre" A. Einstein.

Notre condescendance technocratique nous entraine dans une interminable fuite en avant, la démesure et une vie d'automate. Voici quelques exemples ci-dessous:

1) Fuite en avant
Ainsi, l’agriculteur a-t-il besoin d’un insecticide pour éliminer un ravageur parce que les mauvaises herbes dont il se nourrissait ont été éliminées par les herbicides, lesquels ont été introduits pour supprimer le sarclage mécanique, lequel n’est plus possible du fait de l’augmentation de la densité de plantation, laquelle a été accrue parce que les plantes ont été sélectionnées pour leur productivité à haute densité, laquelle permet de tirer partie de l’utilisation massive d’engrais à bas prix, laquelle rend les plantes encore plus appétissantes aux ravageurs, et ainsi de suite. A chaque pas, la recherche, prisonnière de son pragmatisme à court terme, intervient, soulageant l’agriculteur de la contradiction immédiate qui le ligote; chaque apaisement provisoire ouvrant de nouveaux marchés pour les semences, les engrais, les machines, les pesticides, le matériel d’irrigation, etc. De même que dans un roman connu, la main greffée étranglait son receveur parce qu’elle obéissait à son ancien possesseur, la main invisible du marché s’agrippe à la gorge du paysan qui, à chaque spasme, en resserre encore l’étreinte.
Extrait du texte Du passé à l'avenir, des "Ogm" à l'agroécologie

2) Démesure:
Le 28 juin 2005, les grandes puissances (Union Européenne, Etats-Unis, Japon, Corée du Sud, Fédération de Russie, Chine, Inde) décidaient officiellement l'implantation d'ITER à Cadarache. Ce projet pharaonique issu d'années de recherche vise à créer la fusion nucléaire. Il s'étalera sur vingt ans (10 ans de construction et 10 ans d'expérience) et coûtera au moins 10 milliards d'euros. Mieux que le barrage des 3 gorges sur le Yang Tse Kiang, ITER est certainement la plus belle démonstration de la mégalomanie humaine.

L'histoire se répète et c'est en ce début de 21ème siècle que nous assistons aux fondations d'une nouvelle tour de Babell. Non content de manipuler ou de s'approprier le vivant, il nous faut maintenant maitriser la matière. Nous voilà prêt à braver les principes de base de la thermodynamique en prétendant, une fois encore, au mouvement perpétuel.
 

Avec ce projet démiurgique, nos ingénieurs et chefs d'états cherchent la pierre philosophale de la Physique : transmuer la vile matière en pure Energie. On a vu avec quelles conséquences pour la fission. Avec la fusion, il s'agit rien de moins que de faire descendre sur Terre les conditions qui engendrent les réactions nucléaires dans le Soleil. Pour cela il faut des champs magnétiques intenses pour maintenir le plasma, c'est-à-dire le tritium porté à des températures extrêmes, sous haute pression mais en même temps dans le vide. Les aimants surpuissants qui engendrent ce confinement magnétique doivent eux-mêmes être refroidis par des fluides proches du zéro absolu. Maintenir ensemble des conditions extrêmes et opposées de température, de pression et de polarisation électrique le tout sous une pluie de neutrons, demande assurément beaucoup d'énergie. Ce condensé de contradictions fait penser à la recherche de la quadrature du cercle…
Extrait du texte ITER ou la fabrique d'absolu.

Dans un autre style, comme illustration de notre démesure, il y a aussi la
Géo-ingénierie. Les nanotechnologies sont aussi à surveiller de près, cfr. document Impact du développement futur des nanotechnologies sur l'économie, la société, la culture et les conditions de la paix mondiale.

3) Automate:
Notre approche technico-industrielle réduite à sa composante productiviste nous entraine dans une forme d'automatismes déresponsabilisant. Notre système peut être qualifiée d’Automate au sens premier donné par le dictionnaire : "une machine qui se meut d’elle-même, qui porte en elle le principe ou le moteur à l’origine de son propre mouvement". Je ne veux pas dire par là que la machinerie économique et technique du capitalisme fonctionne toute seule. Il y a bien sûr des hommes derrière chaque machine. Mais quels hommes ? La démesure et la spécialisation qu’elle engendre nécessairement font qu’il est impossible à une personne de connaître les tenants et aboutissants de l’activité à laquelle elle participe. Et quand bien même les connaîtrait-elle, comment pourrait- elle agir sur le système autrement que pour le perfectionner et donc étendre encore son emprise et sa puissance avec à la clef des "problèmes", des "dysfonctionnements" et des désastres toujours plus monstrueux ? L’homme, dans un tel système, en est réduit à se comporter comme un automate, selon le deuxième sens de ce mot : "personne qui agit comme une machine, sans liberté". L’Automate que constitue la société industrielle en son ensemble est donc le produit de toutes les actions des automates (machines et hommes) qui le composent. L’autonomie du développement technologique, son caractère en apparence automatique et inéluctable, n’a d’autres ressorts que cette réduction et soumission de toute la vie sociale au rythme des machines.

Extrait du texte Quelques éléments d'une critique de la société industrielle

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25 décembre 2007 2 25 /12 /décembre /2007 11:24

Allocution de Victor Hugo lors d’un banquet commémoratif de l’abolition de l’esclavage.

 

Cité par G. Rist, dans Le Développement, histoire d’une croyance occidentale, Presses de Science-Po.

 

« La destinée des hommes est au Sud [...]. Le moment est venu de faire remarquer à l’Europe qu’elle a, à côté d’elle, l’Afrique [...]. Au XIXe siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au XXe siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème ; l’Europe le résoudra. Allez, peuples ! Emparez-vous de cette terre ! Prenez-là ! A qui ? A personne. Prenez cette terre à Dieu ! Dieu donne la terre aux hommes. Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-là ! Où les rois apportaient la guerre, apportez la concorde ! Prenez-la non pour le canon, mais pour la charrue ! Non pour le sabre, mais pour le commerce ! Non pour la bataille, mais pour l’industrie ! Non pour la conquête, mais pour la fraternité ! Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales ! Changez vos prolétaires en propriétaires ! Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes ! Croissez, cultivez, colonisez, multipliez ! Et que sur cette terre, de plus en plus dégagée des prêtres et des princes, l’esprit divin s’affirme par la paix et l’esprit humain par la liberté ! »

 

Voici donc ci-dessus et sous la plume de Victor Hugo, la synthèse remarquable et ordinaire d’une justification philanthropique de la colonisation et plus encore de l’occidentalisation du monde dont les quatre piliers sont ici clairement affirmés : l’économicisation des relations sociales et du rapport à la nature, le culte du progrès techno-scientifique, l’universalisme de « l’humanisme de la marchandise » (R. Vaneigem) et l’uniformisation culturelle planétaire.

 

[Clément HOMS] 

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9 avril 2006 7 09 /04 /avril /2006 11:21

Discours d'Aimé CÉSAIRE sur le colonialisme.

 

A mon tour de poser une équation : colonisation = chosification.

J'entends la tempête. On me parle de progrès, de "réalisations", de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes.
Évidement


Moi, je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, des cultures piétinées, d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités supprimées.

On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemin de fer.

Moi, je parle de milliers d'hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l'heure où j'écris, sont en train de creuser à la main le port d'Abidjan. Je parle de millions d'hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la danse, à la sagesse.

Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme.

On m'en donne plein la vue de tonnage de coton ou de cacao exporté, d'hectares d'oliviers ou de vignes plantés.

Moi, je parle d'économies naturelles, d'économies harmonieuses et viables, d'économies à la mesure de l'homme indigène désorganisées, de cultures vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement agricole orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de produits, de rafles de matières premières.

 

[Aimé CÉSAIRE] 

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