J’ai toujours souhaité publier un article sur ce fameux rapport « du club de Rome » publié en 1972. Faute de temps, je m’en réfère à l’excellente synthèse de Jean-Marc Jancovici : Qu'y a-t-il donc dans le "Rapport du Club de Rome ?".
En très résumé, des chercheurs du MIT (commandité par le Club de Rome) ont établi un modèle mathématique permettant d’évaluer l’évolution de certaines variables clés dans le temps. Ces variables représentaient les grands facteurs de la croissance économique : la production industrielle et agricole, la disponibilité des ressources naturelles, la croissance démographique, le niveau de pollution, le capital financier, industriel et humain.
Après une série d’hypothèses sur ces variables, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que même avec les hypothèses les plus optimistes comme une croissance démographique régulée, des ressources « illimitées », de l’énergie en abondance et un niveau de pollution maintenu à 25% des hypothèses initiales, dans tous les cas, le système s’emballe! Il s'emballe le plus souvent à cause de la pollution qui finit toujours par avoir le dernier mot au plus tard en 2100 (moins d’un siècle).
Bien sûr, ce modèle mathématique possédait comme postulat de base la recherche d’une croissance économique régulière mesurée par le PIB.
Quand le rapport à été rédigé, nous ne consommions encore que 85% des capacités terrestres. Aujourd’hui, alors que ce rapport est enfin réédité en français, nous en sommes à 150% ! La question n’est donc plus de savoir comment empêcher les emballements mais bien comment tenter de les atténuer au maximum.
Un bon moyen consiste à faire l’inverse de ce qui se pratique actuellement. Au lieu de centraliser, diversifiez. Au lieu de consommer, stockez. Au lieu de critiquer, créez des liens. Au lieu de travailler plus, travaillez mieux. Au lieu de gober toute information, aiguisez votre sens critique en utilisant d’autres canaux et votre bon sens. Pensez manger, boire et respirer plutôt que voiture, banque et salaire. C’est, en gros, ce que Denis Meadows et bien d’autres appellent « la résilience » : la capacité à s’adapter à un environnement changeant.
A en croire Denis Meadows, dans sa réédition du rapport, nous en sommes pratiquement au point de rupture. Evidement depuis 40 ans, on ne peut pas vraiment dire que nous ayons opté pour les scénarios les plus optimistes et sages. Et de conclure :
« L’humanité obéit à une loi fondamentale : si les gens doivent choisir entre l’ordre et la liberté, ils choisissent l’ordre. C’est un fait qui n’arrête pas de se répéter dans l’histoire. L’Europe entre dans une période de désordre qui va mécontenter certaines personnes. Et vous allez avoir des gens qui vont vous dire : « Je peux garantir l’ordre, si vous me donnez le pouvoir. » L’extrémisme est une solution de court terme aux problèmes. Un des grands présidents des Etats-Unis a dit : « Le prix de la liberté est la vigilance éternelle. » Si on ne fait pas attention, si on prend la liberté pour acquise, on la perd. »
Dennis Meadows : « Nous n’avons pas mis fin à la croissance, la nature va s’en charger ».
« Plus un mensonge est gros et plus on le croit » [Joseph Goebbels]