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Présentation

  • : Démocratie? Ou Ploutocratie?
  • : Pas d'issue aux grands défis de l'humanité (pétrole, eau, famines, biodiversité, érosion, climat...) sans changement de paradigme et TOTALE remise en question tant au niveau individuel que pluriel (mode de vie, économie, progrès…)
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Tonnes CO2/personnes/an

2 = capacité d'absorption de la terre
4 = moyenne mondiale (2 fois trop)
8 = émission moyenne d'un Européen (4 fois trop)
20 = émission moyenne d'un Américain (10 fois trop)
0,09 = émission moyenne d'un Burkinabé
0,06 = émission moyenne d'un Ethiopien

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Bon à savoir

- La production d'un kilo de bœuf nécessite autant d'eau qu'une douche (débit de 18 litres par minute) quotidienne de 5 minutes pendant 2 ans.


- En Europe, chaque tête de bétail est subsidiée à plus de 2 euros par jour, soit un peu plus que le revenu journalier des 2/3 de la population mondiale.

 

- Le total des actifs financiers (crédits et spéculations) atteint 6,7 fois le PIB mondial!

 

- Dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme 6 fois la France.


- Seuls 1,6% des dépenses militaires ou 4,3% des subventions agricoles sont nécessaires pour assainir les besoins en eau de 80% des Africains.


- La fortune des 3 individus les plus riches de la planète est supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres (600 millions de personnes).


- Les pays en développement, qui subissent durement les dérèglements climatiques, ont produit moins de 20% des 350Gt (giga tonne) de CO2 accumulé dans l’atmosphère depuis 1850, alors qu’ils représentent 80% des terriens.


- Pour la banque mondiale, de 2006 à 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 85%. Dans les pays pauvres, les dépenses alimentaires représentent 60 à 90% des budgets des ménages…


- Un plein de 50 litres de bioéthanol correspond à  250 kg de maïs, de quoi nourrir une personne pendant une année.


- Par an, les avions commerciaux émettent autant de CO2 que toute l'Afrique.


- L'élevage industriel consomme autant de céréales qu'Indiens et Chinois réunis (moitié de la population mondiale).

- La production, le stockage, le transport et le conditionnement d'une calorie alimentaire issue de l'agriculture conventionnelle nécessite 40 calories fossiles!


- D'autres chiffres ici

 

Archives

Citations & Livres

Aucun être humain ne vient au monde pour éviter à ses frères la peur de mourir en niant le corps par le travail et l'intellectualisation du monde. [Raoul VANHEIGEM] Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire

 

Ce que fait actuellement la logique de marché, c'est jouer sur la méfiance radicale de l'être humain à l'égard du détachement, ancrée dans l'énergie angoissée du besoin, pour pouvoir inverser l'énergie renonçante du Désir en énergie compulsive de l'envie. [Christian ARNSPERGER] Ethique de l'existence post-capitaliste

 

Le discours économique a une fonction terroriste, celui d'évincer le citoyen du débat [cité par Marie Martin-Pêcheu] Bio-économie

 

La monnaie et l’économie existent parce que l’homme n’a pas confiance en son prochain, qu'il suppose – souvent à raison - vouloir obtenir un échange gagnant. Il veut des garanties. Mais les garanties ne tiennent pas leurs promesses et se révèlent incapables d’empêcher l’injustice. [Didier LACAPELLE] Manuel d'anti-économie

 

Pour ceux qui connaissent le sens profond des choses, les paroles brèves sont des commentaires ; Pour ceux qui se fient aux apparences, les vastes discours ne sont que des abrégés imprécis. [Mawlânâ Djalâl Od-Dîn Rûmî] La geste de Taliesin

 

Notre époque a besoin d’une grande bouffée d’air frais, qui la revivifie. Vienne le temps où chaque individu, rejetant l’apathie dont tire sa force le pouvoir léthargique qui l’opprime, se change en guerrier sans armure et sans autre arme qu’une invisible force de vie. Qu’il combatte sans relâche pour ce qu’il a d’unique et de plus cher au monde, sa propre existence, vrai champ de bataille où nerfs, muscles, sensations, pensées répondent à la sollicitation de désirs obnubilés par la passion de jouir et que contrarient, refoulent, mutilent et nient les mécanismes d’une économie qui exploite le corps à l’égal de la terre. [Raoul VANEIGEM] Nous qui désirons sans fin


A travers le voile de notre vision rationnelle, la lumière du Réel se brise, et la transforme en une autre vision, comme la lumière du soleil dans la pluie donne l'arc-en-ciel. L'homme, devenu conscient du soleil, comprendra l'arc-en-ciel d'une facon différente. Mais celui qui aura le courrage de tourner le dos à ce qui n'est que l'arc-en-ciel, verra le soleil lui-même. L'homme ressent en lui-même et en son monde, la promesse d'une Réalité qui, à l'origine de son développement rationnel, se cache. [Karlfried GRAF DÜRCKHEIM] 
La percée de l'être ou les étapes de la maturité


L'écologie extérieure sans écologie intérieure n'est qu'illusion. Si intérieurement, l'esprit est mu par des violences passionnelles, cela se traduira inévitablement en comportements extérieurs. Intérieur et extérieur sont interdépendants. Sans un changement intérieur de mentalité et de relation, vouloir un changement à l'extérieur est illusoire. [Denys RINPOCHE]


L'économie politique a placé sur un podium quelques-unes de nos dispositions naturelles les plus vilaines : le matérialisme, l'esprit de compétition, la gloutonnerie, la vanité, l'égoïsme, la myopie intellectuelle et la toute bête cupidité. [Hazel HENDERSON] cité par Fritjof Capra dans Sagesse des sages

Si la logique en place est si tenace, c'est peut-être que quelque chose au fond de nous même y collabore - quelque chose qui participe de l'angoisse et du déni de notre condition d'humains. Les voies de sorties, les plus pertinentes de l'économie capitaliste ne sont donc pas économiques. Elles sont existentielles. [Christian ARNSPERGER] Critique de l'existence capitaliste, Pour une étique existentielle de l'économie

Notre siècle de rationalité matérialiste, de pesanteur minérale, de substances toxiques largement répandues, d'une science presque totalement asservie au profit, a porté atteinte au monde sensible qui constitue l'enveloppe vivante et vitale de notre planète. Il semble que ce ne soit qu'à l'aune du sacré que nous pourrions mesurer l'ampleur de notre responsabilité. "J'entends par sacré ce sentiment humble où la gratitude, la connaissance, l'émerveillement, le respect et le mystère s'allient pour inspirer nos actes, les éclairer et faire de nous des être très présents au monde, mais affranchis des vanités et des arrogances qui révèlent bien davantage nos angoisses et nos faiblesses que notre force." [Pierre RABHI] Conscience et environnement

Comme une rivière crée les berges qui la contiennent, l'énergie en quête de vérité crée sa propre discipline sans aucune forme de contrainte; et comme la rivière trouve la mer, l'énergie trouve sa propre liberté.
[Jiddu KRISHNAMURTI]
Le sens du bonheur

Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.

[GHANDI]

Richesse c'est pouvoir. C'est le pouvoir d'acheter; c'est un droit de commandement sur tout le travail d'autrui.
[HOBBES]


Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme
[RABELAIS]


Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; Mieux vaudrait un sage ennemi
[Jean de la FONTAINE]

Chaque fois que l'humanité est amputée d'une de ses langues, une de ses cultures, un de ses peuples, ce sont ses propres enfants qui deviennent orphelins d'une partie d'elle même.
[Patrick BERNARD] www.icrainternational.org

Les paradis fiscaux ne sont pas qu'un phénomène marginal réservé à quelques milliardaires, quelques affairistes et beaucoup de mafieux. C'est, au contraire, « une infrastructure essentielle de la finance internationale ». Christian Chavagneux & Ronen Palan


La richesse se mesure au nombre de choses que nous pouvons laisser intactes
[THOREAU]

 

28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 10:07

Qui n’a jamais vu ces bons multicolores émis par les chaînes de restaurants ou les centres commerciaux qui atterrissent dans nos boîtes aux lettres avec la promesse de réductions sur tel ou tel achat? Pourquoi les régions ne pourraient-elles pas utiliser un système comparable ? Cette idée à été proposée à l’occasion d’un colloque qui s’est tenu en 2002 à Steyerherg (Basse-Saxe) et est devenue aujourd’hui la base d’un projet bien concret, qui rencontre un succès incontestable parmi les participants de tous les secteurs.

 
Le Chiemgauer est un bon qui fut initialement émis par l’école Steiner de Prien am Chiemsee: l’initiateur du projet, Christian Gelleri, l’a pensé d’emblée comme un moyen d’échange complémentaire local. Christian Gelleri enseignait l’économie à la Waldorfschule de Prien, en Bavière, et il a conçu ce projet initialement comme un exercice pratique pour ses étudiants et étudiantes.

 

Le système mis au point par Gelleri se fonde sur une idée simple: créer un moyen de paiement contribuant au développement de la région et s’assurer le soutien des commerçants et des petits entrepreneurs locaux en leur proposant un espace publicitaire. Les commerçants impliqués dans le projet — c’est-à-dire ceux qui acceptent les Chiemgauer comme moyen de paiement — reçoivent en échange de leur soutien un espace publicitaire dans différentes revues et publications. Ce «marché» est très intéressant pour les petits commerçants, dont les dépenses de publicité représentent en général entre 5 % et 10% du chiffre d’affaires. Les frais d’acquisition d’un nouveau client sont encore plus élevés.


Toute personne ou association locale qui souhaite s’impliquer dans le système doit acheter des bons auprès de la centrale d’émission — à l’origine, il s’agissait de l’école de la ville — et reçoit un bonus, qui s’élève à environ 3 % de la valeur nominale. On obtient donc 103 Chiemgauer pour le prix de 100 euros.


Comment fonctionne un Chiemgauer?
Les personnes intéressées achètent ces Chiemgaueruniquement avec des euros. Avec ces bons, les participants peuvent payer les commerçants qui les acceptent. Les commerçants qui reçoivent ces bons ont alors un choix: soit ils demandent à échanger leurs bons contre des euros, auquel cas ils doivent payer des frais de change équivalant à 5 % de la somme; soit ils les utilisent pour payer des fournisseurs, auquel cas ils ne perdent pas ces 5 %. Avec ces bons, ils peuvent, s’ils le souhaitent, rémunérer en partie leurs salariés, ou, par exemple, payer la publication d’une petite annonce commerciale dans le journal local. La centrale d’émission couvre ses frais d’émission (impression, etc.) avec la marge de 2 % qui se dégage entre le bonus de 3 % garanti aux acheteurs et les 5 % de frais de change.


Ce sont les parents de l’école qui, les premiers, ont acheté des Chiemgauer. Par le biais d’un système d’abonnement qui leur permettait d’échanger, par exemple, tous les mois, 200 euros contre 206 Chiemgauer, ils ont donné l’impulsion nécessaire au lancement du projet et à son bon fonctionnement. Les marges dégagées grâce àces abonnements ont permis à l’école de financer des travaux d’agrandissement. Petit àpetit, d’autres initiatives et d’autres participants se sont associés au système, qui s’est bientôt étendu àtoutes les zones de la région (Voir les détails de l’expansion géographique et des participants sur le site www.Chiemgauer.info)


La circulation de la monnaie est garantie par une sorte de système de redevance. Techniquement, cela s’appelle un demurrage, l’équivalent du coût de parking pour l’argent. C’est également ce que l’on appelle une monnaie fondante (Silvio Gesell). C’est exactement l’inverse d’un intérêt: plutôt que de recevoir des intérêts parce qu’on garde l’argent dans un compte, le demurrage est un coût pour motiver la circulation de l’argent. Dans le cas du Chiemgauer, au début de chaque trimestre, on doit coller sur les bons un timbre équivalant à 2 % de sa valeur faciale, pour que la monnaie reste valable. Les revenus générés par les timbres assurent une rentrée d’argent supplémentaire pour financer différents projets de nature sociale. En 2008, une enquête auprès des utilisateurs du Chiemgauer a été réalisée pour décider s’il valait mieux simplifier le système en éliminant OU réduisant la fréquence des charges de demurrage. La surprise fut que les commerçants, qui initialement étaient méfiants vis-à-vis du demurrage, sont maintenant enthousiastes. Un propriétaire de cinémas, par exemple, expliquait qu’il y a chaque fois un afflux de clients nouveaux qui se manifestent pendant les dernières semaines du trimestre parce qu’ainsi les gens peuvent éviter d’apposer eux-mêmes les timbres de demurrage. Pour les commerçants, ce sont les meilleures semaines du trimestre!

 

Une étude réalisée sur la circulation du Chiemgauer a également révélé que les bons en Chiemgauer circulent en moyenne vingt fois par an, comparativement à seulement trois fois et demi pour des euros. C’est-à-dire que le Chiemgauer crée presque six fois plus d’affaires et d’emplois que l’euro!

 

Fin 2006 il y a eu émission d’e-Chiemgauer, des Chiemgauer électroniques. Après deux ans, ils circulent environ dix fois par an, ce qui est la vélocité qu’avaient atteint les bons après deux ans.

 

Au début, les commerçants avaient tendance à échanger leurs Chiemgauer pour des euros à la première occasion. Maintenant, ils utilisent de plus en plus les Chiemgauer pour effectuer les paiements à leurs propres fournisseurs, ce qui leur permet d’éviter de payer les 5 % de frais de change. Cela explique également pourquoi la vélocité de circulation augmente après plusieurs années d’utilisation.

 

L’effet sur tous les participants est clair: ils paient en Chiemgauer dès qu’on leur en offre la possibilité et préfèrent dépenser le Chiemgauer à l’euro, surtout pour certains types d’achats. Et c’est bien le but. Les entreprises participantes de la région ont tout lieu de s’en réjouir puisque leurs activités ne s’en portent que mieux. Et les recettes du système profitent à des projets environnementaux, sociaux ou culturels portés par des ssociations locales. Par exemple, l’école Waldorf reçut ainsi un revenu supplémentaire de quelque 6000 euros en 2007.

 

Les commerces qui acceptent ce moyen d’échange doivent consentir à un petit coût supplémentaire. Mais cela reste moins cher que les moyens traditionnels disponibles pour attirer des nouveaux clients ou garder les anciens: la publicité, les réductions de prix ou les bons à découper dans les journaux. De plus, ils savent que cette perte financière, du reste peu importante, soutient les activités des associations locales. Par ailleurs, contrairement aux cartes de réduction proposées par certains grands magasins, les informations relatives au client ne sont pas utilisées à des fins commerciales (voir www.chierngauer.info)

 

L’avantage du système est que l’on peut changer ses bons en euros, et inversement, selon les dépenses que l’on doit effectuer. L’existence de cette passerelle entre les deux systèmes monétaires permet également d’éviter un gonflement irresponsable de la masse de Chiemgauer en circulation.

 

Le Chiemgauer s’est associé récemment à un système local voisin, le Sterntaler. Ensemble, ils sont maintenant utilisés par huit cent vingt commerces et entreprises divers. Dix succursales de banques locales sont maintenant émettrices de Chiemgauer, ainsi que trente autres négoces. Le volume en circulation atteint l’équivalent de plus de 250.000 euros à la mi-2OO8, dont 130.000 sous forme de bons et 120.000 sous forme électronique. Ces montants peuvent paraître modestes, mais ils créent quand même un chiffre d’affaires équivalant 3 800 000 euros par an pour l’économie régionale(1). De plus, comme la moyenne des négoces n’accepte le paiement en Chiemgauer en moyenne qu’à 80 % du prix total(2), il faut multiplier ce chiffre d’affaires par un tiers pour atteindre un total de 4.750.000 euros(3). Finalement, on estime qu’une fois que des clients obtiennent des informations sur un négoce par le réseau Chiemgauer ou par son site sur la toile, ils achètent en euros directement, même lorsqu’ils n’ont pas de Chiemgauer à dépenser. Ce volume par «ricochet» est estimé au minimum à un demi-million d’euros. Cela veut dire que le modeste volume de 200.000 Chiemgauer génère un volume d’affaires et d’emplois correspondant à plus de 5.000.000 euros.

 

Il est intéressant de remarquer que des banques se sont également mises à encourager le Chiemgauer parce que les participants placent leurs euros sur un compte bancaire et ne les retirent que quand ils ont besoin de Chiemgauer. C’est pourquoi la banque GLS collabore maintenant étroitement avec les organisateurs du Chiemgauer. Grâce à ce partenariat, on peut maintenant retirer des Chiemgauer dans certains distributeurs automatiques de billets dans la région, De plus, les capitaux avec lesquels les Chiemgauer sont achetés s’accumulent au fil des années et peuvent être distribués sous forme de crédits à court terme, par exemple à une petite entreprise en difficulté qui aurait besoin de rembourser un découvert.

 

En Australie, dans un projet comparable, quoi qu’avec une orientation plus commerciale, 70 % des bons avaient été échangés en dollars à la fin de la première année. La deuxième année, seuls 70% des bons avaient été changés: les dollars déposés sur les comptes bancaires ont permis de racheter ensuite plusieurs firmes australiennes(4).

 

 

L’euro comme standard de mesure?

 

La question de savoir si la valeur du regio doit observer une stricte parité avec l’euro reste une question ouverte. La parité euro/regio peut être utile dans la mesure où elle simplifie les éventuelles conversions et permet aux commerçants de ne devoir afficher qu’un seul prix. Il est, en tout état de cause, important de fixer une clause garantissant la convertibilité du regio en euro, à tout moment. La parité facilite le passage d’un système monétaire à l’autre. Si l’on voulait se départir de l’euro, on pourrait, par exemple, prendre comme unité de compte le coût moyen d’une heure de travail, le coût d’un mètre cube d’eau, d’un gramme de charbon ou d’un kilowatt d’électricité, sur le modèle de certaines initiatives japonaises. Ces unités de compte très matérielles présentent cet avantage d’être protégées contre l’inflation.

 

 

 

Note :

(1) 130.000 Chiemgauer en bons en circulation x 20 = 2.600.000 et 120.000 Chiemgauer en circulation x 10 = 1.200.000 en 2008.

(2) La plupart des négoces acceptent les Chiemgauer à 100%, mais dans le commerce en gros entre négoces, c’est rarement le cas, avec une moyenne de 70 % d’acceptation de Chiemgauer. Gelleri estime qu’en moyenne, sur l’ensemble des transactions, l’acceptation est de l’ordre de 80%.

(3) 3.800.000 euros divisé par 0,8 représente 4.750.000 euros.

(4) Le Save Australia Buyers Club a précisément été créé pour organiser le rachat progressif de firmes australiennes selon Robert Walsch, qui est à l’origine du projet, 80% des entreprises australiennes sont la propriété d’étrangers qui, en retour, ne paient que 6% des impôts perçus par le gouvernement fédéral australien. En effet, la plupart de ces firmes ont installé leurs sièges sociaux dans des paradis fiscaux comme les îles Cook, ce qui leur permet de défiscaliser les profits de leurs filiales australiennes. Pour faire évoluer cet état de fait, le Save Australia Buyers Club émet et vend des bons qui circulent ensuite comme une véritable monnaie. Grâce aux recettes de la vente de ces bons, un capital s’accumule, qui permet de racheter des entreprises australiennes.

 

Source :

Bernard LIETAER & Margrit KENNEDY, Monnaie régionales, de nouvelles voies vers une prospérité durable, p 113 à 118

 

Plus d’infos :

www.regiogeld.de Outre le Chiemgauer, il existe aussi les Tauber Franken, Ammerlechtaler, Sterntaler, Land mark, Styrrion, Eder taler, Berliner regional, Nah gold, etc.

 

En français sur TRANSVERSEL et sur WIKIPEDIA

 

Lire enfin, dans Horizons et débats un entretien très intéressant avec Christian Gelleri, fondateur du Chiemgauer.

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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 09:16


Depuis 1930, après la crise de 29, les États-Unis ont mis en place toute une série de règles (détaxation prêt hypothécaire et impôts fonciers) et d’organisme fédéraux pour favoriser l’accession à la propriété : Government Sponsonred Entities (GSE) et Federal Home Loan Banks (FHLB). Or cette accession à la propriété a des limites. Elle en a d’autant plus dans un pays dans lequel la répartition du revenu est loin d’être uniforme. Dans un pays où la protection sociale est rudimentaire, l’investissement immobilier constituait également une bonne assurance vieillesse. Étant entendu que le prix de l’immobilier croisse constamment.


Malheureusement, à force de donner du terrain et des maisons à tout le monde, vient bien un moment où il faut s’attaquer à des franges de la population moins nanties, moins gâtées par le système capitaliste. Qu’à cela ne tienne, le rêve américain n’a pas de limites ! Tout le monde peut emprunter pour acheter sa maison ! Tout le monde même les personnes n’ayant pas de revenu. Il s’agit des « no docs loans », des prêts sans documents. Il est possible d’emprunter en ne remboursant que les intérêts. Le remboursement du principal étant postposé à la fin du prêt. Il est même possible d’emprunter sans être en mesure de rembourser la totalité des intérêts par mois ! Il existe aussi des démarcheurs payés à la commission et qui cherchent les personnes les plus risquées « prêt rapace » (predatory lending). C’est ça les sub-primes !


Les organismes prêteurs spéculent sur le défaut de remboursement en espérant revendre le bien immobilier avec une plus-value. L’affaire est d’autant plus juteuse qu’il est possible de revendre les emprunts pourris en les segmentant et en les emballants dans de beaux paquets brillants (ABS, CDO, CDO square, ABCP, SIV) et sans cachet d’origine ni marque de fabricant. C’est ça la titrisation !


Nombreux et au même moment furent les emprunteurs en défaut de payement. Il fallut donc vendre les biens en masse. Vente qui fit chuter le prix de l’immobilier. Plus les prix chutaient plus des franges de population à moindre risque (déjà à gros risque pour l’Europe) furent touchées, donc obligées de vendre, donc faisant chuter à leur tour le prix de l’immobilier et ainsi de suite... La bulle éclata !

 
Or fin 2006, le marché et les opérateurs financiers avaient découvert le pot-aux-roses. Plus personne ne voulait des instruments financiers qui circulaient car ils pouvaient toujours cacher des crédits subprimes qui ne valaient plus rien (Cas des CDO et CDO square dont la complexité est telle qu’il est impossible d’en détecter l’origine).


Les agences de notations ont pris un sacré coup dans l’aile et ont revu leurs cotes à la baisse. Tous les bonimenteurs de première ligne (Bear Sterns, MBIA, Countrywide, Indymac…) avaient besoin de liquidité pour honorer leurs mensonges. C’est alors qu’ils se sont tournés vers les agences fédérales dont Fannie Mae et Freddie Mac (GSE).


Très vite ces agences furent submergées et l’économie américaine mise au pied du mur. Fort de sa position dominante dans l’économie mondiale, l’État américain usa et abusa de son privilège pour tenter de sauver sa peau. Chine, Japon, Taïwan et Corée du Sud ont soutenu l’économie américaine en achetant massivement les bons du trésor US, ou plutôt « les bons du mensonge US » ou « les bons du rêve américain ». L’évolution de la courbe du crédit est d’ailleurs similaire à celle de l’évolution de la balance commerciale déficitaire des États-Unis.


C’est ainsi que l’État, le contribuable et le reste du monde, paye l’ardoise finale.


Si, comme les ultras libéraux le proclament souvent, les États-Unis avaient laissés libre cours au marché, le gros de la crise aurait éclaté fin 2006 en mettant bas toute l’économie américaine. En intervenant sur le continent américain et dans le monde, nous ne faisons que retarder l’échéance et aggraver le sort des plus démunis. Mais comme les tenants du système, consortium de banques et de grands opérateurs privés, sont les principaux responsables de la crise, ils pensent avant tout à sauver leurs mises et non celle du plus grand nombre.


Comme l’avais si bien dit un journaliste du Monde : « l’ironie suprême réside ainsi dans le fait que la « socialisation » du système bancaire est acceptable lorsqu’elle sert à sauver le capitalisme : le socialisme est néfaste - sauf lorsqu’il permet de stabiliser le capitalisme. »


Le capitalisme et sa panacée « loi du marché » ne peut survivre seul. Le capitalisme à besoin du socialisme ou du communisme pour corriger ses excentricités égoïstes. Comme souligné dans le
DOGME 6, le marché n’est vrai et efficient que s’il est totalitaire. Or à chaque fois qu’il veut l’être en balayant tout les parvenus de la planète, nous lui coupons la chique en lui interdisant sa « libre expression » !


C’est donc avec les subprimes, la titrisation et la complicité de l’État que la frontière entre le monde symbolique du pouvoir et le monde réel du peuple fut franchie. Rappelez vous cette phrase de l’article précédent : « Il lui suffit d'être bien prudent, pour que cette richesse symbolique qui ne correspond à aucune richesse réelle ne filtre pas vers ceux qui ont de vrais besoins et l'utiliseraient pour consommer ».


Les États-Unis n’ont pas été prudents. L’État défend bien plus les droits du capital que ceux de l’homme. L’émission monétaire est bien plus stimulée par l’exigence de rentabilité sur capital que par un souci de bon fonctionnement économique pour le plus grand nombre.


La paroi entre Capital « productif » et Capital « spéculatif » n’est pas parfaitement étanche. Elle dépend essentiellement de la confiance. Et la confiance, ça se gagne autrement qu’avec des billets.


Il est temps pour le peuple de comprendre pour pousser les choses à son avantage. Il faudrait réellement scinder les deux mondes : une monnaie pour le peuple ; une monnaie pour le pouvoir. Il en était ainsi avant l’obligation d’uniformisation poussée par des pulsions hégémoniques. Des louis d’or pour le roi et des méreaux de bronze pour le peuple. Une monnaie scripturale pour le pouvoir et une monnaie fiduciaire pour le peuple. Légaliser l’auto-convertibilité des deux à tout moment est suicidaire.


Créons notre propre monnaie pour nos besoins locaux et laissons les « grands » de ce monde jouer avec leurs Dollars, Euros, Yuan ou Rouble. Ces devises internationales qui nous asservissent, qui nous mettent à la rue, qui amputent la dignité humaine et la beauté du monde. Fi donc, des monnaies impériales tachées du sang des hommes et de la terre !

Plus dans la section MONNAIE de ce blog.


 

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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 11:51

Un petit extrait de l’article Deux Richesses du site Nouvelle Société


En s'acceptant «néo-libéral», le capitalisme garantissait sa survie. En plaçant un filet de sécurité sous le trapèze de l'initiative, le capitalisme devenait plus attrayant que le communisme ou le fascisme, ses deux rivaux immédiats. Le problème était posé, toutefois, de maintenir ce filet à un coût acceptable aux acrobates de la libre-entreprise. Comment donner de la richesse sans créer une inflation qui ruinerait tout le monde, comme on en avait eu l'illustration caricaturale dans l'Allemagne de Weimar ?


Le génie du système néolibéral a été de faire clairement la distinction entre d'une part la richesse qui est composée des biens et services qu'on consomme et, d'autre part, la richesse symbolique, scripturale, qui n'est que du papier, mais qui a une valeur indiscutable comme outil de pouvoir.
 

(…)
On ne peut déplacer l'argent «pour consommation» des travailleurs vers les riches sans rompre l'équilibre de la demande effective, mais on peut créer et donner aux riches une richesse symbolique «pour le pouvoir». On peut en créer et leur en donner autant qu'il en faut pour les motiver et les garder heureux, sans aucun effet négatif apparent. On peut leur en donner des trillions (1 trillion = 1000 milliards).C'est ce qui a été fait.


3 trillions USD pour la guerre en Irak ; 
9 trillions USD perdus dans les livres comptables de la Fed (vidéo ci-dessus) ;

8 trillions USD de pertes des cours boursiers après l’attentat du WTC ;

2,3 trillions USD perdu au pentagone (vidéo ci-dessous);

indice Dow Jones multiplié par 15 en 20 ans et réduit de moitié en 1 an;

etc. etc…

 

Pour se faire une idée de l'odre de grandeur, le PIB mondial de 2007 est de 50.000 milliards USD. L’affaire Kerviel, pour laquelle on a fait un foin de tous les diables, ne se chiffre qu’à 5 milliards USD. Quant à Madoff c’est 50 milliards USD. Les 9 trillions USD de la Fed, c’est 1800 Kerviel ou encore 180 Madoff !
 


 

Première constatation : que représente la lutte contre l’inflation centrée sur la hausse des salaires ou l’indice des prix à la consommation par rapport à ces sommes astronomiques ? Les guerres, la prétendue lutte contre le terrorisme avec le soutient massif à l’industrie de l’armement ne constituent pas la principale source d’inflation ?


Deuxième constatation : s’il est vrai que toute l’économie est fondée sur le crédit et la dette, que ces dettes finissent par s’annuler à l’échéance, il n’en reste pas moins que ces sommes empruntées s’accompagnent toujours d’intérêts et de jeux boursiers dans l’hyperespace financier. Comme, conformément à l’argumentaire du monopole bancaire privé, il n’est officiellement pas acceptable de produire autant d’argent comme pour rire, il faut bien, de ci, de là, quelques ajustements de bienséance. Ces ajustements s’opèrent soit par
monétisation de dettes (cas des États-Unis actuellement), soit par des « pertes » inopinées dans les livres comptables… 


Comme le dit
Nouvelle Société dans son article Jeu dans l’hyperespace financier : « Ne vous tracassez pas de ce qui est aux livres sans être au bilan : ce sont de simples singularités de l'imaginaire, des trous noirs qui absorbent de l'énergie et du travail, mais dont il ne ressort rien. ».

Retour à l’article Deux Richesses

"Pourquoi, avec tout cet argent qu'on crée et qui, par définition, ne peut correspondre à la production d'aucun bien réel, la valeur de l'argent ne plonge-t-elle pas tout droit vers zéro (0)? Parce qu'aussi longtemps que ceux dont les besoins sont déjà satisfaits n'utilisent pas leur argent pour acheter plus, ils ne constituent pas une demande supplémentaire qui pourrait créer une rareté et faire grimper les prix. Or, évidemment, ils n'utilisent pas l'argent supplémentaire qu'on leur donne pour acheter plus, puisque leurs besoins sont déjà satisfaits. CQFD.

Que font-ils de cet argent ? Ils l'épargnent, ils investissent, ils spéculent, mais ils ne le consomment pas. Aussi longtemps que les gagnants gardent leur argent dans un autre univers, qui n'est pas celui de la consommation, il n'y a pas de problème d'inflation. Donner un chèque d'un milliard d'euros qui ne sera pas encaissé ne changera rien à vos fins de mois. Quand il a l'assurance qu'elle ne sera pas consommée, l'État peut créer une richesse symbolique illimitée et la distribuer comme bon lui semble. Il lui suffit d'être bien prudent, pour que cette richesse symbolique qui ne correspond à aucune richesse réelle ne filtre pas vers ceux qui ont de vrais besoins et l'utiliseraient pour consommer."

Mais alors, comment se fait-il que la « richesse pouvoir » libellée en trillion soit parvenue à affecter la « richesse consommation » libellée en milliers ?


C’est ici que le bât blesse ! Contrairement à ce que l’on entend souvent, la crise que nous connaissons n’est pas le fait de la « main invisible » d’Adam Smith (loi du marché) mais bien plus d’une politique particulièrement interventionniste. Les États-Unis comme le Royaume Unis et tous les ultralibéraux sont les premiers à cracher sur l’État... sauf quand ils ont besoin de lui!

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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 11:51

Nous sommes actuellement dans l’œil du cyclone, il fait calme, on va prendre des vacances et tout reprendra en septembre… C’est, du moins, ce qu’en disent les médias et nos grands penseurs internationaux.  Le G20 à déjà sorti toute son artillerie lourde de sortie de crise.

 

Pour vous faire une idée, selon Bloomberg, le gouvernement US a déjà dépensé 3,2 trillions (1000 milliards) de dollars et serait prêt à aller jusqu’à 7,7 trillions pour relancer la machine infernale. Or, la somme totale de toutes les grosses dépenses US de son histoire (guerre du Vietnam, d’Irak, plan Marshall, etc.), ramené aux taux d’inflation actuel, s’élève à 3,5 trillions. Si encore cela s’avérait utile ! Malheureusement, ce petit jeu, consistant à donner aux banques ce qu’elles veulent, n’a absolument pas solutionné les problèmes de l’économie réelle : resserrement du crédit avec pour conséquence des pertes d’emploi et des faillites.

 

Pour se faire une idée, il y a aussi les deux derniers rapports (N°35 & 36) du GEAB (Global Europe Anticipation Bulletin) titrés respectivement « Quand le monde sort définitivement du cadre de référence des soixante dernières années » (voir figure) et « Les trois vagues scélérates de l'été 2009 ». Le numéro 35 insiste sur la perte de point de repères et d’indicateurs fiables contrairement aux annonces optimistes mondiales. L’équipe du GEAB nous conseille d’ailleurs de revoir le film Matrix pour « réfléchir aux conséquences de la manipulation des capteurs et indicateurs d’un environnement sur la perception de cet environnement. »

Dans le numéro 36, le GEAB souligne que l’été 2009 va voir la convergence de trois vagues destructrices: chômage, faillites, mort du Dollar et de la Livre.

 

Idem pour le G20 ou l’Europe ! « Chaque pays est représenté par son Ministre des Finances et son Gouverneur de Banque Centrale, auxquels sont rattachés plusieurs centaines de Hauts Fonctionnaires, choisis pour leurs parfaites convictions néolibérales au sein des administrations nationales et internationales.(…) personne ne peut devenir ni le Gouverneur d’une Banque Centrale ni le Ministre des Finances d’aucun des pays membres… sans avoir été coopté par les banquiers commerciaux ou par les assureurs (qui généralement sont actionnaires des banques les plus importantes). » (Source : G20: no chance for any change!)

 

La référence dollar touche à sa fin. Son remplacement est de plus en plus souvent évoqué par les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). La Chine avance l’usage de Droits de Tirages Spéciaux (DTS) du FMI, basé sur un panier de monnaies et permettant d’équilibrer les balances commerciales en déficit ou en excédant entre nations. Bye-bye l'escroquerie américaine, bonjour celle des pays BRIC(1). En 2002 par exemple il a été calculé que le dollar avait rapporté 400 milliards aux États-Unis rien que parce que c’était la devise internationale. Cela fait longtemps que les États-Unis vivent à crédit, mais il semble, cette fois, qu'ils ont été trop loin. Le monde en a ras-le-bol de travailler pour un client qui ne paye pas ou plutôt qui paye en « monnaie de singe et actifs toxiques ».

 

Le seul précipité de force du dollar réside dans sa détention par un nombre de créanciers encore trop nombreux. Tous tentent de s’en débarrasser au plus vite, achats massifs de terres (Cfr. Pays pauvres à vendre), de matières premières (la Chine a fait son stock), achat d'or, de devises refuges... Voyez par exemple ce fait divers 134 milliards dans une valise à la frontière Italo-suisse! Ou encore cette fameuse vidéo circulant sur YouTube concernant la « perte » de 9000 milliards de dollars à la Fed. Y aurait-il suffisamment d’arbres sur terre si nous devions réellement imprimer ces 9000 milliards en billets papier ? Pour une analyse plus technique et pointue, l’article Analyse marchés : on ira pas plus haut ! dénote, entre autre, une baisse de prix des bons du trésor Américain, source principale de financement du gouvernement US. Autre signe : l’hilarité générale des étudiants de l’Université de Pékin provoquée par l’annonce de Timothy Geithner (secrétaire d’État au Trésor américain) sur la sécurité des avoirs Chinois en Bons du Trésor américain. (Examiner/Reuters, 02/06/2009)

 

La mort du dollar ne se fera pas sans heurt. De « non négociable », le mode de vie américain va devenir « peu enviable ». Tous les grands empires ont une fin : Incas, Grecs, Romains… Tous les grands dogmes ont aussi une fin : l’argent est rare, la monnaie est neutre, tous les profits son bon pour la nation ou encore, la confiance ne se rétabli pas à grand coup de milliards !

 

Grave ? Oui ça l’est… mais certainement pas plus grave que ce qui nous attend dans un avenir qui se fait chaque jour de plus en plus proche… Voyons le bon côté des choses, puisque les beaux discours (Mitterrand), avertissements (Reeves, GIEC), rapports (Stern), protocoles (Kyoto) et accords internationaux ne suffisent pas, une sérieuse crise n’est-elle pas le meilleur moyen de nous faire revenir à la réalité ? Cette crise économico-financière est une mise au pas forcée du monde pour qu’il comprenne que son système de valeur dominant est caduc et hypocrite. Un système de valeur « hors sol », totalement déraciné des réalités humaines et naturelles. Malheureusement ce sont encore les plus faibles et les plus démunis qui vont en pâtir.


Note:
(1) Plutôt que de baser les DTS sur un panier de monnaies dominantes il serait plus juste et durable de les baser sur un panier de matières premières et services les plus échangés au niveau international. Une « Trade Reference Currency (TRC) » du type
TERRA, qui tente de minimiser les intérêts nationaux et approcher au mieux les échanges mondiaux majoritaires de biens et services.

 

Source :

Le monde : L'hégémonie du dollar est attaquée de toutes parts

Rue 89 : Jusqu'où l'État américain peut-il s'endetter ?

Contreinfo : La prochaine tempête sur le dollar

GEAB 35 : Quand le monde sort définitivement du cadre de référence des soixante dernières années

GEAB 36 : Les trois « vagues scélérates » de l'été 2009

 

Lire aussi :

* Vers une dislocation géopolitique mondiale

* Après le 15 août 1971 de Nixon, voici le 18 mars 2009 d'Obama

* James ROBERTSON: « pour une réforme monétaire adaptée à l'ère de l'information »
*
OBAMA au pays des « portes tournantes » de la Haute Finance Américaine

 

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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 12:54

Entretien avec Jean-François NOUBEL

 

De la même façon que le micro-ordinateur a donné leur autonomie informatique à toutes les unités humaines (maisons, entreprises, écoles, institutions...) et que les technologies vertes promettent de leur donner une autonomie énergétique (solaire, éolien, géothermie, etc.), voilà qu’arrivent les monnaies libres (« open money »), censées donner à chacun son autonomie monétaire. En termes techniques, après la généralisation de l’html (protocole informatique qui permet à n’importe quel ordinateur de se brancher sur internet) et de l’http (langage universel du web) qui ont transformé chaque citoyen planétaire en émetteur/récepteur d’informations (au moins potentiel), préparez-vous au prochain protocole du world wide web : appelons-le provisoirement htxx. Grâce à lui, chacun pourra bientôt devenir émetteur/récepteur de monnaies - ce qui va métamorphoser l’économie et la société, mais aussi nos vies et nos esprits. Nous avons interrogé l’un des membres du petit groupe qui prépare cette révolution.

Propos recueillis par Mélik N’Guédar



Nouvelles Clés : Avant les années 70, personne n’avait vu venir le micro-ordinateur et les bouleversements qu’il allait apporter. Dans les années 80, qui nous parlait d’Internet ? Aujourd’hui, vous dites que nous sommes à la veille d’un choc aussi grand, concernant non plus l’information, mais la monnaie ?


Jean-François Noubel :
Finement comprendre la monnaie est une expérience incroyable, quelque chose de l’ordre du film Matrix. On se libère des conditionnements du système, pour le contempler du dehors, dans ses structures fines. La plupart des échanges sont aujourd’hui monétarisés. La monnaie imbibe tout, nos psychés, nos comportements, bien au-delà de ce que nous imaginons. L’ensemble du monde actuel est modelé par la monnaie. Réaliser cela est très secouant. C’est du même ordre que découvrir la rotondité de la terre. On ne passe pas le déni, la colère, le marchandage, etc. Avant de pouvoir vous parler de l’arrivée des « monnaies libres » (open money), il est indispensable de comprendre deux ou trois choses sur notre système actuel.


Vous avez déjà joué au Monopoly, n’est-ce pas, avec des joueurs et une banque ? Si la banque ne donne pas d’argent, le jeu s’arrête, même si vous possédez des maisons. On peut entrer en pauvreté, non par manque de richesse, mais par manque d’outil de transaction, de monnaie. Dans le monde d’aujourd’hui, 90% des personnes, des entreprises et même des États sont en manque de moyens d’échange, non qu’ils soient pauvres dans l’absolu (ils ont du temps, des compétences, souvent des matières premières), mais par absence de monnaie. Pourquoi ? Parce que, comme dans le Monopoly, leur seule monnaie dépend d’une source extérieure, qui va en injecter ou pas. Il n’y a pas autonomie monétaire des écosystèmes.


Au Monopoly tout le monde commence à égalité. Puis, peu à peu, des déséquilibres s’introduisent. Si la banque décidait de faire payer la monnaie, avec taux d’intérêt, les déséquilibres s’accroîtraient encore plus vite, parce que, mathématiquement, l’intérêt évolue de façon exponentielle. Aujourd’hui, 95 % de la monnaie mondiale est payante. En moyenne, quand vous achetez un objet, le cumul des intérêts constitue 50% de son prix. Cette architecture fait que la moindre inégalité s’amplifie très vite : plus vous êtes riche, plus vous avez tendance à vous enrichir, plus vous êtes pauvre, plus vous avez tendance à vous appauvrir. Il y a un phénomène d’auto-attraction de la monnaie, quasiment comme la matière dans le cosmos. On parle de « loi de condensation », avec des boucles en feedback positif ou négatif.


Le premier a en avoir parlé, au XIX° siècle, est l’économiste Vilfredo Pareto, qui avait beaucoup voyagé et constaté que, quel que soit le système, 20% de la population humaine possédait en moyenne 80% des richesses. Le « principe Pareto » a montré que notre système monétaire n’était pas viable à long terme - tout le monde est d’accord là-dessus, même les dirigeants de l’US Federal Bank. C’est par nature un système à cycle court, où l’on doit régulièrement remettre les compteurs à zéro, par une crise grave, un crack général, une guerre. Ce système encourage fondamentalement le court terme, la compétition, la propriétarisation d’un maximum de choses, ressources, mais aussi savoir, espèces vivantes, etc.

Dans la métaphore du Monopoly, le décalage entre riches et pauvres s’accroît jusqu’à l’absurde, puisque finalement, le riche élimine les pauvres et, se retrouvant seul, ne peut plus jouer. Même s’il dit qu’il a « gagné », c’est un jeu à mort collective. Si vous faisiez jouer à ce jeu les dix sages les plus sages du monde, ils ne pourraient rien y changer, car tout dépend de la règle, c’est-à-dire de l’architecture intrinsèque du système, notamment en ceci : les joueurs dépendent d’une source extérieure qui leur fournit l’outil de leurs propres transactions et, ce faisant, leur dicte sa loi.

 

Lire la suite : Open Money : bientôt chacun créera sa propre monnaie

 

Le projet open money : http://openmoney.org/

Free-Currency ou monnaie libre : http://free-currency.over-blog.com/

 

 

Les engagements de Jean-François NOUBEL

 

Créer une organisation globale mue par la sagesse. Partout les moyennes et grandes organisations ont un cerveau reptilien au niveau collectif (cf. intelligence collective pyramidale. Elles agissent suivant les dynamiques du vivant archaïque : survivre, se reproduire, manger, conquérir, éliminer ou maîtriser l'adversaire, etc. La sagesse collective a toujours été accessible en petit groupe (cercles de sagesses, communautés spirituelles...), aujourd'hui le vivant social essaie de dépasser les limites du nombre (de participants) et de la distance (entre eux). Nous assistons à l'évolution de l'intelligence collective originelle vers l'intelligence collective globale?. Le travail de recherche en ISCC démontre cette tendance et cette possibilité. Plutôt que de simplement observer et en parler en tant que chercheur, je suis également engagé à faire de TheTransitioner.org une organisation globale mue par la sagesse. Il a suffit de faire voler un seul avion pour créer l'aviation, il suffit de créer une seule organisation globale « sage » pour aider l'évolution à s'engager dans cette voie. Il n'est de meilleure force que l'inspiration par l'exemple.

Développer le prochain système monétaire. L'argent, tel que nous le connaissons, contient en lui une architecture qui attise la rareté, la centralisation, la concentration, le secret, la propriétarisation. Issue de l'idéologie de la société victorienne, sa structure n'est plus adaptée aux besoins systémiques du monde d'aujourd'hui (harmonisation entre le local et le global, développement durable, économie du don, sagesse...). La monnaie va subir une évolution fondamentale et évoluer vers les « monnaies communautaires » (community currencies). Chaque collectif pourra créer ses propres monnaies pour sa place de marché. De la même manière qu'il y a aujourd'hui des millions de groupes de discussion, de blogs, de médias, de réseaux sociaux, il y aura des millions de monnaies destinées à faire circuler la richesse au sein de ces collectifs. Le projet open money auquel je participe a pour but de fournir toute la panoplie nécessaire à tout collectif pour se créer sa monnaie en quelques clics. Cela représentera l'évolution la plus importante pour l'humanité dans les prochaines années.

Communiquer, former, échanger. Que ce soit à travers internet ou les moyens classiques, communiquer, former, échanger est essentiel. Courant 2008 j'ai pour objectif de finir mon livre sur l'ISCC.

 

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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 11:55

Bernard Lietaer travaille dans le domaine des systèmes monétaires depuis 30 ans. Après avoir exercé le métier de banquier central, il a été enseignant et consultant. Son livre, Le Futur de la monnaie, publié en 1999, a été traduit en 18 langues. À présent, après avoir écrit avec Margrit Kennedy Monnaies régionales, nouvelles voies vers une prospérité durable, il revient au pays pour mettre en oeuvre, en Flandre, une monnaie alternative !

Bernard Lietaer, comment voyez-vous la crise financière ?

Je la compare à une voiture sans freins avec laquelle on devrait traverser les Alpes. Peu importe où surviendra l’accident, il est inévitable. Ainsi, depuis 1975, notre système monétaire a connu 96 crises bancaires et 176 krachs monétaires. Il est, comme cette voiture sans freins, systématiquement instable. Qui ose le dire ? On parle des trous dans la route, on change de conducteur... Bref, toutes les solutions avancées sont des emplâtres sur une jambe de bois.

Quelle solution proposez-vous ?

Je préconise la création de monnaies complémentaires qui permettent de compenser les failles d’un système dominant et monopolistique. L’expérience des monnaies complémentaires existantes a montré qu’elles « respirent » en contre-cycle par rapport à l’économie en monnaie conventionnelle. Quand celle-ci se porte bien, les systèmes complémentaires restent marginaux. En période de récession, ils se développent parce qu’ils facilitent la poursuite de l’activité économique. Un bon exemple est le WIR, en Suisse. La Suisse est un État capitaliste assez conservateur. Cela n’a pas empêché une poignée d’entrepreneurs – ils étaient seize, en 1934 – de créer une monnaie complémentaire permettant aux entreprises membres de se faire crédit l’une à l’autre. 75 ans plus tard, les membres du WIR sont 75 000 et leur coopérative est devenue une banque. Il a été démontré que cet instrument joue un rôle important dans la stabilité de l’économie suisse.

Vous dites bien « monnaie complémentaire » ?

Oui, car je ne préconise pas une grande révolution, mais plutôt le développement de systèmes qui se développent spontanément en cas de récession. C’est en ce sens qu’une crise représente une opportunité. Je ne suis pas contre d’autres solutions comme les nationalisations ou la régulation, mais la régulation ne va pas supprimer les crises, elle ne peut qu’en réduire la fréquence. Quant à des transformations plus radicales, elles rencontrent la résistance des lobbies financiers, d’où la difficulté de les mettre en oeuvre. Donc, les monnaies complémentaires existent déjà ?

Oui, et ce n’est pas nouveau, même si on en entend peu parler. On ne compte plus aujourd’hui les systèmes à usage commercial de type « chèque repas », points bonus des grands magasins ou autres. Quant aux systèmes présentant une dimension sociale – banques de temps comme les services d’échanges locaux (SEL) ou les monnaies fondantes visant à favoriser l’économie sociale et les échanges locaux – il y en a au moins 5000 dans le monde, d’échelles différentes (1). En Allemagne, il y a 63 monnaies régionales dont 30 sont déjà opérationnelles, l’exemple le plus connu étant le Chiemgauer. Les Autrichiens sont aussi très actifs. Pour la France, on peut citer le SOL... Ces expériences dans les pays voisins sont plus facilement transposables à notre réalité que celles, fort intéressantes par ailleurs, des pays du Sud (2).

Quelles sont les conditions de leur succès ?

Pour pouvoir fonctionner au mieux, une monnaie – qui est une convention sociale basée sur la confiance – doit être gérée de façon rigoureuse et transparente. Ceci est vrai aussi pour les monnaies nationales ! Quand ce n’est plus le cas, comme aujourd’hui au Zimbabwe, la monnaie dévalue fortement. La valeur ajoutée des systèmes à vocation sociale, c’est leur impact sur la société. Toute technologie qui change les relations entre les gens a le pouvoir de changer la société : ce fut déjà le cas avec l’écriture, la voiture, l’ordinateur et Internet... La monnaie représente un réseau complexe où tout est interconnecté, c’est pourquoi on peut le comparer aussi aux écosystèmes et s’inspirer de leur fonctionnement.

On pourrait donc appliquer le biomimétisme à l’économie?

Effectivement ! Pour ma part, je me base sur vingt-cinq années de recherches menées avec des confrères américains (3) qui ont permis de comparer le flux de la monnaie à celui d’autres types de réseaux dynamiques comme la biomasse, les réseaux électriques ou le système immunitaire. Leur durabilité n’est possible qu’à certaines conditions. La recherche de l’efficacité a tendance à gommer la diversité et la richesse des interconnexions. Cela appauvrit le système, le rend plus vulnérable. La résilience, qui est fonction de la diversité couplée à l’interconnectivité, rend un système moins efficace, mais plus robuste. Entre ces deux pôles, on peut déterminer un point d’équilibre que nous avons nommé la « fenêtre de viabilité ». L’effet d’une monnaie parallèle est de revenir vers plus de résilience.

Les monnaies parallèles permettent-elles de combattre la pauvreté ?

Oui, car si la pauvreté est généralement définie  en termes de revenus, la richesse est, elle, plutôt évaluée en actifs, ce qui crée une distorsion. C’est tout le problème de la concentration du capital. Si l’on considère qu’à côté du capital financier il y a aussi le capital humain (la capacité de travail, la compétence...) et le capital social (les réseaux sociaux, l’entourage), on peut aider des pauvres à s’en sortir. C’est ce qu’a démontré la pratique de la microfinance, tout comme celle des monnaies complémentaires. Pour ma part, j’ai suggéré qu’en Inde on crée un outil d’épargne basé sur les arbres – qui croissent en taille, et donc en valeur, pour permettre à des petites gens de constituer une épargne (4).

... Et en Belgique ?

À présent, le gouvernement flamand s’intéresse à un projet qui pourrait démarrer à Anvers et à Gand, avant d’être étendu à d’autres régions. Je travaille à ce projet avec Netwerk Vlaanderen. Concrètement, il s’agira d’une carte à puce multifonction, qui permettra de comptabiliser des services entre entreprises ou particuliers, services commerciaux autant que sociaux. Nous voulons ancrer cette initiative dans des communautés existantes et être à l’écoute de leurs besoins, pour que cette initiative ne soit pas seulement top-down mais aussi bottom-up.

Un autre projet est à l’étude, avec un réseau de villes européennes, dont Bruxelles. Il s’agirait d’une monnaie « carbone », visant la réduction des émissions de CO2. Si la Région wallonne veut également se lancer, je suis à sa disposition !



Propos recueillis par Antoinette Brouyaux
du Réseau Financement Alternatif (RFA)
Article original repris sur Financité.be (magazine trimestriel du RFA)

Notes:

(1) Cf. notamment le dossier« Monnaies complémentaires » du
FINANcité Magazine nº 8.

(2) Bernard Lietaer et Margrit Kennedy, Monnaies régionales, de nouvelles voies vers une prospérité durable, éd. Charles Léopold Mayer, 2008.

(3) Bernard Lietaer, Robert Ulanowicz & Sally Goerner, « White Paper on the options for managing systemic bank crises », décembre 2008, étude disponible sur www.lietaer.com

(4) Marek Hudon et Bernard Lietaer : « Natural Savings : A New Microsavings Product for Inflationary Environments. How to Save Forests with Savings for and by the Poor ? », in Savings and Development, Fall 2006.

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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 12:07

La pratique du taux d’intérêt monétaire est un sujet particulièrement épineux qui a déjà fait couler beaucoup d’ancre et de sang. Pour tenter de comprendre, nous allons commencer par les arguments du POUR de Thomas d’AQUIN et de Frédéric BASTIAT, poursuivre par les arguments du CONTRE d’Helmut CREUTZ et Bernard LIETAER et terminer par une brève conclusion.

A. POUR : Thomas d’AQUIN & Frédéric BASTIAT
A.1. Thomas d’AQUIN (1225-1274)

Petit extrait du cours de Fabrice MAZEROLLE « Histoire des faits et idées économiques ».

Abordé initialement par ARISTOTE et PLATON, Thomas d’AQUIN (1225-1274) s’interroge sur la légitimité du taux d’intérêt. Sa pratique est en effet assez contraire aux préceptes de l’église (et des autres religions monothéistes) qui condamnait l’usure. Mais l’église elle-même avait parfois besoin d’argent et elle était prête à payer des intérêts pour obtenir des usuriers les sommes dont elle avait besoin. Thomas d’AQUIN a donc développé l'argument suivant: « si quelqu'un prête de l'argent, il se prive de la somme qu'il prête, il a donc droit à une compensation ». Donc, il peut stipuler un dédommagement dans le contrat de prêt. Il doit cependant s’agir d‘une juste compensation et dans ce cas, on l’appellera un taux d’intérêt. Longtemps après Thomas D‘AQUIN, d'autres arguments ont été avancés pour justifier le prêt à intérêt. Les principaux d‘entre eux sont:

 

 L'argument du risque : celui qui prête de l'argent prend le risque de ne pas être remboursé. Donc il a droit à ce titre d'exiger une prime de risque, à condition qu'elle ne soit pas excessive.

 

L'argument du manque à gagner : celui qui prête de l'argent se prive de la possibilité d‘utiliser cet argent de façon productive (par exemple en l‘investissant dans l‘achat d‘un troupeau de bestiaux). Donc il aurait droit à ce titre d'exiger une compensation pour ce manque à gagner.

 

Donc petit à petit, les esprits allaient admettre la notion d'intérêt et de profit et le capitalisme et l'économie de marché allaient pouvoir se développer.

 

La gestion du risque c’est le rôle premier des banques. Pour tout prêt d’argent, les banques prennent des garanties et sont supposées supporter le risque. Dans la finance, tout est une question de gestion du risque. Plus vous prenez des risques plus vous pouvez gagner ou perdre, moins vous prenez de risques, moins vous pouvez gagner ou perdre. Mais comme on peut le constater aujourd’hui via les subprimes, titrisation et artifices financiers, il est possible de vendre le risque. Ce risque est en plus vendu en prétendant qu’il est sans risque !

 

Reprenons ici, le premier principe de Frédéric LORDON dans son livre « Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières ». Le contrôle des risques est une chimère. La carence des modèles devrait être maintenant suffisamment évidente pour qu’il ne soit plus question de laisser les opérateurs prendre des positions risquées en se berçant de l’idée que leur évaluation est parfaitement maîtrisée. Si la finance quantitative n’est pas accidentellement mais essentiellement incapable de donner les indications qu’on attend d’elle, il faut en tirer la conclusion qui s’impose : les prises de risques ne pouvant être réellement appréciées, il faut en limiter a priori, et sévèrement, la formation.

 

Ainsi, il est impératif de reprendre le contrôle (au niveau institutionnel mais aussi personnel) sur nos élans insatiables d’égoïsme primaire :

- assurer une traçabilité des produits financiers

- interdire les titrisations

- taxer toutes les transactions à destination de paradis fiscaux

- séparer les banques d’affaires et de dépôts (Glass-Steagall Act)

- ne permettre qu’une session boursière par semaine afin de minimiser les spéculations et effets d’annonces.

 

Bien sûr, cela ne se fera pas sans grincement de dents. L’atteinte aux libertés individuelles et à la libre expression sera forcément invoquée. Gouvernés par l’argent, les obstacles sont légion. Il ne faut cependant jamais oublier que l’économie peut parfaitement fonctionner sans finance débridée avec une nouvelle politique monétaire bien menée.

 

L’argument du manque à gagner, me semble légitime s’il est circonscrit dans le temps et s’il reste accompagné d’un débat ouvert entre prêteur et emprunteur.

A.2. Frédéric BASTIAT (1801 - 1850)

Un autre débat sur la pratique du taux d’intérêt qui vaut le détour est celui sur la gratuité du crédit entre PJ PROUDHON et F BASTIAT du 22 octobre 1849 au 7 mars 1850.

 

D’après moi, la méprise principale de BASTIAT se situe dans son postulat du service pour de l’argent prêté. C’est un postulat qui ne vaut que si l’on considère l’argent comme une chose tangible immuable à vocation universelle et au dessus de tout le reste. On constate aujourd’hui l’ampleur des dégâts de ce postulat (Cfr. Article « principe d’équivalence universel »). Il faut le dire et le répéter, l’argent est une convention propre aux sociétés humaines ! Lui conférer une convertibilité universelle avec possibilité d’acheter tout ce qui peut s’entendre, se voir ou s’imaginer, n’est-ce pas déjà un pouvoir divin? Et en sus de ce pouvoir nous lui conférons une possibilité d’auto-accroissement et d’auto-valorisation par le truchement du taux d’intérêt !?

 

Pour tenter de comprendre, la lettre deux de BASTIAT datée du 12 novembre 1849 est assez explicite : « Ainsi, nous étions d'accord tout à l'heure sur ce point, que l'emprunteur doit quelque chose en sus de la simple restitution. Accordons-nous maintenant sur cet autre point, que ce quelque chose est susceptible d'être évalué, et par conséquent d'être acquitté, selon la convenance des contractants, sous une des formes quelconques que peut affecter la valeur.

La conséquence qui s'ensuit, c'est que, à l'échéance, le prêteur doit recouvrer:

1° La valeur intégrale prêtée;

2° La valeur du service rendu par le prêt. »

 

BASTIAT précède cette déduction d’un paragraphe qu’il convient de ne pas manquer : « Je suis cordonnier. Mon métier doit me faire vivre; mais pour l'exercer, il faut que je sois logé, et je n'ai pas de maison. D'un autre côté, vous avez consacré votre travail à en bâtir une; mais vous ne savez pas faire vos souliers ni ne voulez aller pieds nus. Nous pouvons nous arranger: vous me logerez, je vous chausserai. Je profiterai de votre travail comme vous du mien; nous nous rendrons réciproquement service. Le tout est d'arriver à une juste évaluation, à une parfaite équivalence, et je n'y vois d'autre moyen que le libre débat»

 

Cette dernière phrase est essentielle : « Le tout est d'arriver à une juste évaluation, à une parfaite équivalence, et je n'y vois d'autre moyen que le libre débat ». Le libre débat est en fait opposé au « principe d’équivalence universel ». Le cœur du problème réside justement dans le fait qu’il n’y a plus débat ! L’accord simple et démocratique entre deux parties est occulté par l’acceptation tacite d’un principe suprême auquel il est impossible de déroger. L’argent est devenu une autorité centrale, dématérialisée et omnipotente qui décide tout ! La main invisible et l’argent universel décide de l’ensemble de nos faits et gestes. Une autorité sans tête, « jamais élue, jamais responsable et jamais coupable » (Junon MONETA dans « Le Néolibéralisme ? Un très vieux système, pourquoi faut-il le combattre ? »).

 

Ajoutons encore ce passage de la lettre 12 de BASTIAT

Mais, pour être compris, j'ai besoin, au risque de me répéter, d'établir quelques notions fondamentales sur le crédit. Le Temps est précieux. Time is money, disent les Anglais. Le temps, c'est l'étoffe dont la vie est faite, dit le Bonhomme Richard.
C'est de cette vérité incontestable que se déduit la notion et la pratique de l'intérêt.
Car faire crédit, c'est accorder du temps. Sacrifier du temps à autrui, c'est lui sacrifier une chose précieuse, et il n'est pas possible de soutenir qu'en affaires un tel sacrifice doive être gratuit.
A dit à B: Consacrez cette semaine à faire pour moi un chapeau; je l'emploierai à faire pour vous des souliers. — Souliers et chapeau se valent, répond B, j'accepte.
Un instant après, B s'étant ravisé dit à A: J'ai réfléchi que le temps m'est précieux; je désire me consacrer à moi-même cette semaine et les suivantes; ainsi, faites-moi les souliers tout de suite, je vous ferai le chapeau dans un an. — J'y consens, répond A, mais, dans un an, vous me donnerez une semaine et deux heures.
Je le demande à tout homme de bonne foi, A fait-il acte de piraterie en plaçant une nouvelle condition à son profit à côté d'une nouvelle condition à sa charge?
Ce fait primitif contient en germe toute la théorie du crédit.
Je sais que, dans la société, les transactions ne sont pas aussi simples que celle que je viens de décrire, mais elles sont identiques par leur essence.

 

Pour BASTIAT, lettre 14, l'intérêt est légitime, utile, indestructible, de même essence que toute autre rémunération, profit ou salaire; — la juste récompense d'un sacrifice de temps et de travail, volontairement allouée à celui qui fait le sacrifice par celui qui en profite; — en d'autres termes, que le prêt est une des variétés de la vente.

B. CONTRE : Helmut CREUTZ & Bernard LIETAER

Beaucoup pensent que seuls ceux qui empruntent payent des intérêts. Or, à lire les analyses pointues d’Helmut CREUTZ, il apparait qu’il n’en est rien. Tout le monde, quel qu’il soit, à tous les échelons de la production et de la consommation paye des intérêts. Pour être en mesure de rembourser leurs emprunts chaque agent économique (Etat, Individus, Entreprises) est obligé de majorer son prix d’un certain pourcentage. D’après une étude réalisée en Allemagne, il semblerait que ce pourcentage s’élève en moyenne à 30-40%. « En Allemagne, les intérêts représentent 12% du coût des déchets, 38% dans le prix de l’eau et 77% dans les prix de location des logements publics. L'intérêt bancaire représenterait en moyenne 30 à 40% du prix des produits hors taxes» [1].

 

Par ailleurs, si tout le monde sans exception paye effectivement des intérêts on peut penser que le système est juste et normal. Ici encore, CREUTZ nous démontre le contraire par une autre étude réalisée en Allemagne. Si on répartit la population allemande en dix groupes, on constate que chaque groupe reçoit et paie des intérêts. Par contre, 10% de la population reçoivent la quasi-totalité des intérêts, alors que 80% de la population paient deux fois plus d’intérêts qu’ils n’en reçoiventLa somme redistribuée aux détenteurs de plus 500.000€ de patrimoine représente un milliard d’euros par jour [1].

 

[1] [Helmut CREUTZ] cité par [Margrit KENNEDY] dans Pourquoi avons-nous besoin d'innovations monétaires? Trois erreurs courantes, trois conséquences probables, trois solutions possibles

 

L'un des avantages de l'intérêt monétaire c'est qu'il génère d'importants revenus pour ceux qui créent la monnaie. L'inconvénient, et qui n'est pas des moindres, c'est que les intérêts sont à l'origine d'un transfert de la valeur des emprunteurs vers les possédants: les intérêts contribuent d'une manière certaine à la concentration du capital. De fait, l'économie d'intérêts a tendance à favoriser l'investissement sur l'argent lui-même. En outre, l'économie d'intérêt met l'accent sur les gains à court terme. Une monnaie sans intérêt présente l'avantage de faire circuler la monnaie. Ce genre de monnaie favorise les gains à long terme, puisqu'une bonne circulation de la monnaie garantit des gains importants qui peuvent être consacrés à l'investissement.
[Bernard LIETAER], Monnaies régionales, p. 137

 

Comme on peut le constater, la pratique du taux d’intérêt n’est pas forcément juste et légitime. Dans notre système monétaire, l’argent appelle l’argent : ce sont toujours les plus riches, les plus gros détenteurs de capitaux, qui peuvent s’en mettre plein les poches pendant que d’autres travaillent. En réalité la pratique du taux d’intérêt réalise un transfert constant des richesses du travail vers le capital.

 

Un prix comprend donc non seulement les salaires, l’amortissement des outils de production, les matières premières, les taxes (TVA, impôts) mais aussi l’intérêt. La TVA est une taxe publique pour le bien public (école, hôpitaux, transports). L’intérêt est une taxe privée pour le bien privé (George SOROS, John D. ROCKEFELLER, Albert Frère, Lakshmi MITTAL).

 

Imaginez-vous que quelqu’un retire régulièrement, chaque mois, quelques centaines de dollars ou d’euros de votre porte-monnaie. Vous iriez certainement porter plainte. Vous en feriez vraisemblablement de même si, à chaque fois que vous achetez quelque chose, quelqu’un encaissait une certaine fraction du prix d’achat, à la façon des mafiosi. Eh bien, ce qui vous paraît inimaginable est précisément ce qui se pratique chez nous. Chaque jour, à chaque achat, et de plus en plus.
[Helmut CREUTZ], Le syndrome de la monnaie, p. 105

C. CONCLUSION

A la base, la taux d'intérêt semble être justifié par la pratique d'un travail antérieur. Les exemples de BASTIAT en attestent assez bien, notamment celui de l’échange de chapeaux et de souliers dont il était question ci-dessus ou encore celui de l’organisation des hommes primitifs au début de sa 14ème lettre. BASTIAT termine son exemple en disant : « Depuis, les relations sociales se sont bien compliquées. Le capital a pris mille formes diverses: les transactions ont été facilitées par l'introduction de la monnaie, des promesses écrites, etc., etc.; mais à travers toutes ces complications, il est deux faits qui sont restés et resteront éternellement vrais, savoir:

 

1o Chaque fois qu'un travail antérieur et un travail actuel s'associent dans l'œuvre de la production, le produit se partage entre eux, selon certaines proportions.

 

2o Plus le capital est abondant, plus sa part proportionnelle dans le produit est réduite. Et comme les capitaux, en augmentant, augmentent la facilité d'en créer d'autres, il s'ensuit que la condition de l'emprunteur s'améliore sans cesse. »

 

Que ne faut-il pas entendre? Ainsi l’homme démiurge se serait affranchi du temps qui passe ? Chimère ultime d’un égo surdimensionné se traduisant par un inéluctable creusement d’inégalités sociales et par la dégradation d’un environnement avec lequel nous ne sommes plus du tout en équilibre.

 

Il est par ailleurs essentiel de bien distinguer le capital commercial du capital spéculatif qui n’existait pas en 1850. Capital spéculatif qui ne reflète en rien un travail antérieur ! Alors que le PIB mondial (consommation des Etats) est estimé à 50 mille milliards de dollars, et l’ensemble du commerce mondial à 10 mille milliards, les produits dérivés (qui servent essentiellement de couverture aux dettes et crédits entre banques) ont atteint l’équivalent de 500 mille milliards de dollars. Respectivement 10% et 2% de cette somme astronomique suffisait à financer la consommation et le commerce de l’ensemble de la planète ; tout le reste est utilisé pour des stratagèmes qui consistent à faire de l’argent avec de l’argent.

 

Avant de clore, il me semble important de ne pas trop diaboliser les banques, comme les chinois ou les américains d’ailleurs ! Les banques, comme les agriculteurs et comme nous tous, sommes victimes du système. Nous sommes tous victimes d’un système avide et égoïste, traduction directe de notre Moi profond qui prend ses rêves pour la réalité. Coincées dans la logique du système, les banques, poussées par les exigences croissantes de rentabilité financière des grands détenteurs de capitaux, n’ont eu d’autre choix que de se prostituer en vendant le risque qu’elles étaient censées supporter. Alléchées par l’appât du gain, les banques sont devenues des traders fous. Elles et tout le système ne privilégie que le rendement sur capital sans distinction aucune du type de capital. Propre ou sale, légitime ou non, peu importe, tout est bon pour faire du profit.

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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 21:10

Un article d'Helmut Creutz

 

« Les spéculateurs peuvent être aussi inoffensifs que des bulles d’air dans un courant régulier d’entreprise. Mais la situation devient sérieuse lorsque l’entreprise n’est plus qu’une bulle d’air dans le tourbillon spéculatif » John Maynard Keynes

 

On spécule sur les dessous de la crise financière et économique tout comme on spécule à la Bourse. Comme causes de cette crise financière on nomme aussi bien les crédits immobiliers douteux que les régulations inexistantes des Etats, la fausse politique monétaire des banques centrales que l’avidité des gens. Mais on ne parle presque jamais de la vraie cause qui a déclenché cette crise, à savoir le surdéveloppement permanent des actifs financiers ! Ceux-ci ne sont pas seulement à l’origine des excès actuels et des nouvelles quotidiennes désastreuses mais aussi à l’origine des aberrations sociales et écologiques de nos économies.


Ce surdéveloppement des actifs financiers se voit clairement (fig. 1 ci-contre) quand on compare le développement des actifs financiers en Allemagne avec le développement du PIB.  Tandis que, de 1950 à 2005, le PIB a été multiplié par huit, les actifs financiers ont été multipliés par 45 (déduction faite de l’inflation) ! Autrement dit, si les actifs financiers représentaient seulement 60 % du PIB dans les années 50, ils ont dépassé entretemps 320 % : ils représentent 3,2 fois le PIB annuel !

 

Il faut cependant reconduire ces actifs financiers proliférant via des crédits dans le circuit monétaire de l’économie pour assurer l’offre. Cela veut dire que, parallèlement aux actifs financiers, non seulement les endettements ont augmenté mais aussi les flux des intérêts qui doivent toujours être engendrés par l’économie. Mais comme les économies peuvent suivre le rythme de ce surdéveloppement de plus en plus difficilement elles sont en définitive, arithmétiquement parlant, vouées à l’échec.

 

Déjà dans son rapport mensuel d’octobre 1993 la Deutsche Bundesbank a mis en évidence ce mécanisme de multiplication comme « auto- alimentation constitutive du capital monétaire ». Ce rapport démontrait en outre que les revenus d’intérêts des ménages représentaient déjà à cette époque 80 % des épargnes nouvelles ! C’est-à-dire que les actifs financiers existants se reproduisent en quelque sorte d’eux-mêmes.

 

L’économiste Bert Rürup a qualifié cette singulière auto-alimentation de «huitième merveille du monde», apparemment sans se rendre compte de l’effet dévastateur de cette «merveille». Car cette redistribution permanente des revenus du travail à la propriété détruit les structures sociales dans les sociétés, et ainsi la paix dans le monde, et par suite d’une croissance économique forcée, l’environnement.

 

Même les politiques de gauche ou les Verts ne semblent pas voir que tous ces revenus d’intérêts ne tombent pas du ciel mais doivent être supportés par la totalité des citoyens. Car tous les intérêts payés par les emprunteurs entrent comme coûts du capital dans les prix, tout comme les coûts du personnel et des matériaux ! Cela veut dire qu’au moins un tiers des dépenses de tous les ménages va entretemps, via les intérêts, directement et indirectement dans le «pot de redistribution» tandis que la somme des revenus d’intérêts dépend des actifs financiers très différents. Ceux-ci sont pour au moins 60 % entre les mains d’une minorité de seulement 10 % des ménages ! Et cette minorité de ménages gagne ce que tous les autres ménages perdent par ces transferts d’intérêts ! Avec ce mécanisme de redistribution on comprend l’augmentation continuelle des ménages de millionnaires et milliardaires partout dans le monde mais aussi la progression de la pauvreté qu’on constate maintenant, malgré la croissance, même dans les pays riches !

 

Dans quelle mesure les divergences se sont développées à long terme dans notre société est visible sur la figure 1 ci-dessus. On y voit les taux de croissance annuels des actifs financiers, du PIB et des salaires et traitements nets dans les cinq décennies de 1950 à 2000. Tandis que les taux de croissance du PIB s’élevaient en moyenne dans les années 50 à 9 milliards d’euros et dans les années 90 à 58 milliards, les actifs financiers ont progressé de 13 à 335 milliards d’euros ! Autrement dit, le taux de croissance du PIB a été multiplié en 50 ans par six, celui des actifs financiers par 26 !

 

La comparaison avec les taux de croissance des salaires et traitements nets est encore plus frappante: Augmentant dans les trois premières décennies après la guerre parallèlement au PIB de 3 à 14 milliards d’euros, ils redescendent à 10 milliards dans la 5ème décennie. Ils ont donc été multipliés en 50 ans seulement par 3 et les augmentations annuelles de 10 Md€ dans les années 90 ne suffisaient même pas à couvrir les charges d’intérêts pour les 335 Md€ de patrimoines financiers qui s’étaient entre-temps constitués.

 

Si on prend en considération la totalité des produits d’intérêts des banques qui se chiffraient autour de 370 Md€ en 2000, la seule somme des intérêts, répartie sur les 38 millions de ménages, constitue une charge moyenne de 9.700 Euro (= 31 % des dépenses)! Ainsi le facteur des charges d’intérêts était trois fois plus élevé que celui de la TVA qui représentait en 2000 en moyenne 2.820 Euro. A juste titre, l’auteur Gero Jenner qualifie dans son livre « Das Pyramidenspiel » ces charges d’intérêts d’ « impôts pour les riches » qui - déduction faite de l’inflation - profitent seulement à une minorité.



La figure 2 qui représente le développement de différentes grandeurs de revenus de 1991 à 2007, montre, elle aussi, clairement la différence des revenus du travail et du patrimoine. Car, tandis que le PIB dans ces 16 ans augmentait de 58 %, les salaires et traitements n’augmentaient que de 38 % (bruts) et de 30 % (nets) Les revenus de l’activité entrepreneuriale et du patrimoine — lesquels sont constitués en plus des salaires des entrepreneurs avant tout des revenus d’intérêts ou des rendements de capital immatériel — augmentaient par contre de 86% et les intérêts payés par les banques même de 110! Et ces revenus d’intérêts étaient encore nettement limités dans la phase des taux d’intérêt historiquement bas à partir de 1995. Sans ces baisses des taux d’intérêt, les revenus d’intérêts auraient augmenté parallèlement aux actifs financiers de 157% comme le montrent les barres supplémentaires ! Si les derniers groupes s’étaient contentés de la croissance du PIB de 58%, cette croissance aurait été possible aussi pour les salaires.

 

Revenons à l’actualité: Comme au début de notre période économique les encaisses étaient encore basses, il fallait souvent attendre longtemps l’octroi d’un crédit, souvent accordé en tranches, jusque dans les années 60.

Aujourd’hui la situation s’est renversée: Comme on n’arrive plus à placer les actifs financiers (en constante augmentation) sur les marchés financiers «normaux», les banques sont, depuis la fin des années 80, constamment obligées de recourir, pour les dépôts de leurs clients, à des placements spéculatifs et de plus en plus risqués, donc à utiliser les méthodes qui ont crée des problèmes sur les marchés financiers que nous connaissons actuellement. Et ces spéculations — la conséquence du surdéveloppement des actifs financiers — sont à l’origine des catastrophes actuelles sur les marchés financiers et leurs répercussions sur l’économie réelle En fait ce déroulement correspond assez exactement à celui décrit par Marriner S. Eccles, chef de la FED sous Roosevelt, dans les années 30 :

« Jusqu’en 1929-1930, une gigantesque pompe aspirante avait détourné une part croissante de la richesse produite au profit de quelques-uns... et ainsi enlevé le pouvoir d’achat des mains de la majorité... Mais la production de masse de la société industrielle moderne repose sur la consommation de masse, et celle-ci suppose la répartition de la richesse... pour pourvoir les gens d’un pouvoir d’achat correspondant à la quantité des biens et services produits par l’économie. »

 

Cette «répartition des richesses » juste et nécessaire est seulement possible si les taux d’intérêt et de rendement descendent vers zéro parallèlement à la saturation de l’économie. Pour arriver à cette baisse des taux d’intérêt en fonction du marché il faut une garantie de circulation de la monnaie par une taxe de détention de l’argent comme elle était proposée par Silvio Gesell au début du siècle dernier et en 1936 aussi par John Maynard Keynes dans son oeuvre principale « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie »

 

« ... ce moyen constitue sans doute la façon la plus raisonnable d’éliminer graduellement la plupart des caractères choquants du capitalisme. Un instant de réflexion montrera en effet les énormes changements sociaux qu’entraînerait la disparition progressive d’un taux de rendement propre à la richesse capitalisée. Un homme serait encore libre d’économiser le revenu de son travail afin de le dépenser à une date ultérieure. Mais sa richesse capitalisée ne s ‘accroîtrait pas. »

 

Sans corriger cette faute du système monétaire nous arrivons de plus en plus à un dilemme : ou bien, sans croissance économique, nous aurons un effondrement social, ou bien, avec une croissance économique, un effondrement environnemental

 

Les destructions partielles des masses d’actifs financiers, vagabondant autour du globe et avides de multiplication, si discutables et lourdes de conséquences soient-elles, sont encore plus supportables que la dernière possibilité de leur destruction inflationniste par des dettes d’Etats, des dépenses d’armement et de guerres! Pour éviter cette radicale alternative il faudrait, enfin, penser à stopper le surdéveloppement des actifs financiers, cette auto-multiplication cancéreuse, inhérente à notre système monétaire ! »

 

La situation précaire dans nos sociétés n’est pas du tout, comme on l’entend souvent, la conséquence d’exigences excessives des citoyens envers l’Etat Social mais d’exigences toujours plus grandes du capital au Produit National ! Il ne s’agit pas d’abolir l’économie de marché mais de la libérer du capitalisme !

 

Traduction de l’article de Helmut Creutz paru dans la revue HUMANE WIRTSCHAFT 01/2009: 



Le texte original en version pdf est disponible ici


Sinon, je conseille vivement d'aller faire un tour sur le site d'Helmut CREUTZ


LE SYNDROME DE LA MONNAIE: www.lesyndromedelamonnaie.fr

Très instructif et très didactique

Je conseille également la lecture du document MONETARY GROWTH

Si, après cela, certains doutent encore du côté pervers de notre système monétaire, je ne comprends plus.

 

Bien sûr que l'argent est nécessaire et utile! Mais certainement pas selon son mode de fonctionnement actuel: globalisé, centralisé & frappé d'intérêts! Un mode de fonctionnement devenu contreproductif, destructeur et mortifère.

 

Page 1 :

Magnifique institution que l’argent ! Mais

bien que nous le connaissions depuis des

millénaires et que nous l’utilisions

quotidiennement, il n’existe rien de

comparable dont nous sachions si peu de

choses.


Page 92 :

« Faites travailler votre argent. »

Personne n’a encore jamais vu l’argent

travailler. Le travail est une activité propre à

l’être humain. L’argent ne travaille pas. Il

est tout aussi stupide d’affirmer que l’argent

peut croître et se multiplier. Plantez un billet

de banque dans un pot de fleur, vous

pourrez toujours attendre avant de voir

pousser de l’argent.


Page 94 :

Il est faux de croire, comme le pensent

aujourd'hui beaucoup de citoyens, qu’on ne

paye des intérêts que lorsqu’on emprunte

de l’argent pour financer l’achat d’une

voiture ou la construction d’une maison.

Les intérêts sont dissimulés dans les prix et

donc à payer tous les jours, également par

ceux qui ne sont pas endettés.




Page 105 :

Imaginez-vous que quelqu’un retire régulièrement, chaque mois, quelques centaines de dollars ou d’euros de votre porte-monnaie. Vous iriez certainement porter plainte. Vous en feriez vraisemblablement de même si, à chaque fois que vous achetez quelque chose, quelqu’un encaissait une certaine fraction du prix d’achat, à la façon des mafiosi. Eh bien, ce qui vous paraît inimaginable est précisément ce qui se pratique chez nous. Chaque jour, à chaque achat, et de plus en plus.


Page 446 :

Notre argent est une invention fantastique

mais tel qu’il est aujourd’hui il finit par

détruire notre monde.

 

 

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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 10:26

La date du 18 mars 2009, sera retenue par l’histoire, tout comme celle du 29 mai 1453 le fut pour la chute de Constantinople ou celle du 9 novembre 1989 pour la chute du mur de Berlin, comme celle qui signa la fin du capitalisme.

La Federal Reserve Bank, la banque centrale américaine, a annoncé son intention de racheter des Bons du Trésor (dette à long terme des États–Unis) en quantités considérables (pour un volant de 300 milliards de dollars), son budget atteignant désormais le chiffre impressionnant de 1,15 mille milliards de dollars. Pareil au serpent ouroboros dévorant sa propre queue, les États–Unis avaleront donc désormais leur propre dette, un processus désigné par l’euphémisme sympathique de « quantitative easing ». Pareille à celui qui tenterait de voler en se soulevant par les pieds, la nation américaine met fin au mythe qui voudrait que l’argent représente de la richesse : dorénavant la devise américaine représentera uniquement le prix du papier et de l’encre nécessaire pour imprimer de nouveaux billets. Elle se coupe aussi, incidemment, de la communauté internationale, mais baste !

Le dollar cessa de valoir de l’or quand, en 1971, le président Nixon mit fin à la parité du dollar avec ce métal. En 2009, le président Obama, en permettant à la Fed d’imprimer autant de dollars qu’elle le jugera bon, a mis fin à la parité du dollar avec quoi que ce soit, faisant de l’arrogance de la nation américaine la seule mesure restante de la valeur de sa devise. « Your Mamma still loves you ! » : le gosse, tout faraud, présente son premier spectacle et sa mère qui n’a pas voulu que son amour-propre courre le moindre risque a acheté tous les tickets !

Si la Chine attendait un signal pour se débarrasser de ses dollars, le voici ! Un article très intéressant dans l’Asia Times d’aujourd’hui, signé par Joseph Stroupe, explique comment la Chine, tentant de se délester en douce de ses dollars, les transfère discrètement à des fonds qui achètent des ressources minières et pétrolières. Stroupe, faisant reposer ses analyses sur des chiffres rassemblés par Rachel Ziemba, une collaboratrice de Nouriel Roubini, calcule que la Chine pourrait atteindre son objectif de réduction massive de son exposition au cours du dollar en un an environ. Nul doute que l’on ne dormira pas beaucoup cette nuit à Pékin et à Shanghai, tout occupé que l’on sera à acheter fébrilement des mines et des puits pétroliers aux quatre coins du monde !

Ah oui, j’oubliais : la bourse de New York, considérant qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle, a clôturé en hausse.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Source: Paul JORION

 

Quelques commentaires:

  1. J. Halpern dit :
    19 mars 2009 à 06:39

“Fin du capitalisme” ? Ce ne sera ni la première ni probablement la dernière fois que les États-Unis joueront l’inflation contre la finance. Ces deux derniers siècles cela leur a bien réussi, et même si le dollar devait s’effondrer cela aurait pour principal effet d’instaurer un “super-protectionnisme” où l’industrie américaine trouverait la voie de sa résurrection. Je comprends bien votre crainte d’une crise financière internationale précipitée par le retrait des Chinois et le fanatisme monétariste de la “vieille Europe” décidément vouée au suicide. Mais en attendant le refinancement forcené de l’économie américaine peut - peut-être - relancer la machine et l’inflation résorber in fine mécaniquement les dettes. Ce scénario ne résout aucun des problèmes de fond (finance cancéreuse et blocage des salaires) mais pourrait permet de les repousser une fois de plus aux États-Unis. En revanche je crains le pire en Europe si elle persiste dans sa politique du chien crevé au fil de l’eau…

  1. Dominique Larchey-Wendling dit :
    19 mars 2009 à 08:36

Mais c’était évident depuis longtemps qu’ils allaient lancer la planche à billet. Par contre, ça a plutôt tendance à confirmer que la monnaie est bien crée ex-nihilo par le mécanisme de l’endettement. Où plutôt, la “fortune” (composée en partie de “reconnaissances de dettes”) crée par les intérêts cumulés est un jour ou l’autre transformée en “argent” …

Déflation ou hyper-inflation … les USA ont choisi de laisser couler le dollar.

  1. bernard dit :
    19 mars 2009 à 11:44

Traiter de FIN du capitalisme une telle opération qui serait simplement “figer dans le marbre” la propriété des richesses extérieures vraies (terres, moyens de production, …) acquises par les différents cartels capitalistes mondiaux, et sans changer aucune des règles du jeu, simplement au détriment des détenteurs des créances pourries (mistigri) dont ils n’ont pu se débarrasser, et qui n’est pour moi qu’une étape (logique et nécessaire) pour repartir de plus belle, est un pur CONTRESENS si on reste sur le terrain de la logique, une TROMPERIE si on se refuse à considérer les responsables comme des gens complètement stupides.

C’est une simple étape de CONSOLIDATION

 

 

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 23:10

Plus loin que le côté éthique et vert d’une banque comme la banque Triodos par exemple, il faudrait revoir tout notre système bancaire et monétaire de fond en comble. Il faudrait totalement réformer le mode de fonctionnement des banques et de la monnaie. Sans réforme, il y aura toujours pénurie monétaire, inégalités croissantes et crises à répétition. Il est  d’ailleurs fort probable que sans changement, la prochaine débâcle financière concernera les énergies vertes, les matières premières et les denrées alimentaires, et ensuite, l’eau, l’air, la terre, la lumière ?


90% des banques fonctionnent selon une centralisation absolue du pouvoir, une opacité totale du mode de fonctionnement et une création monétaire fondée sur le crédit ou la dette. Sans dette il n’y aurait pas d’argent, donc pas d’échange, donc pas d’économie. 90% de l’argent en circulation dans le monde est de l’argent dette. Voir article Emprunter pour manger…

Les banques ont aujourd’hui plein pouvoir. Elles ont pignon sur rue et ne communiquent que ce qu’elles veulent bien nous communiquer. Les États membres n'ont aucun droit de regard sur leurs activités et comptabilités (article 104 du traité de Maastricht, article 108 du traité de Lisbonne(1)). Le résultat est sous nos yeux aujourd’hui: une économie mondiale en crise, du blanchiment d’argent, des activités hors bilan, des bulles spéculatives, des crédits 30 à 40 fois supérieur aux actifs, des montages financiers pourris, des mensonges et combines en tout genre. Bien sûr cette indépendance et ce laxisme bancaire se fait avec l’assentiment des gouvernements qui répondent bien plus au chant du gros billet des multinationales qu’aux sincères et impérieuses sollicitations de PME et petits travailleurs que nous sommes.


Les banques ne peuvent plus fonctionner comme elles le font ! S’il y a bien une réforme à mener rapidement c'est bien celle là ! Mais  un réforme bien plus draconienne que celle dont on nous rabat les oreilles quotidiennement.


Notre système monétaire et son réseau bancaire n'est plus adapté à la réalité du moment - si tant est qu'il l'était seulement un jour! C'est un système archaïque hérité d'un mode de fonctionnement féodal: basé sur la subordination à une autorité centralisée de plus en plus tentaculaire. C'est un système qui a profité des progrès des dernières décennies en matière de technologie de l'information et qui a su tirer parti des lenteurs et du laisser-aller volontaire du monde politique. Il est aujourd'hui possible de transférer des milliards d'un point du globe à un autre en quelques clicks de souris. Cette libre circulation du capital est non seulement possible mais parfaitement légale et approuvée par nos gouvernements au travers de textes de loi qu’il est question de constitutionaliser (article 56 du traité de Lisbonne(1)).


L'Europe comme les États-Unis, la Chine et tous les Etats du monde sont victimes des progrès des technologies de l'information et d'un accord tacite mondial et dogmatique qui fait de l'individualisme et de l'appât du gain une vertu plutôt qu'un vice.


L'argent est la sève ou le sang de la société: c'est grâce à l'argent que l'échange et le partage est possible. L'argent joue un rôle clé dans la société humaine. Est-il normal que sa gestion soit si opaque, si inégalitaire et si conditionnelle?  Pourquoi les pauvres se voient imposer un taux d'intérêt parfois bien supérieur à 50% alors que les riches n'ont bien souvent qu'un taux minimal voire nul? Pourquoi les pays du tiers monde doivent-ils rembourser une dette à un taux supérieur à celui pratiqué entre Etats riches ? Pourquoi, en cas de crises, est-ce toujours l’emploi qui écoppe et peu le profit ? Crises bien souvent provoquées par les profiteurs, qui font du profit sur le dos des travailleurs. Quant au niveau fiscal il faut bien admettre que nous ne  sommes pas tous taxés de la même manière, voir par exemple Les holdings d'Albert Frère paye moins d'impôt que sa concièrge.


Comment ne pas faire le rapprochement avec le creusement des inégalités malgré tous les progrès positifs et les richesses actuelles ?


Pour le bien être de tous et celui de la planète, il n'est plus tenable et acceptable de continuer avec ce système monétaire (et ce système fiscal).
Nous devons nous réapproprier le cours de nos vies. Nous devons nous réapproprier le pouvoir de création monétaire. Il s’agit de notre monnaie à tous, du plus grand au plus petit. Notre monnaie à tous et pas seulement celle d’un Rockefeller, Mittal ou Soros.


Nous devons prendre à notre avantage les progrès de la communication et de l’information. Grace aux réseaux informatiques, il est parfaitement possible d’imaginer une monnaie plus démocratique et plus transparente que les grandes monnaies internationales officielles actuelles, tels les euros, dollars ou yens.


Pensez-vous que cela soit possible ? Si oui, vive la démocratie. Si non, bas les masques, adieu démocratie et bonjour ploutocratie.


Joseph HUBER et James ROBERTSON, eux, y croient dur comme fer et font tout ce qui est en leur pouvoir pour que cette réforme monétaire nationale et mondiale se concrétise. Ils ont besoin de nous tous pour que cette information passe et soit relayée au plus haut niveau. Nous devons mettre le paquet avant la prochaine réunion du G20 début avril(2). Les pays BRIC y sont forcément plus enthousiastes que les Etats-Unis avec leurs dollars et l’Europe avec ses euros cherchant à supplanter le billet vert. Qui ne le voudrait pas ? Pensez donc, en 2002, il a été estimé que la suprématie mondiale du dollar sur le monde rapportait 400 milliards de dollars par an aux Etats-Unis. Une sorte de taxe mondiale du monde aux Etats-Unis. L’Etat US est également le seul à pouvoir s’offrir le luxe d’emprunter à l’étranger avec sa propre monnaie puis d’avoir la possibilité de dévaluer ses obligations de remboursement. Lors du dernier Forum Economique Mondial à Davos le 28 janvier 2009, Poutine à clairement souligné que dans les circonstances actuelles, le dollar ne pouvait rester la seule devise de réserve et qu’il serait « opportun d’encourager un processus objectif pour l’émergence de plusieurs monnaies régionales fortes dans le futur ». Poutine en a profité pour citer le rouble comme autre monnaie potentielle de réserve.


Alors, voici succinctement ce que proposent Joseph HUBER et James ROBERTSON dans leur document
CREATING NEW MONEY: A monetary reform for the information age disponible sur le site de la New Economic Foundation (NEF) et dans leur campagne pour le G20

 

1. L’objectif est de parvenir à placer à l’Agenda du prochain sommet du G20 du 2 avril 2009 des propositions de réformes monétaires au niveau national et international.


2. Même si les gouvernements du G20 n’abordaient pas ces questions en avril, tout ce qui pourra être fait ne sera pas perdu et contribuera à accentuer le support croissant et existant d'une nécessaire réforme monétaire. Balayées de l’Agenda, cette importante réforme pourrait alors se déployer sur internet et d’autres canaux en une puissante campagne internationale de longue haleine.


3. La réforme à proposer aux gouvernements du G20 est la suivante.

1) La réforme monétaire nationale consistera en une nationalisation des monnaies nationales,

(a) en transférant aux banques centrales nationalisées la responsabilité de créer une monnaie libérée de tout principe d’endettement et en quantité suffisante pour l’approvisionnement monétaire public; et

(b) en interdisant tous les autres acteurs financiers, y compris les banques commerciales, de créer de la monnaie bancaire à partir de rien - tout comme forger ses propres pièces, fabriquer de faux billets ou la contrefaçon, sont interdit par la loi.


2) La réforme monétaire internationale introduira une monnaie internationale libérée des dettes,

(a) créée par une nouvelle autorité monétaire internationale,

(b) pour opérer des échanges internationaux de l’économie globale d’une manière plus efficace, plus stable et surtout, sur une base plus juste.

(c) coexistant avec les monnaies nationales et l’euro.

(d) mais ne s’appuyant plus jamais sur aucunes d’entre elles comme monnaies internationales.


Ces deux reformes créeront une monnaie libérée de toute dette, et pas une monnaie dette comme elle est créé aujourd’hui.


La réforme nationale opèrera un transfert de la fonction de création monétaire de l’intérêt d’un secteur particulier (banques) à une autorité monétaire nationale (la banque centrale) servant les intérêts publics.


La réforme internationale réalisera un transfert d’un intérêt national particulier (les Etats-Unis créant les dollars) à une véritable monnaie internationale délivrée par une autorité monétaire internationale au service de l’intérêt général. Ces réformes ne sont pas seulement à envisager pour le long terme. Toutes les actions prises pour traiter la crise actuelle seraient plus efficaces si elles étaient définies sur base de ces réformes.

 

Impossible ? Utopique ? Irréaliste ?

 

Dans tous les cas, la crise actuelle est une preuve de plus que les banquiers centraux ne sont pas mieux placés que l'État pour gérer la monnaie nécessaire à l'économie. Certes l'histoire nous montre que l'État à parfois usé et abusé du pouvoir régalien de frapper monnaie. C'est ce que les banques et les ploutocrates n'ont de cesse de nous rappeler. Il est cependant piquant de noter leur amnésie ou leur aveuglement total devant certains faits historiques contraires(4).

 

Puisqu'il existe autant de faits en faveur ou en défaveur d'une gestion Étatique ou Bancaire de l'argent, la proposition consiste à tendre progressivement vers le principe de la séparation des pouvoirs. Le système monétaire deviendrait la quatrième branche de pouvoir au même titre que l'exécutif, le législatif et le judiciaire. En Belgique, le parti politique Vivant est sur la même longueur d'onde(5). En France, il y a le parti politique de Jean-Marc Governatori, « La France en action »(6) ainsi que le mouvement du Sociétalisme soutenu par André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder(7).

 

Autant cette proposition de réforme monétaire est nécessaire et ses actions sont légitimes et nécessaires, autant elle nécessite une grande mobilisation et un consensus d'un très grand nombre. Afin de pallier à l'argument de baisse de compétitivité inhérent à notre système économique, Joseph HUBER et James ROBERTSON ont déjà évoqué l'application du principe de la politique simultanée proposée par John BUNZL(8).

 

Notes

(1) Un NON venant de l'IRLANDE un VENDREDI 13, quel symbole!

(2) James ROBERTSON: appel à mobilisation et sensibilisation pour une nécessaire réforme monétaire. Sensibilisation à mener jusque début avril, réunion du G20. http://www.jamesrobertson.com/g20monetaryreform.htm

(3) Document "CREATING NEW MONEY: A monetary reform for the information age". Document téléchargeable sur le site de la New Economic Foundation (www.neweconomics.org)  http://www.neweconomics.org/gen/uploads/CreatingNewMoney.pdf

(4) Sur le site de Jean-Pierre POULAIN il est notamment fait mention du livre "L'argent" de John Kenneth GALBRAITH aux éditions Gallimard (collection "folio histoire") où l'on apprend (p86) que dans les années 1720, parmi les colonies américaines: la Pennsylvanie, New York, le New Jersey, le Delaware et le Maryland ont émit des billets et que ces expériences ont toutes été concluantes!

Et encore, (p88): "Par une espèce d'accord tacite entre bien-pensants, les débordements de Rhode Island, du Massachussetts et de la Caroline du Sud en vinrent à symboliser et résumer l'expérience monétaire des colonies. L'expérience absolument différente des colonies du centre était purement et simplement passée sous silence."

(5) Joseph MEYER, fraction Vivant de la communauté Germanophone: www.vivant-ostbelgien.org ; www.systememonetaire.be ; www.regiogeld.be et www.socialcurrency.be

(6) Jean-Marc GOVERNATORI, « La France en action » : www.lafranceenaction.com

(7) www.public-debt.org & www.societal.org

(8) Le concept clé de la politique simultanée réside dans le fait de bien dissocier d'une part, l'acceptation ou l'adhésion au programme d'un monde plus solidaire et d'autre part, la mise en œuvre différée et concrète de ce programme. C'est en effet grâce à cette distinction que la politique simultanée aura toutes les chances d'aboutir puisque les gens, représentants de parti politique ou associations ne s'engagent, au départ, à rien lorsqu'ils adhèrent au programme. Ce n'est qu'à partir du moment où un nombre suffisant est atteint, qu'il y a décision unanime de mettre en œuvre le processus. Une sorte d'interrupteur géant pour faire face à la logique de compétition. Les chances d'y parvenir sont assez importantes quand on observe le faible taux de participation aux élections dans certains états. Aux États-Unis par exemple, le taux de participation n'atteint même pas les 50%. Tous les mécontents, petits partis, groupes d'oppositions seront tentés d'adhérer à ce programme. Pour un candidat ou un parti politique, cet énorme vivier de population représente un poids non négligeable qu'il ne pourra pas ignorer pour son élection. Il tâchera donc de se conformer à la politique simultanée, sous peine de perdre ce pool potentiel d'électeurs. Évidemment la politique simultanée ne peut fonctionner que dans un contexte de respect et de fonctionnement d'une véritable démocratie. C'est une condition essentielle à l'application de la politique simultanée. Plus d'informations sur www.simpol.org.

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