Pour une dette passant de 48,5 milliards € en 1980 à 362,3 milliards € en 2011, les belges ont payé 470,5 milliards € (Banque nationale de Belgique - mars 2012) d'intérêts aux créanciers ! En moyenne, la Belgique a donc remboursé 15 milliards € par an en intérêts de la dette sur les trente dernières années, soit l’équivalent de deux fois le budget des allocations de chômage. Ce sont autant de richesses créées par les travailleurs qui ont été transférées vers les détenteurs de capitaux.
A qui profite la dette ? D’où vient-elle ? De quoi est-elle faite ? Est-elle légitime ? Faut-il payer ? Qui doit payer ? Combien ? Comment ? Pourquoi ? On veut savoir, un nouveau site soutenu par le CADTM, la FGTB et le CEPAG, qui demande un audit citoyen de la dette publique belge. Soutenez la campagne.
Voilà, je pense, une approche constructive digne d’un grand intérêt. Une approche qui me semble aller au-delà du simple « ce n’est pas moi, c’est les autres » ou encore « ce n’est pas notre crise ».
Personnellement je ne me reconnais pas entièrement dans les revendications syndicales ou gauchistes qui n’ont de cesse d’incriminer le système sans vouloir réellement le remettre en question. Par exemple les syndicats sont contre le principe de séparation des banques de dépôts et d’investissements parce que ce serait contre-productif et supprimerait des emplois ! Donc, sous prétexte que l’on va supprimer des emplois on ne change rien : on continue à produire des armes, des pesticides, des additifs alimentaires, des antibiotiques, des antidépresseurs, des automobiles, etc. le tout à grand renfort de pétrole et de pollutions. Tout ça parce que c’est bon pour l’emploi et l’économie ? On continue donc à spéculer, mentir et exploiter son prochain mais on essaye de mieux répartir les parts du gâteau, c’est bien ça ? Non, non et non. Nous devons comprendre que notre planète est finie et que notre système économique fondé sur l’avoir et la croissance est mortifère. Pas de manichéisme avec les méchants financiers d’un côté et les gentils consommateurs de l’autre. Ne cherchons-nous pas toujours les plus bas prix et les meilleurs placements ?
Nous sommes tous responsable de cette crise, dans nos achats et tous nos actes quotidiens. Certains le seraient plus que d’autres ?
Ceux qui savent pertinemment bien ce qu’ils font et qui sont encore aux commandes. Ceux qui manipulent les chiffres et les mots comme on respire et qui finissent même par nous faire porter le chapeau. Je pense à tous les pontes du monde politique, académique et financier cités dans l’excellent film documentaire INSIDE JOB (disponible en image et en texte). A ces ténors du monde anglo-saxon, il faut bien-sûr ajouter tous nos ménestrels Européens, tous ceux qui se jouent du conflit d’intérêt comme on joue du pipeau : Draghi, Papademos, Paulson, Rubin et tous les hypocrites du monde académique : Frederic Mishkin, Richard Portes, John Campbell, Martin Feldstein, Glenn Hubbard, Laura Tyson, Ruth Simmons, Larry Summers, etc. etc.
On pourrait aussi citer tous ceux qui ont profité de la crise pour gagner des sommes astronomiques en très peu de temps: Angelo Mozilo, Stan O’Neal, John Thain, Joseph Cassano, Richard Fuld, Harvey Miller, Jeffrey Lane, Willem Buiter, Ralph Ciofi, Matthew Tannin, Pierre Richard et Axel Miller (Dexia), etc. etc.
« Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d'autres » (Orwel)
Le but n’est pas de pleurer ou d’hurler en criant au scandale parce que c’est injuste et/ou que nous n’avons pas la même chose. Nous savons bien que c’est parfaitement impossible et indigne. Que ces gens gardent bien leurs villas, châteaux, jets et yachts luxueux, nous savons aussi que ça ne les rends pas plus heureux s’ils ne partagent pas. Le but n’est pas de les pendre haut et court mais juste de leur demander d’aller jouer ailleurs.
Qu’ils souhaitent spéculer et s’amuser, soit ! Mais pourraient-ils le faire ailleurs que dans notre bac à sable ? Si seulement ils pouvaient arrêter de spéculer avec nos bas de laine. Pire, une fois qu’ils se plantent, ils pleurent pour qu’on rallonge la monnaie. Pile je gagne, face tu perds ! Pire encore, après avoir allongé, nous devons leur emprunter ce même argent sur lequel nous leur devons encore des intérêts. Le citoyen est donc trois fois perdant : une fois parce qu’il doit passer à la caisse sans rien avoir demandé, une autre fois parce qu’il doit payer des intérêts et une troisième parce qu’il finit par être taxé sur tout ce qui bouge.
Nous sommes prêts à faire des efforts et des sacrifices, si c'est pour un mieux et pour une refonte complète et douce du système. Or, à l'heure actuelle, tout porte à croire que ce sera pour un remake plus violent. Plus on repousse l'échance, plus la claque sera puissante. Tant que les banques de dépôt et d’investissements feront vase communiquant et tant que les Etats se financeront sur des marchés financiers libéralisés, nous continueront à payer pour d’autres.
Les solutions existent, il suffit de parcourir les sites Les 7 péchés capitaux des banques, Réseau pour la Justice Fiscale, Financité ou CADTM pour constater l’extraordinaire foisonnement d’idées et de solutions concrètes pour un meilleur fonctionnement. Tout ce qu’il manque c’est du courage politique et une évolution des consciences.
Pourquoi un ingénieur financier doit-il être payé 4 à 100 fois plus qu’un vrai ingénieur ? Un vrai ingénieur construit des ponts. Un ingénieur financier construit des rêves. Et quand ces rêves tournent au cauchemar, ce sont les autres qui payent.
Mais les hommes et les institutions responsables sont toujours là et cela doit changer. Ils diront qu’on a besoin d’eux et que ce qu’ils font est incompréhensible pour nous. Ils nous dirons que ça n’arrivera plus. A coup de milliards, ils combattront les réformes. Ce ne sera pas facile. Mais il y a des choses qui valent une bataille. [Source : INSIDE JOB]