Les apiculteurs, les amis de la terre et tous les amoureux de la Nature ont le regret de vous faire part de la disparition de 30% à 40% des colonies d’abeilles au cours de cet hiver en Région Wallonne. Les bourdons et les abeilles solitaires ont été touchés de la même manière. Il n’y a jamais eu autant de pertes. Les abeilles survivantes remercient tous les maniaques du jardin nickel sans un pissenlit ni une cardamine à butiner au printemps, les fadas du pulvérisateur qui arrosent leurs allées empierrées et les pieds des haies pour que cela fasse propre, les jardiniers sans goût qui ne plantent que des fleurs horticoles sans nectar. Les particuliers ont multiplié par 4 l’usage des pesticides au cours des 10 dernières années. Ne croyez surtout pas que la commission européenne qui gère les dossiers n’autorise sur le marché que des produits sans danger. Elle est noyautée par les puissants lobbies des firmes phytopharmaceutiques et il n’y a dans ces beaux fauteuils dorés aucun spécialiste capable de rédiger un dossier d’évaluation qui tienne la route pour mesurer le risque qu’encourent les abeilles. Abeilles et pollinisateurs assurent 80% de la diversité de nos aliments et 30% du contenu de nos assiettes !
Didier BRICK par courriel.
Les abeilles disparaissent et les scientifiques cherchent les causes… Mais faut-il vraiment chercher ? Dans le numéro de juin 2010 de "Science et Vie", des chercheurs auraient mis en évidence l’effet combiné d’un champignon parasite (Nosema) et d’un pesticide responsable du fameux phénomène d’effondrement. Savent-ils que l'usage des pesticides et autres
produits phyto-sanitaires ont pour premier effet de diminuer
l'immunité du vivant?
Des publications scientifiques tentent de chiffrer les pertes économiques de la disparition des pollinisateurs. Une étude chiffre la perte à 9,5% en valeur économique de la production mondiale pour l’alimentation humaine. L’étude précise qu’elle n’a tenu compte que du chaînon alimentaire final, pas des chaînes trophiques! Des prix et du vogelpik, tels sont les outils de notre puissante Science face à la complexité du vivant.
Syngenta, numéro un mondial de l’agrochimie, joue les héros de la biodiversité : « Syngenta fournira les mélanges de semences, aidera les agriculteurs à user de manière innovante des pesticides et prodiguera des conseils agronomiques. » Plus la menace est grande plus la dictature s’impose. La croissance économique des géants de ce domaine témoigne de cette tendance totalitaire aveugle. Comme si les paysans latinos, africains ou asiatiques avaient oublié comment cultiver. Incas, Egyptiens ou Han cultivaient bien avant nous. Notre agriculture n’est pas généralisable. Notre agriculture est pétrolière et mortifère. Seuls 35 millions d’agriculteurs se servent de tracteurs dans le monde alors que pratiquement 2 milliards se servent de leurs mains.
Une autre étude réduit l’impact de la perte des pollinisateurs en reportant les chiffres en volume de production alimentaire mondiale. Comme si nous allions tous manger du soja, de l'huile de palme et du blé à longueur de journée. L'achat d'un équivalent Jonagold en pharmacie ne relèvera bientôt plus de la science fiction. «Bonjour, du Prozac, des vitamines C et un lot de 50 Jona-Capsules svp... » Nous expliquerons à nos petits enfants le plaisir perdu de croquer dans une pomme fraîchement cueillie au détour d’une promenade. A la description des formes et des couleurs métalliques de certains insectes, leurs visages s’illumineront comme un jardin de fleurs baigné par la douce lumière du matin. L’imaginaire se laissera emporter par la valse des butineuses inondées des rayons orangés si typiques des fins de journées estivales.
Il existe plus de 1.500 variétés de pommes dans le monde. Nous n’en commercialisons que 8. Ces 8 variétés nécessitent plus de 40 traitements par an, souvent hautement toxiques. Il est pourtant possible de produire des pommes non commerciales avec seulement 15 à 20 traitement doux par an.
Le syndrome d’effondrement ne concerne pas seulement les abeilles, il s’applique à pratiquement tout le règne végétal (graminées, bulbes, ligneux, fruitiers) et animal (vers, insectes, rongeurs, poissons, batraciens, oiseaux).
Dans le dernier rapport de l’UICN, près d’un tiers des amphibiens, plus d’un oiseau sur huit et près d’un quart des mammifères sont menacés d’extinction. Pour certaines catégories de plantes, comme les conifères et les cycadacées, la situation est encore plus préoccupante, avec 28% et 52% d’espèces menacées respectivement. Toujours selon le même rapport, 21% de tous les mammifères connus, 30% de tous les amphibiens connus, 12% de tous les oiseaux, 28% des reptiles, 37% des poissons d’eau douce, 70% des plantes, 35% des invertébrés répertoriés à ce jour sont menacés.
Dans tous ces cas, la principale menace est la destruction des habitats en raison de l’agriculture, des aménagements ou encore de l’exploitation forestière.
Faut-il donc vraiment chercher ?
Que les abeilles, toutes les plantes, animaux et peuples premiers de cette planète reposent en paix.
« Errare humanum est, perseverare diabolicum »
Plus d’informations :
* Apiculture. Sauver les abeilles (Regards 2009)
* Les colonies d'abeilles déclinent en Europe depuis près de 50 ans ! (Notre-Planète.info 2010)
* Requiem pour nos Abeilles (Liberterre.fr)
* Les abeilles, témoins du bon état de notre environnement, disparaissent massivement (Notre-Planète.info 2007)
* La mort des abeilles met la planète en danger (Les Echos.fr 2007)
* Références sur terresacree.org
* RUCHE et APICULTURE (France)
* CARI.be (Belgique)
* APIMONDIA (Fédération Internationale des apiculteurs)
* APICULTURE.COM (Monde)
Dossier Amis de la Terre: Insectes, monstres ou bienfaiteurs ?