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  • : Démocratie? Ou Ploutocratie?
  • : Pas d'issue aux grands défis de l'humanité (pétrole, eau, famines, biodiversité, érosion, climat...) sans changement de paradigme et TOTALE remise en question tant au niveau individuel que pluriel (mode de vie, économie, progrès…)
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Tonnes CO2/personnes/an

2 = capacité d'absorption de la terre
4 = moyenne mondiale (2 fois trop)
8 = émission moyenne d'un Européen (4 fois trop)
20 = émission moyenne d'un Américain (10 fois trop)
0,09 = émission moyenne d'un Burkinabé
0,06 = émission moyenne d'un Ethiopien

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Bon à savoir

- La production d'un kilo de bœuf nécessite autant d'eau qu'une douche (débit de 18 litres par minute) quotidienne de 5 minutes pendant 2 ans.


- En Europe, chaque tête de bétail est subsidiée à plus de 2 euros par jour, soit un peu plus que le revenu journalier des 2/3 de la population mondiale.

 

- Le total des actifs financiers (crédits et spéculations) atteint 6,7 fois le PIB mondial!

 

- Dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme 6 fois la France.


- Seuls 1,6% des dépenses militaires ou 4,3% des subventions agricoles sont nécessaires pour assainir les besoins en eau de 80% des Africains.


- La fortune des 3 individus les plus riches de la planète est supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres (600 millions de personnes).


- Les pays en développement, qui subissent durement les dérèglements climatiques, ont produit moins de 20% des 350Gt (giga tonne) de CO2 accumulé dans l’atmosphère depuis 1850, alors qu’ils représentent 80% des terriens.


- Pour la banque mondiale, de 2006 à 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 85%. Dans les pays pauvres, les dépenses alimentaires représentent 60 à 90% des budgets des ménages…


- Un plein de 50 litres de bioéthanol correspond à  250 kg de maïs, de quoi nourrir une personne pendant une année.


- Par an, les avions commerciaux émettent autant de CO2 que toute l'Afrique.


- L'élevage industriel consomme autant de céréales qu'Indiens et Chinois réunis (moitié de la population mondiale).

- La production, le stockage, le transport et le conditionnement d'une calorie alimentaire issue de l'agriculture conventionnelle nécessite 40 calories fossiles!


- D'autres chiffres ici

 

Archives

Citations & Livres

Aucun être humain ne vient au monde pour éviter à ses frères la peur de mourir en niant le corps par le travail et l'intellectualisation du monde. [Raoul VANHEIGEM] Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire

 

Ce que fait actuellement la logique de marché, c'est jouer sur la méfiance radicale de l'être humain à l'égard du détachement, ancrée dans l'énergie angoissée du besoin, pour pouvoir inverser l'énergie renonçante du Désir en énergie compulsive de l'envie. [Christian ARNSPERGER] Ethique de l'existence post-capitaliste

 

Le discours économique a une fonction terroriste, celui d'évincer le citoyen du débat [cité par Marie Martin-Pêcheu] Bio-économie

 

La monnaie et l’économie existent parce que l’homme n’a pas confiance en son prochain, qu'il suppose – souvent à raison - vouloir obtenir un échange gagnant. Il veut des garanties. Mais les garanties ne tiennent pas leurs promesses et se révèlent incapables d’empêcher l’injustice. [Didier LACAPELLE] Manuel d'anti-économie

 

Pour ceux qui connaissent le sens profond des choses, les paroles brèves sont des commentaires ; Pour ceux qui se fient aux apparences, les vastes discours ne sont que des abrégés imprécis. [Mawlânâ Djalâl Od-Dîn Rûmî] La geste de Taliesin

 

Notre époque a besoin d’une grande bouffée d’air frais, qui la revivifie. Vienne le temps où chaque individu, rejetant l’apathie dont tire sa force le pouvoir léthargique qui l’opprime, se change en guerrier sans armure et sans autre arme qu’une invisible force de vie. Qu’il combatte sans relâche pour ce qu’il a d’unique et de plus cher au monde, sa propre existence, vrai champ de bataille où nerfs, muscles, sensations, pensées répondent à la sollicitation de désirs obnubilés par la passion de jouir et que contrarient, refoulent, mutilent et nient les mécanismes d’une économie qui exploite le corps à l’égal de la terre. [Raoul VANEIGEM] Nous qui désirons sans fin


A travers le voile de notre vision rationnelle, la lumière du Réel se brise, et la transforme en une autre vision, comme la lumière du soleil dans la pluie donne l'arc-en-ciel. L'homme, devenu conscient du soleil, comprendra l'arc-en-ciel d'une facon différente. Mais celui qui aura le courrage de tourner le dos à ce qui n'est que l'arc-en-ciel, verra le soleil lui-même. L'homme ressent en lui-même et en son monde, la promesse d'une Réalité qui, à l'origine de son développement rationnel, se cache. [Karlfried GRAF DÜRCKHEIM] 
La percée de l'être ou les étapes de la maturité


L'écologie extérieure sans écologie intérieure n'est qu'illusion. Si intérieurement, l'esprit est mu par des violences passionnelles, cela se traduira inévitablement en comportements extérieurs. Intérieur et extérieur sont interdépendants. Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement à l'extérieur est illusoire. [Denys RINPOCHE]


L'économie politique a placé sur un podium quelques-unes de nos dispositions naturelles les plus vilaines : le matérialisme, l'esprit de compétition, la gloutonnerie, la vanité, l'égoïsme, la myopie intellectuelle et la toute bête cupidité. [Hazel HENDERSON] cité par Fritjof Capra dans Sagesse des sages

Si la logique en place est si tenace, c'est peut-être que quelque chose au fond de nous même y collabore - quelque chose qui participe de l'angoisse et du déni de notre condition d'humains. Les voies de sorties, les plus pertinentes de l'économie capitaliste ne sont donc pas économiques. Elles sont existentielles. [Christian ARNSPERGER] Critique de l'existence capitaliste, Pour une étique existentielle de l'économie

Notre siècle de rationalité matérialiste, de pesanteur minérale, de substances toxiques largement répandues, d'une science presque totalement asservie au profit, a porté atteinte au monde sensible qui constitue l'enveloppe vivante et vitale de notre planète. Il semble que ce ne soit qu'à l'aune du sacré que nous pourrions mesurer l'ampleur de notre responsabilité. "J'entends par sacré ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l'émerveillement, le respect et le mystère s'allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des être très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force." [Pierre RABHI] Conscience et environnement

Comme une rivière crée les berges qui la contiennent, l'énergie en quête de vérité crée sa propre discipline sans aucune forme de contrainte; et comme la rivière trouve la mer, l'énergie trouve sa propre liberté.
[Jiddu KRISHNAMURTI]
Le sens du bonheur

Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.

[GHANDI]

Richesse c'est pouvoir. C'est le pouvoir d'acheter; c'est un droit de commandement sur tout le travail d'autrui.
[HOBBES]


Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme
[RABELAIS]


Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; Mieux vaudrait un sage ennemi
[Jean de la FONTAINE]

Chaque fois que l'humanité est amputée d'une de ses langues, une de ses cultures, un de ses peuples, ce sont ses propres enfants qui deviennent orphelins d'une partie d'elle même.
[Patrick BERNARD] www.icrainternational.org

Les paradis fiscaux ne sont pas qu'un phénomène marginal réservé à quelques milliardaires, quelques affairistes et beaucoup de mafieux. C'est, au contraire, « une infrastructure essentielle de la finance internationale ». Christian Chavagneux & Ronen Palan


La richesse se mesure au nombre de choses que nous pouvons laisser intactes
[THOREAU]

 

15 mars 2024 5 15 /03 /mars /2024 13:56

« Il n’y a aucune raison de bloquer intentionnellement le passage de l’aide humanitaire ou de détruire intentionnellement des bateaux de pêche artisanale, des serres et des vergers à Gaza, si ce n’est pour empêcher les gens d’avoir accès à la nourriture », a déclaré Michael Fakhri, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, au Guardian.

 

Israël a fait de la cueillette d’herbes sauvages indigènes comme le za’atar (thym), le ‘akkoub (gundelia) et le miramiyyeh (sauge) un délit pénal passible d’amendes et d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans. Depuis des années, les pêcheurs palestiniens sont la cible de tirs, d’arrestations et de sabotages de la part des forces israéliennes, en violation des accords d’Oslo de 1995 qui leur permettent de pêcher jusqu’à 20 milles nautiques.

 

Dans le nord de la bande de Gaza, 1 nourrisson sur 6 souffre de malnutrition aiguë ou d’émaciation.

 

« La rapidité de la malnutrition des jeunes enfants est également stupéfiante. Les bombardements et les morts directs sont brutaux, mais cette famine – ainsi que l’amaigrissement et le retard de croissance des enfants – est une véritable torture. Tout indique qu’il s’agit d’une action intentionnelle », a déclaré M. Fakhri, professeur de droit à l’université de l’Oregon.

 

Au moins 90 % des enfants de moins de cinq ans sont touchés par une ou plusieurs maladies infectieuses.

 

« La faim et la maladie sont une combinaison mortelle », a déclaré le Dr Mike Ryan, directeur exécutif du programme d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé.

 

La situation catastrophique pourrait encore s’aggraver. Fin janvier, plus d’une douzaine de pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Australie et le Canada, ont suspendu leur aide financière à UNRWA: l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.

Source: The Guardian traduit par l'Agence Média Palestinne

 

Lettre du commissaire général de l’UNRWA au président de l’assemblée générale des Nations Unies

Depuis l’arrêt de la CIJ, certains responsables israéliens ont déployé des efforts concertés pour faire un amalgame trompeur entre l’UNRWA et le Hamas, pour perturber les opérations de l’UNRWA et pour demander le démantèlement de l’Agence :

 

* L’Autorité foncière israélienne a exigé que l’UNRWA libère son centre de formation professionnelle de Kalandia à Jérusalem-Est (attribué à l’UNRWA par la Jordanie en 1952) et paie une « redevance d’utilisation » de plus de 4,5 millions de dollars.

 

* Un maire adjoint de Jérusalem a pris des mesures pour expulser l’UNRWA du siège qu’il occupe depuis 75 ans à Jérusalem-Est.

 

* Les visas pour la plupart des employés internationaux, y compris ceux de Gaza, ont été limités à un ou deux mois.

 

* Le ministre des finances a déclaré qu’il révoquerait les privilèges d’exonération fiscale de l’UNRWA.

 

* Les autorités douanières ont suspendu l’expédition des marchandises de l’UNRWA.

 

* Une banque israélienne a bloqué un compte de l’UNRWA.

 

* Des centaines d’employés locaux de l’UNRWA se sont vu refuser l’accès à Jérusalem depuis le mois d’octobre pour se rendre au siège de l’UNRWA, dans les écoles et les centres de santé.

 

* Un projet de loi a été déposé à la Knesset pour exclure l’UNRWA des privilèges et immunités de l’ONU.

 

* Un second projet de loi, déposé pour la première fois en 2021, vise à « mettre en œuvre la loi fondamentale : Jérusalem capitale d’Israël, en empêchant toute activité de l’UNRWA sur le territoire israélien ».

 

* Le 31 janvier 2024, le Premier ministre a déclaré que l’UNRWA était « au service du Hamas ».

 

* De nombreux responsables israéliens ont appelé les donateurs à cesser de financer l’UNRWA, qui compromet l’éducation, la santé et d’autres services essentiels aux droits de l’homme des réfugiés palestiniens.

 

Ces actions et déclarations nuisent aux opérations de l’UNRWA, créent des risques pour la sécurité du personnel et font obstacle au mandat de l’Assemblée générale de l’Office. L’UNRWA, comme toute autre entité des Nations Unies, ne peut fonctionner sans le soutien des États hôtes.

Source : UNRWA

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16 octobre 2023 1 16 /10 /octobre /2023 09:35
Nakba
Exode palestinien de 1948

Aujourd’hui, la position adoptée par la communauté internationale (les puissances occidentales) à la suite de l’attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre, donne un nouveau blanc seing au gouvernement israélien, dans un moment crucial. On connaît le but recherché depuis longtemps, clairement formulé et traduit dans les actes en Cisjordanie ces derniers mois par le régime israélien : le moins possible de Palestiniens sur un maximum de territoire annexé de la mer au Jourdain. En d’autres termes, une terre vidée de ses habitants palestiniens et ouverte à la colonisation, un véritable « grand remplacement» selon l’expression de certains, d’autres parlent de colonialisme de peuplement, et les Palestiniens appellent ce moment une seconde Nakba.

L’exigence israélienne d’évacuer la ville de Gaza (un million d’habitants) vers le sud doit se lire dans ce paradigme de l’expulsion vers l’Egypte (ou du génocide). Les pressions occidentales sur l’Egypte pour qu’elle accepte d’ouvrir un « corridor humanitaire» vers le Sinaï, confirment une vision commune avec Israël. Pourtant ne serait-il pas temps d’imposer un cessez-le feu et l’échange des otages encore vivants contre les prisonniers palestiniens? Des otages que le régime israélien a visiblement décidé de sacrifier, et c’est une grande première. Aider à sortir du chaos plutôt que de l’entretenir ne serait pas le rôle attendu de la communauté internationale?

Cette dernière a cumulé les responsabilités lors de toutes les opérations israéliennes contre Gaza.

1ere responsabilité : n’avoir jamais accepté de prendre en compte les rapports de l’ONU sur les crimes de guerre commis contre la population civile de Gaza par Israël, lors des opérations « plomb durci » en 2009, et « bordure de protection » en 2014, se contentant d’émettre des réserves sur la « proportionnalité des réponses israéliennes » à ce qu’elle considérait comme des agressions du Hamas. Ce maintien de l’impunité et ce refus d’arrêter les offensives israéliennes par la menace de sanctions, a conforté chez les Israéliens, gouvernement après gouvernement, la certitude qu’il n’y a pas de limite à ce qu’on peu faire à Gaza, et qu’ils ne risquent rien à y exercer tous les dépassements possibles à commencer par l’usage d’armes chimiques interdites comme le phosphore blanc , mais aussi l’usage de boucliers humains, les tirs et bombardements de zones lourdement chargées en population.. . rappelons nous la phrase de Gantz se vantant d’avoir ramené Gaza à l’âge de pierre après l’opération Bordure protectrice de 2014 .

2e responsabilité : garantir le maintien du siège de ce territoire depuis 2006, 17 ans! En n’exerçant aucune pression sur Israël pour qu’il cesse, et en se contentant d’inscrire le Hamas sur la liste des organisations terroristes, la communauté internationale a pris la responsabilité de l’isolement et la diabolisation de toute cette enclave de 2 millions 300 000 habitants, hommes femmes et enfants, ne leur laissant d’autre choix que la survie et une immense colère contre l’injustice et la violence exercée sur eux, qui enfle de jour en jour. Le silence constant de cette communauté sur les exactions commises par les colons et l’armée en Cisjordanie, montre d’ailleurs qu’il ne s’agit pas simplement du Hamas, et de Gaza, mais qu’elle abandonne à leur sort tous les Palestiniens .

De ces deux responsabilités découle une troisième: celle de la réponse israélienne «sauvage» elle aussi à l’attaque du Hamas .

La posture adoptée par cette communauté internationale, au lieu d’imposer la protection de toutes les populations concernées et la recherche d’une solution pacifique et juste a permis et favorisé l’attaque palestinienne du 7 octobre et le sang de toutes les victimes du conflit qui oppose Israël à Gaza est aussi sur ses mains.

Il faudra étudier (l’histoire le dira) ce que signifie d’avoir poussé encouragé et soutenu l’état juif à commettre de tels crimes… A titre personnel, j’appelle cela de l’antisémitisme.

Source: Une deuxième Nakba? Les responsabilités de la «communauté internationale»

 

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7 décembre 2022 3 07 /12 /décembre /2022 10:48
Ça fait longtemps que je n'avais plus lu un tel pavé dans la marre!
 
En annexe, deux documents qui ont fait couler beaucoup d'encre dans le milieu académique de l'UCLouvain et ailleurs.
 
Acte 1: "lettre de démission" de Laurent LIEVENS professeur à la Louvain School of Management (LSM).
 
Acte 2: "appel à une métamorphose" suite au large écho médiatique de sa lettre de démission.
Bonne lecture et n'hésitez pas à diffuser.
 
Pour ceux qui "n'ont pas le temps" (bien que les 2 textes méritent franchement de se poser).
 
Acte 1: démission
Notre système socio-économique (la Mégamachine) induit structurellement un écocide planétaire menant aux effondrements du vivant (humanité y compris). Notre modèle de développement est devenu une arme de destruction massive de ce vivant. Les pratiques de gestion (en appui sur une certaine science économique orthodoxe) y concourent à leur mesure, notamment par un effet de levier conséquent dans la formation des futur·e·s dirigeant·e·s de nos organisations et institutions. Leur rôle  n’est donc absolument pas anodin, pour le meilleur (s’ils décidaient réellement de s’engager dans la métamorphose) et pour le pire (en continuant la poursuite de l’existant).Dénoncer le statu quo dans les écoles de gestion est donc un impératif éthique.
Sciences de gestion => Mégamachine => Écocide => Effondrements
 
Acte 2: métamorphose
Si le fait de démissionner ou de rester au sein de ces institutions devient la question principale du débat, ce sera au détriment du problème de fond. Ce qui nous occupe est bien la métamorphose – de tout notre modèle sociétal et – de l’enseignement des sciences économiques appliquées et de l’art de la gestion, avec toutes les forces vives qui seront capables de quitter le déni et de nourrir ce mouvement avec sérieux. La ligne de fracture et de démarcation réside donc bien entre déviants et conservateurs, qu’ils soient dans ou hors les murs de l’institution.
 
Ne nous leurrons cependant pas, la métamorphose requise est d’abord un caillou dans la chaussure qui – derrière le masque des campagnes marketing grandiloquentes et des discours engagés – suscitera un rejet viscéral et toutes les stratégies pour éviter, retarder, empêcher le changement. Cela bousculera les intérêts de beaucoup, viendra fissurer les égos incapables de remise en question. Cela nécessitera du courage (de remettre son métier en question et au travail, de désobéir, de prendre position parfois contre ses intérêts carriéristes, d’arrêter la compromission avec les acteurs économiques du business-as-usual), de l’humilité (de reconnaître erreurs du passé et fourvoiements actuels, de quitter sa tour d’ivoire, de demander de l’aide, de reconnaître son désarroi), de l’intelligence (et non du smart-bidule, pour quitter le déni au sujet du réel, pour tresser savoirs et sagesse, pour écouter et intégrer ce que crient chaque jour les scientifiques sérieux). Ces qualités semblent encore devoir être insufflées, même au sein des milieux intellectuels privilégiés comme en atteste le sentiment de solitude qui étreint le déviant lorsqu’il quitte la mêlée. Rien de surprenant pourtant : le parcours requis pour faire carrière et accéder aux postes dirigeants privilégie pour l’instant très peu de ces qualités.
 
Un papillon n’est pas une chenille améliorée, qui aurait subi un ajustement, il s’agit d’autre chose, d’une autre structure, d’un autre fonctionnement, d’autres processus. On a  changé de système. Et l’on ne passe jamais à un papillon en tentant d’améliorer ou d’ajuster une chenille. On n’obtient pas non plus un chgmt2 (hors cadre) en accumulant graduellement les chgmt1 (dans le cadre). Pour un chgmt2, une rupture systémique est indispensable. Ce que la théorie indique également est qu’un système insoutenable face à l’évolution du contexte tend à essayer tous les chgmt1 avant d’être contraint d’opérer un chgmt2. Tout système cherchera à ne pas se métamorphoser, à maintenir son homéostasie, à persévérer en l’état, quitte – dans le cas de la Mégamachine – à menacer l’ensemble du vivant. La théorie indique également que les chgmt2 ne surviennent que très exceptionnellement de l’intérieur du système. Dans la plupart des occurrences, c’est la contrainte externe au système qui le conduit au chgmt2, le cas échéant en se mêlant aux forces déviantes internes au système.
 
L’enjeu n’est pas de rendre durable, soutenable, circulaire, éthique, certifié, notre modèle socio-économique actuel, mais d’en sortir de toute urgence. Le changement est un changement de nature (faire tout autre chose, tout autrement) et non un changement de degré (faire un peu mieux ou différemment la même chose).
 
Poursuivre l’existant, en termes éthiques, s’apparente à une prise d’otage criminelle des générations futures.
 
Aucun outil n’est neutre, chaque outil n’acquiert son sens que par rapport au cadre dans lequel il est mobilisé. Dans un cadre sociétal illimitiste de capitalisme néolibéral toutes ces pratiques y sont engluées, teintées, récupérées. Elles servent de caution morale à la poursuite de l’existant, de commerce des indulgences. Elles masquent à peine le fait que l’empereur est nu. Tant que la nature du système économique mondial implique l’exploitation illimitée des écosystèmes et des humains, implique la prédation de tout le vivant, aucune charte éthique ni aucune pratique certifiée ne pourra empêcher l’écocide.
 
 
Laurent LIEVENS n'est pas seul. Les prises de positions radicales se multiplient à la racine, dans les universités. "There is no university on a dead planet"
 
 
 
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26 février 2021 5 26 /02 /février /2021 12:13

L'un des pires obstacles à la préservation de la planète dans un État est le traité sur la charte de l'énergie. Un obscur traité de 1994 qui compte plus de 50 signataires permet aux entreprises énergétiques de poursuivre les gouvernements lorsqu'ils essayent de mettre en place des lois de protection de l'environnement.

 

Le TCE vient d'être invoqué par le pollueur allemand RWE, qui poursuit le gouvernement néerlandais pour 1,4 milliard d'euros en raison d'une loi qui interdit les centrales au charbon d'ici 2030.

 

https://www.euractiv.com/section/energy/news/germanys-rwe-uses-energy-charter-treaty-to-challenge-dutch-coal-phase-out/

 

Au total, l'UE doit faire face à une responsabilité d'au moins 345 milliards d'euros pour ses plans climatiques. En réalité, le total pourrait être bien plus élevé, car le TCE prévoit des dommages équivalents à la valeur des installations physiques et à tous les bénéfices futurs prévus pour ces installations.

 

https://www.investigate-europe.eu/en/2021/ect/

 

345 milliards d'euros, soit le double du budget opérationnel annuel total de l'UE. C'est la rançon que les pires criminels climatiques du monde exigent des Européens comme condition pour continuer à avoir une planète habitable. Les grands pollueurs veulent être récompensés pour leurs crimes contre l'humanité.

 

Selon les dispositions du traité, un pays qui se retire de l'accord reste responsable encore 20 ans pour toute loi affectant la rentabilité des produits énergétiques.

 

Lorsqu'un pays est poursuivi par une multinationale pour avoir amélioré sa protection de l'environnement, l'affaire est jugée par une chambre étoilée d'avocats d'entreprise qui se réunissent en secret et se prononcent massivement en faveur des pollueurs.

 

Aujourd'hui, la situation n'est évidemment pas stable. Pour empêcher les pays de fuir l'ECT, le cartel de l'énergie s'est lancé dans un projet de "modernisation" qu'il mène lentement depuis 2017, avec l'aide du Japon, dont les pires pollueurs dépendent de l'ECT pour agir en toute impunité.

 

Mais ces réunions de "modernisation" tournent en rond depuis 4 ans. https://www.euractiv.com/section/energy/news/energy-charter-treaty-reform-reaches-milestone-with-little-progress-to-show/

 

Les méfaits de l'ECT ne se limitent pas aux vastes transferts directs de fonds publics vers les pollueurs. L'ECT est aussi l'une des principales causes d'inaction en faveur du climat et de l'environement.

 

Comme le précisent Fabian Flues, Cecilia Olivet et Pia Eberhardt de Opendemocracy, les arguments en faveur de l'ECT ne tiennent pas la route,

 

https://www.opendemocracy.net/en/oureconomy/this-obscure-energy-treaty-is-the-greatest-threat-to-the-planet-youve-never-heard-of/

 

Prenons l'argument selon lequel le TCE stimule l'investissement dans les énergies renouvelables : une méta-analyse de 74 articles conclut que cet effet est "si faible qu'il peut être considéré comme nul" (en réalité, la majorité des investissements attribuables au TCE concerne l'énergie fossile sale).

 

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/joes.12392

 

Ou encore l'argument de poursuites encore 20 ans après le retrait d'un pays du TCE. Rappelons que ce sursis de 20 ans ne s'applique qu'aux projets commencés avant que le pays ne quitte le TCE, donc plus tôt les pays le quittent, moins ils courent de risques.

 

Le risque qui existe peut être atténué par le fait que les pays quittent le TCE en bloc, en s'engageant mutuellement à interdire aux entreprises domiciliées sur leur territoire de faire des réclamations au titre du TCE, en utilisant leur législation nationale pour interdire l'action du TCE. L'UE pourrait ainsi atténuer une grande partie de ses risques.

 

L'existence même du TCE est une mauvaise blague. Il ne peut pas être corrigé par la "modernisation" (surtout pas le plan de modernisation actuel, qui ne touche pas aux tribunaux d'entreprise et n'envisage aucune exemption pour la réglementation climatique).

 

300 législateurs européens ont signé une pétition demandant à l'UE de quitter le TCE.

 

http://endfossilprotection.org/sites/default/files/documents/Statement%20of%20European%20Parliamentarians%20on%20the%20modernization%20of%20the%20TCE.pdf

 

Ils sont rejoints par 450 militants du climat :

 

http://www.endfossilprotection.org/en#no-back

 

Et vous pouvez également signer cette nouvelle pétition européenne :

 

https://energy-charter-dirty-secrets.org/

 

ou encore via WeMove ou via le collectif stop tafta

 

(Image : joelbeeb, CC BY-SA, modifié)

Source: https://pluralistic.net/2021/02/25/ring-down-the-curtain/#ect

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

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10 février 2021 3 10 /02 /février /2021 17:25

Ne zappez pas comme je l'ai fait jusqu'à maintenant. Voyez comment Johanne Montay de la RTBF traite du sujet. Ou alors Le Soir en novembre 2020 :

"Quand Hold-up et, sans doute, Ceci n’est pas un complot prétendent démontrer que la presse ne serait finalement qu’un pion docile au service des gouvernements et des labos pharmaceutiques, tous de mèche pour brider nos libertés, ils instrumentalisent les peurs à des fins idéologiques."

 

Et voilà le travail d'un journaliste décrédibilisé en une phrase ! On compare "Ceci n'est pas un complot" de 1h10 avec "Hold-up" de 2h30. Rien que l'affiche de Hold-up ne me donne pas envie de le voir. Une fois dans un même panier on fait passer le tout pour une "instrumentalisation des peurs à des fins idéologiques" ! Un comble ! Qui instrumentalise des peurs exactement ? On nous bombarde constamment de chiffres de morts, tests covid et de restez chez vous et ce sont ceux qui se questionnent qui instrumentalisent des peurs ???

 

Curieusement, "Hold-up" est encore en ligne sur YouTube alors que "Ceci n'est pas un complot" a été supprimé car ne respectait pas les conditions d'utilisations de YouTube ! Ah bon ? On retrouve des vidéo QAnon, démagogue, tendancieuse à l'envi sur YouTube mais "Ceci n'est pas un complot" ne respecte pas les conditions d'utilisations de YouTube ?! Fort de café non? Heureusement le documentaire est encore disponible sur Vimeo. Pour combien de temps encore ?

En ce qui me concerne j'ai trouvé ce documentaire assez bien ficelé. A part quelques passages qui pourraient facilement alimenter des théories complotistes mais dans l'ensemble il a le mérite de nous faire prendre conscience de pas mal de manipulations et de conflits d'intérêts notoires. Comme le fameux Marc Van Ranst qui se vente de la meilleure manière d'embobiner médias et politiques. L'homme qui a conseillé l'achat de millions de doses du vaccins H1N1 au gouvernement en 2019 en étant lui même rémunéré par GSK. Cet achat fut un flop obligeant la ministre de la santé à décommander 1/3 des doses (33 millions d'Euros). Aujourd'hui c'est encore le grand conseillé de nos ministres pour la crise covid?! Ou encore un rapport d'expert (GEES) rédigé en anglais par des cabinets indépendants qui fait état d'une 2ème et 3ème vague covid en avril 2020?!

 

Ce documentaire dénonce aussi les grands titres et les 'fake news' des médias traditionnels comme alternatifs d'ailleurs. Il ne nie pas la publication d’éditos, pages blanches ou opinions différentes. Ce qu'il dénonce c'est ce qui ressort des médias au premier regard quand on ne fait que zapper.

 

Ce qui m'atterre aujourd'hui c'est la tolérance zéro pour tout ce qui pense différemment, avec des actions souvent musclées et une disproportion colossale d'intervention des forces de l'ordre. Et pour nous obliger à respecter les règles on montre à quelle vitesse on peut se retrouver menottés, gueule à terre et en garde à vue comme un dangereux criminel.

 

Tout aussi dingue, dans une société dite démocratique, est la censure ou le discrédit jeté sur ces propos questionnant jugés indécents. Dès qu'on est pas 'mainstream' on est égoïste, incivique ou complotiste ?!

 

Mais qu'est ce qui est indécent dans cette histoire ?

 

Les cas de souffrances et de détresse profonde sont de plus en plus fréquents. Ici un couple belgo-russe (ou autre couple mixte) séparé plus de 3 mois parce que l'épouse était en Russie au moment du covid et que le gouvernement belge refusait tout retour de personnes non belges. Là une famille avec enfants séquestrés pendant 3 semaines dans 16m2 pour test covid positif. Ici des milliers de restaurateurs, acteurs, coiffeurs, esthéticiens, forains, organisateurs d'événements en détresse financière. Là des milliers de jeunes déboussolés et ahuri par un écran. Ici des personnes âgés, handicapées dont la seule raison de vivre est le relationnel, une visite, une partie de bridge au café du coin, la séance de kiné hebdomadaire. Là des familles éteintes et mornes suite à une cérémonie funéraire sans hommage digne et présentiel au défunt. Ici encore des moments de joie comme les fêtes ou les carnavals classés danger ! Que dire enfin des laissés-pour-compte : sans papiers, sans abris, sans famille, etc.

 

Alors quoi ? On continue sans se poser de questions ? Pourquoi le simple fait de poser la question du poids croissant des dégâts collatéraux nous place directement sur le banc des accusés ou des complotistes ?

 

Le plus fou, ce sont les réactions populistes ou généralistes. Une pensée unique qui émerge de plus en plus : tout ceux qui font autrement sont ou seront blâmés, punis, empêchés ! Il n'y a qu'à voir la réaction sur les réseaux sociaux, relayée par les médias à propos des gens qui ont osé voyager en temps de covid. Le temps de 'Black Mirror' n'est plus ou bientôt plus de la fiction : des applications à points de civilité ; du théâtre, des émissions télé avec des spectateurs remplacés par des écrans ; des drones de surveillance. Est-ce le genre de monde que nous voulons ? La résilience ne peut émerger que dans une société libre qui laisse de la place à l'expression et au débat. La confrontation d'idées est le socle d'une société humaine.

 

N'est-il pas temps de s'arrêter, d'établir un bilan global, de lancer un large débat de société et de jouer la carte de la transparence plutôt que de faire comme si tout le reste n'existait pas et de poursuivre tête baissée sur une voie indiscutable ? Covid => Confinement => Vaccin.

 

Adopter une voie unique indiscutable est un coup de poker opposé à la résilience. Cet aspect est aussi bien souligné dans le documentaire. Comme en 2008 et au pied du mur, nos gouvernements sont à la merci d'opérateurs privés dans une économie libérale dont l'unique but reste le profit et non la philanthropie. Ils en arrivent à payer des sommes astronomiques et à signer des contrats dans lesquels la firme pharmaceutique se démet de toute responsabilité sur les éventuels effets secondaires à long terme du vaccin. Certes elles sont sous pression et on leur demande beaucoup mais les risques ne peuvent-ils pas être partagés ? Malheureusement, comme après la crise de 2008, dans une société gouvernée par l'argent, c'est le citoyen qui paie pour les dégâts sanitaires et financiers ! Peu avant le covid on parlais encore de crise économique, de récession, de faire des sacrifices avec hausse des impôts, baisse des salaires etc. Mais qui est à l'origine de la crise ? Ceux qui instrumentalisent nos gouvernements encore aujourd'hui.

 

On nous balance sans arrêt des chiffres de morts, d'admissions en soins intensifs, de test positifs, etc. Mais quid du reste ? Quid du taux de chômage, du nombre de demandes au CPAS, du nombre d'appels en détresse, de violence conjugale, de séparations, de burn-out, de temps passé sur des écrans, de la perte de repères, etc. Quid aussi de la confrontation de ces premiers chiffres morbides à ceux que nous avons sans covid ? L'absolu n'est pas le relatif et c'est pour moi ce qui ressort assez bien de ce documentaire.

 

Pour être objectif je reprend ici quelques extrait d'un article SudInfo sur le sujet.

"Contrairement à la conclusion énoncée, je ne pense pas que ce film participe à ouvrir un débat démocratique nécessaire, mais au contraire qu’il participe à cliver davantage et à alimenter non pas le doute et une pensée critique salutaire, mais la défiance généralisée." a tenu à réagir l’anthropologue Jacinthe Mazzocchetti (UCLouvain), l’une des expertes sollicitées par Bernard Crutzen.

 

Enfin, en visionnant le film jusqu’au générique final, comment ne pas s’étonner d’y voir mentionnée une longue liste d’intervenants interviewés et non-présents dans le film  ? Pourquoi leur point de vue n’a pas été retenu  si le propos était d’expliquer les tenants et aboutissants du sujet en toute impartialité  ?

 

"Je ne critique pas la démarche journalistique et je trouve même que c’est très intéressant d’alimenter le débat public, mais je m’interroge sur certaines des critiques formulées à l’égard des médias, par exemple.", s’est exprimé Yves Coppieters, coupé au montage (pourquoi ?). " Il est bon de s’interroger sur notre société et ses restrictions, mais ce film pourrait bien avoir un effet contre-productif."

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18 septembre 2020 5 18 /09 /septembre /2020 09:27
L'urdence écologique vue du Sud

Sortir par le haut des cinq dilemmes de la crise environnementale implique de la considérer d’urgence comme un enjeu central ; de prendre acte du fait que les populations les plus vulnérables ne sont pas nécessairement celles qui lui donnent priorité ; de faire valoir la dette écologique des (pays) riches à l’égard des (pays) pauvres ; de rejeter le business as usual, même « verdi » ; et d’opter résolument pour un changement de paradigme, sans snober les conditions sociales et politiques d’une transition régulée.

La pandémie de coronavirus est venue tout différer, tout éclipser et tout révéler. C’est peu de l’écrire. Paradoxalement, elle a à la fois masqué et démasqué cette crise écologique qui la précède, qui la dépasse et qui la suit. Masqué, en cela qu’elle l’a d’abord sortie de l’agenda, mise en retrait des « urgences », proscrite des « soins intensifs », pour ensuite lui privilégier un « déconfinement » synonyme de « retour à la normale », voire de « revanche » productiviste et consumériste. Démasqué, en cela qu’en creusant les inégalités et en révélant, en amont et en aval du drame sanitaire, les liens étroits que nos façons d’habiter la Terre nouent entre santé et environnement, elle a remobilisé les énergies de celles et ceux qui souhaitent – auraient souhaité – relancer la machine sur d’autres bases, socialement plus justes et écologiquement plus durables.

On en est là. Face à ce même défi que scientifiques et militants écologistes nous resservent depuis un demi-siècle. Adapter, réformer d’urgence – aujourd’hui plus que jamais – le mode de production des grandes industries et le niveau de consommation des populations les plus riches. Mieux, les astreindre, les changer. Sous peine d’hypothéquer le sort des générations futures en aggravant celui des actuelles, dont les composantes les plus vulnérables pâtissent déjà, dans leur chair, de la dégradation systématique et accélérée de l’environnement.

À nos yeux, cinq controverses brident encore et toujours les énergies transformatrices, cinq dilemmes dont il faudra sortir par le haut. Centrale ou marginale, la crise écologique ? Concerné ou indifférent, le Sud ? Communes ou différenciées, les responsabilités ? Gris ou vert, le capitalisme ? Réformé ou transformé, le paradigme ? Les éléments de réponse qui suivent s’inspirent librement des positionnements critiques d’intellectuels et d’activistes de la cause écologique, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, partenaires du Centre tricontinental, dont plusieurs signent les articles qui composent cet Alternatives Sud.

Centrale ou marginale, la crise écologique ?

L’ampleur du désastre écologique, chiffrée à l’envi, sidère. Il ne se passe pas un mois sans qu’un nouveau rapport, universitaire ou onusien, plus alarmant que le précédent, vienne étayer la tendance. Il ne se passe pas un jour sans que le décompte morbide de ses effets (autant de milliers de décès dus à la pollution de l’air, à la contamination de l’eau, à l’amoncèlement de déchets, à la pulvérisation des cultures… ; autant de milliers de déplacés dus aux feux de forêts, aux sécheresses, aux inondations, aux affaissements…) vienne alourdir celui de la veille. Annoncés de longue date, en hausse depuis des lustres à l’échelle planétaire, ces impacts et bien d’autres causés par les écocides et la déprédation de la biodiversité confirment au quotidien la gravité de la crise.

Côté déforestation par exemple, dont le CETRI (2008) analysait le rythme et les principales causes (l’expansion dans les pays du Sud de l’agrobusiness d’exportation) il y a déjà une douzaine d’années, les derniers chiffres laissent pantois. Selon le Global Forest Watch, le couvert forestier mondial aurait reculé de 240 000 km² en 2019, la superficie du Royaume-Uni. Il s’agit là de la troisième perte la plus élevée depuis le début du siècle, après 2016 et 2017 (Le Monde, 3 juin 2020). Côté émissions de gaz à effet de serre, une nouvelle étude internationale publiée le 4 mai 2020 (www.pnas.org) indique que la trajectoire actuelle menace directement, d’ici à cinquante ans, les conditions d’existence d’un tiers de la population mondiale. Les tendances en matière de plastification des océans, de toxification du vivant, de disparition des espèces… sont à l’avenant.

Et pourtant. Contre vents et marées – au sens propre et figuré –, d’importants secteurs continuent à négliger la catastrophe en cours. Au mieux, à la relativiser, à la dédramatiser, voire à la minimiser. Au pire, à l’ignorer, à la dénier, voire à la réfuter. Ne parlons pas ici des opinions publiques, surtout en pays pauvres, à la sensibilité environnementale nettement moins affirmée qu’elle ne peut l’être dans les beaux quartiers « éco-conscients » des pays riches. Mais plutôt de ces secteurs de pouvoir – industriels transnationaux, milieux d’affaires, politiques conservateurs, économistes libéraux… – qui refusent de reconsidérer la logique de leur modèle de croissance et d’accumulation au vu de ses impasses.

Impasses qu’ils feignent même de méconnaître, à en croire le philosophe et sociologue des sciences Bruno Latour (2017), attentif dès le siècle passé à la question des limites environnementales de la modernité globalisée. Pour lui, le déni de la crise écologique, le démantèlement des États-providence, la mondialisation dérégulée et l’aggravation des disparités à l’œuvre depuis les années 1980 participent d’un même phénomène, pour ne pas dire d’« une même stratégie » de puissants aux abois. Au risque – que Latour endosse – d’assimiler cette stratégie à « un complot » de la ploutocratie.

« Les élites ont été si bien convaincues qu’il n’y aurait pas de vie future pour tout le monde », écrit-il, « qu’elles ont décidé de se débarrasser au plus vite de tous les fardeaux de la solidarité – c’est la dérégulation ; qu’il fallait construire une sorte de forteresse dorée pour les quelques pour-cent qui allaient pouvoir s’en tirer – c’est l’explosion des inégalités ; et que pour dissimuler l’égoïsme crasse d’une telle fuite hors du monde commun, il fallait absolument rejeter la menace à l’origine de cette fuite éperdue – c’est la dénégation de la mutation climatique » (Latour, 2017).

Le raisonnement s’appuie, entre autres exemples, sur l’épisode de la société ExxonMobil qui, début des années 1990, « en pleine connaissance de cause » (elle a alors à son actif d’avoir publié plusieurs articles scientifiques de qualité sur les périls du changement climatique), décide d’investir copieusement tant dans l’extraction pétrolière débridée que dans une campagne acharnée visant à prouver « l’inexistence de la menace » environnementale. Là aussi, l’actualité est remplie d’autres cas de figure où les multinationales les plus en vue, aveugles aux réalités, assument leur fuite en avant. Ou la masquent, comme ces logiciels, chez Volkswagen et ailleurs, visant à réduire frauduleusement les émissions polluantes lors des tests d’homologation de nouveaux moteurs.

L’écologie divise, c’est un fait. Pierre Charbonnier, auteur d’Une histoire environnementale des idées politiques, le rappelle à bon escient. « L’appel à une écologie de la communion universelle  » comme «  mission qui transcende les intérêts individuels, les choix idéologiques, les langages politiques » est d’autant plus « incantatoire  » et « contre-productif », que « les lignes de fracture, multiples et proliférantes, sont omniprésentes  » (2020). Elles séparent les acteurs qui ont attaché leur destin à l’économie des énergies fossiles et de l’extraction agro-industrielle des populations qui en font les frais. Elles séparent aussi ceux qui peuvent se permettre le choix d’un mode de vie plus sain de ceux – « les premiers de corvée » – qui souhaitent hausser le niveau de la leur. La question de la centralité de l’urgence verte va jusqu’à diviser les mouvements qui luttent pour un changement de paradigme. Nous y reviendrons.

Concerné ou indifférent, le Sud ?

Les multiples indices et rapports qui mesurent et documentent la crise écologique et climatique l’attestent à l’unisson. Elle frappe d’abord les régions et les populations les plus vulnérables et affectent les contrées du Sud bien davantage que les contrées du Nord. Preuve là aussi que, sans réorientation politique d’ampleur, l’arrosé n’est pas l’arroseur. Et que ceux – endroits du globe ou groupes sociaux – qui profitent le moins du productivisme prédateur et du consumérisme dispendieux à l’origine des déséquilibres environnementaux sont ceux qui en pâtissent le plus.

Quel que soit le classement considéré – celui des risques sanitaires, des habitats menacés, de l’insécurité alimentaire, de la pollution de l’eau, de la vulnérabilité climatique, etc. –, les pays pauvres trustent systématiquement les premières places. Et lorsqu’il s’agit de hiérarchiser les catégories de population affectées, ce sont inévitablement les plus dominées socialement – les indigènes, les ruraux, les femmes, les paysans, le secteur informel… – qui apparaissent en tête de course, avec de confortables marges d’avance. Pendant ce temps-là, en Belgique par exemple, dont les seules quantités de soja importées du Sud (destinées au bétail pour l’essentiel) nécessiteraient l’intégralité du territoire national si elles devaient être produites sur place (Greenpeace, 2019), force est de constater que l’adaptation à la crise écologique et au réchauffement climatique a surtout consisté pour l’heure, chez nombre de citoyens aisés, en l’installation de… piscines privées et de panneaux solaires subsidiés par l’État.

Pour autant, les plus concernés sont-ils les plus concernés ? En clair, les populations les plus exposées aux effets dévastateurs des déséquilibres environnementaux sont-elles les plus préoccupées par « le futur de la planète », le sort des « petits oiseaux » et les émissions de gaz à effet de serre ? À l’évidence, non (lire notamment l’article « L’urgence écologique, un récit occidentalo-centré » de l’économiste camerounais Thierry Amougou dans cet ouvrage). Le constat renvoie tant au vieux débat marxiste sur la « conscience » que les classes sociales subalternes peuvent avoir ou non de leurs « intérêts objectifs », qu’au caractère secondaire des considérations (d’apparence) « post-matérialistes » lorsque le « matériel » n’est pas assuré. Comment s’émouvoir de « la fin du monde » quand « la fin du mois », de la semaine, de la journée requiert toutes les énergies mentales et physiques ?

En Asie, en Amérique latine et en Afrique moins qu’ailleurs, l’écologie politique – comme courant de pensée qui entend redéfinir les enjeux mobilisateurs – n’a encore réussi à convaincre de l’intégration avantageuse de « la question sociale » dans « la nouvelle question socio-environnementale ». Et encore moins du dépassement de la « question coloniale » ou « postcoloniale » par l’imposition universelle de nouvelles normes écologiques et climatiques. Des standards en provenance du Nord, souvent perçus au Sud comme une forme d’« impérialisme vert », de énième déclassement des économies périphériques au nom d’un principe civilisationnel supérieur.

Dans la plupart des pays du Sud, « la pauvreté reste la pire des pollutions », pour exhumer une fois encore l’extrait le plus connu du discours de l’ex-cheffe du gouvernement indien, Indira Gandhi, à Stockholm en mars 1972 (!), lors de la Conférence des Nations unies sur l’environnement, première de ce nom. «  Les pays riches peuvent regarder le développement comme la cause de la destruction de l’environnement, mais pour nous c’est un des premiers moyens d’améliorer l’environnement de la vie (…). Comment peut-on dire à ceux qui vivent dans des villages et des bidonvilles de préserver les océans, les rivières et l’air pur, quand leurs propres vies sont contaminées à la source ? » (Indira Gandhi citée dans Aykut et Dahan, 2015).

Si la préoccupation climatique d’une partie des opinions publiques occidentales est la bienvenue face au décalage entre les actes à poser et la frilosité des décideurs, ce volontarisme ne doit pas nous amener à projeter notre sentiment d’urgence écologique sur le reste du monde, réexpliquait en 2019 François Polet, chargé d’étude au CETRI. « La fixation sur l’enjeu climatique est le privilège de groupes libérés d’urgences vitales. En termes de rapports Nord-Sud comme en termes de classes sociales, il faut tenir compte des réalités économiques et des horizons temporels de chacun. Et combattre la tendance qui envisage l’élévation des niveaux de vie des populations asiatiques, africaines et latino-américaines sous le seul angle de leur impact carbone » (Polet, 2019).

Dit autrement, le goût pour la « simplicité volontaire » de nantis à la fibre post-matérialiste n’a pas lieu de s’imposer sur la nécessité d’échapper à la « simplicité involontaire » de pauvres… à la fibre matérialiste. La contribution de Thierry Amougou, plus loin dans cet Alternatives Sud, abonde dans le même sens : «  Le privilège de ‘penser climat’ et de se mobiliser pour lui est inégalement réparti entre le Nord et le Sud. Il suppose d’être libéré de l’emprise des carences du quotidien. Entre les émissions d’opulence des uns et les émissions de survie des autres, l’urgence environnementale est celle des favorisés et pas de ses premières victimes. Ventre affamé n’a point d’oreilles pour l’écologie !  »

Cela étant, prendre conscience du fait que d’importants segments des secteurs populaires des pays pauvres ont de bonnes raisons de ne pas s’inquiéter au premier chef de l’urgence de la question environnementale ne doit pas masquer une autre facette des réalités du Sud de la planète. Celle des luttes socio-environnementales, certes minoritaires mais effectives, qui s’y mènent de toutes parts (lire dans cet ouvrage les articles de Gabriela Merlinsky pour l’Amérique latine, d’Hamza Hamouchene pour l’Afrique du Nord et de Brototi Roy pour l’Inde). Elles opposent le plus souvent des communautés locales au capitalisme transnational. Des populations affectées dans leurs territoires aux « mégaprojets » d’investisseurs extérieurs.

Qu’ils soient miniers, agro-industriels, énergétiques, routiers, portuaires, touristiques…, ces « mégaprojets » – du nom que leur donnent les mouvements indigènes en Amérique latine – relèvent pour la plupart de cette même poussée « extractiviste » qui, depuis le début du siècle, a réactualisé le destin « pourvoyeurs de ressources » sans valeur ajoutée de nombre de pays « périphériques ». Plaçant même plusieurs d’entre eux, pourtant peu industrialisés, en situation de « désindustralisation précoce » (CETRI, 2019), de « reprimarisation ». Et renforçant dans le même mouvement la dépendance structurelle et subordonnée de ces économies à celles des grandes puissances, y compris émergentes, telle la Chine (Thomas, 2020).

Les mouvements socio-environnementaux sont constitués des habitants des « nouvelles frontières » de ce modèle prédateur qui les spolient plus qu’ils ne les développent. Un modèle d’« accumulation » qui procède non plus seulement « par exploitation du travail et de la nature », mais aussi « par dépossession » (Harvey, 2010), par « appropriation privative des biens communs », des sols et des sous-sols, des eaux, des forêts, des ressources naturelles, du matériel génétique, de la biodiversité, des savoir-faire locaux, du patrimoine public… Les face-à-face entre intervenants et autochtones donnent ainsi lieu à une liste sans fin d’affrontements socio-environnementaux ou, pour reprendre l’appellation conceptualisée par l’Atlas mondial pour la justice environnementale qui les répertorie et les documente, de « conflits de distribution écologique » (www.ejatlas.org).

Certes, les premières motivations des opposants africains, asiatiques et latino-américains aux « mégaprojets » puisent sans doute plus dans le registre de la récupération en souveraineté sur des ressources et des territoires, à des fins économiques, voire existentielles, que dans les convictions socioculturelles ou biophysiques d’une « écologie populaire » ou d’un « écologisme des pauvres » dont les travaux de l’économiste Joan Martínez Alier (2014) font l’hypothèse. Pour autant, ces « conflits de distribution » naissent bien d’une répartition injuste et d’un accès inéquitable à des biens (ressources naturelles) et à des maux (pollutions diverses) environnementaux, qui participent de la crise écologique mondiale.

Qu’elles soient mayas guatémaltèques en rébellion contre une multinationale d’extraction de nickel, activistes anti-bauxite à Kashipur dans l’État d’Odisha en Inde ou encore algériennes du Sahara en bute à la fracturation hydraulique pour le pompage du gaz, les populations mobilisées, qualifiées de « mouvements pour la justice environnementale » par les intellectuels et militants écologistes du Sud qui tentent (dans les pages qui suivent) de les relayer et de les articuler, apparaissent comme les victimes non consentantes – doublement concernées donc – d’un même schéma de production, d’échange et de consommation, destructeur aux échelles locales et planétaire (Svampa, 2020).

Communes ou différenciées, les responsabilités ?

L’épineuse question des « responsabilités de la crise écologique » est, elle aussi, cruciale. Elle recèle en creux la reconnaissance du problème d’abord, l’acceptation de ses causes ensuite, et enfin, la désignation des fautifs, auxquels il incombe de réparer leurs erreurs. Ce n’est pas mince, tant la relativisation du problème (« halte au catastrophisme »), la dénégation de ses origines humaines (« les scientifiques nous mentent ») et la dilution des responsabilités (« nous sommes tous sur le même bateau ») occupent encore régulièrement le devant de la scène.

Et pourtant, cela fait au minium un demi-siècle maintenant que la communauté internationale s’est mise à en débattre, pour aboutir à Rio en 1992, au Sommet de la Terre, sur ce principe révolutionnaire : « Les États doivent coopérer (…) en vue de rétablir l’intégrité de l’écosystème terrestre. Étant donné la diversité des rôles joués dans la dégradation de l’environnement, les États ont des responsabilités communes mais différenciées. Les pays développés admettent la responsabilité qui leur incombe (…), compte tenu des pressions que leurs sociétés exercent sur l’environnement mondial et des techniques et des ressources financières dont ils disposent. »

Inutile de préciser que les pays pauvres, peu ou non industrialisés – « en voie de développement » selon la terminologie onusienne – ont dû batailler ferme pour couler ce principe dans le bronze du droit international à l’environnement. Et parvenir ainsi à ajouter à l’idée (occidentale) des responsabilités politiques communes dans la dégradation de l’environnement mondial, celle qu’une part de l’humanité (les pays industrialisés) en endosse plus que l’autre (le Sud au sens large) et se trouve dès lors redevable vis-à-vis de cette dernière de son haut niveau de développement. Dit autrement, la dette écologique des (pays) riches à l’égard des (pays) pauvres, accumulée depuis les premières heures de la révolution industrielle, est à faire valoir hic et nunc.

De sommets en conférences, le principe des « responsabilités communes mais différenciées », aux interprétations juridiques multiples, a bien sûr traversé diverses étapes de précision, de déclinaison, d’inflexion et de concrétisation, mais avec une constante à ce jour : l’application largement insuffisante des mesures qui en émanent. Peu ou prou, les États renâclent. Ou relâchent leurs efforts pour d’autres priorités. Ou se désistent, comme les États-Unis de Donald Trump qui renient l’Accord de Paris de 2015 sur le climat, où pourtant les pays émergents – tels la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. – estiment avoir pris part, à la hauteur de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), au partage du « fardeau », se dissociant ainsi des pays en développement dont les responsabilités dans les changements climatiques restent négligeables.

Bref, comme les analystes du South Centre l’expliquent plus loin dans cet ouvrage, la participation des pays du Sud aux engagements mondiaux pour l’atténuation des dégradations environnementales, comme pour l’adaptation à celles déjà irréversibles, est bel et bien subordonnée – sur le papier – au respect du principe d’équité. Celui-ci implique que les niveaux de développement, les capacités respectives, ainsi que les contributions historiques aux pollutions cumulées, soient prises en compte à l’heure de déterminer et d’évaluer les efforts de chaque pays.

Mais si les dernières conférences internationales en ont laborieusement fixé les procédures d’application et les modalités de financement, de nombreuses voix critiques du Sud restent sur leur faim. Pour IBON International notamment, un institut de recherche basé aux Philippines (dont cet Alternatives Sud publie aussi un article), l’architecture mondiale de sauvetage du climat, contrôlée par les donateurs et axée sur les intérêts des grandes entreprises, reproduit les injustices des rapports Nord-Sud et prolonge la maltraitance du patrimoine commun. Pour réellement bénéficier aux victimes de la crise écologique – et aux femmes rurales pauvres en particulier –, les engagements des grands pollueurs nécessitent un recadrage autour des principes d’équité sociale et de justice environnementale, estime l’institut philippin.

En réalité, en vertu des principes historiques du pollueur/payeur et de la différenciation des responsabilités, deux grandes lignes de fracture divisent plus que jamais les critiques qui proviennent du Sud. L’une sépare les puissances émergentes des pays toujours… immergés. Les premières, drapées dans leur défense de la souveraineté des États, privilégient – à l’instar des États-Unis, dont elles concurrencent désormais les niveaux de pollution [1] – la voie nationale (et discrétionnaire) des engagements volontaires contre la crise écologique. Les seconds, relayés par l’Union européenne dans le meilleur des cas, plaident quant à eux en faveur de mécanismes supranationaux précis, coordonnés et contraignants.

L’autre ligne de fracture politique à l’œuvre au Sud, pas moins cruciale, tend à opposer des positionnements plutôt « officiels » à des arguments plus anti-systémiques, portés par les organisations sociales critiques. Les adeptes des premiers considèrent que la transition des « pays en développement » vers un modèle productif respectueux de l’environnement ne pourra s’opérer que si les « pays développés » n’instrumentalisent pas l’impératif écologique pour à la fois protéger leurs marchés et pénétrer davantage ceux du Sud, ainsi qu’accessoirement conditionner l’aide, les financements et les transferts de technologies à de nouveaux ajustements (Khor, 2012).

Les tenants des seconds en revanche regrettent que la seule dénonciation par le Sud du protectionnisme vert occidental (normes, subsides, barrières douanières…) – copie inversée du plaidoyer du Nord pour « plus de libéralisation chez eux et moins chez nous » – cautionne plus qu’elle ne questionne les fondamentaux du modèle conventionnel de développement tiré par les exportations. Et partant, qu’au nom d’une critique des conditionnalités environnementales Nord-Sud, les gouvernements du Sud dans leur globalité n’échappent ni aux injonctions libre-échangistes ni à la dérégulation du commerce et des investissements. Même si certains d’entre eux, comme l’Équateur ou la Bolivie socialistes par exemple, s’y sont (quelque peu) essayés, en tentant de grever « l’échange inégal » du paiement de la « dette écologique ».

Gris ou vert, le capitalisme ?

À ce jour, comment le monde, comment les sociétés humaines ont-elles réagi aux… réactions problématiques de l’environnement à l’incidence de leurs propres activités sur l’écosystème terrestre ? Comment ont-elles choisi de composer avec les aléas de l’« anthropocène », cette nouvelle ère de l’histoire de la Terre, théorisée par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen pour embrasser l’ensemble des événements géologiques causés par l’expansion de l’empreinte humaine dans la biosphère depuis la révolution industrielle ? Ou plutôt avec les aléas du « capitalocène » de l’historien Jason Moore, qui renvoie, dans une version plus politisée, à l’expansion de l’empreinte du capitalisme depuis les prémices de ce système d’accumulation par exploitation sociale et environnementale ?

En dépit des propositions de refonte du modèle dominant et d’expériences alternatives aussi éparses que marginales, force est de reconnaître que deux options prépondérantes ont capté à elles seules l’essentiel des énergies… fossiles et renouvelables. L’une, caricaturée par la saillie – « the American way of life is not negotiable » – du président des États-Unis, George Bush père, lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992 ; l’autre, croquée par le dessinateur de presse Pierre Kroll (2019), qui fait dire à un grand patron, cigare aux lèvres, face au ciel et à la mer : « Bon, moi je veux bien respecter tout ça. Mais disons-le franchement : qu’est-ce que ça peut me rapporter ? ».

La fuite en avant productiviste, commerciale et consumériste d’un côté ; le faux-semblant du développement durable de l’autre. « Capitalisme gris » versus « capitalisme vert ». Est-ce à dire « plus du même » versus « mieux que rien » ? Pour justifier la première option, le président des États-Unis – l’actuel plus encore que les précédents – s’appuie sans vergogne sur le déni des limites environnementales au mode de vie américain [2]. Pour légitimer la seconde, le grand patron crayonné par Kroll parie, quant à lui, sur la possibilité d’une « Green Economy », d’une « manière écologique de faire des affaires », selon la définition qu’en donne le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Le « business as usual » du premier, on connaît. Il est la principale cause de la crise écologique, dans toute son ampleur et dans toute sa gravité. À rebours des mises en garde – de celles du Club de Rome en 1972 avec son « halte à la croissance (dans un monde fini) » à celles, récurrentes et alarmantes, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) –, sa perpétuation à l’échelle planétaire grossit chaque jour ses impacts directs (hausse continue des émissions de GES, de la déforestation, des montagnes de déchets non traités, de la pollution de l’atmosphère, des sols, de la chaîne alimentaire…) et leurs effets délétères sur le climat et la biodiversité.

Mais qu’en est-il alors du grand dessein – alternatif au « capitalisme gris » – de développement durable, d’économie verte, ou encore de Green Deal, pour reprendre les principales appellations mobilisées du début des années 1990 jusqu’à aujourd’hui ? Rompt-il, lui, avec la logique du modèle mainstream qui scie la branche sur laquelle il est assis, en creusant les inégalités sociales et en aggravant la crise écologique ? Offre-t-il la perspective d’une prospérité partagée, respectueuse de l’environnement ? Rien n’est moins sûr.

Porté ou promu depuis trois décennies tantôt par les principales agences onusiennes, les banques multilatérales de développement, l’OCDE, l’Union européenne, le G20, le Forum de Davos…, tantôt par les États nationaux eux-mêmes ou, avec plus ou moins d’opportunisme, par les entreprises privées [3], le projet n’a fait la preuve ni d’un renversement de logique ni d’une inversion de tendances. Certes, il connaît d’innombrables variantes. Entre le simple greenwashing ou le meaningful marketing des uns et la relance keynésienne des autres par des investissements verts, la création d’une demande en produits environnementaux et l’innovation techno-écologique, il y a de fait des marges non négligeables.

Mais dans tous les cas, il procède d’une réconciliation, dans l’esprit de ses promoteurs, entre la possibilité d’engranger des profits et celle de préserver les ressources naturelles. À contresens donc de la conviction forte qui continue à prévaloir dans des secteurs de poids – énergies fossiles, industries lourdes, commerce international, etc. – selon laquelle une politique environnementale s’identifie inévitablement à une restriction, à un coût additionnel, à une baisse de compétitivité, à un frein à la croissance. Le nouveau président du Conseil européen, Charles Michel, semble (désormais) persuadé du contraire. Le Green Deal de la Commission van der Leyen « convertit une nécessité existentielle pour la planète en opportunités économiques » (Le Soir, 27 mai 2020).

Lexicalement il est vrai, le projet d’économie verte, voire même de croissance verte, qui a dominé les débats du Sommet Rio+20 de 2012, ne s’embarrasse plus du troisième pilier du développement durable (le social). Il entend rebooster le premier (l’économique) en valorisant le deuxième (l’environnemental). Pour ses détracteurs du Sud, il procède à « une colonisation de l’écologie par la logique d’accumulation de l’économie libérale » (Verzola et Quintos, 2012). Par la mise sur le marché du « capital naturel », la « valorisation » des « services écosystémiques », la privatisation des ressources, le brevetage du vivant, le « libre-échange » des sols, de l’eau, de l’air, de la biodiversité… et la prétendue « gestion efficace » induite, la démarche entend réguler durablement notre rapport à l’environnement, en dynamisant une « croissance créatrice d’emplois », assurant ainsi « un avenir viable au capitalisme » (CETRI, 2013).

Selon les coauteurs de cet Alternatives Sud, l’illusoire verdissement du néolibéralisme, c’est le règne des « fausses solutions ». Parmi d’autres, les travers avérés de la commercialisation des « droits de polluer » (marché du carbone) et des diverses mesures de « compensation » en annihilent la portée (Duterme, 2008). Pour la géographe Sylvie Brunel (2018), le « développement durable » – dont les dix-sept objectifs onusiens sont à atteindre pour 2030 – « badigeonne de vertu » l’entreprise de « remodelage des grandes zones d’influence des pays riches » dans les pays pauvres : la sécurisation des approvisionnements en matières premières au nom du sauvetage de la planète. Ou comment adouber pour les temps à venir les fondamentaux d’un modèle à l’origine même de l’aggravation des déséquilibres sociaux et environnementaux.

Pour les hautes ambitions écologiques du plan de relance européen post-pandémique, la critique est sévère. Si l’argument de ses partisans revient à dire qu’« investir dans le vert est rentable et que c’est même la voie à suivre pour renouer avec la croissance » (Le Soir, 27 mai 2020), les actions concrètes préconisées – décarboner le secteur de l’énergie, isoler les bâtiments, développer la mobilité durable, stimuler l’innovation privée en technologies propres… – visent bel et bien la réduction des émissions de GES d’au moins 50% en 2030 et la neutralité carbone en 2050 ! Hélas, l’insuffisance de son financement, la volonté flottante des pays membres et les incohérences entre les actes à poser et d’autres politiques de l’UE, tels ses accords de commerce et d’investissement avec le reste du monde, laissent planer plus d’un doute sur sa faisabilité (Zacharie, 2020).

Réformé ou transformé, le paradigme ?

Si le « capitalisme vert » ne réussit visiblement pas à jeter les bases d’une prospérité soutenable et juste, où se situent dès lors les solutions ? Quelles sont les voies, théoriques et pratiques, d’une sortie par le haut des injustices sociales et du désastre environnemental inhérents au productivisme et au consumérisme des nantis ? À la faveur de la pandémie de coronavirus, à l’heure de réfléchir au « monde d’après », tel qu’il devrait être pour dépasser les crises du « monde d’avant » – en particulier la crise écologique, peut-être « la mère de toutes les crises » –, une quantité extraordinaire d’acteurs individuels et collectifs, scientifiques, sociaux, politiques, économiques… du Sud et du Nord ont (ré-)avancé leurs propositions alternatives.

Toutes ne coïncident pas, quelques-unes sont même incompatibles, mais elles partagent pour la plupart un air de famille social et écologique résolu, à distance plus ou moins marquée du capitalisme globalisé. Elles plaident pour un changement de paradigme, un renversement fondamental d’orientation, en priorisant le respect et le partage des communs sur l’accumulation privée. Certaines en dressent les grands principes, les lignes de force, les visées révolutionnaires sur le long terme, d’autres en établissent les étapes, les régulations, les transitions à opérer d’urgence ou à moyen terme. Elles passent nécessairement tant par une réélaboration du rapport à la nature des sociétés contemporaines, que par un questionnement des rationalités, des rapports sociaux et des pratiques politiques intimement liées au modèle économique à supplanter.

Elles parlent beaucoup – même si ces leitmotivs ne datent pas d’aujourd’hui – de démarchandisation, de démondialisation et de démocratisation. De valeur d’usage aussi, de récupération en souveraineté et de redistribution. De justice encore, commerciale, fiscale, sociale, environnementale, migratoire…, c’est-à-dire de dispositifs légaux, de mécanismes publics supranationaux qui limitent les droits des uns (États, industriels, transnationales, grandes fortunes…) là où ils empiètent sur les droits des autres, humains et… non-humains, d’où les progrès, dans plusieurs pays du Sud surtout – au moins sur papier –, du concept de « droits de la nature » (Global Alliance for therightsofnature.org).

Le « paradigme du care  » revient aussi régulièrement dans les prescriptions, comme nouvelle perspective émancipatrice (lire par exemple Maristella Svampa dans cet ouvrage ou Tanuro, 2020). Issue des luttes populaires féministes, latino-américaines notamment, cette « éthique du soin » préconise une démarche de protection et de réparation du monde, basée sur le relationnel et l’empathie. À la faveur de la crise pandémique, elle a imposé la réalité de l’étroitesse des liens entre soin, santé et écologie, tant dans leur dimension économique que politique. En cela, elle réunit les enjeux du travail social et de la défense de l’environnement, en priorisant le temps et les moyens qui leur sont consacrés, dans un modèle de gestion de l’interdépendance et de la réciprocité.

La « planification écologique » est encore une autre approche, à la fois plus radicale et pragmatique. Telle que développée par Cédric Durant et Razmig Keucheyan (2020), elle repose sur cinq piliers qui donnent corps à l’idée que la transition écologique requiert une transformation simultanée des systèmes économiques et politiques. Contrôle public du crédit et de l’investissement, au détriment des industries polluantes et au bénéfice des reconversions énergétiques ; garantie d’un emploi décent par l’État en dernier ressort ; relocalisation de l’économie par la déspécialisation des territoires, le protectionnisme solidaire et l’allongement du cycle de vie des objets ; démocratie et délibération sur les choix de production et de consommation ; et enfin, justice environnementale, afin que les riches (et pas les pauvres) assument le coût écologique de leur mode de vie [4].

Reste toutefois que deux clivages au moins traversent les propositions alternatives. Le premier renvoie à la question de l’État comme moteur ou frein des changements à opérer. Si beaucoup lui donnent de fait un rôle central et régulateur face au libre marché (ou à sa place) dans la relance ou la transition à mener, un courant plus autonome ou libertaire prône, lui, une mise en œuvre locale de l’écologie sociale, « municipaliste » ou « communaliste », à distance en tout cas de l’État, accusé d’inévitablement confisquer le pouvoir à un peuple pourtant à même de l’exercer lui-même. Théorisée notamment par l’écologiste politique Murray Bookchin, la perspective s’appuie entre autres sur l’expérience « anticapitaliste » des « municipalités autonomes » zapatistes du Chiapas (CETRI, 2014), pour essaimer.

L’autre clivage, pas né de la dernière pluie non plus, met aux prises l’urgence de l’anticapitalisme versus celle de l’antiproductivisme dans les orientations à prendre (De Munck, 2019 ; Lordon, 2020). Dit autrement, là où la gauche égalitariste reproche à l’écologie politique ses atermoiements à l’égard du capitalisme, l’écologie politique réprouve les tergiversations de la gauche égalitariste à l’égard du productivisme. Et ce, en dépit des serments de l’une et l’autre : la première arguant de son virage environnemental au tournant du millénaire, la seconde de la profondeur critique de son nouvel imaginaire politique. L’Équateur de Correa (2007-2017) et la Bolivie de Morales (2006-2019) offrent un exemple saisissant d’une combinaison initiale – écosocialiste – des deux perspectives, suivie d’une relégation de l’anti-extractivisme par la lutte contre la pauvreté (CETRI, 2017).

Toujours est-il que, quel que soit le degré de radicalité ou de compatibilité des propositions alternatives aujourd’hui sur la table pour s’attaquer à la crise écologique, les vents dominants post-pandémie semblent privilégier, à quelques inflexions « durables » près, un scénario « plus du même » plutôt que l’ébauche d’un « tout autre chose ». La relance conventionnelle de la machine économique ne peut s’encombrer, malgré ses pieuses déclarations, du souci de la biodiversité et du climat. Reste dès lors à se compter, c’est-à-dire à identifier et mobiliser – au-delà des théorisations, des indignations et des conduites exemplaires – les acteurs sociaux et politiques capables de peser, au Nord et au Sud, dans les rapports de force clés. Là où se décide au nom de quels intérêts se joue le sort de l’écosystème terrestre et des générations présentes et à venir.

Source: CETRI, les cinq dilemmes de la crise écologique


 

Notes

[1Du côté de l’Inde ou de la Chine toutefois, on n’a de cesse de souligner – à raison – que les pollutions relatives (par habitant) du Nord demeurent largement supérieures à celle des émergents, qu’il faut tenir compte des émissions de gaz à effet de serre (GES) historiquement accumulées dans l’atmosphère, et que les nations occidentales ont beau jeu de critiquer les pays où elles ont délocalisé leurs industries les plus polluantes... dont elles continuent à consommer la production (Polet, 2018).

[2Qui, s’il était généralisé, rappelons-le, nécessiterait plus de cinq fois les ressources disponibles sur Terre (www.footprintnetwork.org).

[3Dont, par exemple, plusieurs géants transnationaux de l’audit et de l’« optimisation fiscale », comme PricewaterhouseCoopers (PwC) qui est allé jusqu’à appeler à « un changement radical du fonctionnement de l’économie mondiale » dans son étude La nécessaire co-construction du développement durable publiée en 2012.

[4Aux États-Unis, les 10% les plus riches émettent vingt-quatre fois plus de gaz à effet de serre que les 10% les plus pauvres. Quarante-six fois au Brésil (Durant et Keucheyan, 2020).

 


 

bibliographie
  • Aykut S., Dahan A. (2015), Gouverner le climat ? Vingt ans de négociations internationales, Paris, Presses Sciences Po, coll. « Développement durable ».
  • Brunel S. (2018), Le développement durable, Paris, PUF.
  • CETRI (2008), Déforestation, Paris, Syllepse, coll. « Alternatives Sud ».
  • CETRI (2013), Économie verte, Paris, Syllepse, coll. « Alternatives Sud ».
  • CETRI (2014), Zapatisme : la rébellion qui dure, Paris, Syllepse, coll. « Alternatives Sud ».
  • CETRI (2017), Amérique latine, Paris, Syllepse, coll. « Alternatives Sud ».
  • CETRI (2019), Les nouveaux territoires de l’agrobusiness, Paris, Syllepse, coll. « Alternatives Sud ».
  • CETRI (2019), Quêtes d’industrialisation au Sud, Paris, Syllepse, coll. « Alternatives Sud ».
  • Charbonnier P. (2020), « L’écologie ne nous rassemble pas, elle nous divise », Le Monde, 14 mai.
  • De Munck J. (2019), « Les écologistes et l’anticapitalisme », Pour, juin.
  • Durant C. et Keucheyan R. (2020), « L’heure de la planification écologique », Le Monde diplomatique, mai.
  • Duterme B. (2008), « Le business de la déforestation au secours du climat », La Libre Belgique, 5 décembre.
  • Gelin R. (2019), Des limites de la transition, Bruxelles, Couleur Livres/GRESEA.
  • Harvey D. (2010), Le nouvel impérialisme, Paris, Les prairies ordinaires.
  • Khor M. (2012), « Risks and Uses of the Green Economy Concept », Research Paper, n°40, South Centre.
  • Kroll P. (2019), Des signes qui ne trompent pas – Dessins pour le climat, Paris, Les Arènes.
  • Latour B. (2017), Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, Paris, La Découverte.
  • Lordon F. (2020), « Problèmes de transition », blog.mondediplo.net, 16 mai.
  • Martínez Alier J. (2014), L’écologisme des pauvres. Une étude des conflits environnementaux dans le monde, Paris, Les petits matins.
  • Polet F. (2019), « Ne pas projeter notre sentiment d’urgence sur le reste du monde », Démocratie, n°4, avril.
  • Svampa M. (2020), « ¿Hacia dónde van los movimientos por la justicia climática ? », Nueva Sociedad, n°286, avril.
  • Tanuro D. (2012), L’impossible capitalisme vert, Paris, La Découverte.
  • Tanuro D. (2020), Trop tard pour être pessimistes !, Paris, Textuel.
  • Verzola P. et Quintos P. (2012), « Green Economy : Gain or Pain for the Earth’s Poor ? », Policy Brief, IBON International.
  • Zacharie A. (2020), « Green Deal ou greenwashing ? », Imagine dlm, CNCD, avril.
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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 02:11

La crise sanitaire va creuser les inégalités sociales. Personne ne doit être oublié. Pour qu’ensuite, on repense l’avenir.
Carte blanche parue dans Le Soir le 1er avril 2020 dont le CETRI est signataire.

 

 

L’urgence absolue est de sauver des vies et de préserver la santé de la population. La décision rapide de confinement prise par les autorités a été la bonne et, même si elle est insuffisante, il est très important qu’elle soit respectée.

 

Mais à l’heure où des millions de personnes risquent de voir leurs revenus fortement amoindris ou de se retrouver dans des situations de précarité exacerbées, l’urgence est également sociale. Plus que jamais.

Syndicats, mutuelles, mouvements associatifs, professeurs, artistes, citoyennes et citoyens engagé.es travaillent d’arrache-pied pour que personne ne soit oublié et pour dénoncer cette précarisation sociale.

 

Personnes précarisées, sans-papiers ou sans-abri luttant pour sauver leur peau, pour ne pas être infecté.es ou simplement pour manger. Travailleuses, travailleurs qui continuent à prester pour le bien de la population et qui doivent être protégé.es. Celles et ceux mis en chômage temporaire, temps partiels (dont énormément de femmes) qui risquent d’être encore plus lourdement sanctionné.es. Artistes et statuts précaires. Malades qui doivent être correctement indemnisé.es, pensionné.es qui doivent toucher leur pension, candidats à l’asile bloqués aux frontières de l’Europe, personnes souffrant d’un handicap… Personne, répétons-le, ne doit être oublié.

 

Des mesures d’aides aux entreprises et aux indépendant.es ont rapidement été décidées : dédommagements financiers, facilités de paiement, avances en trésorerie… Certaines de ces mesures visant à préserver le tissu économique sont une bonne chose.

 

À condition cependant que ces aides ne soient pas, au bout du compte, à nouveau payées par la collectivité, au prix de nouveaux sacrifices.

 

Á condition que cette crise ne soit pas un nouveau prétexte pour aggraver les atteintes aux libertés individuelles et collectives, déjà fortement mises à mal ces dernières années. Avec le risque réel de mise en place de régimes autoritaires qui accentueraient encore les attaques contre les contre-pouvoirs et jetteraient nécessairement les bases de politiques servant seulement des intérêts très particuliers.
Et à la condition essentielle de ne pas repartir dans cette course capitaliste folle qui nous mène droit dans le mur.

 

Les coupes opérées ces dernières années dans les services publics, dans le secteur associatif, dans la culture et la sécurité sociale, particulièrement dans les soins de santé, ont lourdement fragilisé la population. L’inconcevable épisode, toujours en cours, des masques de protection sacrifiés sur l’autel de l’austérité, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

 

L’État, en devenant un acteur économique focalisé sur les aspects budgétaires, a rompu son contrat social avec les citoyen.ne.s. La santé étant tenue pour acquise en est l’exemple. L’intérêt collectif doit redevenir la priorité des politiques publiques.

 

Estimées à quelque 10 milliards, les aides d’urgence décidées à ce jour ne pourront en aucun cas venir justifier de nouvelles coupes dans notre sécurité sociale, nos services publics, le secteur associatif ou la culture. Sous couvert de réformes structurelles qui n’en finissent plus de creuser les inégalités et de préparer la crise suivante.

 

Et au-delà de la facture à présenter à ceux qui se sont enrichis ces dernières décennies, il faudra exiger une remise en cause fondamentale des politiques d’austérité. Notre message est clair : c’est sur de nouvelles bases qu’il faudra reconstruire, une fois sortis de cette crise mondiale.

 

Nous craignons fortement que ce ne soit pas la voie suivie par la task force économique décidée par la Première Ministre et chapeautée par la BNB. Si cette task force vise le retour rapide au « business as usual », en conservant l’obsession du « déficit structurel », la compétitivité et le libre-échange, elle nous amènera à repartir tête baissée dans la même voie sans issue. Tous les indicateurs nous le montrent, cette impasse est totale : écologique, climatique, économique, sociale et sanitaire.

 

Au-delà des task forces, c’est de femmes et d’hommes qui réfléchissent ensemble à replacer l’humanité au centre de l’équation dont nous avons besoin aujourd’hui. Pour reconstruire les équilibres indispensables entre développement économique, bien-être social et enjeux environnementaux. Sur de nouvelles bases. En sortant des logiques de profit à tout prix. Sans plus jamais faire d’économies sur la santé et la vie des gens. En luttant efficacement contre toutes les inégalités. En réinventant un avenir durable pour les générations futures.

 

Nous, signataires de cette carte blanche, ne voulons pas d’un « retour à la normalité », car cette normalité faite d’inégalités violentes, de mondialisation insensée, de marchandisation de la vie et de résignation à la catastrophe écologique est aussi la source du drame que nous vivons. Nous sommes décidé.es à prendre nos responsabilités pour mettre en commun nos forces et nos volontés pour tenter de redéfinir ces bases. Au-delà des intérêts partisans. Dans l’intérêt général. Pour redessiner ensemble les contours d’une société plus juste, solidaire et durable.

Source: https://www.cetri.be/Gerer-l-urgence-puis-reinventer-l?lang=fr

Signataires :

Lahbib Hadja, journaliste ; Labille Jean-Pascal, Secrétaire général de Solidaris ; Estenne Ariane, Présidente du Mouvement ouvrier chrétien ; Gemenne François, FNRS, Directeur du Hugo Observatory (ULG), spécialiste en géopolitique de l’environnement ; Dardenne Luc, réalisateur, producteur et scénariste ; Dardenne Jean-Pierre, réalisateur, producteur et scénariste ; Mahy Christine, Secrétaire générale et politique du Réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté ; Charlier Adélaïde, co-organisatrice du mouvement Youth For Climate ; Delmée Myriam, Présidente du SETCa-BBTK ; Antoine Bruno, Président de la CSC Wallonne, Secrétaire fédéral CSC Luxembourg ; Marette Youna, activiste climat ; Petrella Riccardo, professeur émérite UCLouvain ; Del Re Valérie, Directrice de Greenpeace ; Bodson Thierry, Secrétaire général de la FGTB wallonne ; Delruelle Edouard, Professeur de philosophie politique ULG ; Frison Christine, Chargée de recherche FNRS et co-présidente du Corps scientifique UCLouvain ; Bribosia Emmanuelle, Professeure ULB, Vice-présidente de l’Institut d’Etudes européennes ; Murgia David, artiste et cofondateur du Raoul Collectif ; Andrusyszyn Anne-Marie, Directrice du CEPAG ; Belche Jean-Luc, médecin généraliste, chargé de cours en médecine ULiège ; Deswaef Alexis, avocat et co-président de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés ; Cadelli Manuela, juge ; Gobin Corinne, politologue ULB ; Lanners Bouli, acteur, réalisateur ; Sabine Libert, Secrétaire générale adjointe de la FGTB wallonne ; Meerhaege Isabelle, Secrétaire fédérale CSC Namur-Dinant ; Russo Gino, Président de l’asbl « Julie et Mélissa n’oubliez pas » ; Vielle Pascale, professeure UCLouvain ; Engel Vincent, écrivain ; Vandewattyne Jean, chargé de cours UMons ; Zacharie Arnaud, Secrétaire général du CNCD ; Dubois, Fanny, Secrétaire générale des Maisons médicales ; Van Heetvelde Werner, Président de la Centrale générale FGTB ; De Keyzer Aurore, JOC ; Verjans Pierre, professeur et vice-doyen ULg ; Jacquemin Christian, Président de la régionale FGTB de Verviers-Ostbelgien ; Verbeeren Pierre, Maître de conférence à l’UCLouvain ; Wanschoor Isabelle, Secrétaire principale Hainaut CNE ; Lamarche, Caroline, écrivaine ; Murgia Fabrice, Directeur du Théâtre national Wallonie-Bruxelles ; Mawet Fred, Changement pour l’égalité ; Rosteleur Carine, Secrétaire régionale CGSP ALR ; Martinez Esteban, professeur ULB ; Gevers Michel, professeur émérite UCLouvain ; Mertens Sybille, Professeure en économie sociale ULiège ; Van Keirsbilck Felipe, Secrétaire général de la CNE ; Galand Pierre, Président de l’Association pour les Nations Unies ; Blanjean Paul, Equipes populaires ; Hustache Serge, Président du collège provincial de la Province de Hainaut ; Nys Maxime, Secrétaire régional CGSP ALR ; Resne Erdem, travailleur associatif ; Reman Pierre, professeur émérite UCLouvain ; Urbain Jean-Marc, Secrétaire fédéral CSC Mons-La Louvière ; Goblet Geoffrey, Président de la Centrale générale FGTB Liège ; Masschaelk Marc, professeur UCLouvain ; Malay Olivier, économiste et co-président du Corps scientifique UCLouvain ; Bayot Bernard, Directeur de Financité ; Genbauffe Jean-Pierre, Secrétaire général Solidaris Mons-Wallonie picarde ; Osinsky Agathe, chercheuse en théorie du droit UCLouvain ; Dusoulier Luc, ex-président du MOC ; Van der Plancke Véronique, avocate au Barreau de Bruxelles ; De Schutter Olivier, professeur à l’UCLouvain ; Hendrix Maryse, citoyenne ; Szoc Edgar, chroniqueur RTBF ; Huisman Michel, Gang des vieux en colère ; Toussaint Eric, porte-parole international du CADTM ; Ponet Brigitte, coprésidente du CADTM Belgique ; Zian Yasmina, historienne, chercheuse à l’Académie royale de Belgique ; Bovy Yannick, journaliste-réalisateur ; Franco Sebastian, coordinateur Altersummit ; Bernard Françoise, Secrétaire générale SETCa Liège-Huy-Waremme ; Pirotte Gautier, professeur de sociologie ULG ; Van Outryve d’Ydewalle Sixtine, chercheuse en théorie du droit UCLouvain ; Dohet Julien, syndicaliste, historien des luttes du mouvement ouvrier ; Leterme Cédric, politologue, chercheur au CETRI et au GRESEA ; Namotte Jean-Marc, Secrétaire fédéral CSC Liège-Verviers-Ostbelgien ; Arets France, militante active dans le soutien aux sans-papiers ; Mossoux Raphael, avocat ; Ozer Pierre, chargé de recherche ULiège ; De Clerck, Alain, artiste et artisan du collectif ; Mettioui Ilyas, artiste ; Borguet Nicolas, attaché culturel et enseignant ; Vidotto Laura, animatrice Asbl Vie-Esem CEPAG ; Kouvaras Maxime, journaliste-réalisateur, ZIN TV ; Giannelis Stravoula, sociologue et professeure d’histoire ; Ramirez Ronnie, cinéaste ; Taets Audrey, coordinatrice Cellule Solidarité CAL Liège, déléguée syndicale ; Tamellini Jean-François, Secrétaire fédéral FGTB ; Révelard Jean-Luc, Président de la Fédération CSC Namur-Dinant ; Nisot Aurélie, éducatrice populaire et militante sociale ; Romain David, artiste, cofondateur du Raoul collectif ; Hemptinne Pierre, écrivain, Directeur de la médiation culturelle à PointCulture ; Clausse Julie, chargée de projet pour l’asbl Interra ; Pottie Kristien, comédienne, réalisatrice ; Chauvier Jean-Marie, journaliste ; Gillis Pierre, professeur honoraire, UMONS ; Van Sinoy Myriam, enseignante retraitée ; Heldenbergh Pierre, militant associatif ; Herman Véronique, directrice du CEFOC ; Truddaïu Julien, citoyen solidaire ; Crevecœur Perrine, travailleuse ONG ; Debelle Lora, responsable culturel au théâtre de l’Ancre ; Servaiss Maud, professeure de français ; Maillien Pascale, professeure d’économie et artiste plasticienne ; Meyer Michel, Président CGSP ; Demonte Tony, ex-secrétaire général adjoint de la CNE ; Visart Michel, journaliste ; Laviolette Vincent, agent de développement territorial, acteur dans le développement des circuits courts ; Guellati Line, artiste, créatrice et co-fondatrice du collectif Darouri Express ; Willems Martin, CSC, United Freelancers ; Dendoncker Nicolas, Université de Namur, département de géographie ; Cornut Pierre, chargé de cours en urbanisme à l’UMons ; Stassart Pierre M., professeur ULiège ; Beaulieu Sarah, chargée de projets en Éducation permanente ; Bouvy Stéphanie, médecin généraliste ; Jacquy Emilie, formatrice au CEPAG ; Laqdim Solayman, Directeur du service de la prévention de Liège-Huy-Verviers ; Houtart Isabelle, directrice de la Halle de Han ; Lecomte Yvette, militante d’associations culturelles ; Staquet Anne, professeur Université de Mons ; Hoornaert Cécile, directrice La Bobine ; Oscari Dolores, citoyenne ; Ivanovic Maritza, directrice honoraire CPAS ; Fafchamps Claude, directeur de théâtre ; L’Ami terrien alias François Laurent, slameur ; Bounafaâ Najat, maître assistante à la Haute Ecole Charlemagne, Liège ; Seron Marie Pierre, citoyenne ; Grandfils Jean Marie, citoyen ; Debrulle Esteban, militant ; Bela Dominique, comédien ; Martin Guy, Directeur général honoraire enseignement formation, Province de Liège ; Vanhaesebrouck Karel, professeur ULB ; Barrera Francisco, secrétaire régional Horval Verviers ; Heirwegh Jean-Jacques, professeur ULB ; Kohnen Nicole, psychologue ; Botterman Philippe, Secrétaire intersectoriel de la CGSP de Verviers ; Nagui Farid, Directeur du CRVI ; Santos y Baladron Maria, professeure de français et d’espagnol ; Zurstrassen Pirly, musicien ; Dufresne Anne, sociologue, chercheuse au GRESEA ; Starquit Olivier, essayiste altermondialiste ; Puissant Daniel, Secrétaire du Réseau pour la Justice fiscale ; Wathelet Violaine, doctorante en sociologie ULG ; Maes Renaud, rédacteur en chef de la Revue nouvelle et sociologue USL ULB ; Keutgen Renaud, économiste du développement, actif dans les circuits courts alimentaires ; Semal Claude, chanteur et comédien ; Di Troia Audrey, Booker à Full Colorz Agency ; Nicolaï Samuel, Directeur du centre culturel de Remicourt ; Garcia Alexis, coordinateur de Nourrir Liège ; Culot Charles, artiste créateur compagnie Art&tca ; Globen Noémie, intervenante psychosociale en service de placement familial ; Kollmeier Léna, pianiste ; Lewuillon Victoria, comédienne ; Carton Luc, philosophe ; Raulin Guy, MOC Charleroi-Thuin ; de Halleux Alain, cinéaste ; Jacquemin Elise, Directrice du Miroir Vagabond ; Blairon Jean, expert associé de l’asbl RTA ; Mormont Cécile, Directrice Revers asbl (service d’éducation permanente et SIS) ; Cornil Jean, essayiste ; Tellier Caroline, comédienne et chanteuse ; Bodart Christophe, enseignant, co-fondateur d’1pact ; Goldman Henri, corédacteur en chef de la revue Politique ; Leciak Sarah, professeur de français ; Lombé Lisette, artiste ; Grange Camille, artiste et comédien, compagnie Art&tca ; Bouvy Anne-Sophie, avocate et doctorante en droit à l’UCLouvain ; Perrouty Pierre-Arnaud, Directeur de la Ligue des Droits humains ; de Liamchine Sarah, Codirectrice de Présence et Action culturelles ; Dargent Denis, Codirecteur de Présence et Action culturelles ; Trionfetti Maria Cecilia, chercheuse ULB ; Franssen Harald, auteur-dessinateur ; Lentini Giovanni, écrivain ; Hermant Paul, Actrices et acteurs des temps présents Bruxelles ; Philippon Bénédicte, comédienne et auteure ; Ryckmans Sarah, doctorante en philosophie UCLouvain ; Mulder Bernard, médecin généraliste ; Le Paige Hugues, journaliste-réalisateur ; Vanden Eede Stéphane, citoyen ; Toussaint Anne, enseignante ; Malherbe Alain, UCLouvain ; Quinet Bénédicte, formatrice CEFOC ; Demanet Thierry, militant associatif ; Guio Anne-Catherine, chercheuse ; Marlier Eric, chercheur ; Gratoir Sébastien, sociologue et enseignant dans une Haute école sociale ; Michiels Jean-Pierre, Président du Club Achille Chavée ; Hermant Daisy, Secrétaire générale ACRF – Femmes en milieu rural ; Thomas Alain, Directeur du centre culturel de Bertrix ; Pirotte Claude, administrateur de l’asbl les Ateliers Paysans-Artisans ; Bauduin Nathalie, coordinatrice CEC Tribal Souk asbl ; Pirenne Hélène, responsable artistique du Théâtre du Sursaut asbl ; Carlier Alexandre, Directeur ASBL Racynes ; Nieuwenhuys Céline, Secrétaire générale de la Fédération des services sociaux ; Fasbender Pierre, Directeur du Centre culturel de Habay ; Binet Anne, Directrice CEPPST Luxembourg-CEPAG ; Maingain Bernard, avocat ; Scheuer Benoît, sociologue ; Bettiol Bruna, comédienne-animatrice à Alvéole Théâtre ; François Yvon, comédien-animateur à Alvéole Théâtre ; Buchet Philippe, Président de la Commission namuroise des pensionnés FGTB. ; Fastrès Jacqueline, codirectrice de l’asbl RTA ; Cavillot Jean-Pol, codirecteur de l’asbl RTA ; Brausch Géraldine, maître-Assistante HECH ; Hirtt Nico, président de l’Appel pour une école démocratique (APED) ; Dave Benoit, codirecteur de la Coopérative Paysans-Artisans ; Bouchat Thérèse-Marie, codirectrice de la Coopérative Paysans-Artisans ; Duterme Bernard, Secrétaire général du CETRI ; Hsia Shan, citoyenne ; Mertens Ariane, chargée de prévention à la Direction de la Prévention de Namur-Dinant ; Dejace Patrick, Directeur de la Fédération des Restos du Cœur de Belgique ; Frérotte Maïté, Secrétaire générale Espace Seniors asbl ; Van den Berg Joëlle, secrétaire générale Réseau IDée asbl ; Delfosse Benjamin, Secrétaire général de Latitude Jeunes ; Steinbach Christine, Présidente du RWADE ; Sarnelli Sergio, enseignant et responsable d’un service d’accompagnement pour personnes handicapées ; Monjoie Patrick, Directeur du CRIBW asbl ; Stilmant Rita, Directrice de l’asbl Lire et Ecrire Luxembourg ; Carly Geoffroy, codirecteur des CEMEA ; Liens Jean-Paul, codirecteur des CEMEA Debatty François, Directeur du SRG Foyer l’Aubépine asbl ; Ghoul Yamina, Secrétaire générale de la Confédération des Organisations de Jeunesse indépendantes et pluralistes ; André Marie-Hélène, formatrice à la Fédération francophone des Ecoles de Devoirs ; Hanquet Daniel, assistant social de CPAS et membre d’associations professionnelles ; Lahouari Najar, Président MWB-FGTB Brabant ; Vandeberg Joseph, Président de l’asbl Culture et Développement ; Toussaint Sylvie, Professeur à l’Ecole sociale ISFSC et pour le Comité de vigilance en travail social ; Toussaint Philippon, Directeur du service de la prévention de Bruxelles ; Di Felice Luisa, directrice du service de la prévention du Hainaut ; Coyne Brendan, Secrétaire général ATD Quart Monde Belgique ; Brouyaux Antoinette, coordinatrice d’Associations 21 ; Tournoy Thierry, Centre régional d’intégration de Charleroi ; Contor Nicolas, Directeur CRILUX asbl ; Di Vincenzo Grazia, Comédie d’un jour asbl ; Bronlet Michel, Directeur d’un centre d’insertion socio-professionnelle ; Henrard Gilles, médecin généraliste et chargé de cours adjoint à ULiège ; Salingros Caroline, Directrice pédagogique, aide à la Jeunesse ; Struvay Chloé, comédienne ; Safarian Caroline, directrice de théâtre et artiste (Espace Magh) ; Zedet Annie, citoyenne ; Decroly Jean-Michel, professeur de géographie, ULB ; Nagels Carla, chercheure ULB ; Groffils Robert, citoyen ; Delaive Serge, écrivain ; Damas Geneviève, écrivaine ; Merland Bénédicte, animatrice ; Deck-Andjaparidzé Hélène, citoyenne ; Clausse Danielle, citoyenne ; Menschaert Daniel, citoyen ; Dils Johan, citoyen ; Coenegrachts Philippe, citoyen ; Recloux Michel, citoyen ; de Neck Didier, comédien ; Sez.Rukira Adrien, chanteur ; Adam Dany, comédien ; Colinet Jean-Louis, directeur de théâtre ; Bonfond Olivier, économiste et conseiller au CEPAG ; Alaluf Mateo, sociologue ULB ; Carbonero Selena, Présidente du Bureau des Femmes de la FGTB wallonne ; Demertzis Vaïa, corédactrice en chef de la revue Politique ; Richard Daniel, Secrétaire régional FGTB Verviers et Communauté germanophone ; Cue Nico, ex-Secrétaire général de la MWB-FGTB ; Bauraind, Bruno, Secrétaire général du GRESEA ; Lefèbvre Luc, militant LST- Luttes-Solidarités-Travail ; Van Erps Noémie, Secrétaire générale des Femmes prévoyantes socialistes (FPS) ; Liébin Micheline, Directrice du CeRAIC ; Raimondi Katia, coordinatrice Infor-Jeunes Entre-Sambre-et-Meuse ; Vanhessen Christine, Directrice de l’AMA-Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri ; Eeklaer Fabrice, Secrétaire fédéral CSC Charleroi-Sambre-Meuse ; Gobry Alexandre, ATTAC Bruxelles 2 ; Pauporté Christine, ATTAC Bruxelles 2 ; Remiche Louise, coordinatrice de l’ARCA ; Praile David, coordinateur du Rassemblement pour le droit à l’habitat ; Messaoudi Ouiam, Secrétaire générale ASPH ; Bantuelle Martine, administratrice-déléguée asbl Santé, Communauté, Participation ; Van Keirsbilck Benoît, Directeur Défense des enfants international Belgique ; Barrelet Eleonore, coordinatrice de Agroecology in Action ; Colinet Lysiane, citoyenne ; Godin Nicolas, Président du Relais social urbain de La Louvière ; Debelle Dominique, travailleur social, secteur de l’aide aux sans-abri ; Mandiaux Arielle, Directrice de l’asbl Infor Jeunes Mons ; Kennes Sébastien, animateur Rencontre des Continents ; Emili Pietro, Directeur de la Maison du Peuple d’Europe ; Fontaine Anne-Sophie, Directrice de l’AMO Passages ; Cocu Christophe, Directeur général Ligue des Familles ; Corongiu Antoinette, Directrice générale CVFE ; Simon Régis, Directeur CRIPEL asbl ; Dessicy Benoite, Directrice Centre d’action interculturelle ; Eggen Manuel, chargé de plaidoyer à FIAN Belgium ; Melsens Sarah, coordinatrice de la Plateforme d’Action Santé Solidarité asbl ; Adam Valérie-Anne, Directrice de l’AMO Mic-ados ; Kreutz Chantal, asbl Sainte-Walburge ; Buron Jean-Yves, Vivre Ensemble Liège ; Rixen Paul, Le Monde des Possibles asbl ; Balsaux Didier, Directeur artistique pour les Royales Marionnettes ; Deflandre Alain, animateur-coordinateur de l’asbl Le Kraak – CEC et EDD ; Gerbovits Line, animatrice-coordinatrice PAC Namur ; Toussaint Marylène, Directrice de l’action culturelle au Centre culturel de Namur ; Orban Emmeline, Secrétaire générale Plateforme francophone du Volontariat asbl ; Robert Patrick, Direction des services de l’asbl La Galice, Mons ; De Munck Jean, professeur UCLouvain ; Pinchart Sylvie, Directrice Lire et Ecrire Communauté française ; Nemes Eric, Président bénévole ATTAC Liège ; Vandormael Luc, Président du CPAS de Waremme ; Lulling Anne-Hélène, Secrétaire générale de l’Interfédération des Centres d’insertion socioprofessionnelle ; Lacroix Joëlle, Secrétaire générale FAPEO ; de Thier Véronique, responsable politique, Régionale de Bruxelles de la FAPEO ; Forthomme Egide, Directeur de la Maison Marie-Louise Verviers ; Dutillieux Bruno, coordinateur général du Relais social urbain de Tournai ; Van de Ven Bart, coprésident RBDH/BBRoW ; Hebborn Sarah, marionnettiste ; Bonfanti Eve, actrice ; Hunstad Yves, acteur ; Delhaye Marie, Compagnie Karyatides ; Harcq Nathanaël, Directeur du Conservatoire royal de Liège ; Davreux Valérie, citoyenne ; Centurione Sabrina, citoyenne ; Bonfanti Mekdes, citoyen ; Bloch Françoise, Zoo Théâtre ; Vanbléricq Lauri-Anne, coordinatrice de la Chambre des Compagnies théâtrales pour adultes ; Nutelet Myriam, Li Mohon asbl SA-AJ Marche-en-Famenne ; Sommer Myriam, citoyenne ; Brahy Rachel, coordinatrice scientifique Maison des Sciences de l’Homme, ULg ; Clément Pierre, Directeur technique Festival de Liège ; De Michele Martine, metteuse en scène ; Sterck Anne-Sophie, comédienne ; Nossent Jean-Pierre, Directeur général honoraire Inspection de la Culture FW-B ; Fafchamps Jules, citoyen ; Van Keirsbilck Leïla, membre de Rethinking Economics ; Trionfo Aymeric, comédien ; De Michele Catherine, responsable communication Festival de Liège ; Blin Olivier, Théâtre de Poche ; Enhus Els, professeur émérite VUB ; Tenret Zoé, travailleuse des arts de la scène ; Pierard Pascale, directrice de centre culturel ; Hamadi Mohamed, auteur ; Bensalah Nouzha, sociologue ; Lanotte Jacques, Directeur général honoraire Affaires culturelles du Hainaut ; Vanandruel Catherine, représentante Fables Rondes asbl Clowns Hopital

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 12:52

Une opinion rédigée et transmise à la Première ministre et aux Ministres-présidents régionaux par un collectif de signataire (voir ci-dessous).

 

Ce 26 mars, les Nations Unies ont lancé un avertissement : "les mesures de confinement liées au coronavirus pourraient causer une pénurie alimentaire mondiale". Flambées de prix, ruptures de stock de denrées, brusque hausse de commandes aux producteurs, protestations de camionneurs, conditions de travail difficiles pour les saisonniers, des signaux qui posent question par rapport aux tensions qui traversent un système de distribution alimentaire organisé sur la base de flux tendus.

 

Le Gouvernement flamand a lancé la semaine passée un appel pour attirer des travailleurs wallons dans les exploitations agricoles du Nord du pays, faute de saisonniers en suffisance. En France, le ministre de l’agriculture appelle les personnes sans emploi à aller soutenir les agriculteurs dans les champs. Et en Wallonie, des maraîchers s’interrogent sur la nécessité d’augmenter leurs surfaces cultivées au vu de la demande accrue.

 

Alors qu’en est-il de la capacité de production des territoires qui nous nourrissent ? Nombreux à être confinés en pleine pandémie, les ouvriers agricoles des zones maraîchères d’Espagne, d’Italie, ou du Maroc, seront-ils au rendez-vous pour produire et livrer les fruits et légumes que nous consommons au quotidien ? Quelle saison agricole vivrons-nous chez nous, alors que la production alimentaire est menacée par le changement climatique, la sécheresse, les vagues de chaleur et la disparition progressive des insectes pollinisateurs, y compris en Belgique ? Qui traite ces questions dans notre pays ?

 

Vers une autonomie alimentaire minimale

A court, moyen et long termes, la sécurité alimentaire de la Belgique est un enjeu vital. La quantité, la qualité et l’accessibilité de la nourriture sont essentielles à notre santé et à notre immunité face aux possibles vagues successives du coronavirus. Cet enjeu mérite l’attention immédiate de l’État belge. Car tous les scénarios doivent aujourd’hui être envisagés. La pandémie de coronavirus est historique à plus d’un titre. Le principe de précaution implique d’anticiper les effets de seuil possibles et de se préparer à de possibles aggravations dans tous les secteurs d’activités vitaux en prévoyant les réponses adéquates.

Chez nous, la fédération belge de l’industrie alimentaire (Fevia) et les fédérations wallonne et flamande de l’agriculture (Fwa et Boerenbond), ont demandé à reconnaître le secteur agroalimentaire comme d’importance vitale et et de prendre les mesures de crise nécessaires pour assurer la continuité de l’activité et assurer l'approvisionnement. Nous saluons cette initiative mais nous la pensons insuffisante à ce stade pour répondre à l’enjeu.

 

La Belgique doit disposer d’une autonomie alimentaire minimale. Cette nécessité appelle à mettre en oeuvre une stratégie déterminée le plus rapidement possible car nous sommes en début de saison de production agricole, et les décisions qui engagent nos capacités de production sont prises pour les prochains mois. Toutes les cultures ne sont pas comestibles pour les humains, étendre les surfaces maraîchères ne peut se faire en un tour de main et les semis sont réalisés à des dates précises.

 

Nous sommes disponibles

C’est pourquoi nous sommes disponibles pour soutenir la Première ministre Sophie Wilmès dans la mise en place d’une task force interfédérale chargée de planifier et mettre en place une politique de résilience alimentaire pour notre pays, selon différents scénarios critiques et au cas où les échanges internationaux ne suffiraient plus à assurer l’alimentation des Belges. Cette politique de résilience devrait être déclinée à tous les échelons, européens et belges, et s’inscrire dans un cadre international de sécurité alimentaire solidaire, tenant compte de la situation des populations les plus vulnérables. Il s’agit également de solliciter l’expertise académique, institutionnelle, économique et associative pour mettre en place cette “ceinture de sécurité alimentaire” qui protège les citoyen.ne.s dans notre pays.

 

Selon nous, les dispositions prises pour le déploiement d’un plan d’urgence de souveraineté alimentaire équitable et solidaire devraient faire l’objet d’une publication en toute transparence. Prix, stocks, flux d’approvisionnement, surfaces cultivées, demande et offre alimentaires intra-belges doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux et indépendant. Gestion des semences, contrats d’approvisionnement collectifs, aide aux coopératives, appel aux citoyens, développement des ceintures alimentaires, soutien à l’emploi agricole doivent être envisagés. L’histoire illustre l’importance des productions alimentaires au niveau local et de la diversification des filières pour augmenter la résilience générale du système face aux crises. Le Conseil National de Sécurité doit aussi prendre en compte la possibilité de fournir en semences les citoyens afin de cultiver un potager à brève échéance.

 

Enfin, nous appelons les autorités à porter la discussion au niveau européen pour déployer une Politique Alimentaire Commune résolument durable et solidaire et à inscrire celle-ci dans le cadre de la déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans, qui offre une garantie d'accès aux semences et de souveraineté alimentaire pour chaque pays.

 

Nous disposons en Belgique de terres fertiles et de capacités d’innovation et d'adaptation parfois insoupçonnées. Alors, agissons sans attendre afin d’assurer ensemble la sécurité alimentaire chez nous et ailleurs, aujourd’hui et demain !

Cet appel a été transmis à la première ministre et aux ministres-présidents régionaux par les cosignataires suivants:

Philippe Baret, professeur à l'Université de Louvain

Gauthier Chapelle, auteur, ingénieur agronome et docteur en biologie

Cédric Chevalier, ingénieur de gestion et économiste, coauteur de Déclarons l'État d’Urgence écologique

Nicolas Dendoncker, géographe, professeur à l’Université de Namur, Lead author de l'IPBES

Olivier De Schutter, co-président du Panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food),

Patrick Dupriez, ingénieur agronome, président d’Etopia

Corentin Hecquet, docteur en sciences de l’environnement, spécialiste des réseaux semenciers

Julie Hermesse, docteure en science sociale politiques et sociales, chargée de recherche à l’Université de Louvain

Marc Lemaire, ingénieur agronome, coalition Kaya

Pierre Ozer, chargé de recherche en sciences et gestion de l’environnement, ULiège, co-fondateur du Festival Nourrir Liège

Pierre M. Stassart, ingénieur agronome, professeur de sociologie de l’environnement à l’Université de Liège

Raphaël Stevens, auteur, chercheur, expert en risques systémiques et résilience

Julie Van Damme, coordinatrice de la Cellule transversale de Recherches en Agriculture biologique du CRA-W

Jean-Pascal van Ypersele, professeur à l'Université de Louvain

Marjolein Visser, professeur associé, Chair of Agroecology, Université Libre de Bruxelles

Si vous souhaitez vous joindre aux signataires de cet appel, vous pouvez le signer également ici : https://framaforms.org/organisons-notre-securite-alimentaire-1586166455

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5 avril 2020 7 05 /04 /avril /2020 22:57

« La guerre » au virus Covid-19 laisse, de nombreux morts, de vilaines blessures, des entreprises fermées, du chômage massif, des indépendants en déroute, des populations fragilisées. Certaines blessures deviendront séquelles et des secteurs d’activités resteront probablement sinistrés. Les appels à l’aide se multiplient et l’Etat, l’Union européenne ; assureurs en dernier recours avec l’aide des contribuables ; multiplient les mesures de soutien. L’urgence commande et la nécessité fait loi !

 

Outre les actions d’urgence destinées à limiter la casse, il faut préparer le redémarrage. Un redémarrage rapide pour sauver des entreprises, des jobs, des vies dignes par un coup de « boost » à court terme et puis par des actions de fond, de long terme qui permettront de répondre à nos faiblesses à commencer par renforcer, stabiliser, relocaliser, autonomiser nos approvisionnements, particulièrement sur les produits de première nécessité. Ces priorités rejoignent les chantiers liés aux défis du climat et de la biodiversité. Eux aussi visent à assurer en priorité et le plus localement possible nos besoins en énergie, en alimentation et matériaux durables et à prévenir les risques pour la santé et le bien-être.

 

Dans le domaine monétaire et financier, je propose les trois mesures suivantes :

 

1. Premièrement, à court terme, une mesure de « redémarrage » de l’activité par le soutien à la consommation en accordant 500 € à chaque adulte et 250 € à chaque enfant de l’Union européenne sous forme de chèques (chèque-repas, chèque-textile, chèque-travaux, chèque-culture et chèque-tourisme).  Ces chèques aideront, à la fois, les citoyens de l’Union et, à la fois, les entreprises particulièrement touchées comme les restaurants, les magasins de bricolage, les indépendants, le textile, les musées, cinémas, théâtres et les opérateurs touristiques. Ces chèques ne pourront servir qu’à des dépenses au sein de l’UE et ne pourront pas être déposés sur des comptes en banque. Leur durée de validité sera strictement limitée. Ils seront financés par un emprunt de l’UE, intégralement souscrit par la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales (BCN) pour les pays hors zone euro, pour une durée perpétuelle à taux zéro. Il s’agit d’une mesure de soutien de  ± 185 milliards € qui ne sera donc pas remboursable. Les entreprises, indépendants, prestataires qui recevront ces chèques pour paiement de leurs biens et services pourront se faire rembourser auprès de l’institution émettrice qui elle-même les présentera à l’encaissement auprès de l’Etat lui-même financé par l’UE. Le cas échéant, cette mesure peut être doublée par l’octroi du même montant – sans endettement – aux Etats membres pour aider directement les entreprises ou les citoyens et pourra être prolongée par une mesure de dividende universel par lequel chaque citoyen de l’UE recevra directement ou indirectement de la BCE un montant de 100 à 150 euros par mois.

 

2. Dans un deuxième temps, mais rapidement, nous devons répondre à nos faiblesses structurelles, au défi climatique et à la restauration de la biodiversité par des investissements privés et publics dans les économies d’énergie, transports publics, énergies vertes, environnement, etc. Aujourd’hui, ces projets ne voient pas le jour, soit que leur rentabilité financière n’est pas suffisante, soit que les risques sont trop importants. Ils sont pourtant indispensables ! Dès lors, pour financer ces projets, je propose que les Etats membres de l’UE bénéficient d’un droit de tirage équitable, selon la même technique de l’emprunt perpétuel à taux zéro, soit directement auprès de la Banque centrale européenne, soit auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) qui se refinancera à 100% auprès de la BCE. Ce droit de tirage servira exclusivement au financement d’investissements publics et aux aides aux investissements consacrés à répondre à nos faiblesses structurelles et à la transition écologique, sous le contrôle du bailleur de fonds.

 

3. Troisièmement, je propose qu’une action de désendettement immédiat, drastique et équitable des Etats de l’Union soit menée afin de leur rendre des marges de manœuvre budgétaire. Je propose que l’on convertisse en dette perpétuelle à taux zéro les dettes publiques rachetées par la BCE à la suite des crises financières de 2007-2008 et 2010-2011. Cette conversion en une dette perpétuelle à taux zéro équivaut à l’annulation de 2600 milliards d’euros de dette des différents Etats membres de l’UE. Il s’agit d’environ 30% de la dette publique en circulation. En somme, je propose un jubilé par lequel notre Banque centrale fait cadeaux à nos Etats, et donc à nous-mêmes, de 30% de notre dette. Cette remise de dette ne coûte rien à personne puisque la BCE, notre BCE à tous, la détient déjà. Cette remise de dette n’a aucune conséquence matérielle puisque cette somme est déjà en circulation, elle n’a que des conséquences comptables puisqu’elle restera inscrite dans les livres comptables jusqu’à la fin des temps. Mais cette remise de dette a une implication très concrète puisque, plus jamais, cette dette ne fera l’objet de la moindre négociation ni sur son taux d’intérêt, ni sur son renouvellement. Une partie de l’épée de Damoclès de la dette sera retirée de nos têtes. Ce ne sont pas les grecs qui me contrediront, eux, qui ont été victimes d’un horrible chantage du secteur financier lors du renouvellement de leurs emprunts en 2010.

 

A l’heure où il est clairement établi que nous devons collectivement trouver des solutions à la pandémie, aux dérèglements climatiques et à la disparition de la biodiversité, il est temps de faire un jubilé d’une partie au moins de nos dettes passées par le mécanisme de la dette perpétuelle à taux zéro. Il est temps également de faire preuve d’une réelle solidarité européenne en adoptant un mécanisme européen de financement sans dette de notre nouveau départ, un financement qui s’appuie sur un financement monétaire européen, éventuellement par le truchement des banques publiques européenne et nationales qui pourraient refinancer 100% de leurs prêts auprès de la BCE sans devoir passer par le secteur privé. Ce mode de financement sans dette est de loin supérieur à un mode de financement tel que l’endettement par coronabonds proposé à l’heure actuelle. Il a fait ses preuves pour la reconstruction européenne après la deuxième guerre mondiale, il a permis à tous les pays asiatiques, y compris la Chine, de se développer à partir de années 70 et 80 et c’est, précisément, l’adoption de règles monétaristes étriquées qui entraîne l’Europe vers sa perte depuis les années 80.  Enfin, parallèlement, il nous faut adopter de nouvelles règles de comptabilité publique qui doivent nous permettre de sortir des carcans budgétaires en matière d’investissements tout en imposant la rigueur de gestion du bien public et du bien commun.

 

Ce nouveau départ, cette renaissance, ne saurait reposer exclusivement sur la traditionnelle dette publique financée à son profit par le secteur financier privé et reposant exclusivement sur les épaules des contribuables. Il est temps que nous nous rendions compte que ce mode de financement est inéquitable, inefficace et immoral. Pour sortir de notre enlisement, pour enfin avancer dans la relocalisation de nos activités et dans la transition écologique, nous avons besoin de nouvelles règles, de nouvelles techniques de financement. Nous devons passer de l’artificielle et idéologique rareté monétaire décrétée par le système bancaire pour aller vers une abondance monétaire démocratique et fléchée vers nos objectifs de bien commun et de biens publics.  L’urgence commande, la nécessité fait la loi, les cadres intellectuels surannés doivent être dépassés et les traités européens adaptés.

 

Ou alors, remettons-nous en à la volonté divine ! 

Enfin, pour aller plus loin, lisez l’ouvrage « une monnaie écologique pour sauver le planète » paru ce mois-ci, il reprend ces propositions que je porte depuis des années et il les complète de diverses mesures importantes qui ne peuvent être développées ici.

 

Source: André PETERS

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24 mars 2020 2 24 /03 /mars /2020 21:37

Par Francois Gemenne (Professeur géopolitique de l'environnement, Sciences Po, Université libre de Bruxelles)

On entend beaucoup dire, dans certains milieux, que la crise actuelle serait "bonne pour le climat et l'environnement", ou qu'il faudrait "appliquer contre le changement climatique les mêmes mesures que contre le coronavirus". Non seulement c'est absolument insensible pour la situation très compliquée que vivent beaucoup de familles en ce moment, sans compter les personnels qui sont en première ligne, mais c'est aussi complètement faux et idiot. Je pense au contraire qu'à long-terme, cette crise sera une catastrophe pour le climat.

Bien sûr il y a des effets de court-terme sur l'environnement : baisse substantielle de la pollution atmosphérique, chute des émissions de gaz à effet de serre, etc. Mais sur le long-terme, ces effets temporaires seront sans doute insignifiants, et voici pourquoi :

1. Les émissions ont toujours tendance à rebondir, après une crise. On le voit déjà en Chine, on l'a vu après la crise de 2008-2009. Le climat a besoin d'une baisse soutenue et régulière des émissions de gaz à effet de serre, pas d'une année 'blanche'.

2. Des gouvernements annoncent déjà des plans de relance de leur industrie fossile. Le Canada annonce un plan massif de soutien aux secteurs pétrolier et gazier. Idem pour le secteur aérien, ou même les bateaux de croisières. Alors que le prix du baril de pétrole est au plus bas et que le plan de relance pourrait être l'occasion de planifier une économie bas-carbone, on risque de faire exactement le contraire et d'offrir une bouée de sauvetage à l'économie du carbone.

3. Surtout, beaucoup de gouvernements risquent d'en profiter pour remettre en cause les mesures de lutte contre le changement climatique, au nom de la relance économique. La Tchéquie et la Pologne demandent déjà l'abandon du Green New Deal européen.

4. Surtout, les mesures de confinement actuelles risquent d'instiller l'idée que la lutte contre le changement climatique demande l'arrêt complet de l'économie. Et plus tard, je doute fort qu'on se souvienne de l'époque du confinement comme d'une période bénie, sur le mode : "bien sûr c'était un peu pénible, mais c'était super pour le climat". Il y a véritable risque de rejet massif des mesures de lutte contre le changement climatique si l'on dit, comme certains activistes en ce moment, qu'il faudrait "faire pareil pour le climat".

Attention donc à cette rhétorique qu'on entend beaucoup : "Appliquons pour le climat les mêmes mesures que pour le #COVIDー19", ou encore "l'épidémie est une répétition générale avant le changement climatique". C'est irresponsable et dangereux. Parce que la crise du #coronavirus et le changement climatique ont certes beaucoup de points communs, mais sont fondamentalement différentes : pour l'instant, la pandémie touche surtout les pays industrialisés (Chine, Europe, USA). Le changement climatique, c'est l'inverse ! On ne peut pas espérer des bénéfices immédiats pour soi-même. Surtout, le changement climatique n'est pas une "crise": c'est une transformation irréversible. Il n'y aura pas de retour à la normale, pas de vaccin. Il faut des mesures structurelles, pas conjoncturelles.

Attention donc aux formules quasi religieuses du type : "la nature reprend ses droits", ou "la Terre se venge". D'abord les épidémies existaient avant le changement climatique, et surtout ce n'est pas comme ça qu'on va penser rationnellement l'après-crise. Alors qu'il faudrait s'y mettre dès maintenant.
 

 

NDLR: "Une église bien remise au milieu du village. Il y a en effet fort à craindre de la reprise. Le capitalisme n'est pas mort, bien au contraire, il se nourri de ce genre d'événement. Ce confinement obligatoire va creuser les inégalités, faire le lit des replis identitaires et les choux gras des GAFAM pour mieux endoctriner le bétail que nous sommes."

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Freemen est un réseau de blogs, dont les auteurs sont convaincus que :
• le changement climatique est un problème majeur, pas uniquement écologique, mais aussi politique et économique
• s’attaquer sérieusement à ce problème implique une remise à plat de nos modèles économiques et, particulièrement, de la notion de «croissance».



Au delà, comme le nom “Freemen” l’indique, chacun pense, écrit ce qu’il veut sur son blog. L’ensemble de ces contenus doit petit à petit former une nouvelle “chaîne”, un nouveau “journal”, chacun parlant de politique, mais aussi, d’art, de ciné, de tout.

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